jeudi 29 juin 2023

Biographie d'Alfred de Musset (1810-1857)

 Louis-Charles-Alfred de Musset est né le 11 décembre 1810 à Paris. Il est le troisième enfant de Victor-Donatien de Musset-Parthay, un amateur de Roussseau et d’Edmée-Claudette Guyot-Desherbiers qui se sont mariés le 10 juillet 1801. Un premier enfant, Louise-Jenny, née le 25 juillet 1802 est morte le 9 novembre 1805. Le 7 novembre 1804, naît Paul-Edme de Musset (†1880), le fidèle compagnon de son frère cadet et son futur biographe. Le 6 novembre 1814, Oscar de Musset naît. Il décède en 1818.

Il entre en sixième en octobre 1819 au collège royal Henri-IV. Le 1er novembre, naît Charlotte-Amélie-Hermine de Musset.

En 1821, son père publie une Histoire de la vie et des œuvres de J.-J. Rousseau (1821) 

En 1824, il se lie d’amitié au collège Henri-IV avec Ferdinand-Philippe d’Orléans, duc de Chartres (1810-1842), fils aîné du futur roi Louis-Philippe. On peut dater du 16 septembre À ma mèrechanson, les plus anciens vers conservés du poète. Son père commence cette année-là à publier une édition des Œuvres complètes de J. J. Rousseau, mises dans un nouvel ordre, avec des notes historiques et des éclaircissements, en 26 volumes. Le tome premier est consacré aux Beaux-arts : Dictionnaire de musique.

Le 17 août 1827, à la distribution des prix du collège Henri-IV, alors qu’il est élève de philosophie (terminale), il reçoit le 1er prix de dissertation latine et le 2e prix de dissertation française. Il obtient la même année le premier prix de dissertation française au concours général. Bachelier, il peut se reposer durant les vacances dans le château de son oncle et parrain, le marquis de Musset-Cogners (1753-1839) dans la Sarthe. Le 23 septembre, à propos de son avenir, il écrit à son ami et condisciple, Paul Foucher (1810-1875), le beau-frère de Victor Hugo (1802-1885) :

« Je ne voudrais pas écrire, ou je voudrais être Shakespeare ou Schiller ; je ne fais donc rien ! »

À l’automne, il suit d’abord des cours à la faculté de médecine, puis passe au droit, enfin au dessein et à la musique.

En 1828, il se lie à des élégants viveurs avec qui il écume les cafés à la mode et a de nombreuses aventures. C’est une de ses liaisons où il fut moqué qu’il transposera dans la Confession d’un enfant du siècle. Le 31 août, Un rêve, ballade qu’il signe de ses seules initiales, est imprimée dans Le Provincial, un recueil périodique imprimé à Dijon. Le 4 octobre, il adapte les Confessions of an English Opium Eater (1822) sous le titre L’Anglais mangeur d’opium de Thomas de Quincey (1785-1859). À l’automne, il est présenté à Victor Hugo par Paul Foucher. Il rencontre les écrivains Alfred de Vigny (1797-1863), Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869) et Prosper Mérimée (1803-1870). Il est également reçu chez Charles Nodier (1780-1844).

En avril 1829, il commence à travailler dans une entreprise de chauffage militaire après avoir été recommandé par son père. Le 24 décembre, son père organise une soirée littéraire au cours de laquelle Alfred de Musset lit devant Mérimée, Vigny et d’autres, des poèmes extraits de son recueil à paraître Contes d’Espagne et d’Italie. C’est peu après qu’il démissionne de son entreprise. Fin décembre, les Contes d’Espagne et d’Italie paraissent datés de 1830. Ils remportent un succès immédiat.

Dans le premier semestre de 1830, il écrit La Quittance du diable d’après Walter Scott (1871-1832), pièce qui ne sera pas représentée. En juillet, la Revue de Paris publie Les Secrètes pensées de Rafaël, gentilhomme français. Puis, en octobre, la même revue publie Les Vœux stériles. Il collabore à partir du 27 octobre à la revue le Temps où il signe des chroniques hebdomadaires. Sa pièce, La Nuit Vénitienne ou Les Noces de Laurette, connaît un échec cuisant lors de sa représentation à l’Odéon le 1er décembre. La 2ème représentation le lendemain se passe aussi mal. Elle sera la dernière. Le texte de la pièce paraît en décembre dans la Revue de Paris. Blessé, il s’éloigne de la scène mais non du théâtre.

Du 10 janvier 1831 au 30 mai 1831, ses chroniques hebdomadaires ont pour titre générique Revue fantastique. Le 6 juin il arrête sa collaboration à la revue le Temps.

Le 8 avril 1832, son père meurt du choléra. Musset doit désormais s’assumer. La littérature devient un gagne-pain. Il publie en décembre Un spectacle dans un fauteuil, poésie, qui comprend Au lecteurNamounaConte oriental et deux poèmes dramatiques, La coupe et À quoi rêvent les jeunes filles. Il se brouille avec Victor Hugo.

