vendredi 28 juin 2019

Condillac, Traité des animaux, index des auteurs

Le Traité des animaux (TA) de Condillac, a été publié en 1755, un an après son Traité des sensations qui expose l’essentiel de sa philosophie sensualiste. Condillac expose et critique les thèses du naturaliste Buffon (1707-1788) sur la différence de l’homme et des animaux. Il la rattache à la théorie dite des animaux machines, du mathématicien, physicien et philosophe Descartes (1596-1650).
D’autres auteurs sont invoqués. C’est d’eux seulement dont il est question dans cet index.
Les références renvoient à :
Condillac, Traité des animaux, présenté et annoté par Michel Malherbe, Paris, Vrin, 2004.

Bacon (Francis), baron de Verulam, né en 1561 à Londres, est un homme d’État anglais. Il fut conseiller d’État en 1616, garde des sceaux en 1617, puis Grand Chancelier de 1618 à 1621, date à laquelle, accusé de concussion, il fut destitué de ses fonctions. Philosophe, il se propose de fonder les sciences. Il publie en 1620 le Novum OrganumLa Nouvelle Atlantide, sorte d’utopie, paraît en 1627. Il meurt en 1626 à Highgate.
Bacon passe pour le promoteur de l’inductivisme, c’est-à-dire de la conception de la connaissance qui la fonde sur l’induction, autrement dit l’inférence du particulier au général (cf. par exemple, Ernst Mayr, Histoire de la biologie – Diversité, évolution et hérédité [1982], tome 1. Des origines à Darwin, Traduit de l’Américain par Marcel Blanc, Paris, Fayard, 1989, Le livre de Poche, p.56). En outre, il refuse les causes finales de la scolastique*[1]. Avant Descartes*, il donne à la science le projet de rendre l’homme maître de la nature car, écrit-il :
« l’empire de l’homme sur les choses n’a d’autre base que les arts et les sciences, car on ne peut commander à la nature qu’en lui obéissant » Bacon, Novum Organum, I, § 129.
Condillac s’y réfère comme à Newton en tant qu’il incarne « la méthode expérimentale et le refus des spéculations « métaphysiques », au mauvais sens du terme. » André Charrak, Empirisme et métaphysique – L’essai sur l’origine des connaissances humaines de Condillac, Paris, Vrin, 2003, p.14.
Première partie, chapitre IV Que dans la supposition où les animaux seraient tout à la fois purement matériels et sensibles, ils ne sauraient veiller à leur conservation, s’ils n’étaient pas encore capables de connaissance, note 1 p.128.

Berkeley (George). Il est né en 1685 à Kilkrin en Irlande. Après des études au Trinity College de Dublin, il entre dans les ordres en 1709. Il publie cette année-là sa Nouvelle théorie de la vision où il propose une solution négative au problème de Molyneux*. L’année suivante, il donne le Traité sur les principes de la connaissance. En 1713, ce sont les Dialogues entre Hylas et Philonoüs. Il voyage ensuite en Angleterre, en Italie et en France. En 1728, il embarque pour l’Amérique, mais le manque de soutiens financiers l’amène à renoncer à son projet de fondation d’un collège. De retour en Irlande, il est nommé évêque de Cloyne en 1735. À partir de cette date, il se consacre essentiellement à son évêché. Il meurt en 1753 à Oxford, soit deux ans avant la parution du Traité des Animaux.
Berkeley propose une philosophie idéaliste qui refuse l’existence de la matière, ce qui lui permet de combattre l’athéisme.
Le Traité des sensations de Condillac répond d’ailleurs au reproche d’idéalisme à lui adressé par Diderot (1713-1784) :
« On appelle idéalistes ces philosophes qui, n’ayant conscience que de leur existence et des sensations qui se succèdent au dedans d’eux-mêmes, n’admettent pas autre chose (…). L’idéalisme mérite bien à lui [c’est-à-dire Condillac] être dénoncé ; et cette hypothèse a de quoi le piquer, moins encore par sa singularité que par la difficulté de la réfuter dans ses principes ; car ce sont les mêmes que ceux de Berkeley. » Diderot, Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient (1749), (cf. Charrak, op. cit., p.92).
Préface, note 1 pp.111-112 ; Première partie, chapitre VI Examen des observations que M. de Buffon a faites sur les sens, p.133.

Burnet (Thomas) (1635-1715). Il est l’auteur d’une Telluris Theoriasacra, orbis nostrioriginem et mutationes generalesqua aut jam subiitaut olim subiturus estcomplectens (1680) et d’une Archaeologia philosophica (1692). Il attribue avec d’autres auteurs une histoire à la Terre faite de cataclysmes (cf. François Jacob, La logique du vivant, Paris, Gallimard, 1970, p.147). C’est en abandonnant la lecture littérale au profit d’une lecture allégorique de la Bible qu’il arrive à la concilier avec la paléontologie. Buffon dans les Époques de la Nature procédera de même (cf. Ernst Cassirer, La philosophie des Lumières, 1932, trad. Pierre Quillet, Fayard, 1966, Agora, p.94.)
Première partie, chapitre premier Que les bêtes ne sont pas de purs automates, et pourquoi on est porté à imaginer des systèmes qui n’ont point de fondement, p.115.

