Le texte suit celui de l’édition de
Marcel Guilbaud publiée par l’Imprimerie nationale en 1962.
J’ai repris les traductions des
citations latines.
Je suis seul responsable des notes et
des erreurs.
Considérant la conduite de la besogne
d’un peintre que j’ai, il m’a pris envie de l’ensuivre. Il choisit le plus bel
endroit et milieu de chaque paroi, pour y loger un tableau élaboré de toute sa
suffisance[1] ;
et, le vide tout au tour, il le remplit de grotesques, qui sont peintures
fantasques, n’ayant grâce qu’en la variété et étrangeté. Que sont-ce ici[2]
aussi, à la vérité, que grotesques et corps monstrueux, rapiécés de divers
membres, sans certaine figure, n’ayant ordre, suite ni proportion que fortuite ?
Desinit
in piscem mulier formosa superne.
[« Cette
femme au buste merveilleux se termine en poisson. » Horace[3],
Art Poétique, v.4]
Je vais bien jusques à ce second point
avec mon peintre, mais je demeure court en l’autre et meilleure partie ;
car ma suffisance ne va pas si avant que d’oser entreprendre un tableau riche,
poli et formé selon l’art. Je me suis avisé d’en emprunter un d’Estienne de la
Boitie[4],
qui honorera tout le reste de cette besogne. C’est un discours auquel il donna
nom La Servitude Volontaire ;
mais ceux qui l’ont ignoré, l’ont bien proprement depuis rebaptisé Le Contre Un[5].
Il l’écrivit par manière d’essai, en sa première jeunesse[6],
à l’honneur de la liberté contre les tyrans. Il court pieça[7]
ès[8]
mains des gens d’entendement, non sans bien grande et méritée recommandation[9] :
car il est gentil[10],
et plein ce qu’il est possible. Si y-a-il bien à dire que ce ne soit le mieux qu’il
peut faire ; et si, en l’âge que je l’ai connu, plus avancé, il eût pris
un tel dessein que le mien de mettre par écrit ses fantaisies, nous verrions
plusieurs choses rares et qui nous approcheraient bien près de l’honneur de
l’antiquité ; car, notamment en cette partie des dons de nature, je n’en
connais point qui lui soit comparable. Mais il n’est demeuré de lui que ce
discours, encore par rencontre[11],
et crois qu’il ne le vit onques depuis qu’il lui échappa, et quelques mémoires
sur cet édit de Janvier[12],
fameux par nos guerres civiles, qui trouveront encore ailleurs peut être leur place.
C’est tout ce que j’ai pu recouvrer de ses reliques, moi qu’il laissa, d’une si
amoureuse[13]
recommandation, la mort entre les dents, par son testament, héritier de sa bibliothèque
et de ses papiers, outre le livret de ses œuvres que j’ai fait mettre en
lumière[14].
Et si suis obligé particulièrement à cette pièce, d’autant qu’elle a servi de
moyen à notre première accointance[15].
Car elle me fut montrée longue pièce avant que je l’eusse vu, et me donna la
première connaissance de son nom, acheminant ainsi cette amitié que nous avons
nourrie[16],
tant que Dieu a voulu, entre nous, si entière et si parfaite que certainement
il ne s’en lit guère de pareilles, et, entre nos hommes, il ne s’en voit aucune
trace en usage. Il faut tant de rencontres à la bâtir, que c’est beaucoup si la
fortune y arrive une fois en trois siècles.
Il n’est rien à quoi il semble que
nature nous ait plus acheminés qu’à la société. Et dit Aristote que les bons législateurs
ont eu plus de soin de l’amitié que de la justice. Or le dernier point de sa
perfection est cettuy[17]-ci.
Car, en général, toutes celles que la volupté ou le profit, le besoin publique
ou privé forge et nourrit, en sont d’autant moins belles et généreuses, et
d’autant moins amitiés qu’elles mêlent autre cause et but et fruit en l’amitié,
qu’elle-même.
Ni ces quatre espèces
anciennes : naturelle, sociale, hospitalière, vénérienne, particulièrement
n’y conviennent, ni conjointement.
Des enfants aux pères, c’est plutôt
respect. L’amitié se nourrit de communication qui ne peut se trouver entre eux,
pour la trop grande disparité, et offenserait à l’aventure les devoirs de
nature. Car ni toutes les secrètes pensées des pères ne se peuvent communiquer
aux enfants pour n’y engendrer une messéante privauté, ni les avertissements et
corrections, qui est un des premiers offices d’amitié, ne se pourraient exercer
des enfants aux pères. Il s’est trouvé des nations où, par usage, les enfants
tuaient leurs pères, et d’autres où les pères tuaient leurs enfants, pour éviter
l’empêchement qu’ils se peuvent quelquefois entreporter, et naturellement l’un dépend
de la ruine de l’autre. Il s’est trouvé des philosophes dédaignant cette couture
naturelle, témoin Aristippe[18] :
quand on le pressait de l’affection qu’il devait à ses enfants pour être sortis
de lui, il se mit à cracher, disant que cela en était aussi bien sorti ;
que nous engendrions bien des poux et des vers[19].
