René Descartes
est né le 31 mars 1596 à La Haye (devenue La Haye-Descartes en 1802, puis
Descartes en 1967), près de Tours. Son père, Joachim Descartes (1563-1640), juriste,
est conseiller du roi au Parlement de Bretagne. Il appartient à la noblesse de
robe. Sa mère, Jeanne Brochard (1566-1597) appartient au même milieu.
Le 13 mai
1597, sa mère meurt. Elle avait mis au monde avant lui Jeanne
(1590 ?-1640) et Pierre (1591-1660).
En 1600, son
père se remarie et s’établit en Bretagne. Descartes est élevé par sa grand-mère
jusqu’à l’âge de 10 ans.
En 1607, il
est admis au collège des jésuites de La Flèche qui a été fondé en 1604 par
Henri IV (1553-1589-1610). Comme il
est de santé fragile, il a droit à un régime particulier qui sera le sien toute
sa vie. Il reste au lit toute la matinée pour lire et réfléchir.
En mars 1610 Galilée
(1564-1642) publie ses découvertes astronomiques effectuées grâce à la lunette
qu’il a perfectionnée en 1609, à savoir que Jupiter possède quatre satellites,
que la voie lactée est en réalité composée d’étoiles et que la lune possède des
montagnes, des lacs et … une atmosphère dans un ouvrage intitulé Sidereus Nuncius (Le messager des étoiles ou Le
messager céleste). Le 14 mai, Henri IV est assassiné par Ravaillac. Ce
dernier est exécuté le 27 mai. Le cœur du roi est transféré au collège de la
Flèche.
En 1611 on
fête au collège de La Flèche les découvertes de Galilée.
En 1615, il
quitte le collège.
En 1616 il
obtient son baccalauréat et sa licence en droit à Poitiers.
En 1618, il
s’engage dans l’armée du protestant Maurice de Nassau (1567-1625), stathouder
de Hollande. Le 10 novembre, il rencontre à Breda Isaac Beeckman (1588-1637),
un savant hollandais qui cherche à mathématiser la physique. Il fait découvrir
à Descartes le mécanisme. Le 31 décembre, Descartes offre à Beeckman le Compendium Musicæ (Abrégé de Musique).
En 1619 il part
pour l’Allemagne. Il assiste au couronnement de l’empereur Ferdinand II (1578-1637)
à Francfort le 9 septembre. Il a l’idée de refonder le savoir qui lui serait
venu dans la nuit du 10 au 11 mai, à travers trois songes recueillis dans les Olympica qui ne sont connus que par la
traduction d’Adrien Baillet (1649-1706) dans la Vie de Monsieur Descartes (1691).
De 1620 à
1625, il voyage en France et en Italie. Les textes qu’il écrit sont inconnus.
À partir de
1625, il séjourne à Paris où il fréquente le révérend père Marin Mersenne
(1588-1648), savant en liaison avec toute l’Europe savante, le père Guillaume Gibieuf
(1583-1650), Claude Mydorge (1585-1647) qui travaille sur l’optique, l’écrivain
libertin Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654).
En novembre
1627, Descartes assiste à une conférence de Nicolas Villiers[1],
sieur de Chandoux (un alchimiste qui sera pendu pour avoir fabriqué de la
fausse monnaie en 1631) chez le nonce du pape, le cardinal Giovanni Francesco Guidi
di Bagno (1578-1641), à laquelle assiste Mersenne. Chandoux prétendait
remplacer la philosophie scolastique par une autre philosophie. Descartes
réfuta ce dernier tout en critiquant la scolastique. Il est encouragé par le
cardinal Pierre de Bérulle (1575-1529).
Où placer ses Règles pour la direction de l’esprit,
ouvrage inachevé qui ne sera publié qu’après sa mort ? Il s’agit de la
première mise en œuvre approfondie de son projet de réforme total du savoir du
point de vue de la méthode.
Pendant l’hiver 1628/1629, il se
retire à Franeker en Frise (Pays-Bas) où il travaille à sa métaphysique dont
l’état nous est inconnu.
À l’automne
1629, il s’installe à Amsterdam. Il dira dans une lettre à Guez de Balzac datée
du 5 mai 1631 qu’on y est plus seul que dans un couvent. Il commence à y rédiger
sa « Physique », à savoir le Traité
du monde (posthume 1664) et le Traité
de l’homme (posthume 1664).