Cheselden (William) (1688-1752), chirurgien anglais, spécialiste de l’opération de la cataracte. Dans les Philosophical Transactions, il rapporta en 1728, le détail de l’opération et les premières réactions de l’aveugle ayant recouvré la vue. Ainsi, il n’a pas immédiatement selon lui manifesté le sens des distances. Il donnait ainsi une solution expérimentale au problème de Molyneux* (cf. Cassirer, op. cit., p.170). Diderot l’évoque dans sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient.
Première partie, chapitre VI Examen des observations que M. de Buffon a faites sur les sens, p.134.

Épicure est né dans l’île de Samos en 341 av. J. – C. Ses parents étaient des colons athéniens. En 306, il fonde une école, au Jardin, dans le nord-ouest d’Athènes qui lui survivra jusqu’au deuxième siècle de notre ère. Il meurt en 270 av. J.-C. à Athènes.
De son œuvre immense, il ne nous reste plus que trois lettres, à Hérodote (sur la physique), à Pythoclès (sur les météores) et à Ménécée (sur l’éthique) ainsi que 40 Maximes Capitales et des Sentences vaticanes, découvertes en 1888 que Condillac ne pouvait donc connaître. L’épicurisme était aussi connu par les exposés de Cicéron (106-43 av. J.-C.) comme les livres I et II Des termes extrêmes des biens et des maux, ou de Plutarque (50-125), exposés toujours critiques, et surtout par le grand poème de son disciple romain, Lucrèce (98-55 av. J.-C.), De la nature.
Le « système d’Épicure » comme le nomme Condillac consiste à expliquer l’univers composé d’une pluralité de mondes, notre monde, les animaux et l’homme par des principes matériels, à savoir les atomes et le vide, dont les rencontres produisent la totalité de ce qui existe, y compris les Dieux. D’où l’athéisme supposé de ce système qui exclut un quelconque rôle des Dieux ou de Dieu, éternel adversaire des défenseurs de la cause de Dieu.
Seconde partie, chapitre VI Comment l’homme acquiert la connaissance de Dieu, p.174.

Haller (Albrecht Von) est né à Berne en 1708. C’est un médecin, philosophe et écrivain suisse d’expression allemande. Il est notamment le théoricien de la fibre, conçue comme la plus petite partie du vivant (cf. François Jacob, La logique du vivant, pp.88-89 ; Ernst Mayr, Histoire de la biologie – Diversité, évolution et hérédité (1982), tome 2. De Darwin à nos jours, Traduit de l’américain par Marcel Blanc, Paris, Fayard, 1989, Le livre de Poche, p.861.). Il rejetait toute théorie physiciste du vivant qu’il nommait « anatomie animée » (cf. Alain Prochiantz, Les anatomies de la pensée – A quoi pensent les calamars ?, Paris, éditions Odile Jacob, janvier 1997, p.15). C’est également un partisan de la théorie préformationniste de l’hérédité, c’est-à-dire de l’idée selon laquelle une cellule sexuelle (spermatozoïde ou ovule) contient déjà le nouveau-né et ainsi de suite à l’infini (Prochiantz, op. cit., p.23 et Machine-esprit, Paris, éditions Odile Jacob, janvier 2001, p.187).
Ses Elementa Physiologiae paraissent en 1766. On lui attribue, à tort, l’invention du terme de physiologie (cf. Georges Canguilhem, La formation du concept de réflexe aux XVII° et XVIII°, Paris, P.U.F., 1955, p.59).
Il prétendit découvrir une propriété ou force inhérente à la seule fibre musculaire, l’irritabilité (ibid., p.94). Notons qu’il était un adversaire de Descartes.
Il s’éteint dans sa ville natale en 1777.
Première partie, chapitre IV Que dans la supposition où les animaux seraient tout à la fois purement matériels et sensibles, ils ne sauraient veiller à leur conservation, s’ils n’étaient pas encore capables de connaissance, note 1 p.128.