Et cet autre, que Plutarque[20]
voulait induire à s’accorder avec son frère : « Je n’en fais pas,
dit-il, plus grand état, pour être sorti de même trou. »[21]
C’est, à la vérité, un beau nom et plein de dilection que le nom de frère, et à
cette cause en fîmes-nous, lui et moi, notre alliance. Mais ce mélange de
biens, ces partages, et que la richesse de l’un soit la pauvreté de l’autre,
cela détrempe merveilleusement et relâche cette soudure fraternelle. Les frères
ayant à conduire le progrès de leur avancement en même sentier et même train,
il est force qu’ils se heurtent et choquent souvent. Davantage, la
correspondance et relation qui engendre ces vraies et parfaites amitiés,
pourquoi se trouvera-t-elle en ceux-ci ? Le père et le fils peuvent être
de complexion entièrement éloignée, et les frères aussi. C’est mon fils, c’est
mon parent, mais c’est un homme farouche, un méchant ou un sot. Et puis, à
mesure que ce sont amitiés que la loi et l’obligation naturelle nous commande,
il y a d’autant moins de notre choix et liberté volontaire. Et notre liberté
volontaire n’a point de production qui soit plus proprement sienne que celle de
l’affection et amitié. Ce n’est pas que je n’aie essayé de ce côté-là tout ce
qui en peut être, ayant eu le meilleur père qui fût onques[22],
et le plus indulgent, jusques à son extrême vieillesse, et étant d’une famille
fameuse de père en fils, et exemplaire en cette partie de la concorde
fraternelle,
et
ipse
Notus
in fratres animi paterni.
[« et
connu moi-même pour mon affection fraternelle envers mes frères. » Horace,
Odes, II 2, v. 6]
D’y comparer l’affection envers les
femmes, quoi qu’elle naisse de notre choix, on ne peut, ni la loger en ce rôle.
Son feu, je le confesse,
neque
enim est dea nescia nostri
Quae
dulcem curis miscet amaritiem,
[« Car
elle ne m’ignore pas, cette déesse qui aux soucis de l’amour mêle une douce
amertume ». Catulle[23],
Épigrammes, LXVIII, 17]
est
plus actif, plus cuisant et plus âpre. Mais c’est un feu téméraire et volage,
ondoyant et divers, feu de fièvre, sujet à accès et remises, et qui ne nous
tient qu’à un coin. En l’amitié, c’est une chaleur générale et universelle, tempérée
au demeurant et égale, une chaleur constante et rassise, toute douceur et polissure,
qui n’a rien d’âpre et de poignant. Qui plus est, en l’amour, ce n’est qu’un désir
forcené après ce qui nous fuit :
Comme
segue la lepre il cacciatore
Al freddo, al caldo, alla montagna, al lito ;
Ne
piu l’estima poi che presa vede,
Et
sol dietro a chi fugge affretta il piede.
[« Comme
le chasseur poursuit le lièvre par le froid, par la chaleur, dans la montagne
et dans la vallée ; il le dédaigne quand il le voit pris, et c’est
seulement quand la proie fuit qu’il la poursuit. » Arioste[24],
Roland furieux, X, stance VII]
Aussi
tôt qu’il entre aux termes de l’amitié, c’est à dire en la convenance des volontés,
il s’évanouit et s’alanguit. La jouissance le perd, comme ayant la fin
corporelle et sujette à satiété. L’amitié, au rebours, est jouie à mesure
qu’elle est désirée, ne s’élève, se nourrit, ni ne prend accroissance qu’en la
jouissance comme étant spirituelle, et l’âme s’affinant par l’usage. Sous cette
parfaite amitié ces affections volages ont autrefois trouvé place chez moi, afin
que je ne parle de lui, qui n’en confesse que trop par ses vers. Ainsi ces deux
passions sont entrées chez moi en connaissance l’une de l’autre ; mais en
comparaison jamais : la première maintenant sa route d’un vol hautain et
superbe, et regardant dédaigneusement celle-ci passer ses pointes bien loin au
dessous d’elle.
Quant aux mariages, outre ce que c’est
un marché qui n’a que l’entrée libre (sa durée étant contrainte et forcée, dépendant
d’ailleurs que de notre vouloir), et marché qui ordinairement se fait à autres
fins, il y survient mille fusées[25]
étrangères à démêler parmi, suffisantes à rompre le fil et troubler le cours
d’une vive affection ; là où, en l’amitié, il n’y a affaire ni commerce
que d’elle-même. Joint qu’à dire vrai, la suffisance ordinaire des femmes n’est
pas pour répondre à cette conférence et communication, nourrisse de cette
sainte couture ; ni leur âme ne semble assez ferme pour soutenir l’étreinte
d’un nœud si pressé et si durable. Et certes, sans cela, s’il se pouvait
dresser une telle accointance, libre et volontaire, où non seulement les âmes
eussent cette entière jouissance, mais encore où les corps eussent part à
l’alliance, où l’homme fût engagé tout entier, il est certain que l’amitié en
serait plus pleine et plus comble. Mais ce sexe par nul exemple n’y est encore
pu arriver, et par le commun consentement des écoles anciennes en est rejeté.
