mercredi 20 janvier 2016
Le désir - corrigé d'une dissertation : Y a-t-il un plaisir à désirer ?
jeudi 14 janvier 2016
Descartes, Les passions de l'âme, analyse de l'article 14.
dimanche 10 janvier 2016
Hume, Enquête sur l'entendement humain - plan analytique, Section V Solution sceptique de ses doutes, Première partie
La raison et la croyance - corrigé d'une explication de texte de Spinoza sur la crédulité
vendredi 1 janvier 2016
Leibniz, biographie
Leibniz, biographie : un philosophe courtisan.
Gottfried Wilhelm Leibniz est né le 1er (ou le 4) juillet 1646 à Leipzig. Son père, Friedrich Leibniz (1597-1652) était juriste et professeur de philosophie morale à l’université de Leipzig. Sa mère était Catherina Schmuck (1621-1664). Elle était la seconde femme de Friedrich Leibniz qui avait un garçon et une fille d’un premier mariage. Elle était la fille de Wilhelm Schmuck (1575-1634), professeur en droit et en droit canon dans la même université. Sa famille était de confession luthérienne.
Le 5 septembre 1652, Leibniz perd son père. Il commence ses études à la Nicolai-Schule de Leipzig. Il apprend le latin et le grec. Il lit la littérature latine contre l’avis de ses maîtres, Johann Hornschuh (1600-1663), philosophe et philologue et Tilemann Bachusius ( ?- ?).
En 1661, à quinze ans, il entre à l’université de Leipzig. Il est l’élève de Jacob Thomasius (1622-1684) pour qui l’histoire de la philosophie est un objet d’étude. En mathématiques, il est l’élève de Johann Kühn (1619-1676). Il connaît les littératures grecque et latine, la scolastique et découvre Francis Bacon (1561-1626), Thomas Hobbes (1588-1679), René Descartes (1596-1650) et Pierre Gassendi (1592-1655).
En 1663, il est bachelier avec une Thèse sur le principe d’individuation (Disputatio de principio individui) d’inspiration nominaliste. Il poursuit ses études à Iéna où il suit l’enseignement d’Ehrard Weigel (1625-1699), mathématicien, juriste et philosophe, du philosophe et historien Johann Andreas Bose (1626-1674) et suit les conférences sur le droit données par Johann Christoph Falkner (1629-1681), conseiller à la Cour supérieure de justice qui deviendra Rector magnificus de l’Université d’Iéna dans les années 1670.
En 1664, sa mère meurt. Il s’oriente vers le droit.
En 1666 il devient docteur en droit à l’université d’Altdorf, près de Nuremberg avec une thèse De casibus perplexis in jure (Sur les cas complexes en droit ou Sur les cas embrouillés en droit). On lui propose de devenir professeur extraordinaire de droit à l’université : il décline l’offre. Il publie la Dissertatio de Arte combinatoria (De l’art combinatoire).
En 1667, à Nuremberg, Leibniz serait devenu membre de la confrérie des Rose-Croix. Il en serait un temps le secrétaire. Dans la même ville, il rencontre le baron Johann Christian Von Boyneburg ou Jean-Christophe de Boinebourg (1622-1672), ancien protestant converti au catholicisme, ancien Grand Maréchal, puis Premier Ministre auprès de l’Archevêque-Électeur de Mayence, Johann Philipp Von Schönborn (1605-1673). Ce dernier, archevêque catholique, participe à l’élection de l’empereur du Saint Empire Romain Germanique. Leibniz devient le protégé du baron de Boinebourg. Il publie la Methodus nova discendae docendaeque Jurisprudentiae (Nouvelle méthode pour apprendre et pour enseigner la jurisprudence).
En 1668, il écrit Confessio naturae contra atheistas (Témoignage de la nature contre les athées).
En 1669 il écrit Un essai de démonstration politique à propos de l’élection d’un roi en Pologne sous un pseudonyme à l’instigation du baron de Boinebourg qui s’investit dans l’élection du nouveau.
En 1670, il reprend pour l’Archevêque-Électeur de Mayence la Nouvelle méthode pour apprendre et pour enseigner la Jurisprudence. Il devient son conseiller. Il est chargé d’améliorer le code civil. Il écrit une Dissertation sur la sécurité de l’Allemagne. Il écrit également une Dissertatio de stylo philosophica Nizolii (Dissertation sur le style philosophique de Nizolius), une préface à l’ouvrage qu’il édite de cet écrivain et philosophe italien (1488-1567). Il écrit aussi deux traités scientifiques : Theoria motus abstracti (Théorie du mouvement abstrait) qu’il dédit à l’Académie des sciences de Paris et Theoria motus concreti seu Hypothesis physica nova (Théorie du mouvement concret ou Hypothèse physique nouvelle) qu’il dédit à l’Académie des sciences de Londres. Encouragé par le baron de Boinebourg, il se penche sur le problème théologique de la transsubstantiation. Il prend contact avec le théologien janséniste Antoine Arnauld (1612-1694). Il participe aux protestations lors de la publication du Traité théologico-politique de façon anonyme même si Spinoza a rapidement été démasqué. Il dénoncera à Arnauld un « ouvrage effrayant » sur la liberté de penser qui sape les bases de la religion : luthérien et catholique s’entendent.