Locke (John). Né le 29 août 1632 à Wrington, près de Bristol dans le Sommerset, dans une famille de tradition puritaine, Locke hésite entre une carrière cléricale et une carrière médicale.
En 1667, il devient conseiller privé du futur comte de Shaftesbury, Lord Ashley (1621-1683), personnage influent à la cour de Charles II d’Angleterre (1630-1685). Toutefois, l’absolutisme du roi le conduit dans l’opposition. Locke séjourne alors à Montpellier, puis à Paris où il lit l’Abrégé de la philosophie de Gassendi de François Bernier (1620-1688). Après un passage par Londres, il s’installe à Rotterdam. Après l’arrivée sur le trône d’Angleterre du protestant Guillaume d’Orange qui suivit la “glorious revolution” de 1688-1689, Locke revient en Angleterre.
Il publie alors l’essentiel de son œuvre : la Lettre sur la tolérance en 1689, l’Essai sur l’entendement humain (réédité en 1694, 1695, 1700 et 1706) et les Deux traités sur le gouvernement civil en 1690 (sans nom d’auteur). En 1693, ce sont les Quelques pensées sur l’éducation. Il s’éteint en 1704 à Oates, Essex.
La philosophie de Locke est un “empirisme”, qui, sur la base de la réfutation de la doctrine cartésienne des idées innées, pense l’esprit comme une table rase qui reçoit toutes ses idées ou représentations de l’expérience. Toutefois, Locke admet outre des idées qui proviennent des sensations, des idées qui proviennent de la réflexion (cf. Essai sur l’entendement humain, livre II « Des Idées »). Condillac se reconnaîtra toujours son disciple tout en considérant qu’il systématise le principe de Locke. Il remplace son dualisme en faisant de la sensation le seul principe. Il se fait fort
« d’expliquer la génération des opérations de l’âme en les faisant naître d’une simple perception. » Condillac, Essai sur l’origine des connaissances humaines, Introduction.
La philosophie sensualiste ou sensationiste de Condillac apparaît donc comme une correction de Locke :
« Le jugement, la réflexion, les désirs, les passions ne sont que la sensation même qui se transforme différemment. » Condillac, Traité des sensations, « Dessein de cet ouvrage »
En outre, dans son Essai sur l’origine des connaissances humaines de 1749, Condillac fait du langage d’institution la condition de la réflexion. (cf. Jacques Derrida [1930-2004], L’archéologie du frivole – Lire Condillac, Paris, Galilée, 1973, Denoël/Gonthier, 1976, p.21 et sq. ; Charrak, op. cit., p.37). Il écrit de Locke :
« La route qu’il ouvre est souvent si escarpée, qu’on a autant de peine à aller à la vérité sur ses traces, qu’à ne pas s’égarer sur celles de Malebranche. » Condillac, Traité des systèmes, chapitre vii, in Œuvres philosophiques, Paris, P.U.F., 1947-1948, volume 1, p.151.
Dans le Traité des animaux, dans une note rajoutée et qui fait référence à son Cours d’étude, il se loue d’avoir découvert ce qu’aucun autre et notamment Locke n’avait fait avant lui, à savoir le principe de la liaison des idées.
Locke est également un défenseur des droits de l’homme. Pour les philosophes des Lumières, il est le modèle même du philosophe.
Préface, note 1 p.111 ; Seconde partie, chapitre IX Système des habitudes dans tous les animaux : comment il peut être vicieux ; que l’homme a l’avantage de pouvoir corriger ses mauvaises habitudes, p.190.

