Hume,
Enquête sur l’entendement humain,
traduction par André Leroy, présentation par Michelle Beyssade, GF n°1305.
Plan
analytique
Section
VII L’idée de connexion nécessaire.
Première
partie.
Hume
commence par marquer l’avantage des mathématiques où les objets distincts se
montrent distincts alors que dans les sciences morales ils ont tendance,
quoique distincts, à se confondre et à conduire dans les déductions à des erreurs
(p.127).
Hume
rétablit la balance en soutenant que les sciences morales ont pour avantage que
les raisonnements y sont beaucoup plus brefs que dans les sciences
mathématiques. Dans les sciences morales, l’ignorance arrive vite.
L’inconvénient des mathématiques posé, il donne celui de la physique ou
philosophie naturelle qui est le manque d’expérience au moment opportun. Il en
conclut que les faibles progrès des sciences morales montrent qu’il faut y
apporter plus de rigueur (p.128-129).
Hume
présente l’idée de connexion nécessaire, qu’il nomme d’abord pouvoir, force,
énergie, comme une des plus obscures en métaphysique et qu’il veut éclairer
(p.129).
Il
rappelle sa thèse de la section II sur les idées, copies des impressions et sur
les idées complexes qu’on doit décomposer en idées simples afin de les
clarifier, même celles qui semblent échapper au principe (p.129-130).
Il
va donc chercher l’impression de l’idée de connexion nécessaire dans toutes les
sources possibles (p.130).
a)
Les objets extérieurs et la causalité comme source possible de l’idée de
connexion nécessaire.
Hume
remarque d’abord que dans un cas de relation causale, il n’y a aucune impression
de connexion nécessaire (p.130).
Hume
réfute par l’absurde l’idée de connexion nécessaire. S’il était possible de
découvrir par la raison la connexion nécessaire, l’effet serait connu dès la
première apparition de la cause, remarque-t-il, ce qui n’est pas le cas (p.130).
De
façon générale, la considération des corps ne permet pas d’en tirer l’idée de
connexion nécessaire car c’est un spectacle toujours changeant que celui de la
nature selon Hume (p.130-131).
Dans
une note Hume réfute l’idée de Locke selon laquelle l’idée de pouvoir vient du
raisonnement sur les nouveautés perçues dans la matière car, selon la thèse
même de Locke, le raisonnement ne peut donner une idée simple (p.131).
b)
La réflexion sur les opérations intellectuels comme source possible de l’idée
de la connexion nécessaire.
Hume
annonce qu’il va chercher la source de l’idée de connexion nécessaire dans la
réflexion sur nos opérations intellectuels ou sur une impression interne. Il
présente l’expérience de l’action de la volonté comme la source possible de
notre idée de pouvoir (p.131-132).
Hume
commence par réfuter la connaissance que nous aurions de l’action de la
volonté. En réalité, nous la constations tout en ignorant comment elle procède
(p.132).
Hume
précise sa réfutation en avançant en premier lieu que l’union d’une âme
spirituelle avec un corps matériel est le plus grand mystère de sorte que si
nous connaissions le pouvoir de l’âme sur le corps, nous connaîtrions cette
union (p.132).
Il
avance en second lieu que c’est seulement l’expérience qui nous permet de
savoir que la volonté peut agir sur tel partie du corps et non sur telle autre,
ce qui montre que nous n’avons pas conscience de ce pouvoir (p.132-133).
Il
l’illustre par le cas d’une paralysie soudaine qui n’empêche pas l’essai du
mouvement : preuve donc que le fameux pouvoir n’est pas une donnée de la
conscience (p.133).
Le
troisième point consiste à dire que l’anatomie montre une chaine causale que
nous ignorons de sorte que le pouvoir nous est bien inconnu (p.133-134).
La
conclusion qu’en tire Hume est que l’idée de pouvoir, ou de connexion
nécessaire, ne nous est pas connue de façon interne (p.134).
Dans
la note qui suit cette conclusion, Hume examine une thèse relative à
l’impression qui nous donnerait l’idée de ce pouvoir, à savoir qu’elle se situe
dans notre effort et sa rencontre avec la résistance des choses. Sa première
objection est que l’idée de pouvoir est associée à nombre de choses, d’êtres ou
de mouvements internes qui ne connaissent aucune résistance. Sa deuxième
objection est que de l’effort n’apparaît aucun événement a priori. Il concède
finalement que cet effort entre dans l’idée vulgaire de pouvoir (p.134).
Hume
propose alors une autre thèse possible : c’est la volonté en tant qu’elle
manie les idées qui est la source de l’idée d’un pouvoir ou connexion
nécessaire. Il annonce que les mêmes arguments réfutent cette thèse
(p.134-135).
Son
premier argument consiste à dire que connaître un pouvoir serait connaître la
cause, l’effet et leur relation. Il nie alors que nous connaissions la
formation des idées : nous la constatons seulement (p.135).
Le
second argument est que le pouvoir sur notre esprit, quoique supérieur à celui
sur nos passions, est limité et nous est connu comme les autres faits (p.135).
Le
troisième argument est que les variations de la maîtrise de notre esprit nous
interdisent de prétendre la connaître (p.135-136).
La
volonté argumente Hume ne nous est pas connue comme cause des idées. Nous
faisons simplement l’expérience de son activité (p.136).
Hume
commence par décrire les deux attitudes des hommes, à savoir la croyance en une
connaissance des pouvoirs de la nature qui leur vient en réalité de l’habitude
pour les phénomènes familiers et leur attribution à une divinité (deux ex
machina) pour les phénomènes qui les surprennent (p.136-137). Il oppose au
commun des hommes l’analyse des philosophes pour lesquels il n’y a pas plus
d’intelligibilité dans les phénomènes familiers que dans les phénomènes
extraordinaires (p.137). D’où la tentation de certains [allusion à Malebranche]
de faire de l’esprit divin la cause véritable et de considérer les faits
conjoints comme des causes occasionnelles dues à la divinité (p.137). Les dits
philosophes selon Hume font un pas de plus en découvrant que nous sommes tout
aussi ignorants de la façon dont notre esprit meut notre corps et inversement
et font de Dieu la cause véritable des mouvements de l’un sur l’autre (p.138).
Il expose enfin le dernier point de leur doctrine, à savoir que c’est Dieu qui
est la cause de nos perceptions (p.138).
Hume
montre alors que loin de magnifier l’action divine, elle la diminue puisque
Dieu se révèle incapable de déléguer son pouvoir (p.138-139).
Il
annonce qu’il va réfuter cette thèse en deux points (p.139).
Le
premier argument consiste à dire que l’étrangeté des thèses produit un soupçon
car elles ignorent la faiblesse de nos facultés. Hume renvoie à la section XII
sur ce point (p.139).
Le
second argument consiste à dire que notre ignorance des pouvoirs de notre
esprit implique une plus grande ignorance des pouvoirs de l’Être suprême
(p.139-140).
Dans
une note, Hume analyse la force d’inertie (uis
inertiae). Elle repose comme la pesanteur sur l’expérience. Il rappelle que
Newton a expliqué l’attraction universelle par un fluide éthéré mais qu’il a
été prudent contrairement à ses disciples. De même Descartes avec l’efficace
divine dont les disciples ont généralisé l’idée qui n’a jamais eu cours en
Angleterre (p.140).
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