Le 15 mars 1833, il entre à la Revue des Deux Mondes créée par François Buloz (1803-1877) le 1er août 1829 Musset donne le compte rendu qu’il ne signe pas de Gustave III ou le bal masqué, un opéra de Daniel-François-Esprit Auber (1782-1871) sur un livret de Eugène Scribe (1791-1861) et Edouard-Joseph-E. Mazères créé le 27 février à l’Opéra de Paris. Le 1er avril André del Sarto, drame en trois actes et en prose, paraît dans la Revue des Deux Mondes. Puis le 15 mai la même revue publie les Caprices de Marianne, comédie en deux actes et en prose. En juin, peut-être le 19, Aurore Dupin, alias, George Sand (1804-1876) dîne en compagnie de Buloz et de collaborateurs de la Revue des Deux Mondes. Elle y aurait fait la connaissance de Musset. Elle avait fait paraître en 1832 deux romans, Indiana et Valentine que Musset avait lus. Toujours est-il que le 24 juin commence un échange de correspondance entre les deux écrivains. Le 26 juillet, Musset lui écrit :

« Mon cher George, j’ai quelque chose de bête et de ridicule à vous dire […]. Je suis amoureux de vous. »

Il est également question du départ de George Sand pour l’Italie. Leur liaison semble consommée le 29 juillet. Du 5 au 13 août, ils séjournent à Fontainebleau. Musset abandonne provisoirement sa vie de débauche. Le 15 août, Rolla paraît dans la Revue des Deux Mondes. Le 1er décembre, c’est Un mot sur l’art moderne qui paraît dans la même revue. Le 12 décembre, George Sand et Musset partent pour l’Italie. Durant leur voyage, ils auront Henri Beyle, alias Stendhal (1783-1842) pour compagnon de voyage entre Lyon et Marseille. Du 17 au 20 décembre, George Sand et Musset séjournent à Marseille. Ils embarquent alors pour Gênes où ils arrivent le lendemain. Puis ils vont à Livourne, Pise, Florence (le 28), Bologne (le 29), Ferrare, Rovigo, Mestre. Ils arrivent à Venise le 31 décembre.

Début janvier 1834, Sand et Musset sont à Venise. À Paris Fantasio, comédie en deux actes et en prose paraît dans la Revue des Deux Mondes. Le personnage éponyme y soupire :

« O Spark, mon cher Spark, si tu pouvais me transporter en Chine ! Si je pouvais seulement sortir de ma peau pendant une heure ou deux ! Si je pouvais être ce monsieur qui passe ! » (Acte I scène 2).

Déjà souffrant en janvier où il a été soigné par le docteur Pagello, le 4 février, Musset tombe gravement malade. George Sand fait de nouveau appelle à Pagello pour Alfred et pour elle. Georges Sand le soigne et le 13 février elle peut écrire qu’il est sauvé. Toutefois, elle s’est rapprochée de son médecin, Pagello. Le 29 mars, Musset quitte seul Venise, laissant George et Pagello. Il publie le 1er juillet On ne badine pas avec l’amour, proverbe en trois actes et en prose dans la Revue des Deux Mondes. Le 10 juillet, il annonce à George qu’il a commencé son roman, la Confession d’un enfant du siècle. Gorge Sand est de retour à Paris le 14 août et revoit Musset le 17. Un spectacle dans un fauteuil, prose, en deux volumes, est édité par la librairie de la Revue des Deux Mondes le 23 août. Le premier volume contient Lorenzaccio dont c’est l’édition originale, et Les Caprices de Marianne ; le second regroupe André del SartoFantasioOn ne badine pas avec l’amour et La nuit vénitienne. Le 25 août, Musset quitte Paris pour Bade. Il revient le 13 octobre. Pendant ce temps, George Sand a séjourné chez elle à Nohant. À son retour, Musset veut la rencontrer. Pagello quant à lui rentre à Venise. George Sand et Musset reprennent leur liaison. Le 7 décembre, Sand quitte Paris pour Nohant. Elle revient le 31.

En janvier 1835, sa liaison avec George Sand reprend. Mais, le 6 mars, elle s’enfuit à Nohant : la séparation définitive est consommée. Il publie dans la Revue des Deux MondesLucie le 1er juin, La Nuit de Mai le 15 juin, La quenouille deBarberine, comédie en deux actes et en prose le 1er août, La loi sur la Presse le 1er septembre, Fragment d’un livre à publier (à savoir le chapitre II de la 1ère partie de la Confession d’un enfant du siècle le 15 septembre, Le Chandelier, comédie en trois actes et en prose le 1er novembre et La Nuit de Décembre le 1er décembre.