Malebranche (Nicolas) est né le 5 août 1638 à Paris. Après des études de théologie à la Sorbonne, il choisit de devenir prêtre et entre à l’Oratoire fondé par Bérulle en 1611. L’année de son ordination (1664), il lit le Traité de l’homme de Descartes, ouvrage posthume qui vient de paraître. Il est converti à la philosophie et à la science de son temps (cf. Geneviève Rodis-Lewis [1918-2004], Malebranche, Paris, P.U.F., 1963, pp.9-10 ; Ferdinand Alquié [1906-1985], Le Cartésianisme de Malebranche, Paris, Vrin, 1974, p.241). Il publie De la recherche de la vérité, son premier ouvrage, en 1675. Son activité essentiellement intellectuelle l’entraîne à justifier le christianisme. Il publie respectivement les Conversations chrétiennes en 1677, le Traité de la nature et de la grâce en 1680, le Traité de morale en 1684, les Entretiens sur la métaphysique et la religion en 1688, les Entretiens sur la mort en 1696. Il s’éteint à Paris le 13 octobre 1715. Il naquit et mourut les mêmes années que Louis XIV.
Disciple “dissident” de Descartes, il soutient la thèse des causes occasionnelles selon laquelle la seule cause véritable est Dieu. Toutes les causes ne sont donc que l’occasion de son exercice. Condillac reprend en un sens cette théorie dans sa façon de concevoir les relations de l’âme et du corps. En outre, Malebranche rejette la théorie cartésienne des idées innées au profit de la thèse de la vision en Dieu, c’est-à-dire que selon lui la raison humaine aperçoit directement les idées dans l’esprit éternel du créateur. Condillac remarquera :
« Malebranche s’efforce de mettre entre les idées et les sensations plus de différence qu’il n’y en a. Il n’a garde de penser que les idées soient des modifications de l’âme ; comme si les mêmes sensations qui modifient l’esprit, ne suffisaient pas pour représenter les choses qui sont hors de nous. » Condillac, Traité des systèmesop. cit., p.147 (cf. Charrak, op. cit., p.34).
Malebranche est un partisan de la thèse des animaux machines qui lui paraît justifiée d’un point de vue théologique en ce que seul l’homme ayant pêché, il est le seul qui mérite de souffrir. Des animaux il écrit qu’
« étant innocents, comme tout le monde en convient, et je le suppose, s’ils étaient capables de sentiment, il arriverait que, sous un Dieu infiniment juste et tout-puissant, un innocent souffrirait de la douleur, qui est une peine et la punition de quelque péché. » Malebranche, De la recherche de la vérité.
Il va ainsi plus loin que Descartes qui refusait la pensée aux animaux mais leur accordait la sensibilité.
Voilà sa thèse résumée par lui-même :
« Ainsi, dans les animaux, il n’y a ni intelligence, ni âme comme on l’entend ordinairement. Ils mangent sans plaisir, ils crient sans douleur, ils croissent sans le savoir, ils ne désirent rien, ils ne craignent rien, ils ne connaissent rien ; et s’ils agissent de manière qui marque l’intelligence, c’est que Dieu les ayant faits pour les conserver, il a formé leurs corps de telle façon qu’ils évitent machinalement et sans crainte tout ce qui est capable de les détruire. » Malebranche, De la recherche de la vérité, Livre VI, II° partie, chapitre VII, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1979, p.717.
(cf. Élisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes – La philosophie à l’épreuve de l’animalité, Paris, Fayard, 1998, pp.291-299)
L’anecdote selon laquelle Malebranche aurait donné un coup de pied à une chienne pleine en disant qu’elle ne sentait rien fait partie des anecdotes douteuses (cf. Geneviève Rodis-Lewis, op. cit., note 4 p.6.). On la trouve chez Trublet (1697-1770), Mercure, juillet 1757, repris dans les Mémoires pour servir à l’histoire de la vie et des ouvrages de Monsieur de Fontenelle, 1761.
Seconde partie, chapitre VII Comment l’homme acquiert la connaissance des principes de la morale, p.182 ; chapitre X  De l’entendement et de la volonté, soit dans l’homme soit dans les bêtes, p.196.

Molière (1622-1673), poète comique français, auteur de Dom JuanTartuffe, etc.
Il est possible que Condillac, en mettant sur le même plan Molière et l’animal, ait moins en vue de rabaisser celui-là que d’élever celui-ci. Il s’oppose ainsi à l’esthétique classique, qui, en accord avec la philosophie cartésienne, admet le primat de la raison.
On peut d’ailleurs noter que Condillac n’innove pas puisque déjà l’Abbé Charles Batteux (1713-1780) dans son ouvrage Les Beaux-Arts réduits à un même principe publié en 1746 considérait que l’art avait à imiter la nature et donc reposait sur l’expérience et il donnait comme exemple Molière (cf. François Dagnognet, L’animal selon Condillac, Paris, Vrin, 1987, éd. de poche 2004, p.98).
Seconde partie, chapitre II Système des connaissances dans les animaux, note 1 p.154.

