mercredi 6 avril 2016

Hume, Enquête sur l'entendement humain, Plan analytique - section VII L'idée de connexion nécessaire, première partie

Hume, Enquête sur l’entendement humain, traduction par André Leroy, présentation par Michelle Beyssade, GF n°1305.

Plan analytique

Section VII L’idée de connexion nécessaire.
Première partie.
Hume commence par marquer l’avantage des mathématiques où les objets distincts se montrent distincts alors que dans les sciences morales ils ont tendance, quoique distincts, à se confondre et à conduire dans les déductions à des erreurs (p.127).
Hume rétablit la balance en soutenant que les sciences morales ont pour avantage que les raisonnements y sont beaucoup plus brefs que dans les sciences mathématiques. Dans les sciences morales, l’ignorance arrive vite. L’inconvénient des mathématiques posé, il donne celui de la physique ou philosophie naturelle qui est le manque d’expérience au moment opportun. Il en conclut que les faibles progrès des sciences morales montrent qu’il faut y apporter plus de rigueur (p.128-129).
Hume présente l’idée de connexion nécessaire, qu’il nomme d’abord pouvoir, force, énergie, comme une des plus obscures en métaphysique et qu’il veut éclairer (p.129).
Il rappelle sa thèse de la section II sur les idées, copies des impressions et sur les idées complexes qu’on doit décomposer en idées simples afin de les clarifier, même celles qui semblent échapper au principe (p.129-130).
Il va donc chercher l’impression de l’idée de connexion nécessaire dans toutes les sources possibles (p.130).
a) Les objets extérieurs et la causalité comme source possible de l’idée de connexion nécessaire.
Hume remarque d’abord que dans un cas de relation causale, il n’y a aucune impression de connexion nécessaire (p.130).
Hume réfute par l’absurde l’idée de connexion nécessaire. S’il était possible de découvrir par la raison la connexion nécessaire, l’effet serait connu dès la première apparition de la cause, remarque-t-il, ce qui n’est pas le cas (p.130).
De façon générale, la considération des corps ne permet pas d’en tirer l’idée de connexion nécessaire car c’est un spectacle toujours changeant que celui de la nature selon Hume (p.130-131).
Dans une note Hume réfute l’idée de Locke selon laquelle l’idée de pouvoir vient du raisonnement sur les nouveautés perçues dans la matière car, selon la thèse même de Locke, le raisonnement ne peut donner une idée simple (p.131).
b) La réflexion sur les opérations intellectuels comme source possible de l’idée de la connexion nécessaire.
Hume annonce qu’il va chercher la source de l’idée de connexion nécessaire dans la réflexion sur nos opérations intellectuels ou sur une impression interne. Il présente l’expérience de l’action de la volonté comme la source possible de notre idée de pouvoir (p.131-132).
Hume commence par réfuter la connaissance que nous aurions de l’action de la volonté. En réalité, nous la constations tout en ignorant comment elle procède (p.132).
Hume précise sa réfutation en avançant en premier lieu que l’union d’une âme spirituelle avec un corps matériel est le plus grand mystère de sorte que si nous connaissions le pouvoir de l’âme sur le corps, nous connaîtrions cette union (p.132).
Il avance en second lieu que c’est seulement l’expérience qui nous permet de savoir que la volonté peut agir sur tel partie du corps et non sur telle autre, ce qui montre que nous n’avons pas conscience de ce pouvoir (p.132-133).
Il l’illustre par le cas d’une paralysie soudaine qui n’empêche pas l’essai du mouvement : preuve donc que le fameux pouvoir n’est pas une donnée de la conscience (p.133).
Le troisième point consiste à dire que l’anatomie montre une chaine causale que nous ignorons de sorte que le pouvoir nous est bien inconnu (p.133-134).
La conclusion qu’en tire Hume est que l’idée de pouvoir, ou de connexion nécessaire, ne nous est pas connue de façon interne (p.134).
Dans la note qui suit cette conclusion, Hume examine une thèse relative à l’impression qui nous donnerait l’idée de ce pouvoir, à savoir qu’elle se situe dans notre effort et sa rencontre avec la résistance des choses. Sa première objection est que l’idée de pouvoir est associée à nombre de choses, d’êtres ou de mouvements internes qui ne connaissent aucune résistance. Sa deuxième objection est que de l’effort n’apparaît aucun événement a priori. Il concède finalement que cet effort entre dans l’idée vulgaire de pouvoir (p.134).
Hume propose alors une autre thèse possible : c’est la volonté en tant qu’elle manie les idées qui est la source de l’idée d’un pouvoir ou connexion nécessaire. Il annonce que les mêmes arguments réfutent cette thèse (p.134-135).
Son premier argument consiste à dire que connaître un pouvoir serait connaître la cause, l’effet et leur relation. Il nie alors que nous connaissions la formation des idées : nous la constatons seulement (p.135).
Le second argument est que le pouvoir sur notre esprit, quoique supérieur à celui sur nos passions, est limité et nous est connu comme les autres faits (p.135).
Le troisième argument est que les variations de la maîtrise de notre esprit nous interdisent de prétendre la connaître (p.135-136).
La volonté argumente Hume ne nous est pas connue comme cause des idées. Nous faisons simplement l’expérience de son activité (p.136).
Hume commence par décrire les deux attitudes des hommes, à savoir la croyance en une connaissance des pouvoirs de la nature qui leur vient en réalité de l’habitude pour les phénomènes familiers et leur attribution à une divinité (deux ex machina) pour les phénomènes qui les surprennent (p.136-137). Il oppose au commun des hommes l’analyse des philosophes pour lesquels il n’y a pas plus d’intelligibilité dans les phénomènes familiers que dans les phénomènes extraordinaires (p.137). D’où la tentation de certains [allusion à Malebranche] de faire de l’esprit divin la cause véritable et de considérer les faits conjoints comme des causes occasionnelles dues à la divinité (p.137). Les dits philosophes selon Hume font un pas de plus en découvrant que nous sommes tout aussi ignorants de la façon dont notre esprit meut notre corps et inversement et font de Dieu la cause véritable des mouvements de l’un sur l’autre (p.138). Il expose enfin le dernier point de leur doctrine, à savoir que c’est Dieu qui est la cause de nos perceptions (p.138).
Hume montre alors que loin de magnifier l’action divine, elle la diminue puisque Dieu se révèle incapable de déléguer son pouvoir (p.138-139).
Il annonce qu’il va réfuter cette thèse en deux points (p.139).
Le premier argument consiste à dire que l’étrangeté des thèses produit un soupçon car elles ignorent la faiblesse de nos facultés. Hume renvoie à la section XII sur ce point (p.139).
Le second argument consiste à dire que notre ignorance des pouvoirs de notre esprit implique une plus grande ignorance des pouvoirs de l’Être suprême (p.139-140).
Dans une note, Hume analyse la force d’inertie (uis inertiae). Elle repose comme la pesanteur sur l’expérience. Il rappelle que Newton a expliqué l’attraction universelle par un fluide éthéré mais qu’il a été prudent contrairement à ses disciples. De même Descartes avec l’efficace divine dont les disciples ont généralisé l’idée qui n’a jamais eu cours en Angleterre (p.140).


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