En 1671, Boinebourg veut convertir un ami, Andreas Wissowatius (1608-1678), un Socinien qui avait publié à partir de 1656 la Bibliotheca Fratrum Polonorum, recueil de doctrine socinienne. Elle provenait de Lelio Sozzini (1525-1562) et Fausto Sozzini (1539-1604), son neveu, deux Italiens réfugiés en Pologne qui avaient fondé une Église qui prônait le déisme et le rationalisme, niant la Trinité, la divinité du Christ et le péché originel. Boinebourg veut le convaincre de l’ancienneté de la religion catholique, sans succès. Leibniz écrit alors une lettre au nom de Boineburg intitulée La sainte Trinité défendue par la doctrine de la raison et suivant de nouvelles découvertes. Il correspond avec Spinoza (1632-1677). Il lui envoie un écrit sur l’optique, Notitia opticae promotae (Avis sur l’amélioration de l’optique) dans une lettre datée du 5 octobre 1671 où il le qualifie de « médecin très célèbre et philosophe très profond » (cf.Lucien Fevre, « Dialogues de grands esprits : Leibniz , Spinoza et le problème de l’incroyance au XVII° », Annales 1947,2-1, pp.45-52). Spinoza lui répond dans une lettre du 9 novembre 1671.
En 1672, Leibniz est envoyé en mission diplomatique auprès de Louis XIV (1638-1643-1715) auprès de qui il se rend avec le fils de Boinebourg. Il doit le convaincre de conquérir l’Égypte pour abattre l’empire ottoman plutôt que d’attaquer les États allemands. C’est pour lui l’occasion de rencontrer les plus grands esprits d’Europe comme le philosophe Malebranche (1638-1715), le penseur janséniste Arnauld, le physicien Christian Huygens (1629-1695). Il veut y montrer la machine à calculer de son invention qui perfectionne celle de Blaise Pascal (1623-1662). Il étudie les manuscrits de ce dernier grâce à l’autorisation de la famille Périer. De là lui serait venu selon son témoignage ultérieur son idée du calcul intégral. Son protecteur, le baron de Boinebourg, meurt en décembre.
De janvier à mars 1673, il effectue un voyage en Angleterre et rencontre Oldenburg, le secrétaire de la Royal Society et correspondant de Spinoza, avec lequel il s’entretient de mathématiques. Il rencontre également le physicien Robert Boyle (1627-1695), l’architecte et savant Christopher Wren (1632-1723) et le mathématicien John Wallis (1616-1703). Il est élu grâce à ce dernier à la Royal Society. Entre temps, l’Électeur de Mayence meurt le 12 février.
En 1675, c’est à Paris que Leibniz met au point sa découverte mathématique fondamentale, celle du calcul différentiel et intégral. Il échoue dans sa tentative d’entrée à l’Académie des Sciences de Paris. Il travaille à l’amélioration des montres.
En octobre 1676, Leibniz quitte Paris pour rentrer en Allemagne, à Hanovre, où il va devenir bibliothécaire du duc Jean-Frédéric de Brunswick-Lunebourg (1625-1679), ancien protestant converti au catholicisme. Il rend visite à Spinoza (1632-1677) en novembre à Paviljoensgracht : le courtisan rend visite à l’artisan déjà malade et mourant. Il passe par Londres où il rencontre le mathématicien John Collins (1623-1685), un ami de Newton (1642-1727). Arrivé à Hanovre, il achète pour son maître de nombreux ouvrages.
En 1677, il a des entretiens avec l’anatomiste danois Niels Stensen (Nicolas Stenon en français) notamment sur le thème de la liberté.
En janvier 1678, il publie le De corporum concursu où il adopte comme formule de la force = mv2.
En 1679 sous l’impulsion du duc de Hanovre, il travaille à la réconciliation des Églises, raison pour laquelle il entre en correspondance avec Bossuet (1627-1704) qui durera jusqu’en 1680. D’autres interlocuteurs sont concernés : Paul Pellisson (1624-1693), Mme de Brinon (1631-1701) notamment. Le 18 décembre, Jean-Frédéric de Brunswick-Lunebourg meurt. Son frère cadet, Ernest (1629-1698) lui succède. Leibniz va devenir proche de son épouse, Sophie de Bohème (1630-1714) et de leur fille Sophie-Charlotte (1668-1705), future reine de Prusse.