Molyneux (ou Molineux) William (1656-1698), ami de Locke*, ce physicien et géomètre irlandais vit sa femme devenir aveugle avant de mourir. Il fut l’auteur d’une Dioptrica Nova(1692).
Ce qu’on nomme le problème de Molyneux a été transmis à Locke* par une lettre que celui-ci insère en 1694 dans la seconde édition de son Essai concernant l’entendement humain :
« À cette occasion, j’inférerai ici un Problème du savant Mr. Molineux, qui emploie si utilement son beau génie à l’avancement des Sciences. Le voici tel qu’il me l’a communiqué lui-même dans une Lettre qu’il m’a fait l’honneur de m’écrire depuis quelque temps : Supposez un Aveugle de naissance, qui soit présentement homme fait, auquel on ait appris à distinguer par l’attouchement un Cube & un Globe, du même métal, & à peu près de la même grosseur, en sorte que lorsqu’il touche l’un & l’autre, il puisse dire quel est le Cube, & quel est le Globe. Supposez que le Cube & le Globe étant posés sur une table, cet Aveugle vienne à jouir de la vue. On demande si en les voyant sans les toucher, il pourrait les discerner, & dire quel est le Globe & quel est le Cube. Le pénétrant & judicieux Auteur de cette Question répond en même temps que non : car, ajoute-t-il, bien que cet Aveugle ait appris par expérience de quelle manière le Globe & le Cube affectent son attouchement, il ne sait pourtant pas encore que ce qui affecte son attouchement de telle ou de telle manière, doive frapper ses yeux de telle ou de telle manière, ni que l’angle avancé d’un Cube qui presse la main d’une manière inégale, doive paraître à ses yeux tel qu’il paraît dans le Cube. » Locke, Essai philosophique concernant l’entendement humaine, trad. Coste sur la 4ème édition de 1700, 5ème édition revue et corrigée, Amsterdam et Leipzig, 1705, Paris, Vrin, 1983, Livre II Des idées, chapitre IX De la Perception, § 8, pp.99-100.
Locke accepte la solution négative au problème.
Le problème est discuté au XVIII° siècle par :
Berkeley*. Dans sa Nouvelle théorie de la vision (1709), il essaie de montrer que la spatialité n’est pas vue comme telle mais qu’elle se construit par la liaison des impressions visuelles et tactiles qui rend possible la représentation.
Voltaire*. Dans ses Éléments de la philosophie de Newton (1738), il suit Berkeley :
« Nous apprenons à voir, précisément comme nous apprenons à parler et à lire. » Voltaire, Éléments de la philosophie de Newton, Deuxième partie, chapitre v.
Diderot. Dans sa Lettre sur les aveugles à ceux qui ne voient pas (1749° in Œuvres, tome I Philosophie, Paris, Robert Laffont, « Bouquins, pp.172-174.), il revient à l’idée d’une forme de spatialité de la vision.
Condillac. Dans son Essai sur l’origine des connaissances humaines(1749), section vi, il suit d’abord la solution de la spatialité de la vue avant, dans le Traité des sensations (1754) de considérer que seul le toucher rend possible la représentation de l’espace.
Préface, note 1, p.111.

Platon est né dans une famille noble d’Athènes entre 428 et 426 av. J.-C. C’est à 20 ans environ qu’il rencontre Socrate (~469-399 av. J.-C.). Il assiste au procès de ce dernier en 399 av. J.-C. À partir de la condamnation et de la mort de son maître, il se voue à la philosophie. Il fonde l’Académie en 387 av. J.-C. (qui lui survivra malgré de nombreuses modifications jusqu’en 527 ap. J.-C.). Par trois fois, il tente de convertir les tyrans de Sicile (388, 367 et 360) à la philosophie sans succès. Il meurt à Athènes à l’âge de 80 ou 81 ans entre 348 et 346 av. J.-C.
Les textes qui intéressent sa réflexion de l’âme sont le Phédon où l’immortalité de l’âme est démontrée ainsi que la métempsycose ; la République où la tripartition de l’âme est établie ; le Phèdre où le mythe de la chute est proposé et enfin le Timée, œuvre de la maturité, qui propose une synthèse de la théorie platonicienne de l’âme.
Première partie, chapitre 2 Que si les bêtes sentent, elles sentent comme nous, note 1 p.120.

Pythagoriciens. On nomme ainsi une école ou une secte de philosophes antiques dont le fondateur serait Pythagore (VI° siècle av. J.-C.). Les Pythagoriciens passent pour avoir défendu la métempsycose et le végétarisme.
Première partie, chapitre 2 Que si les bêtes sentent, elles sentent comme nous, note 1 p.120.

Quesnay (François) est né à Méré dans les Yvelines en 1694. Reçu docteur en médecine en 1744, il devint médecin consultant de Louis XV (1710-1725-1774) et surtout le chef de file des membres de l’école des physiocrates. Ces économistes tenaient le travail de la Terre pour la seule source de la valeur et ne voyaient que stérilité dans l’industrie. Ils prônaient à la fois le laisser faire dans l’ordre économique – ce sont les fondateurs du libéralisme –, régi selon eux par des lois intangibles, et le despotisme dans l’ordre politique pour faire respecter l’ordre économique. Sa pensée économique est résumée dans son Tableau économique de 1758. Il publia La Physiocratie en 1768.
Première partie, chapitre III Que dans l’hypothèse où les bêtes seraient des êtres purement matériels, M. de Buffon ne peut pas rendre raison du sentiment qu’il leur accorde, note 1, p.121.