Et cette autre licence grecque est
justement abhorrée par nos mœurs. Laquelle pourtant, pour avoir, selon leur
usage, une si nécessaire disparité d’âges et différence d’offices entre les
amants, ne répondait non plus assez à la parfaite union et convenance qu’ici
nous demandons : « Quis est
enim iste amor amicitiæ ? Cur neque deformem adolescentem quisquam amat,
neque formosum senem ? » [Quel est en effet cet
amour d’amitié ? Pourquoi nul ne s’attache-t-il à l’adolescent dénué de
beauté ni un beau vieillard ? Cicéron[26],
Tusculanes, IV, xxxiii ] Car la peinture
même qu’en fait l’Académie ne me désavouera pas, comme je pense, de dire ainsi
de sa part : que cette première fureur inspirée par le fils de Vénus au cœur
de l’amant sur l’objet de la fleur d’une tendre jeunesse, à laquelle ils
permettent tous les insolents et passionnés efforts que peut produire une
ardeur immodérée, était simplement fondée en une beauté externe, fausse image
de la génération corporelle. Car en l’esprit elle ne pouvait, duquel la montre[27]
était encore cachée, qui n’était qu’en sa naissance, et avant l’âge de germer. Que
si cette fureur saisissait un bas courage, les moyens de sa poursuite c’étaient
richesses, présents, faveur à l’avancement des dignités, et telle autre basse
marchandise, qu’ils reprouvent. Si elle tombait en un courage plus généreux,
les entremises étaient généreuses de mêmes : instructions philosophiques,
enseignements à révérer la religion, obéir aux lois, mourir pour le bien de son
pays : exemples de vaillance, prudence, justice : s’étudiant l’amant
de se rendre acceptable par la bonne grâce et beauté de son âme, celle de son
corps étant piéça fanée, et espérant par cette société mentale établir un
marché plus ferme et durable. Quand cette poursuite arrivait à l’effet en sa
saison (car ce qu’ils ne requièrent point en l’amant, qu’il apportât loisir et
discrétion en son entreprise, ils le requièrent exactement en l’aimé ;
d’autant qu’il lui fallait juger d’une beauté interne, de difficile connaissance
et abstruse découverte) lors naissait en l’aimé le désir d’une conception
spirituelle par l’entremise d’une spirituelle beauté. Celle-ci était ici
principale : la corporelle, accidentalle[28]
et seconde : tout le rebours de l’amant. À cette cause préfèrent-ils l’aimé,
et vérifient que les dieux aussi le préfèrent, et tancent grandement le poète Eschyle[29]
d’avoir, en l’amour d’Achille et de Patrocle, donné la part de l’amant à
Achille qui était en la première et imberbe verdeur de son adolescence, et le
plus beau des Grecs. Après cette communauté générale, la maîtresse et plus digne
partie d’icelle[30]
exerçant ses offices et prédominant, ils disent qu’il en provenait des fruits
très utiles au privé et au public ; que c’était la force des pays qui en
recevaient l’usage, et la principale défense de l’équité et de la liberté :
témoin les salutaires amours de Hermodius et d’Aristogiton[31].
Pourtant la nomment-ils sacrée et divine. Et n’est, à leur compte, que la
violence des tyrans et lâcheté des peuples qui lui soit adversaire. Enfin tout
ce qu’on peut donner à la faveur de l’Académie, c’est dire que c’était un amour
se terminant en amitié ; chose qui ne se rapporte pas mal à la définition
Stoïque de l’amour : « Amorem
conatum esse amicitiae faciendae ex pulchritudinis specie. » [« L’amour
est un effort pour obtenir l’amitié d’une personne qui nous a frappé par sa
beauté. » Cicéron, Tusculanes,
IV, xxxiv]
Je reviens à ma description, de façon plus équitable et plus équable. « Omnino amicitiæ, corroboratis jam
confirmatisque ingeniis et aetatibus, judicandæ sunt. » [« On
ne peut tout à fait juger des amitiés que lorsqu’avec les années les caractères
se sont formés et mûris. » Cicéron, De
l’amitié, XX]
Au demeurant, ce que nous appelons
ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu’accointances et familiarités
nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes
s’entretiennent. En l’amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent
l’une en l’autre, d’un mélange si universel, qu’elles effacent et ne retrouvent
plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais,
je sens que cela ne se peut exprimer, qu’en répondant : « Parce que c’était
lui ; par ce que c’était moi ».
