« Je crois que l’homme n’a pas marché sur la Lune » dit l’un, « Mon opinion est que les images d’Apollo ont été faites à Hollywood » dit l’autre : la croyance et l’opinion semblent identiques. Pourtant si on dit croire en Dieu, on ne dit pas qu’on a pour opinion que Dieu veille sur nous. Dès lors la croyance est-elle une opinion ?
La croyance est l’assentiment donné à une proposition sans preuves. En ce sens, elle ne se distingue pas de l’opinion car elle s’oppose au savoir toutes les deux. Croire que la Terre est immobile en s’appuyant sur Josué10 :12, ou parce qu’on l’a toujours entendu, c’est la même attitude au XVI° siècle que celle des platistes de nos jours qui soutiennent l’opinion que la Terre est plate. La croyance est une opinion dans le sens où l’une et l’autre affirment comme vrai ce qu’elles sont incapables de prouver, voire le contraire de ce qu’on peut prouver comme on le voit dans la croyance aux miracles où dans les opinions antisémites maintes et maintes fois réfutées et toujours vivaces malgré cela. C’est pour cela qu’Adorno, dans Modèles critiques tient l’opinion pour une affirmation subjective qui vise à se protéger du réel comme la croyance finalement qui est fondamentalement subjective.
Mais la foi n’est-elle pas tout autre que l’opinion ?
La foi est une croyance volontaire dit Alain qui repose sur un idéal humain. La foi religieuse est de cet ordre. Après s’être montré à Thomas qui avait refusé de croire à sa résurrection, Jésus de Nazareth selon L’Évangile de Jean (20 :29) déclare « bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ». Il est clair alors que la foi repose sur une décision de l’individu pour croire. Là la croyance au sens de la foi n’est pas une opinion en ce qu’elle n’est pas une adhésion aveugle à une proposition.
Reste qu’il y a dans la croyance quelque chose qui l’opposant au savoir semble l’identifier à l’opinion, c’est l’absence de preuves, voire son refus de toute preuve pour mieux s’affirmer comme le soutient François Châtelet dans son Platon. La δόξα (doxa) prétend connaître la vérité sur la base d’une expérience et des intérêts de celui qui l’affirme alors que les opinions sont contradictoires et n’ont aucune valeur de vérité. Quant à ses motifs tel qu’Alain les définit dans ses Définitions, les passions ou les coutumes, voire la répétition des connaissances sans les preuves qui les valident comme lorsqu’on croit ou qu’on a l’opinion que la Terre est sphérique sans savoir pourquoi.
Toutefois si la croyance paraît être une opinion par rapport à la connaissance, ne s’en distingue-t-elle pas dans le domaine politique ?
En effet, c’est en politique que l’on énonce des opinions. Elles ne désignent pas seulement des façons de se représenter la réalité, donc des croyances, mais surtout des façons d’agir en commun avec les autres.
Aussi l’opinion, pour être la meilleure possible, doit faire droit aux autres opinions, les prendre en compte pour être la plus représentative possible comme l’analyse Hannah Arendt dans La crise de la culture. Pour qu’une opinion soit valable, il faut qu’elle soit désintéressée, là où la croyance exprime toujours l’intérêt de l’individu.
Ainsi la croyance est une opinion du point de vue de la connaissance, même la foi car la croyance comme l’opinion refuse les preuves ou les néglige.
Elles diffèrent dans le domaine politique où l’opinion peut être représentative en étant ouverte et désintéressée, ce que n’ est pas la croyance.
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