Quintilien est né à Calagurris en Espagne en 30 de notre ère. Fils de rhéteur, il fait ses études à Rome et s’y fixera après un séjour en Espagne de 60 à 69. Son école de rhétorique, qui devint publique grâce aux subventions de l’empereur Vespasien (9-69-79), ouvrit vers 70 et ferma vers 90. Elle attira les enfants des meilleures familles. Il eut comme élève Pline le jeune (61-112), Tacite (~56-~117) et peut-être Juvénal ( ?-130). Il fut le précepteur des deux neveux de l’empereur Domitien (51-81-96). Il nous reste de lui son ouvrage l’Institution oratoire (De institutione oratoria) qu’il écrivit pour « une honnête jeunesse » (livre III, 6). On peut en dater la rédaction de 93 à 96. L’ouvrage a dû être publié au plus tard en 96. Il s’éteint peut-être en 97.
Condillac se réfère au chapitre 5 du livre VIII pour renforcer l’idée que le terme de sensation a été transporté du corps à l’âme. Il cite la première phrase du chapitre : « Sententiam ueteres quod animo sensissent uocauerunt » que Jean Cousin traduit ainsi : « Les anciens ont appelé sententia le sentiment intime. » puis prétend citer le chapitre 4. Dans l’édition que j’ai pu consulter qui est bien postérieure à celle que devait utiliser Condillac, c’est un passage du chapitre 5 qu’il cite. La traduction en est la suivante : « Il n’est pas rare cependant que l’on ait dit aussi sensa pour exprimer la même idée. Car sensus semblait se rapporter au corps. Mais l’habitude s’est établie dès lors d’appeler sensus les conceptions de l’esprit. » (Quintilien, Institution oratoire, tome V, Livres VIII-IX, texte établi et traduit par Jean Cousin, Paris, C.U.F., 1978).
Seconde partie, chapitre X De l’entendement et de la volonté, soit dans l’homme soit dans les bêtes, note 1 p.198.

Scolastiques. On nomme ainsi les universitaires européens, partisans de la pensée d’Aristote qui, depuis Thomas d’Aquin (Saint) au XIIIème, a été liée à la théologie chrétienne.
À l’instar d’Aristote (384-322 av. J.-C.), les scolastiques attribuent une âme aux animaux, dite sensitive qui se surajoute à l’âme végétative des plantes. L’homme possède en outre l’âme raisonnable.
Première partie, chapitre IV Que dans la supposition où les animaux seraient tout à la fois purement matériels et sensibles, ils ne sauraient veiller à leur conservation, s’ils n’étaient pas encore capables de connaissance, p. 128.

Voltaire (François Marie Arouet dit) est né à Paris (ou à Châtenay) en 1694 dans un milieu aisé. Une jeunesse agitée lui permet deux séjours à la Bastille et un exil de trois ans en Angleterre. De retour en France en novembre 1728, il publie en 1733 les Lettres anglaises (qui deviendront les Lettres philosophiques) qui l’amènent à fuir. En 1738, ce seront ses Éléments de la philosophie de Newton. Rentré en grâce en 1744, il devient historiographe du roi en 1745 et est élu à l’Académie française en 1746. De 1750 à 1753, il demeure auprès de Frédéric II de Prusse (1712-1740-1786). C’est en 1760 qu’il se fixe à Ferney et fait fructifier un patrimoine important qui lui apportera une immense richesse. Il prend part aux grands combats philosophiques pour la tolérance et contre l’injustice dans l’affaire Calas en 1762 pour laquelle il écrit le Traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas (1763), dans l’affaire Sirven (dont l’effigie est brûlée en 1764), l’affaire Lally (décapité en 1766) ou dans l’affaire du chevalier de la Barre, exécuté en 1766 pour impiété. Il s’est éteint en 1778 à Paris trois mois après un retour triomphal.
Voltaire a défendu la physique de Newton (1642-1727) contre celle de Descartes et la philosophie empiriste de Locke* contre les métaphysiques du XVII° siècle, celle de Descartes et des “cartésiens”, Malebranche* et Leibniz.
« Après tant de courses malheureuses, fatigué, harassé, honteux d’avoir cherché tant de vérités et d’avoir trouvé tant de chimères, je suis revenu à Locke, comme l’enfant prodigue qui retourne chez son père ; je me suis rejeté entre les bras d’un homme modeste, qui ne feint jamais de savoir ce qu’il ne sait pas ; qui, à la vérité, ne possède pas des richesses immenses, mais dont les fonds sont bien assurés, et qui jouit du bien le plus solide sans aucune ostentation. » Voltaire, Le Philosophe ignorant, XIX De Locke (1766).



[1] Les noms suivis d’un * sont l’objet d’une entrée dans cet index.

lundi 24 juin 2019

Le désir - dissertation : Le désir de savoir est-il comblé par la science ?