Il y a, au-delà de tout mon discours, et
de ce que j’en puis dire particulièrement, ne sait quelle force inexplicable et
fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être
vus, et par des rapports que nous oyions l’un de l’autre, qui faisaient en notre
affection plus d’effort que ne porte la raison des rapports, je crois par
quelque ordonnance du ciel : nous nous embrassions par nos noms. Et à notre
première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de
ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien
dès lors ne nous fut si proche que l’un à l’autre. Il écrivit une Satyre Latine
excellente, qui est publiée, par laquelle il excuse et explique la précipitation
de notre intelligence, si promptement parvenue à sa perfection. Ayant si peu à
durer, et ayant si tard commencé, car nous étions tous deux hommes faits, et lui
plus de quelque année, elle n’avait point à perdre temps, et à se régler au
patron des amitiés molles et régulières, auxquelles il faut tant de précautions
de longue et préalable conversation. Cette-ci n’a point d’autre idée que d’elle-même,
et ne se peut rapporter qu’à soi. Ce n’est pas une spéciale considération, ni
deux, ni trois, ni quatre, ni mille : c’est je ne sais quelle quintessence
de tout ce mélange, qui, ayant saisi toute ma volonté, l’amena se plonger et se
perdre dans la sienne ; qui, ayant saisi toute sa volonté, l’amena se
plonger et se perdre en la mienne, d’une faim, d’une concurrence pareille. Je
dis perdre, à la vérité, ne nous réservant rien qui nous fut propre, ni qui fut
ou sien ou mien.
Quand Lælius[32],
en présence des Consuls Romains, lesquels, après la condamnation de Tiberius
Gracchus[33],
poursuivaient tous ceux qui avaient été de son intelligence, vint à s’enquérir
de Caius Blosius (qui était le principal de ses amis) combien il eut voulu
faire pour lui, et qu’il eut répondu : « Toutes choses ; – Comment,
toutes choses ? suivit-il. Et quoi, s’il t’eût commandé de mettre le feu
en nos temples ? – Il ne me l’eût jamais commandé, répliqua Blosius. –
Mais s’il l’eût fait ? ajouta Lælius. – J’y eusse obéi », répondit-il.
S’il était si parfaitement ami de Gracchus, comme disent les histoires, il n’avait
que faire d’offenser les consuls par cette dernière et hardie confession ;
et ne se devait départir de l’assurance qu’il avait de la volonté de Gracchus. Mais,
toutefois, ceux qui accusent cette réponse comme séditieuse, n’entendent pas
bien ce mystère, et ne présupposent pas, comme il est, qu’il tenait la volonté
de Gracchus en sa manche, et par puissance et par connaissance. Ils étaient
plus amis que citoyens, plus amis qu’amis et qu’ennemis de leur pays, qu’amis
d’ambition et de trouble. S’étant parfaitement commis[34]
l’un à l’autre, ils tenaient parfaitement les rênes de l’inclination l’un de
l’autre ; et faites guider cet harnais par la vertu et conduite de la
raison (comme aussi est-il du tout impossible de l’atteler sans cela), la réponse
de Blosius est telle qu’elle devait être. Si leurs actions se démanchèrent, ils
n’étaient ni amis selon ma mesure l’un de l’autre, ni amis à eux-mêmes. Au
demeurant cette réponse ne sonne non plus que ferait la mienne, à qui s’enquerrait
à moi de cette façon : « Si votre volonté vous commandait de tuer
votre fille, la tueriez vous ? » et que je l’accordasse. Car cela ne
porte aucun témoignage de consentement à ce faire, parce que je ne suis point
en doute de ma volonté, et tout aussi peu de celle d’un tel ami. Il n’est pas
en la puissance de tous les discours du monde de me déloger de la certitude que
j’ai des intentions et jugements du mien. Aucune de ses actions ne me saurait être
présentée, quelque visage qu’elle eût, que je n’en trouvasse incontinent le
ressort. Nos âmes ont charrié si uniment ensemble, elles se sont considérées
d’une si ardente affection, et de pareille affection découvertes jusques au fin
fond des entrailles l’une à l’autre, que non seulement je connaissais la sienne
comme la mienne, mais je me fusse certainement plus volontiers fié à lui de moi
qu’à moi.
Qu’on ne me mette pas en ce rang ces
autres amitiés communes ; j’en ai autant de connaissance qu’un autre, et
des plus parfaites de leur genre, mais je ne conseille pas qu’on confonde leurs
règles : on s’y tromperait. Il faut marcher en ces autres amitiés la bride
à la main, avec prudence et précaution ; la liaison n’est pas nouée en
manière qu’on n’ait aucunement à s’en défier. « Aimez-le (disait Chilon)
comme ayant quelque jour à le haïr ; haïssez le, comme ayant à l’aimer. »
[Aulu-Gelle[35], Nuits attiques, I, iii] Ce précepte qui est si abominable
en cette souveraine et maîtresse amitié, il est salubre en l’usage des amitiés
ordinaires et coutumières, à l’endroit desquelles il faut employer le mot
qu’Aristote avait très familier : « O mes amis, il n’y a nul ami. »[36]
En ce noble commerce, les offices et les
bienfaits, nourriciers des autres amitiés, ne méritent pas seulement d’être mis
en compte : cette confusion si pleine de nos volontés en est cause. Car,
tout ainsi que l’amitié que je me porte, ne reçoit point augmentation pour le
secours que je me donne au besoin, quoi que disent les Stoïciens, et comme je
ne me sais aucun gré du service que je me fais, aussi l’union de tels amis étant
véritablement parfaite, elle leur fait perdre le sentiment de tels devoirs, et
haïr et chasser d’entre eux ces mots de division et de différence :
bienfait, obligation, reconnaissance, prière, remerciement, et leurs pareils.