En 1630, il
rencontre le mathématicien Jacob van Gool (ou Golius) (1596-1667). Ce savant
arabisant, parlant également turc et persan, avait ramené plus de 200
manuscrits de ses séjours dans le monde musulman. Il succéda à Willebrord Snell
(1580-1626) à la chaire de mathématiques de l’université de Leyde et occupa
également une chaire d’arabe. Lui a-t-il montré les travaux de Snell sur la réfraction
ou lui a-t-il communiqué des traductions de manuscrits arabes ? Il propose le problème de Pappus (IV° ap.
J.-C.) à Descartes. Ce problème peut se formuler de la façon suivant : il
s’agit de la recherche du lieu géométrique d’un point C tel que : soit le produit
des distances de C à deux d’entre elles soit égal au produit des distances de C
aux deux autres droites ; soit le produit des distances de C à deux d’entre
elles soit égal au carré du produit des distances de C à la troisième droite.
Dans l’hiver
1631/1632, Descartes trouve la solution du problème de Pappus.
En février 1632,
Galilée publie, en italien, ses Dialogues
sur les deux plus grands systèmes du monde. Le pape Urbain VIII (1568-1623-1644)
l’avait autorisé à publier un ouvrage où les deux hypothèses astronomiques
concurrentes, l’hypothèse géocentrique d’Aristote (384-322 av. J.-C.) et Claude
Ptolémée (100-168) et l’hypothèse héliocentrique que Copernic (1473-1543) en 1543 avait remise au goût du jour
(Aristarque de Samos l’avait soutenu au IIIème siècle av. J.-C.). Salviati, qui
défend l’hypothèse de Copernic, convainc facilement Sagredo, un vénitien sans
préjugé alors que Simplicio, qui soutient l’hypothèse géocentrique, est aussi
ridicule que son nom.
De février
1633 au 21 juin, Galilée comparaît devant le Saint Office de l’inquisition. Le
22 juin, il abjure la croyance fausse (aux yeux de l’Église) des mouvements de
la Terre autour d’elle-même et autour du Soleil. Apprenant la nouvelle,
Descartes renonce à publier le Traité du
monde et le Traité de l’homme
comme il l’expliquera publiquement au début de la VI° partie du Discours de la méthode.
Le 19 juillet
1635 naît sa fille Francine. Sa mère, Helena Jans van der Strom ( ?-1683) est
une servante du libraire Thomas Sergeant (1585- ?) chez qui Descartes
résidait[2].
En 1636,
Descartes s’installe à Leyde. Il y achève le Discours de la méthode et les Essais,
Dioptrique, Météores et Géométrie.
En juin 1637,
il publie de façon anonyme le Discours de
la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences
plus la Dioptrique, les Météores et la Géométrie qui sont des essais de cette
méthode. Le 5 octobre, il envoie au père du physicien néerlandais Christian
Huygens (1629-1695), Constantin Huygens (1596-1687), son Explication des engins par l’aide desquels on peut, avec une petite
force, lever un fardeau fort pesant.
À partir de 1639,
Descartes s’attelle à la rédaction des Méditations
métaphysiques.
En octobre
1640, son père meurt. Le 18 novembre, Mersenne qui a reçu le manuscrit des Méditations métaphysiques, recueille les
objections de divers philosophes et théologiens.
En mars 1641,
Descartes s’installe à Endegeest près de Leyde. En août, paraît la première
édition des Méditations métaphysiques
sous le titre Renati Descartes
Meditationes de prima philosophia in qua Dei existentia et anima immortalitas
demonstratur avec six séries d’objections et les réponses de l’auteur. Les premières
sont du théologien néerlandais Johan Caterus (1590-1657), les secondes de
Mersenne, les troisièmes du philosophe anglais Thomas Hobbes (1588-1679), les
quatrièmes du théologien janséniste Antoine Arnauld (1612-1694), les cinquièmes
du théologien et philosophe épicurien Pierre Gassendi (1592-1655) et les
sixièmes d’un ensemble de théologiens et philosophes. Le 7 septembre, sa fille
Francine meurt.
