Même si les premières tragédies furent représentées à la fin du VI° siècle, l’essentiel de notre documentation concerne le V° siècle av. J.C.
À Athènes, la tragédie commence sous la tyrannie de Pisistrate (600-528 av. J.-C.) qui commence en 560/561 par une prise du pouvoir contre les grandes familles aristocratiques qui gouvernaient Athènes, avec l’aide du peuple jusqu’à son renversement en 556 environ. Il se réfugie en Thrace où l'exploitation des mines du mont Pangée lui fournit les moyens de recruter une armée de mercenaires. Fort, en outre, de soutiens étrangers, il débarque, en 546/545 environ sans doute, près de Marathon, disperse ses adversaires en un seul combat et ressaisit définitivement le pouvoir.
En 534 aurait eu lieu la première tragédie d’un certain Thespis dont l’existence est douteuse.
À la mort de Pisistrate en 528 av. J.-C., ses fils, Hippias (†510) et Hipparque (†514), lui succèdent sans difficulté. C'est leur gouvernement qui attire sur la tyrannie l'exécration des Athéniens.
En 508, Clisthène un ancien allié de Pisistrate, institue l’isonomie, l’égalité devant la loi, d’où sortira la démocratie à proprement parler.
En établissant la fête des grandes Dionysies, Pisistrate permet l’institution de la tragédie qui est peut-être née hors d’Athènes, à Corinthe sous le tyran Périandre que les anciens rangeaient parmi les sept sages avec Thalès notamment.
La plus ancienne tragédie conservée est une pièce d’Eschyle (525-456), Les Perses en 472.
À partir de 386 av. J.-C., on peut reprendre une tragédie ancienne d’Eschyle, de Sophocle ou d’Euripide pendant les concours.
C’est sous l’empereur Hadrien (76-138) que sont choisies sept pièces d’Eschyle, sept de Sophocle (495-406 av. J.-C.) et dix d’Euripide (485/480-407 av. J.-C.) sur les dix-huit qui nous restent de cet auteur, les huit autres provenant d’autres sources.
Les représentations avaient lieu au Dionysies urbaines au printemps ou aux Lénéennes fin décembre.
Les représentations duraient trois jours, un jour par poète qui donnait quatre pièces, trois tragédies (trilogie) et un drame satyrique.
Un riche citoyen devait financer les représentations d’un poète.
Le public, installé dans des gradins semi circulaire, était constitué de tout le peuple auquel s’ajoutaient peut-être des esclaves, voire les femmes. On estime à 17000 le nombre de spectateurs, d’où la nécessité d’une remarquable acoustique que montre encore le théâtre d’Épidaure. Platon dans le Banquet évoque 30000 spectateurs lors de la victoire d’Agathon l’avant-veille.
Au centre du théâtre évoluait le chœur près de la skénè (σκηνή) où il y avait un autel de Dionysos. Pourquoi ce Dieu, les Grecs eux-mêmes ne le savaient pas. Un proverbe disait : « Il n’y a rien là qui concerne Dionysos » (Plutarque, Questions de banquets, 615a).
L’orchestra (ὀρχήστρα), une esplanade circulaire était le lieu où évoluait le chœur.
Le chœur dansait et chantait.
Une pièce commençait par un prologue. Dans les Sept contre Thèbes, c’est Étéocle, le roi régnant de Thèbes qui l’assure alors qu’il n’y en a pas dans Les Suppliantes.
Le Parodos marquait l’entrée du chœur (χορός, chorós) de cinquante, puis douze voire quinze personnes, uniquement des hommes car le théâtre était interdit aux femmes.
Entre les prestations du chœur, se placent les épisodes où interviennent les acteurs, seulement des hommes (les acteurs étaient masqués pour jouer les rôles féminins), peuvent dialoguer avec le coryphée ou chef du chœur. Le commos (κῶμος), où un personnage et le chœur dialoguent, s’intercale parfois (ex : Les Suppliantes, v.348-417 ; Tragédies complètes, pp.63-64).
Si on en croit Aristote, à l’origine il n’y avait qu’un acteur (protagoniste), c’est Eschyle qui aurait introduit le deuxième acteur (deutéragoniste) et Sophocle le troisième (tritagoniste) (cf. Aristote, Poétique, chapitre 4, 1449a). Eschyle, comme Sophocle ont joué dans leurs pièces. Toutefois, comme on l’a fait remarquer (Jacqueline de Romilly, 1970), certaines pièces d’Eschyle exigent trois acteurs. Il aurait pu reprendre l’innovation de son jeune concurrent.
L’exodos (ἔξοδος) ou sortie du chœur marque la fin de la pièce.
Bibliographie :
Aristote, Poétique in Œuvres complètes, direction Pierre Pelegrin, Flammarion, 2022.
Eschyle, Tragédies complètes, préface de Pierre Vidal-Naquet, traduction de Paul Mazon, Gallimard, 1982.
Platon, Le Banquet in Œuvres complètes, direction Luc Brisson et Louis-André Dorion, Flammarion, 2008.
Jacqueline de Romilly, La tragédie grecque (1970), P.U.F., Quadrige, 2014.
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