Tout étant par effet commun entre eux, volontés, pensemens[37],
jugements, biens, femmes, enfants, honneur et vie, et leur convenance n’étant
qu’une âme en deux corps selon la très propre définition d’Aristote[38],
ils ne se peuvent ni prester ni donner rien. Voilà pourquoi les faiseurs de lois,
pour honorer le mariage de quelque imaginaire ressemblance de cette divine
liaison, défendent les donations entre le mari et la femme, voulant inférer par
là que tout doit être à chacun d’eux, et qu’ils n’ont rien à diviser et partir[39]
ensemble. Si, en l’amitié de quoi je parle, l’un pouvait donner à l’autre, ce
serait celui qui recevrait le bienfait, qui obligerait son compagnon. Car
cherchant l’un et l’autre, plus que toute autre chose, de s’entre-bienfaire,
celui qui en prête la matière et l’occasion est celui-là qui fait le libéral,
donnant ce contentement à son ami, d’effectuer en son endroit ce qu’il désire
le plus. Quand le philosophe Diogène[40]
avait faute d’argent, il disait qu’il le redemandait à ses amis, non qu’il le
demandait[41]. Et,
pour montrer comment cela se pratique par effet, j’en réciterai un ancien
exemple, singulier.
Eudamidas[42],
Corinthien, avait deux amis : Charixenus, Sycionien, et Aretheus,
Corinthien. Venant à mourir étant pauvre, et ses deux amis riches, il fit ainsi
son testament : Je lègue à Aretheus de nourrir ma mère et l’entretenir en
sa vieillesse ; à Charixenus, de marier ma fille et lui donner le douaire
le plus grand qu’il pourra ; et, au cas que l’un d’eux vienne à défaillir,
je substitue en sa part celui qui survivra. Ceux qui premiers virent ce
testament, s’en moquèrent ; mais ses héritiers, en ayant été avertis,
l’acceptèrent avec un singulier contentement. Et l’un d’eux, Charixenus, étant
trépassé cinq jours après, la substitution étant ouverte en faveur d’Aretheus,
il nourrit curieusement cette mère, et, de cinq talents qu’il avait en ses
biens, il en donna les deux et demy en mariage à une sienne fille unique, et
deux et demi pour le mariage de la fille d’Eudamidas, desquelles il fit les noces
en même jour.
Cet exemple est bien plein, si une
condition en était à dire, qui est la multitude d’amis. Car cette parfaite
amitié, de quoi je parle, est indivisible : chacun se donne si entier à
son ami, qu’il ne lui reste rien à départir ailleurs ; au rebours, il est
marri qu’il ne soit double, triple, ou quadruple, et qu’il n’ait plusieurs âmes
et plusieurs volontés pour les conférer toutes à ce sujet. Les amitiés
communes, on les peut départir : on peut aimer en cestuy-ci la beauté, en
cet autre la facilité de ses mœurs, en l’autre la libéralité, en celui-là la
paternité, en cet autre la fraternité, ainsi du reste ; mais cette amitié
qui possède l’âme et la régente en toute souveraineté, il est impossible
qu’elle soit double. Si deux en même temps demandaient à être secourus, auquel
courriez vous ? S’ils requerraient de vous des offices contraires, quel
ordre y trouveriez-vous ? Si l’un commettait à votre silence chose qui fût
utile à l’autre de savoir, comment vous en démêleriez vous ? L’unique et
principale amitié découd toutes autres obligations. Le secret que j’ai juré ne
déceler à nul autre, je le puis, sans parjure, communiquer à celui qui n’est
pas autre : c’est moi. C’est un assez grand miracle de se doubler ;
et n’en connaissent pas la hauteur, ceux qui parlent de se tripler. Rien n’est
extrême, qui a son pareil. Et qui présupposera que de deux j’en aime autant
l’un que l’autre, et qu’ils s’entr’aiment et m’aiment autant que je les aime,
il multiplie en confrérie la chose la plus une et unie, et de quoi une seule
est encore la plus rare à trouver au monde.
Le demeurant de cette histoire convient
très bien à ce que je disais : car Eudamidas donne pour grâce et pour
faveur à ses amis de les employer à son besoin. Il les laisse héritiers de
cette sienne libéralité, qui consiste à leur mettre en main les moyens de lui
bienfaire. Et, sans doute, la force de l’amitié se montre bien plus richement
en son fait qu’en celui d’Aretheus. Somme, ce sont effets inimaginables à qui
n’en a goûté, et qui me font honorer à merveilles la réponse de ce jeune soldat
à Cyrus[43]
s’enquérant à lui pour combien il voudrait donner un cheval, par le moyen du
quel il venait de gagner le prix de la course, et s’il le voudrait échanger à
un Royaume : « Non certes, Sire, mais bien le lairroy-je[44]
volontiers pour en acquérir un ami, si je trouvais homme digne de telle
alliance. »
Il ne disait pas mal : « si
j’en trouvai » ; car on trouve facilement des hommes propres à une
superficielle accointance. Mais en cette-ci, en laquelle on négocie du fin fond
de son courage, qui ne fait rien de reste, certes il est besoin que tous les
ressorts soient nets et sûrs parfaitement.