À partir de 1680, et jusqu’en 1686, il s’occupe activement des installations minières dans le Harz.
En 1682, les Acta Eruditorum sont fondés à Leipzig. Cette revue scientifique, la première en territoire allemand, rédigée en latin est dirigée par Otto Mencke (1644-1707) qui a certainement été inspiré par Leibniz.
En octobre 1684, Leibniz expose le calcul infinitésimal dans la Nova methodus pro maximis et minimis dans les Acta Eruditorum. Le 8 octobre, Sophie-Charlotte de Hanovre épouse l’Électeur de Brandebourg, Frédéric III (1657-1713), futur roi de Prusse. Il publie également les Meditationes de cognitione, veritate et ideis(Méditations sur la Connaissance, la Vérité et les Idées) où il critique la conception cartésienne de l’évidence ainsi que sa méthode d’analyse des idées. Il commence une correspondance avec Simon Foucher (1644-1696), prêtre et philosophe critique de Malebranche, qui durera jusqu’en1693.
Le 18 octobre 1685, Louis XIV révoque l’édit de Nantes d’avril 1598 qui accordait aux protestants une certaine liberté de culte. Dorénavant, les sujets du roi devront être catholiques. S’ensuit un vaste exil au profit des pays protestants. Il rédige le Discours de métaphysique dans les dernières semaines de l’année, voire au début de l’année suivante.
En 1686, il publie en français le Discours de métaphysique. Commence l’importante correspondance avec Arnauld sur les thèses du Discours qui durera jusqu’en 1688. Il développe ses considérations sur le calcul infinitésimal. Il publie la Brevis demonstratio erroris memorabilis Cartesii (Brève démonstration d’une erreur mémorable de Descartes) où il soutient le principe de la conservation de la force contre la thèse de Descartes et des cartésiens sur la conservation de la quantité de mouvement. Il écrit Generales Inquisitiones de analysi notionum et veritatum où il distingue les vérités nécessaires des vérités contingentes. Il écrit Systema Theologicum, formulaire de réconciliation entre les Églises chrétiennes (à l’exception des calvinistes) qui échoue notamment en raison de l’opposition de Bossuet (1627-1704).
De 1687 à 1690, il voyage en Autriche, dans divers territoires allemands et en Italie (notamment à Rome et à Florence) pour rechercher des documents sur la maison de Brunswick. Début 1687, Newton publie ses Principes mathématiques de la philosophie naturelle qui contiennent non seulement la loi de la gravitation universelle mais aussi son calcul des fluxions.
En 1689, Leibniz écrit la Dynamica de potentia et legibus naturaecorporae (De la puissance dynamique et des lois de la nature corporelle).
En 1692, l’État de Hanovre devient un Électorat. Leibniz a contribué à cet événement. Il écrit les Animadversiones in partem generalem principiorum cartesianorum (Remarques sur la partie générale des principes de Descartes) et l’Essai de dynamique.
En 1693, il écrit le Codex juris gentium diplomaticus (Code diplomatique du droit des gens).
En 1694, il écrit De primae philosophiae emendiatione (De la réforme de la philosophie première). En 1694 au plus tôt, 1698 au plus tard, il rédige en allemand De la sagesse (Von der Weisheit).
En 1695, il publie le Specimen Dynamicum et le Système nouveau de la Nature et de la communication des Substances.
En 1696 Leibniz devient conseiller secret d’Ernest-Auguste, duc de Brunswick-Lunebourg.
En 1697, il écrit De rerum originatione radicali (De l’origine radicale des choses). Il publie les Novissima Sinica où il expose ses connaissances sur la Chine qu’il a obtenues grâce à sa correspondance avec divers jésuites.
Le 23 janvier 1698, Ernest-Auguste, duc de Brunswick-Lunebourg meurt. Son fils, Georges-Louis (1660-1727) lui succède. Il publie De ipsa Natura (De la nature elle-même). Il commence une correspondance avec le philosophe protestant Pierre Bayle (1647-1706) qui se continuera jusqu’en 1702 et une autre avec Malebranche.
En 1699, il commence une correspondance avec le physicien néeerlandais Burchard de Volder (1643-1709) qui continuera jusqu’en 1706. Newton envoie une notification à la Royal Society accusant Leibniz de plagiat concernant le calcul infinitésimal. Dans le même temps, il œuvre dans l’ombre contre lui.
En 1700, Leibniz entre comme membre étranger à l’Académie des Sciences de Paris. Le 11 juillet, sur les conseils de Leibniz, voit le jour la Société des Sciences de Berlin par Frédéric III de Prusse, le Prince-Électeur de Brandebourg qui deviendra plus tard l’Académie de Berlin.