Faust a parcouru tout l’édifice des sciences et pourtant il n’est pas satisfait(cf. Annexe), raison pour laquelle il fera un pacte avec Méphistophélès (cf. Goethe, Faust, traduction de Gérard de Nerval, 1828). Le désir de savoir est-il comblé par la science ?
On pense généralement que c’est la science qui permet de savoir. Il est donc clair qu’en ce sens le désir de savoir est comblé par la science, c’est-à-dire la démarche qui consiste à démontrer ou prouver par l’expérience des théories. Seule la science comblerait la soif de savoir parce que tout autre prétention au savoir différent de la science paraîtra illusoire.
Et pourtant, la science, quelque progrès qu’elle fasse, apparaît divisée, occupée de petites tâches parcellaires, et passant toujours à côté des questions les plus importantes. La persistance des religions, voire d’antiques théories sans valeur comme l’astrologie, ne montre-t-elle pas cette impuissance ?
On peut donc se demander si le désir de savoir est comblé par la seule science ou bien s’il y a une connaissance autre que la science qui permet de réaliser le désir de savoir et laquelle.
Le désir de savoir peut être pensé comme comblé par la seule science universelle ou plutôt par le savoir que donne la foi mais finalement par la science positive lorsqu’elle s’est débarrassée de ses illusions.


Ce qu’il y a d’insatisfaisant dans le savoir des spécialistes, Socrate l’a montré au cours de sa défense si l’on en croit le témoignage de Platon qui nous est parvenu sous le titre d’Apologie de Socrate. En effet, voulant trouver le sens de la parole du Dieu qui l’a proclamé l’homme le plus sage, il va à la rencontre des « hommes de métier » (traduction Piettre, cf. 22d-e) chez qui il décèle un savoir, mais particulier, c’est-à-dire qui porte sur un domaine. Or, leur savoir s’accompagne d’une ignorance des limites de leur savoir. Ils sortent de leur domaine et prétendent connaître même les choses les plus importantes. Ainsi, pour que le désir de savoir pût être comblé, il faudrait tout connaître. Or, on pense généralement que c’est impossible. Comment résoudre alors le paradoxe de ce désir ?
Chaque science particulière peut être considérée comme une division de la science universelle, celle que les Grecs cherchaient selon Husserl dans « La crise de l’humanité européenne et la philosophie » (1935) (in La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, 1954). Une telle science doit remonter aux principes fondamentaux, et de là en déduire toute la connaissance humaine possible. Descartes l’a illustré par l’image de l’arbre dans sa lettre-préface aux Principes de la philosophie (1647). Il considère que la métaphysique en constitue les racines, la physique le tronc et la mécanique, la médecine et la morale, les branches principales. Cette science universelle répond au désir de savoir dans la mesure où elle réalise tout ce que l’homme peut connaître dans la mesure où la métaphysique fonde tout le savoir humain. Certes, aucun homme ne peut tout savoir en détail, mais il peut parcourir l’essentiel du savoir humain. Et surtout, la science universelle, couronnée par la morale, répond aux questions les plus importantes que l’homme se pose sur lui-même, notamment la question de savoir comment vivre.

Cependant, l’établissement des principes ne ressortit pas à la science au sens ordinaire puisque justement, il faut la rejeter pour les établir. C’est pourquoi le caractère scientifique de la métaphysique est douteux. Dès lors, le désir de savoir n’est-il pas comblé par tout autre chose que par la science ? Comment est-ce possible s’il s’agit de savoir ?


La science universelle finalement apparaît impossible ou plutôt on peut toujours avec les sceptiques la contester. Si faire œuvre de science, c’est prouver, on ne peut prouver les premiers principes. Ou alors, si on ne les prouve pas, il ne s’agit plus de science. Dès lors, le désir de savoir ne peut qu’être un désir insatisfait par la science s’il s’agit d’arriver à connaître. S’il s’agit simplement de chercher, alors c’est le scepticisme qui règne. Mais il creuse le manque que paraît constituer le désir plutôt qu’il ne le comble. Et surtout, le scepticisme est impossible car, comme Spinoza le montrait dans le Traité de la réforme de l’entendement (posthume, 1677, 47-48), le sceptique ne peut dire s’il sait ou ne sait pas puisqu’il ne peut que douter toujours. comment donc connaître les premiers principes si ce n’est par la science ?
Aussi est-ce bien plutôt la foi qui comble le désir de savoir si on en croit Pascal dans le n°110 de l’édition Lafuma des Pensées (posthume, 1670 pour la première édition). En effet, outre la raison, nous connaissons la vérité par le cœur selon lui. Telle est la connaissance des premiers principes. Ainsi, pour savoir, il ne faut pas s’en tenir à la science si par là on entend ce qui est prouvé ou démontré. Elle reste essentiellement hypothétique. Même les sciences particulières, les mathématiques ou la physique, dépendent de la connaissance de principes. Pascal donne comme premiers principes, le mouvement, le temps, l’espace, les nombres. Par exemple, nous sentons que l’espace a trois dimensions ou que les nombres sont infinis (ibid.). Et sans ce savoir qui repose sur le cœur ou le sentiment, il ne serait possible de rien connaître. Le désir de savoir n’est donc pas comblé par la science mais d’abord par le sentiment. Il est comblé par la présence mystérieuse du « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et de Dieu Jacob, non des philosophes et des savants » (cf. Pascal, Mémorial).