Aux confédérations qui ne tiennent que
par un bout, on n’a à pourvoir qu’aux imperfections qui particulièrement intéressent
ce bout-là. Il ne peut chaloir[45]
de quelle religion soit mon médecin et mon avocat. Cette considération n’a rien
de commun avec les offices de l’amitié qu’ils me doivent. Et, en l’accointance
domestique que dressent avec moi ceux qui me servent, j’en fais de même. Et
m’enquiers peu, d’un laquais, s’il est chaste ; je cherche s’il est
diligent. Et ne crains pas tant un muletier joueur qu’imbécile, ni un cuisinier
jureur qu’ignorant. Je ne me mêle pas de dire ce qu’il faut faire au monde,
d’autres assez s’en mêlent, mais ce que j’y fais.
Mihi
sic usus est ; tibi, ut opus est facto, face.
[« Telle
est ma façon de faire ; quant à toi, fais comme tu l’entendras ».
Térence[46],
Héautontirouménos, acte I, scène 1,
v.28]
À
la familiarité de la table j’associe le plaisant, non le prudent : au lit,
la beauté avant la bonté ; en la société du discours, la suffisance, voire
sans la prud’hommie. Pareillement ailleurs.
Tout ainsi que cil[47]
qui fut rencontré à chevauchons sur un bâton, se jouant avec ses enfants, pria
l’homme qui l’y surprit, de n’en rien dire, jusques à ce qu’il fût père lui-même,
estimant que la passion qui lui naîtrait lors en l’âme le rendrait juge équitable
d’une telle action : je souhaiterais aussi parler à des gens qui eussent
essayé ce que je dis. Mais, sachant combien c’est chose éloignée du commun
usage qu’une telle amitié, et combien elle est rare, je ne m’attends pas d’en
trouver aucun bon juge. Car les discours mêmes que l’antiquité nous a laissés
sur ce sujet, me semblent lâches au prix du sentiment que j’en ai. Et, en ce point,
les effets surpassent les préceptes mêmes de la philosophie :
Nil
ego contulerim jucundo sanus amico.
[« Pour
moi, tant que j’aurai ma raison, rien ne sera comparable à un tendre ami ».
Horace, Satires, I, v, v.44]
L’ancien Ménandre[48]
disait celui-là heureux, qui avait pu rencontrer seulement l’ombre d’un ami. Il
avait certes raison de le dire, même s’il en avait tâté. Car, à la vérité, si
je compare tout le reste de ma vie, quoiqu’avec la grâce de Dieu je l’aie
passée douce, aisée et, sauf la perte d’un tel ami, exempte d’affliction pesante,
pleine de tranquillité d’esprit, ayant pris en payement mes commodités
naturelles et originelles sans en rechercher d’autres ; si je la compare,
dis-je, toute aux quatre années qu’il m’a été donné de jouir de la douce compagnie
et société de ce personnage, ce n’est que fumée, ce n’est qu’une nuit obscure
et ennuyeuse. Depuis le jour que je le perdis,
quem
semper acerbum,
Semper
honoratum (sic, Dii, voluistis) habebo,
[« Jour
qui pour moi sera toujours funeste, toujours sacré (Dieux, telle a été votre
volonté !) ». Virgile[49],
Enéide, V, v.49-50]
je
ne fais que trainer languissant ; et les plaisirs mêmes qui s’offrent à moi,
au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte. Nous étions à
moitié de tout ; il me semble que je lui dérobe sa part,
Nec
fas esse ulla me voluptate hic frui
Decrevi,
tantisper dum ille abest meus particeps.
[« Et
j’ai décidé que je ne saurais plus prendre aucun plaisir, maintenant que je
n’ai plus celui qui partageait ma vie ». Térence, Héautontimorouménos, acte 1, scène 1, v.97-98]
J’étais
déjà si fait et accoutumé à être deuxième partout, qu’il me semble n’être plus
qu’à demi.
Illam
meae si partem animæ tulit
Maturior
vis, quid moror altera,
Nec
charus æquè, nec superstes
Integer
? Ille dies utramque
Duxit
ruinam.
[« Si
ce coup prématuré a arraché cette moitié de mon âme, pourquoi moi, l’autre
moitié, m’attarderai-je ici, moi qui ne me suis aussi cher et qui ne survis pas
tout entier ? Pour tous deux, ce jour-là a amené l’écroulement ».
Horace, Odes, II, xvii, v.5-9]
Il
n’est action ou imagination où je ne le trouve à dire, comme si eût-il bien
fait à moi. Car, de même qu’il me surpassait d’une distance infinie en toute
autre suffisance et vertu, aussi faisait-il au devoir de l’amitié.