Le 18 janvier 1701, Frédéric III devient roi de Prusse sous le nom de Frédéric 1er. Leibniz commence à publier l’histoire de la maison de Hanovre.
En 1703, il commence les Nouveaux essais sur l’entendement humain, critique de l’Essai philosophique sur l’entendement humain de John Locke (1632-1704), publié en décembre 1689 et traduit en français par le protestant Pierre Coste (1668-1747) alors réfugié aux Pays-Bas.
Le 28 octobre 1704, Locke meurt.
En 1705 Leibniz achève les Nouveaux Essais sur l’entendement humain. La mort de Locke l’amène à ne pas publier le texte. Il écrit le Discours de la conformité de la foi et de la raison, futur avant-propos de la Théodicée.
En 1706, il commence une correspondance avec le jésuite Barthélémy Des Bosses (1668-1738) qui se continuera jusqu’à sa mort et avec le physicien et “biologiste” néerlandais Nicolas Hartsoeker (1656-1725), partisan par ses observations de la théorie dite animalculiste de la reproduction, c’est-à-dire que les enfants sont emboités dans les spermatozoïdes – théorie qu’adoptera Leibniz. Cette correspondance durera jusqu’en 1712.
En 1709, Leibniz commence une correspondance qui se continuera jusqu’à sa mort avec l’archéologue et philosophe Louis Bourguet (1678-1742) d’origine française dont la famille s’était exilée après la révocation de l’édit de Nantes.
En 1710 paraît à Amsterdam la première édition, en français, des Essais de théodicée sans nom d’auteur. Puis il rédige en latin La Cause de Dieu (Causa Dei) qui résume et met en forme la théodicée.
En 1711, Leibniz rencontre le tsar Pierre 1er le Grand (1672-1725) à Torgau à l’occasion du mariage de son fils avec Charlotte de Brunswick-Lunebourg qui a lieu le 25 octobre. Leibniz soumet au tsar un plan d’organisation politique, économique et scientifique de la Russie.
En 1712, il séjourne à Vienne. Le tsar Pierre le Grand le nomme « conseiller intime de justice ». Newton obtient de la Royal Society un rapport officiel lui accordant le titre de “premier inventeur” du calcul infinitésimal qui condamne Leibniz.
En 1713 est signée la paix d’Utrecht, c’est-à-dire deux traités de paix qui mettent fin à la guerre de Succession d’Espagne, le premier signé le 11 avril entre le royaume de France et le royaume de Grande-Bretagne, le second le 13 juillet entre l’Espagne et la Grande-Bretagne. Leibniz, qui a été nommé conseiller particulier de l’empereur Charles VI (1685-1740), travaille au rapprochement des deux empereurs pour lesquels il travaille.
En 1714, il rédige en français la Monadologie, Principes de philosophie pour Rémond, un membre de la cour du duc d’Orléans et les Principes de la nature et de la grâce fondée en raison pour le prince Eugène de Savoie (1663-1736) qu’il a rencontré. Le 1er août, l’Électeur de Hanovre monte sur le trône d’Angleterre sous le nom de George 1er. Leibniz est candidat en décembre pour être nommé historiographe du roi d’Angleterre, candidature qu’il envoie au ministre Andreas Gottlieb Von Bernstorff (1649-1726) sans savoir que le poste était déjà pourvu. Il est normalement refusé. Le roi lui-même était peu enclin à l’employer à ce poste.
En 1715, il correspond avec le théologien, ami et porte-plume de Newton, Samuel Clarke (1675-1729). La correspondance porte sur les principes de la philosophie naturelle. Dans le même temps Newton rallume la polémique relative au calcul infinitésimal et humilie publiquement Leibniz lors d’une réunion de la Royal Society.
Il meurt le 14 novembre 1716 à Hanovre dans une solitude certaine. Inhumé provisoirement ce jour-là, il est officiellement enterré le 14 décembre accompagné par une poignée de personnes dans l’indifférence générale, notamment de la cour de Hanovre.
En 1717, Fontenelle prononce son éloge funèbre devant l’Académie des Sciences de Paris.
En 1720 paraît une édition de la Monadologie par un disciple de Wolf, Heinrich Köller.
En 1721 paraît une traduction allemande de la Monadologie. Le nom du traducteur n’est pas indiqué. On pense qu’il s’agit de Wolf lui-même (cf. Bouveresse, cours au collège de France, 7 janvier 2009).
En 1765 les Nouveaux Essais sur l’entendement humain sont publiés.
En 1948 Gaston Grua (1903-1955) édite deux volumes de textes inédits de Leibniz.