Le 1er février 1836, il publie la Confession d’un enfant du siècle qui transpose pour partie sous forme romanesque les affres de sa liaison avec George Sand sans compter une ancienne trahison. Bref, la dimension autobiographique est réelle mais le texte demeure un roman. Il donne à la Revue des Deux MondesLettre à M. de Lamartine le 1er mars, Salon de 1836 le 15 avril, Il ne faut jurer de rien, proverbe en 3 actes et en prose le 1er juillet, La Nuit d’Août le 15 août, les deux premières Lettres de Dupuis et Cotonet le 15 septembre et le 1er décembre et À la Malibran, stances, le 15 octobre. 

Au printemps 1837, il fait la connaissance chez Madame Jaubert, d’Aimée-Irène d’Alton (1811-1881) avec qui il a une liaison qui durera deux ans. Il publie dans la Revue des Deux Mondes les 3e et 4e Lettres de Dupuis et Cotonet le 15 mars et le 15 mai, Un Caprice, proverbe en un acte le 15 juin, Emmeline, nouvelle le 1er août, La Nuit d’Octobre le 15 octobre, Les Deux Maîtresses, nouvelle le 1er novembre.

Début 1838, Aimée-Irène d’Alton (1811-1881) propose en vain le mariage à Musset. C’est son frère Paul qui l’épousera en 1861. Le 19 octobre, il est nommé conservateur de la Bibliothèque du Ministère de l’Intérieur avec un traitement annuel de 3000 francs (soit deux à trois fois plus qu’un tailleur de pierre qui travaille 300 jours par an et trois à quatre fois plus qu’un terrassier d’après les chiffres donnés par Émile Chevallier (1851-1902), Les salaires au xix° siècle(1887), Paris Hachette 1971, p.50). Il publie L’Espoir en DieuFrédéric et Bernerette.

En 1839, il cesse provisoirement d’écrire. Sa santé est atteinte et il est déprimé. Il fait la cour sans succès à la cantatrice Pauline Garcia (1821-1910), sœur de la Malibran (1808-1836). Le 29 mai, il rencontre l’actrice Rachel (1821-1858) et donnera une relation de la rencontre dans Un souper chez Mlle Rachel qui ne sera publiée qu’en 1859.

En janvier 1840, il tombe gravement malade et est soigné par sa sœur Marcelline qui tente de le ramener, sans succès, à la foi. Il publie des Poésies complètes et des Comédies et proverbes, soit des Œuvres complètes en deux volumes. Il donne des nouvelles, Le fils du TitienCroisillesMargot. Il publie Une soirée perdue.

En 1841, il revient à l’écriture en publiant en février Souvenir, en mai À Mme G., en juin Le Rhin allemand.

En 1842, il publie en janvier Sur la paresse, puis Le voyage où il vous plaira, en octobre Histoire d’un merle blanc et Sur une morte, en novembre Après une lectureLe poète italien Léopardi.

En janvier 1843, Musset tombe à nouveau malade. Peut-être s’agit-il des conséquences de ses abus de boissons alcoolisées dangereuses. Il a des crises nerveuses. Il se réconcilie avec Rachel et avec Victor Hugo. En mars, un projet de mariage avec Mlle de Melesville échoue.

En 1844, il publie des nouvelles Pierre et CamilleLe secret de JavotteLes Frères Van Buck. Au printemps, il est victime d’une grave pleurésie, une affection des poumons.

En 1845, il est malade au printemps. Le 24 avril il est fait chevalier de la Légion d’honneur en même temps que Balzac (1799-1850). Il se lie avec la comtesse Kalergis (1822-1874), une muse de Théophile Gautier (1811-1872). Le 1ernovembre, il publie dans la Revue des Deux mondes le proverbe en un acte : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, en décembre Mimi Pinson.

Le 27 novembre 1847, il fait représenter Un Caprice à la Comédie française. C’est un succès. La notoriété d’auteur dramatique de Musset commence. Théophile Gautier salue ainsi son confrère en romantisme désenchanté le 29 novembre 1847 :

« Depuis Marivaux, qui est arrivé au génie à force d’esprit, il ne s’est rien produit à la Comédie française de si fin, de si délicat, si doucement enjoué que ce chef-d’œuvre mignon … qu’Alfred de Musset fasse un acte plein d’esprit, d’humour et de poésie, cela n’a rien d’étonnant, mais la chose à laquelle on ne s’attendait guère, surtout pour un proverbe qui n’a pas été écrit en vue du théâtre, c’est la prodigieuse habileté, la rouerie parfaite, la merveilleuse divination des planches qu’on remarque dans Un caprice… »

En 1848, il est candidat malheureux à l’Académie française. Il commence une liaison avec l’actrice Louise-Rosalie Allan Despréaux (1810-1856) qui avait créé Un capriceIl faut qu’une porte soit ouverte ou fermée est représentée le 7 avril à la Comédie-Française (rebaptisée suite à la révolution de février 1848 le Théâtre de la République). Le 5 mai, il est révoqué de son emploi de bibliothécaire au ministère de l’Intérieur par Ledru-Rollin (1807-1874) dont la conseillère principale était George Sand (cf. Philippe Soupault, Alfred de Musset, Paris, Seghers, 1957, p.12). Il lui écrit :

« De quel droit venez-vous, fort de la position que vous avez escamotée, reprendre à un homme de génie la place qu’il a conquise ? »

Lamartine (1790-1969), qui dirige le gouvernement provisoire de la II° république ne répond pas à la demande de réintégration de Musset.