Quis
desiderio sit pudor aut modus
Tam
chari capitis ?
[« En
pleurant une tête si chère, peut-il être question de honte ou de mesure ? »
Horace, Odes, I, xxiv, v.1-2]
O misero frater adempte mihi !
Omnia
tecum una perierunt gaudia nostra,
Quæ tuus in vita dulcis alebat amor.
Tu mea, tu moriens fregisti commoda, frater ;
Tecum
una tota est nostra sepulta anima,
Cujus
ego interitu tota de mente fugavi
Hæc studia atque omnes delicias animi.
[« Ô
mon frère qui m’a été enlevé pour mon malheur ! Avec toi ont disparu du même
coup toutes nos joies que ta douce amitié entretenait dans la vie. C’est toi,
mon frère, c’est toi qui par ta mort as brisé mon bonheur. Avec toi du même
coup notre âme est descendue au tombeau, et depuis ta mort j’ai chassé du fond
de mon cœur mes chères études et tout ce qui faisait les délices de mon esprit ».
Catulle, LXVIII, v.20-26, cités dans l’ordre suivant : 20-23-24
-21-22-25-26]
Alloquar ? audiero nunquam tua verba loquentem ?
Nunquam ego te, vita frater amabilior,
Aspiciam
posthac? At certè semper amabo.
[« Ne
te parlerai-je plus ? N’entendrai-je plus jamais tes paroles ? Ne te
verrai-je plus jamais désormais, frère que j’aime plus que la vie ? Mais
du moins je t’aimerai toujours. » Catulle, LXL, v.9-11]
Mais
oyons un peu parler ce garçon de seize ans[50].
Parce que j’ai trouvé que cet ouvrage a été
depuis mis en lumière, et à mauvaise fin, par ceux qui cherchent à troubler et
changer l’état de notre police, sans se soucier s’ils l’amenderont, qu’ils ont
mêlé à d’autres écrits de leur farine, je me suis dédit de le loger ici. Et afin
que la mémoire de l’auteur n’en soit intéressée en l’endroit de ceux qui n’ont
pu connaître de près ses opinions et ses actions, je les avise que ce sujet fut
traité par lui en son enfance, par manière d’exercitation seulement, comme
sujet vulgaire et tracassé en mille endroits des livres. Je ne fais nul doute
qu’il ne crût ce qu’il écrivait, car il était assez consciencieux pour ne
mentir pas mêmes en se jouant. Et sais davantage que, s’il eût eu à choisir, il
eût mieux aimé être né à Venise qu’à Sarlat ; et avec raison. Mais il avait
une autre maxime souverainement empreinte en son âme, d’obéir et de se
soumettre très religieusement aux lois sous lesquelles il était né. Il ne fut
jamais un meilleur citoyen, ni plus affectionné au repos de son pays, ni plus
ennemi des remuements et nouvelletés de son temps. Il eût bien plutôt employé
sa suffisance à les éteindre, qu’à leur fournir de quoi les émouvoir davantage.
Il avait son esprit moulé au patron d’autres siècles que ceux-ci.
Or, en échange de cet ouvrage sérieux,
j’en substituerai un autre, produit en cette même saison de son âge, plus
gaillard et plus enjoué[51].
[1]
Talent.
[2]
C’est-à-dire les Essais eux-mêmes.
[3]
65-8 av. J.-C., poète latin, épicurien.
[4]
Étienne de la Boétie (1530-1663) était conseiller au parlement de Bordeaux
lorsqu’il rencontra Montaigne en 1558 ou 1559.
[5]
En 1574, paraît la première édition du Discours
de la servitude volontaire, incomplet, tronqué, mutilé, sans nom d’auteur,
dans le Réveille-Matin des François et de
leurs voisins sous le nom d’Eusèbe Philadelphe Cosmopolite. Il s’agit d’un
ouvrage collectif d’obédience protestante qui s’en prend à la monarchie
française. Le protestant Simon Goulart (1543-1628) fait paraître les Mémoires de l’état de France sous Charles IX
contenant les choses les plus notables,
faites et publiées tant par les catholiques que par ceux de la religion, depuis
le troisième édit de pacification fait au mois d’Août 1570 jusques au règne de
Henry troisième, & réduits en trois volumes, chacun desquels a un indice
des principales matières y contenus qui, dans son tome III (publié en 1577),
donne de larges extraits du Discours de
la servitude volontaire sans que La Boétie soit mentionné sous le titre de Contre Un.
[6]
Dans les premières éditions des Essais
de 1580 et 1588, Montaigne écrit : n’ayant
pas atteint le dix-huitième an de son âge.
[7]
Depuis longtemps.
[8]
Préposition : dans les.
[9]
Réputation.
[10]
Noble.
[11]
Hasard.
[12]
L’édit de tolérance de janvier 1562
accordant aux protestants, en dehors des villes, l’exercice public de leur
religion. Les Mémoires de La
Boétie sur cet édit ont été retrouvés et publiés pour la première fois en 1917
par Paul Bonnefon (1861-1922) dans la Revue
d’histoire littéraire de la France.
