Hippolyte Taine est né à Vouziers en Champagne, le 21 avril 1828. Né dans une famille drapière des Ardennes plutôt prospère, il fait des études brillantes au lycée Condorcet et entre en 1848 à l'École normale supérieure où il est le condisciple du futur critique dramatique et journaliste Francisque Sarcey (1827-1899) et du futur journaliste, écrivain et critique d’art Edmond About (1828-1895). Mais son attitude, il a une réputation de forte tête, le fait échouer à l'agrégation de philosophie en 1851.
De formation littéraire, Taine adopte cependant les idées positivistes et scientistes qui émergent à cette époque. Après avoir présenté son doctorat sur les Fables de La Fontaine, il publie en 1855 son célèbre Voyage aux Pyrénées. Il écrit ensuite de nombreux articles philosophiques, littéraires et historiques pour les deux grandes revues scientifiques de l'époque : la Revue des Deux Mondes et le Journal des débats.
Professeur à Nevers et à Poitiers, il est envoyé en disgrâce à Besançon. Il publie dans une forme remaniée sa thèse sur La Fontaine en 1861. Il se fait alors mettre en congé et publie en 1863 son Histoire de la littérature anglaise en cinq volumes. L'immense succès de son œuvre lui permet, non seulement de vivre de sa plume mais aussi d'être nommé ensuite professeur aux Beaux-Arts et à Saint-Cyr. Il enseigne même à Oxford (1871) et il est élu membre de l'Académie française en 1878.
Taine s'intéresse à de nombreux domaines notamment à l'art, à la littérature mais surtout à l'histoire dans laquelle son esprit lucide, quoique parfois dogmatique, trouve un thème d'élection. Profondément ébranlé par la défaite de 1870 et les soubresauts de la Commune de Paris, Taine s'est principalement consacré à l'étude des causes de la Révolution française à travers son oeuvre majeure, Histoire des origines de la France contemporaine (1875-1893). De manière originale car il se place dans une perspective longue, il y dénonce l'artificialité des constructions politiques françaises (l'esprit abstrait et rationnel à l'excès d'un Robespierre par exemple) qui contredisent avec violence la naturelle et lente croissance des institutions d'un État.
Il est mort à Paris le 5 mars 1893.
Auteur de grandes synthèses, il lui fallait aller vite et, pour cette raison, le recours aux archives était réduit au minimum. En dépit de leurs insuffisances, ses interprétations ont connu et connaissent encore aujourd'hui un grand succès, en France et à l'étranger, notamment en alimentant des doctrines politiques conservatrices ou la « légende noire » de la Révolution de 1789.
Pour ces raisons, Taine fut récupéré politiquement par ceux qui rejettent l'École méthodique, républicaine, dominante dans les sciences historiques de la fin du XIXe siècle. Peu intéressé par la politique, Taine est un conservateur qui critique les extrêmes, surtout de gauche (les Jacobins de 1793 ou la Commune de 1871). Il est plutôt libéral, et pour un État minimum où domineraient les élites. Il n'aime pas les foules et se méfie de la démocratie. Il fut dès lors apprécié par Maurras et l'Action française et donc tenu en suspicion par la République et ses défenseurs.
Œuvres : De personis Platonicis, Essai sur les fables de La Fontaine (1853) ; Essai sur Tite-Live (1854) ; Voyage aux eaux des Pyrénées (1855) ; Les philosophes français du xix° siècle (1856) ; Essais de critique et d’histoire (1857) ; La Fontaine et ses fables (1861) ; Histoire de la littérature anglaise, 4 volumes ; L’idéalisme anglais, étude sur Carlyle ; Le positivisme anglais, étude sur Stuart Mill (1864) ; Les écrivains anglais contemporains ; Nouveaux essais de critique et d’histoire ; Philosophie de l’art (1865) ; Philosophie de l’art en Italie ; Voyage en Italie, 2 volumes (1866) ; Notes sur Paris ; L’idéal dans l’art (1867) ; Philosophie de l’art dans les Pays-Bas (1868) ; Philosophie de l’art en Grèce (1869) ; De l’intelligence, 2 volumes (1870) ; Du suffrage universel et de la manière de voter ; Un séjour en France de 1792 à 1795 ; Notes sur l’Angleterre (1871) ; Origines de la France contemporaine (tome I : L’ancien régime ; II à IV : La Révolution ; V et VI : Le Régime moderne) (1876-1894) ; Derniers essais de critique et d’histoire (1894).
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