Le 10 décembre, Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la république au suffrage universel masculin pour un mandat de quatre ans non renouvelable.

Le 22 juin, Il ne faut jurer de rien est représenté pour la première fois à la Comédie-Française dans une version remaniée. C’est un succès pendant que les ouvriers parisiens insurgés sont massacrés par la troupe. Le 10 août, c’est Le Chandelier qui est joué dans une version remaniée. Le 21 septembre André del Sarto est représenté pour la première fois à la Comédie-Française avec quelques retouches. La pièce n’a pas de succès.

En 1849, sa carrière d’auteur dramatique continue. Louison, comédie en deux actes et en vers, est créée à la Comédie-Française le 22 février. Depuis La Quittance du Diable qui ne fut pas jouée et La Nuit Vénitienne qui fut sifflée, Musset n’avait plus écrit directement pour la scène. Musset fréquente l’actrice Augustine Brohan (1824-1893). En mai il donne On ne saurait penser à tout, pièce publiée en feuilleton dans L’Ordre du 6 au 10 juin. Il publie L’Habit vert.

Le 16 février 1850, il publie un recueil de Poésies nouvelles (1840-1849). Le 17 mars, il échoue pour la seconde fois à l’Académie française. Le 29 juin, le Chandelier est repris dans une version remaniée à la Comédie-Française. Le 21 octobre, André del Sarto, dans une version remaniée en deux actes qui suit les recommandations de la censure, est repris à l’Odéon. Du 22 octobre au 6 novembre, Carmosine, comédie en trois actes et en prose, paraît en feuilleton dans Le Constitutionnel.

En 1851, la première représentation des Caprices de Marianne a lieu à la Comédie-Française le 14 juin. Le texte est remanié dans le cens de la censure. Musset rompt avec l’actrice Allan Despréaux. Il fréquente à nouveau Rachel. Le 30 octobre, c’est la première représentation de Bettine, comédie en un acte et en prose, dont le texte paraît dans la Revue des Deux Mondes le 1er novembre.

Le 2 décembre, le prince-président de la République Louis-Napoléon Bonaparte commet un coup d’État. Des combats s’ensuivent, des emprisonnements. En 1852, il est élu à l’Académie française le 12 février. Il est reçu le 27 mai. Peu après il a une brève liaison avec la poétesse Louise Colet (1810-1876) qui est aussi la maîtresse de Flaubert (1821-1880) depuis 1846. Ce dernier dans sa correspondance trace un portrait au vitriol de son concurrent. Elle fit le récit de sa liaison avec Musset dans Lui. Il publie ses œuvres poétiques dans un classement définitif, à savoir Premières poésies (1829-1835) et Poésies nouvelles (1836-1852). En août, il donne un Discours pour l’inauguration des monuments de Bernardin de Saint-Pierre et de C. Delavigne.

Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte devient empereur sous le nom de Napoléon III.

En mars 1853, il est nommé bibliothécaire du ministère de l’Instruction publique grâce au ministre Hippolyte Fortoul (1811-1856). Il publie Histoire d’un merle blanc.

En 1854, il publie les Contes le 18 mars. Il publie l’édition complète des Comédie et Proverbes dont certains sont remaniés pour la représentation.

En 1855, il écrit en vue d’une représentation à la cour de l’empereur Napoléon III (1808-1873) à la demande de Fortoul L’Âne et le ruisseau, comédie en un acte et en prose. La lecture en est faite devant l’Empereur dans le salon de l’Impératrice Eugénie (1826-1920) aux Tuileries.

En avril  1857, il participe à un dîner chez le prince Napoléon (1856-1879) : c’est sa dernière sortie. Il meurt à Paris le 2 mai et est enterré au Père Lachaise le 4.

 

Pièces de Musset représentées après la mort d’Alfred de Musset :

1861 : On ne badine pas avec l’amour

1865 : Carmosine

1866 : Fantasio

1882 : Barberine

1896 : Lorenzaccio

1926 : À quoi rêvent les jeunes filles.

 

 

 

mercredi 14 juin 2023

Corrigé du sujet: Manquer de volonté

 Manquer de volonté : c’est ce qu’on dit de celui qui a un certain but mais ne fait rien pour le réaliser. C’est surtout ce qui se dit de celui qui ne fait pas ce qu’il doit faire. Manquer, c’est ne pas avoir ou ne pas avoir assez. Or, il paraît étrange de parler de manque pour la volonté qui ne paraît pas une quantité.

