Expliquer le texte suivant :
La morale de notre temps est fixée dans
ses lignes essentielles, au moment où nous naissons ; les changements
qu’elle subit au cours d’une existence individuelle, ceux, par conséquent,
auxquels chacun de nous peut participer sont infiniment restreints. Car les
grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps. De plus,
nous ne sommes qu’une des innombrables unités qui y collaborent. Notre apport
personnel n’est donc jamais qu’un facteur infime de la résultante complexe dans
laquelle il disparaît anonyme. Ainsi, on ne peut pas ne pas reconnaître que, si
la règle morale est œuvre collective, nous la recevons beaucoup plus que nous
ne la faisons. Notre attitude est beaucoup plus passive qu’active. Nous sommes
agis plus que nous n’agissons. Or, cette passivité est en contradiction avec
une tendance actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la
conscience morale. En effet, un des axiomes fondamentaux de notre morale, on
pourrait même dire l’axiome fondamental, c’est que la personne humaine est la
chose sainte par excellence ; c’est qu’elle a droit au respect que le
croyant de toutes les religions réserve à son dieu ; et c’est ce que nous
exprimons nous-mêmes, quand nous faisons de l’idée d’humanité la fin et la
raison d’être de la patrie. En vertu de ce principe, toute espèce d’empiètement
sur notre for intérieur nous apparaît comme immorale, puisque c’est une
violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde, aujourd’hui,
reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière
déterminée de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom
d’une autorité morale.
Durkheim, L’Éducation morale (cours de 1902-1903)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas
requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la
compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Thèse :
Durkheim pose le problème du caractère contradictoire de la conscience morale
contemporaine, à savoir l’exigence d’autonomie qui s’oppose à l’hétéronomie de
toute morale.
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la
morale d’une époque existe dans ses caractéristiques essentielles avant notre
naissance
que
l’individu ne peut en changer que peu de choses.
les
changements dans l’ordre de la morale exigent beaucoup de temps
à
savoir que chaque individu ne peut contribuer que de façon minime aux
changements moraux
notre
contribution à la morale n’en est qu’une part infime
que
notre morale est collective
à
savoir que notre apport personnel dans la morale est faible.
en
indiquant que notre passivité implique que dans l’action nous sommes
essentiellement passifs
une
tendance de la conscience morale qui lui est contemporaine
il
énonce un axiome (= une proposition qu’on ne démontre pas et qu’on tient pour
vraie, autrement dit un principe) selon lequel la personne humaine a droit au
respect
la
conception actuelle de la personne humaine à la relation du religieux à son
Dieu qui est la fin la plus importante
à
savoir que l’idée d’humanité est la fin de la morale
à
savoir qu’il est immoral de toucher à notre conscience, à lui imposer quoi
que ce soit
selon
laquelle aucune façon de penser ne peut être imposée par une autorité, même
morale.
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