[13]
Affectueuse.
[14]
Montaigne publie en 1571 une partie des œuvres de La Boétie, à savoir une
traduction de La ménagerie de
Xénophon, de La règle du mariage et
la Lettre de consolation de
Plutarque, les six premiers chapitres des Économiques,
faussement attribués à cette époque à Aristote et quelques vers latins de son
invention.
[15]
Contact.
[16]
Cultivée.
[17]
Ou « cettui » ou « cestui » est l’adjectif démonstratif
masculin singulier, actuellement « celui ».
[18]
~435-~356 av. J.-C., philosophe, disciple de Socrate.
[19]
« Une courtisane lui dit un jour : « Je suis enceinte par ton
fait. — Autant vaudrait, répondit-il, après avoir traversé un buisson, dire
quelle épine t’a piquée. »
Quelqu’un lui reprochait de délaisser son fils,
comme s’il ne lui était rien : « Nous savons aussi, dit-il, que la
salive et la vermine viennent de nous, et cependant nous les rejetons le plus
loin possible, comme choses importunes. » » Diogène Laërce, Vies, opinions et sentences des philosophes
illustres, II, Vie d’Aristippe (81).
[20]
~46-125, philosophe et moraliste grec.
[21]
Plutarque, De l’amitié fraternelle,
IV. Montaigne cite une réplique d’un philosophe différent de Plutarque.
[22]
Adverbe qui signifie positivement « un jour, à quelque moment » et
négativement « jamais, à aucun moment ».
[23]
84-54 av. J.-C., poète romain.
[24]
(1474-1533), poète italien de la Renaissance.
[25]
Au sens propre « masse de fil qui entoure un fuseau » d’où au sens
figuré « complication ».
[26]
106-43 av. J.-C., homme d'État romain et auteur latin.
[27]
Manifestation.
[28]
Accidentelle.
[29]
~525-456 av. J.-C., poète tragique grec.
[30]
Icelui, icelle, iceux, icelles, adjectif et pronom démonstratif.
[31]
Aristogiton, athénien pauvre, était l’amant d’Harmodios. Le tyran Hipparque
essaie de le séduire. Il échoue. Pour se venger, il humilie sa sœur. Les deux amoureux
complotent contre les tyrans qui régnaient à Athènes, Hipparque et Hippias. Ils
réussissent à tuer le premier avant d’être tué tour à tour en 514 av. J.-C.. Après
la chute d’Hippias en 510 av. J.-C., Aristogiton et Harmodios deviendront des
héros dont les statues furent érigées sur l’agora.
[32]
185-115 av. J.-C., consul romain en 140. Il a soutenu Tiberius Sempronius
Gracchus, tribun de la plèbe, qui voulait empêcher les plus riches romains de s’accaparer
toutes les terres. Il l’abandonna. Gaius fut assassiné quelques années plus
tard. Il est un personnage de dialogues de Cicéron comme De la république ou De l’amitié.
[33]
168 ou 163-133 av. J.-C., tribun de la plèbe dont les volontés de réformes
agraires se sont heurtés à l’opposition du Sénat et des patriciens romains qui
ont fini par le faire massacrer avec 300 de ses partisans.
[34]
Unis.
[35]
II° siècle, grammairien et compilateur romain.
[36]
Cité par Diogène Laërce, Vies, opinions
et sentences des philosophes illustres, V Aristote, 21 : « ᾯ φίλοι
οὐδεὶς φίλος ».
[37]
Pensées.
[38]
Cité par Diogène Laërce, Vies, opinions
et sentences des philosophes illustres, V Aristote, 20 : « Μία
ψυχὴ δύο σώμασιν ἐνοικοῦσα. »
[39]
Partager.
[40]
413-327 av. J.-C., Diogène de Sinope ou Diogène le Cynique, est un philosophe
grec de l'école cynique.
[41]
Cf. Diogène Laërce, Vies, opinions et
sentences des philosophes illustres, VI Diogène, 46.
[42]
Cf. Lucien, Toxaris ou l’amitié,
22-23.
[43]
Cf. Xénophon, Cyropédie, VIII,
chapitre 3, 26.
[44]
Laisserai-je.
[45]
Importer.
[46]
190-159 av. J.-C., poète comique latin. Il est l’auteur de six pièces qui
nous sont toutes parvenues.
[47]
Celui. Cf. Plutarque, Vie d’Agésilas,
25.
[48]
~343-292 av. J.-C., poète comique athénien représentant la nouvelle comédie. Il
a inspiré notamment Térence. Il ne reste aucune de ses œuvres. Cf. Plutarque, De l’amitié fraternelle, 3.
[49]
70-19 av. J.-C., poète latin.
[50]
Dans les éditions de 1580 et 1588, on lisait « dix-huit ans ».
[51]
Dans les éditions de 1580 et 1588, Montaigne introduisait ainsi 29 sonnets de
La Boétie qu’il a ensuite supprimés des éditions suivantes.