Comment donc manquer de volonté est possible ? Le manque de volonté ne serait-il pas une forme de mauvaise foi ? Ou bien ne serait-il pas une impuissance dû au désir ou une volonté coupable ? Ou plutôt ne serait-il pas le choix du contraire du devoir ?

 

 

On manque de volonté lorsqu’on cède à son désir comme Phèdre le personnage éponyme de la pièce (1677) de Racine (1639-1699) qui avait résisté à son amour coupable pour Hyppolite jusqu’à ce qu’elle profite de la mort supposée de son mari pour l’avouer à son beau-fils. On peut dire que son désir ou sa passion a triomphé de sa volonté. Elle-même invoque conformément à la tradition une malédiction des dieux, comme si une force extérieure agissait sur la volonté.

Vouloir, c’est se décider pour une certaine action qu’on estime bonne. Or, le désir quant à lui vise le plaisir. Aussi le sujet peut être tiraillé entre le désir et la volonté et le désir peut surmonter la volonté. Telle est l’explication habituelle du manque de volonté. Or, c’est la volonté qui suit le désir. Ainsi la nourrice dans la Phèdre de Sénèque (1-65) critique-t-elle l’explication par une intervention extérieure : « faire de l’amour un dieu, c’est une passion honteuse et favorable au vice qui l’a imaginé » (Deum esse amorem turpis et uitio fauens/finxit libido) (Sénèque, Phèdre, 195-203),. Autrement dit, c’est la passion qui imagine l’explication qui justifie. Aussi fait-elle remarquer qu’une passion commençante peut toujours être combattue à sa naissance et que sa force future dépend d’une adhésion de la volonté. Dès lors dire qu’on manque de volonté, c’est être de mauvaise foi. Comment est-ce possible ?

3. Soutenir que le désir annihile notre volonté, c’est se chosifier alors qu’un être qui veut est conscience. Telle est la possibilité de la mauvaise foi selon Sartre (1905-1980) dans L’être et le néant (1943). Il insiste d’ailleurs sur l’idée que la passion comme torrent dévastateur est une excuse de mauvaise foi, on choisit sa passion (cf. L’existentialisme est un humanisme, 1946, Folio essais, p.40).

 

Cependant, soutenir que manquer de volonté recouvrirait une attitude de mauvaise foi se heurte à la force du désir dont chacun peut faire l’expérience. D’où pourrait donc venir cette impuissance ?

 

 

« video Meliora proboque deteriora sequor » (je vois le bien, je l’approuve et je fais le mal fait dire Ovide (43-17av. J.-C.) à Médée, lorsqu’elle trahit son pays pour Jason qu’elle aime dans les Métamorphoses (livre VII). Ovide reprend un thème qu’on trouve dans la Médée d’Euripide (480-406 av. J.-C.) : « je mesure le mal que je vais faire, la passion est plus forte que mes intentions » (« καὶ μανθάνω μέν οἷα δρᾶν μέλλω κακά, / θυμὸı δὲ κρείσσων τῶν ἐμω§ν βουλευμάτων »v.1078-79) C’est le désir, si fort qui fait la motivation de la volonté dont on peut dire avec Spinoza (1632-1677) dans l’Éthique (posthume 1677), qu’elle n’est pas intrinsèquement différente du désir. Or, on peut considérer qu’il est plus ou moins grand comme on en fait souvent l’expérience. Lorsque le désir nous pousse vers une certaine fin et que nous apercevons une autre fin qui nous paraît préférable, alors nous manquons de volonté pour la fin que nous ne réalisons pas.

Il faut donc renoncer à l’idée de décision libre ou de libre arbitre qu’on accorde à la volonté ou conclure avec Augustin, voire Luther que notre libre arbitre n’est plus à notre disposition. En effet, nous ne manquons de volonté que pour faire le bien, jamais pour faire le mal. Ainsi Augustin raconte-t-il dans les Confessions (livre II) comment il participa à un vol de poires non parce qu’elles étaient bonnes mais pour la transgression. Cette répétition du péché originel montre l’inclination de l’homme pour le mal, son manque de volonté pour le bien. Martin Luther (1483-1546) parlait de serf arbitre (1637) dans sa polémique contre Érasme (1466-1536), voulant montrer que sans Dieu l’homme ne peut rien, ni avoir la foi et ni se tourner vers le bien. 

Il faut donc penser que le désir humain est profondément corrompu comme le soutient saint Augustin (354-430) dans la Cité de Dieu ( 426) (livre XIV) qui écrit que la faiblesse de la volonté vient de ce que l’homme n’ayant pas « voulu ce qu’il pouvait, il ne peut plus ce qu’il veut (…) (Cité de Dieu, XIV, XV, 2). Le créateur a ainsi puni l’homme de sa désobéissance en faisant qu’en lui le désir désobéisse à la volonté ou que la volonté manque d’elle-même. Le manque de volonté s’explique par le péché même si le péché est folie, autrement dit inexplicable pour la raison comme le soutient Pascal dans les Pensées (Lafuma 695).