En 1642,
Descartes soutient Regius (Hendrik De Roy, nom latinisé en Henricus Regius,
1598-1679), professeur de médecine, contre le théologien réformé Voetius (Gijsbert
Voet, dit Gisbertus Voetius, 1589-1676),
recteur de l’Université d’Utrecht qui l’accusait d’athéisme à cause de son
cartésianisme. Le 15 mars, les magistrats d’Utrecht condamnent la philosophie
cartésienne. C’est ce qu’on appelle la « querelle d’Utrecht ». En mai
paraît la deuxième édition des Méditations
métaphysiques. Son titre est Renati
Descartes Meditationes de prima philosophia in quibus Dei existentia et animæ
humanæ a corpore distinctio demonstratur. Elle est augmentée d’une septième
série d’objections et réponses et d’une lettre au père Dinet sur la polémique
avec Voetius.
En avril 1643,
Descartes quitte Endegeest, près de Leyde. Il séjourne à Egmond. La querelle d’Utrecht
se poursuit. Marten Schoock (1614-1669), partisan de Voetius, publie l’Admiranda methodus novæ philosophiæ Renati
Des Cartes. Dans ce pamphlet, il attaque Descartes jusque dans sa vie
privée. En réalité, il dira ultérieurement que Voetius est l’auteur de l’essentiel
de l’ouvrage. Le 16 mai la princesse Elisabeth de Bohème (1618-1880), réformée,
envoie une première lettre à Descartes qui pose notamment le problème de l’union
de l’âme et du corps et qui ouvre une longue correspondance.
Le 4 mai 1644,
Descartes est témoin au mariage d’Helena Jans van der Strom. Descartes revient
en France. Paraît l’édition latine des Principes
de la philosophie (Principia philosophiæ) à Amsterdam ainsi que la traduction latine par le pasteur
protestant Etienne de Courcelles (1586-1659), revue et corrigée par Descartes
du Discours de la méthode, de la Dioptrique et des Météores.
En 1645,
Descartes revient à Egmond aux Pays-Bas. Sa correspondance avec Elisabeth le
conduit à entreprendre un traité sur les passions.
En 1646, Regius
publie un De l’Homme (De Homine) et les Fondements de la physique (Fundamenta
physices) qui critiquent Descartes sur la question de l’union de l’âme et
du corps et sur celle des preuves de l’existence de Dieu.
En 1647 paraît
la traduction française des Méditations
métaphysiques traduites par Louis-Charles d’Albert duc de Luynes (1620-1690)
et les objections et réponses traduites par Claude Clerselier (1614-1684) ainsi
que la traduction par l’abbé Claude Picot (1614-1668) des Principes de la philosophie. Il commence la Description du corps humain qui restera inachevée. Il réplique à
son ancien disciple, Regius dans les Notæ
in programma quoddam (Notes sur un
certain manifeste) ou Remarques sur l’explication
de l’esprit humain.
En 1648, il
écrit une Lettre apologétique aux
magistrats d’Utrecht. Regius répond à Descartes avec sa Brève explication de l’esprit humain (Brevis explication mentis humanæ). Le 1er septembre,
Marin Mersenne meurt. Le 16 avril a lieu l’entretien avec Frans Burman, un
étudiant en théologie néerlandais.
En septembre 1649,
Descartes se rend à Stockholm, en Suède, à l’invitation de la reine Christine
de Suède. En novembre, le Traité des Passions
de l’âme est publié à Paris ainsi que la traduction latine de la Géométrie par le mathématicien
néerlandais Frans van Schooten (1615-1660) à Leyde.
Le 11 février 1650, Descartes
meurt à Stockholm d’une pneumonie.
[1] Cf. Bernard Joly, « Compte rendu de Nicolas de
Villiers, sieur de Chandoux, Lettres sur l’or potable, suivies du
traité De la connaissance des vrais principes de la nature et des
mélanges et de fragments d’un Commentaire sur l’Amphithéâtre de
la sapience éternelle de Khunrath », Methodos [En ligne], 14 | 2014, mis en ligne le 05
mai 2014. URL : http://methodos.revues.org/4024
[2] cf. Bulletin cartésien XXXI, III. « Quelques données nouvelles
sur Helena Jans », par Jeroen van de Ven.
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