C’est
Polos, un rhéteur, qui s’adresse ici à Socrate, le porte-parole de Platon dans
ce dialogue.
[Archélaos] n’avait aucun droit au trône
qu’il occupe aujourd’hui, étant né d’une femme qui était esclave d’Alkétès,
frère de Perdiccas. Selon la justice, il était l’esclave d’Alkétès et, s’il
avait voulu observer la justice, il servirait Alkétès et serait heureux d’après
ce que tu prétends, au lieu qu’aujourd’hui le voilà prodigieusement malheureux,
puisqu’il a commis les plus grands forfaits. Tout d’abord il fit venir cet
Alkétès, son maître et son oncle, pour lui rendre, disait il, le trône dont
Perdiccas l’avait dépouillé ; il le reçut chez lui et l’enivra
profondément, lui et son fils Alexandre, qui était son propre cousin et à peu
près du même âge que lui ; puis, les mettant dans un chariot, il les
emmena, les égorgea et les fit disparaître tous les deux. Ce crime accompli, il
ne s’aperçut pas qu’il était devenu le plus malheureux des hommes et il
n’éprouva aucun remords. Peu de temps après, il s’en prit à son frère, le fils
légitime de Perdiccas, un enfant d’environ sept ans, à qui le pouvoir
appartenait de droit. Au lieu de consentir à se rendre heureux en l’élevant
comme il le devait et en lui rendant le pouvoir, il le jeta dans un puits, le
noya puis dit à sa mère Cléopâtre qu’en poursuivant une oie il était tombé dans
le puits et qu’il y était mort. Aussi, maintenant qu’il est l’homme le plus
criminel de Macédoine, il est le plus malheureux de tous les Macédoniens, loin
qu’il en soit le plus heureux, et peut être y a t il plus d’un Athénien, à
commencer par toi, qui préférerait la condition de n’importe quel autre
Macédonien à celle d’Archélaos.
Platon,
Gorgias (1ère moitié du
IV° av. J.-C.)
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