 

Néanmoins, l’explication du manque de volonté par la corruption de la volonté, revient à enlever toute responsabilité au sujet, et semble conduire à revenir à la mauvaise foi. Comment la volonté peut d’elle-même être en manque d’elle-même ?

 

 

Or, vouloir ne se divise pas, c’est un acte qui résulte d’un choix. Et la volonté implique une action correspondante. Ainsi, je veux vraiment ce que je fais. Par conséquent si je manque de volonté pour une action, c’est parce que j’en choisis une autre. Le manque de volonté est volontaire. Ainsi, si les hommes n’osent pas penser dit Kant dans son article Réponse à la question : qu’est-ce que les Lumières ? ( 1784), c’est qu’ils restent volontiers mineurs, sous la tutelle d’hommes qui les dominent par paresse et lâcheté. Ils manquent de volonté pour exercer leur raison et ont peur de le faire.

En réalité, le choix qui s’offrent à la volonté, c’est celui du devoir ou de la passion au sens large d’un désir dominant et qui fixe un but. Aussi selon Kant dans la Critique de la raison pratique (1788), l’homme est libre lorsqu’il fait son devoir dans la mesure où il domine ses désirs. Inversement le choix du désir contre le devoir est soumission. Il consiste non à vouloir le mal mais à s’excepter de la loi morale. Le menteur ne veut pas que tous mentent ou le tueur que tous tuent, il veut s’excepter de l’universalité de la loi morale. Telle est la formule du mal selon Kant dans La religion dans les limites de la simple raison (1792).

Ainsi le manque de volonté est un choix de la volonté, choix du mal, c’est-à-dire choix de s’excepter de son devoir. On ne manque jamais de volonté lorsqu’on veut ce qu’on ne doit pas vouloir. Le manque de volonté est le choix d’une action contraire à son devoir, qu’il soit moral ou social et ne témoigne nullement d’une volonté faible ou corrompue ; la faiblesse ou la corruption de la volonté est son propre fait.

 

 

En un mot, le problème était de savoir comment manquer de volonté est possible. Il est apparu que la mauvaise foi semblait la source de l’idée d’un manque de volonté, en tant qu’on explique la volonté par une force extérieure. Or, si désir et volonté ne sont pas essentiellement différents, l’impuissance de la volonté s’entend d’une volonté ou d’un désir moindre : manquer de volonté est bien une quantité moindre de volonté dont la source est une impuissance due à la corruption de l’homme. Mais, finalement, cette corruption doit être attribuée à la volonté actuelle de l’homme et non d’une volonté corrompue à l’origine. Manquer de volonté, c’est la volonté qui se manque à elle-même.

Resterait à savoir comment on peut reprendre sa volonté.

lundi 12 juin 2023

corrigé du sujet: La religion est-elle une affaire privée

 Récemment, dans une ville du sud de la France (à Perpignan), on a vu une procession de catholiques invoquant Dieu pour qu’il pleuve. Il s’agissait donc d’une manifestation publique d’un acte religieux dans un pays prétendument laïc, c’est-à-dire où l’État est séparé des Églises et qui place la religion hors de l’espace public, qui en fait une affaire privée. Mais la religion est-elle une affaire privée ?

En tant que foi, la religion concerne l’individu dans son for intérieur. Elle est donc plus que privée, elle est intime.

Toutefois, depuis Rome où l’espace civique était constitué par la triade capitoline de Jupiter, Junon et Minerve qui devait être consultée pour toute entreprise de la cité en passant par la monarchie d’ancien régime, où les discours du pape ou d’autres dignitaires religieux, la religion semble avoir toujours eu un rôle dans la politique ou la société.

On peut donc se demander s’il est possible et à quelles conditions de faire de la religion une affaire privée ? si la religion est une affaire sociale, cela ne la rend pas publique par elle-même, elle est privée au fond. Elle peut apporter une contribution aux affaires publiques et dans la mesure où les groupes de croyants interviennent dans les débats publics, cela donne en apparence un caractère politique à la religion qu’on ne peut écarter sous peine  de discrimination ; elle reste une affaire privée comme une autre pour l’espace public qui exige des arguments rationnels, soit le sacrifice des croyances

 

 

Il est vrai que la religion a une dimension essentiellement sociale comme Durkheim (1858-1917) l’a montré ans Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912). En effet, l’objet de toute religion, c’est la distinction entre le sacré et le profane, le premier désigne une réalité absolue qui exige des égards particuliers que manifestent des rituels, le second désigne toute la réalité qui peut être manipulée pour atteindre les fins de la vie ordinaire. La vie religieuse implique que les croyants s’unissent à travers les croyances et les pratiques et forment un communauté (Gemeinschaft) au sens de Tönnies, c’est-à-dire une fusion des individus en un tout.

Aussi, tout membre d’une religion doit-il suivre les préceptes de sa religion et sa conduite publique, c’est-à-dire en tant que citoyen ne peut qu’en être l’écho. Il est clair que longtemps les députés catholiques ont été enclin à refuser le divorce que l’Église interdit ou l’avortement qu’elle proscrit aussi. L’appartenance de la France au catholicisme a modelé aussi son organisation sociale, son architecture, etc.

Si l’adhésion à une religion est une affaire privée, ce ne peut être que dans la mesure où l’État n’est pas fondé sur une religion. Sous l’ancien régime en France, la religion catholique était obligatoire. Les juifs ou les musulmans (peu nombreux) ne pouvait être sujet du roi. Le roi devait être catholique d’où la conversion d’Henri de Navarre en 1593 pour succéder à Henri III (1751-1574-1589) sous le nom d’Henri IV (1553-1589-1610) en 1594. En se séparant de la religion catholique et de tout autre, définitivement par la loi de 1905, le France a relégué la religion dans le privé. Par le premier amendement de sa Constitution qui interdit au Congrès de faire des lois touchant à la religion, les États-Unis dès l’origine ont relégué aussi la religion dans l’espace privé et ont garanti sa pérennité.

 

Néanmoins, même si la religion est sociale, un État ne peut forcer les consciences à adhérer à une religion, il ne favoriserait ainsi que l’hypocrisie comme Spinoza le montrait dans son Traité théologico-politique, hypocrisie que toutes les religions condamnent par ailleurs, de sorte que la religion doit être une affaire privée même si elle inspire l’action publique.

Au XVI° siècle, les Provinces unies récemment libérées du joug espagnol et catholique et religieusement essentiellement calviniste, pratique une grande tolérance religieuse, notamment en accueillant les Juifs persécutés de la péninsule ibérique. Il est vrai que comme Max Weber ( 1864-1920) le remarquait dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905) que le calvinisme faisant dépendre la foi d’une action divine a tendance à considérer que Dieu condamne ceux qui n’ont pas la bonne religion et que ce rôle lui est dévolu. L’ Angleterre après les soubresauts des conflits religieux pratique aussi une certaine tolérance même si une religion, l’anglicanisme est religion d’État jusqu’à nos jours. Avec l’édit de Nantes promulgué par Henri IV (1559-1594-1610) en avril 1598 qui permet la pratique du protestantisme dans certaines régions, la Franc va connaître une certain tolérance religieuse. Ce début de séparation de l’Église et de l’ État vise à empêcher les guerres de religion meurtrières qui ont suivi la Réforme à partir de la publication par Martin Luther (1483-1546) de ses 95 thèse en 1517. C’est ainsi que la religion devient une affaire privée, c’est-à-dire qui concerne l’individu et sa famille, les enfants prenant la religion des parents, pour ne pas être la source de troubles publics.

L’homme religieux, c’est-à-dire qui a une confession, peut tenter dans le débat public de faire valoir le point de vue de sa religion. Dans cette hypothèse, il doit rallier les autres, non seulement, ceux de sa confession, mais également les autres. Par exemple, dans les débats relatifs à l’avortement, les religieux usent de l’argument du meurtre commis sur un être humain qui existerait au moment de la conception, pour rallier à eux, ceux qui ne le sont pas.

Si la foi est une affaire privée en tant qu’elle est un rapport vécu du sujet avec Dieu, « Dieu sensible au cœur, non à la raison » écrivait Pascal (Pensées, Lafuma, 424), il est clair que le croyant ne peut pas ne pas manifester sa foi et qu’il serait absurde de lui interdire, non seulement pour ne pas favoriser l’hypocrisie, mais parce que la conscience doit être libre et non contrainte par la peur ou la crainte, ce qui revient à vouloir exercer une domination sur les autres, ce qui est destructeur de l’espace public qui repose sur l’égalité des individus depuis son apparition avec la cité grec.

 

Toutefois, si les croyants s’associent pour peser sur le débat public, leur association transforme leur religion en instance de pouvoir, donc la rend publique avec le risque d’établir une théocratie, c’est-à-dire un pouvoir où une religion régit la société. Dès lors, ne faut-il pas que la religion reste une affaire privée ?

 

 

Lorsque le croyant intervient dans l’espace public, il ne peut invoquer sa foi pour qui ne la partage pas, il doit donc chercher des arguments rationnels, c’est-à-dire que n’importe quel autre sujet pourrait reprendre à son compte. Il doit universaliser son propos pour parler comme Kant, condition de la rationalité de son propos. Or, le religieux, s’il se sert de ses croyances tombe alors dans la dialectique au sens d’Aristote, c’est-à-dire des raisonnements qui reposent sur des prémisses qui ne sont pas certaines. C’est la raison pour laquelle Averroès considérait que les théologiens introduisaient ainsi la discorde dans la cité. S’il n’est que rationnel, finalement le croyant fait abstraction de sa foi qu’il laisse donc dans le privé. Il doit donc sacrifier ses croyances pour entrer dans l’espace public.

Pour la pratique, c’est encore plus vrai : le croyant ne peut imposer ses pratiques. Il peut tout au plus persuader de leur innocuité, sous peine de vouloir régenter l’existence des autres et donc de vouloir instaurer une théocratie. Là encore la religion est une affaire privée et le politique peut en limiter les effets. Par exemple, dans le Lévitique qui appartient à la Torah, le texte religieux juif, et à l’ancien testament chrétien, l’homosexualité est punie de mort. Or, en Israël, l’homosexualité n’est pas pénalement répréhensible, car la religion est privée, de même que tuer un homosexuel pour un motif religieux est un crime dans la plupart des pays où la majorité des citoyens sont des chrétiens.

Ainsi, les croyances religieuses, surtout dans la mesure où elles engagent une pratique doivent être privées et même là, elles doivent se conformer à l’ordre public. Ainsi des parents n’ont aucun droit d’interdire un enseignement à un enfant au motif qu’il ne serait pas conforme à une foi religieuse dans la mesure où il nuirait ainsi à son développement intellectuel et à son intégration sociale. La religion est donc une affaire privée au sens le plus limité, elle ne concerne que l’individu.

 

En somme, le problème était de savoir s’il est possible et à quelles conditions de faire de la religion une affaire privée. Il est d’abord apparu que la religion est une affaire sociale, mais non une affaire publique, ce qui la rend privée ; que si elle n’interdit pas une contribution aux affaires publiques des groupes de croyants, cela donne un caractère politique à la religion qu’on ne peut écarter sous peine de discrimination mais qui doit passer par la raison, donc sacrifier la foi ou la garder privée. Comme la religion est une affaire privée comme une autre pour l’espace public qui exige des arguments rationnels, le sacrifice des croyances dans l’espace public est la condition pour que ce dernier ne tombe pas sous la domination d’une croyance et que la théocratie détruise l’espace public de sorte que la religion doit être traitée politiquement comme une affaire privée.

On pourrait se demander si vie sociale peuvent se passer de toute religiosité.

 

jeudi 8 juin 2023

biographie courte de René Girard (1923-2015)

 René Girard est né le 25 décembre 1923, en Avignon. Son père était conservateur de la bibliothèque et du musée Calvet, puis du palais des Papes.

Il devient archiviste-paléographe en tant qu’ancien élève de l’école des Chartes puis docteur d’Indiana University.

Il enseigne la littérature comparée aux États-Unis dans diverses universités dont Johns Hopkins de 1957 à 1968 puis de 1976 à 1980.

Son premier livre Mensonge romantique et vérité romanesque met en avant à travers la lecture de grandes œuvres littéraires (de Cervantès[1547-1616] à Proust [1871-1922]) le caractère mimétique du désir et son caractère triangulaire.

Sur la base de sa théorie du désir mimétique il propose une anthropologie comparée qui met en lumière la violence qui s’abat sur une victime pour résoudre la violence qui sourd de la société et qui explique la religiosité archaïque dans son second livre La violence et le sacré, qui paraît en 1972.

Dans le livre suivant Des Choses cachées depuis la fondation du monde qui paraît en 1978, il entreprend, sur la base des acquis de sa recherche,  d'exposer pour la première fois la vérité anthropologique du christianisme qui rompt selon lui avec la religion du sacrifice en le dénonçant. Ses ouvrages ultérieurs approfondissent cette thèse de la vérité anthropologique du christianisme, Le Bouc émissaire qui paraît en 1982, La Route antique des hommes pervers qui paraît en 1985 Je vois Satan tomber comme l'éclair où il critique Nietzsche (1844-1900) paraît en 1999. Il tente de montrer en 1990 dans Les Feux de l'envie, que le théâtre de Shakespeare (1564-1616) est conforme à la théorie mimétique.

Il enseigne à Stanford de 1980 à 1995 où il termine sa carrière.

Il est docteur honoris causa des universités d’Amsterdam, Innsbruck, Anvers, Padoue, Montréal, St. Mary’s Seminary and University (Baltimore), Londres, St. Andrews et Institut catholique de Paris.

Il est élu à l’Académie française, au fauteuil du R. P. Carré, le 17 mars 2005 (37e fauteuil).

En 2007, René Girard ouvre une nouvelle étape de son travail, avec Achever Clausewitz : il y démontre que la théorie mimétique peut devenir une clé décisive pour interpréter les phénomènes de la violence contemporaine.

Il est mort le 4 novembre 2015 à Stanford (États-Unis).