Néanmoins, la foi ne peut servir de succédané à l’impossibilité d’une métaphysique comme science première dans la mesure où elle impliquerait une pluralité de vérités, c’est-à-dire autant qu’il y a de religions, voire d’interprétations de la même religion, ce qui est contradictoire. Dès lors, faut-il toujours rechercher un fondement métaphysique pour que le désir de savoir soit comblé ou bien est-il possible de renoncer à un savoir absolu pour que le désir de savoir soit comblé ?


C’est que le savoir humain peut se penser comme limité et le désir de savoir comme impliquant cette limite. Lorsque Platon fait relater la généalogie d’Éros dans le Banquet par la prêtresse Diotime, il montre le caractère ambivalent du désir. Il est manque, mais il est également ressource. Aussi fait-elle de l’amour un philosophe, c’est-à-dire quelqu’un qui désire savoir. Pour cela, il faut savoir qu’on ne sait pas. De sorte que le désir de savoir s’il était comblé par la science disparaîtrait. Ce n’est pas pour rien que Socrate est celui qui interroge inlassablement. Ne dit-il pas dans l’Apologie qu’une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue (Platon, Apologie de Socrate, 38a) ? Dès lors, il faut justement reconnaître les limites du savoir pour que le désir de savoir puisse être comblé. Est-ce donc que la science peut le faire ?
C’est que le désir de savoir est d’abord désir d’un savoir absolu. C’est pourquoi l’esprit humain selon Auguste Comte dans la première leçon du Cours de philosophie positive (1830) commence par être satisfait dans son désir de savoir par la théologie. Dans cet état, des agents surnaturels expliquent aussi bien les régularités de la nature que leurs apparentes exceptions. Mais l’explication théologique finit par montrer son insuffisance. Elle reçoit alors une critique. Tel est l’office de la métaphysique. Cet état remplace les êtres surnaturels par des entités abstraites. Essentiellement négatif, l’état métaphysique se voit substituer le seul état satisfaisant, l’état positif. C’est celui de la science qui se limite à la connaissance des lois qui expriment les rapports nécessaires de succession et de ressemblance des phénomènes, c’est-à-dire de ce qui apparaît. Et pour permettre à la science de ne pas s’en tenir à une dispersion de recherches spécialisées, le désir de savoir peut être comblé par la philosophie positive, entendue comme spécialité qui étudie les principes généraux des sciences et en pense la liaison.


En un mot le problème était de savoir si le désir de savoir peut être comblé par la science ou par autre chose. On a vu en effet en quoi la science, si elle est science universelle, peut combler le désir de savoir. Mais comme la science universelle repose sur la métaphysique dont le caractère de science est discutable, le désir de savoir peut passer pour être satisfait par la foi entendue comme savoir direct par le sentiment des premiers principes. Aussi, c’est lorsque l’esprit humain est capable de reconnaître que la connaissance qu’il est capable d’obtenir est limité qu’il peut satisfaire pleinement son désir de savoir par la science entendue comme la recherche patiente et toujours provisoire des lois des phénomènes.



Annexe
Voilà ce que déclare Faust quand il apparaît dans la première partie de la pièce de Goethe :
« Philosophie, jurisprudence, médecine, et toi aussi, malheureuse théologie ! je vous ai donc étudiées avec grand’peine, et maintenant me voici, pauvre fou, tout aussi sage que devant. Je m’intitule, il est vrai, maître, docteur, et depuis dix ans je promène çà et là mes élèves par le nez. — Et je vois bien que nous ne pouvons rien savoir ! Voilà ce qui me brûle le sang ! Je suis, il est vrai, plus instruit que tout ce qu’il y a de sots, de docteurs, de maîtres, d’écrivains et de moines. Ni scrupule, ni doute ne me tourmentent ! Je ne crains ni diable, ni enfer ; mais aussi toute joie m’est enlevée. Je ne crois pas rien savoir de bon, ni pouvoir rien enseigner aux hommes pour les améliorer et les convertir. Aussi n’ai-je ni bien, ni argent, ni honneur, ni domination dans le monde ; un chien ne vivrait pas long-tems ainsi ! »

dimanche 16 juin 2019

La démocratie - biographie de Tocqueville

Vie.
Alexis-Henri-Charles Clérel, comte deTocqueville est né à Paris le 29 juillet 1805 dans une famille d’aristocrates normands viscéralement opposés à la révolution française qui échappèrent de peu à la guillotine durant la Terreur. Par son père, Hervé Clérel de Tocqueville, la noblesse de sa famille remontait à un compagnon de Guillaume le conquérant qui avait combattu à Hastings (1066). Sa mère, Louise le Pelletier de Rosambo, vient de la noblesse de robe. Elle est la petite fille de Malesherbes (1724-1794), ministre puis avocat de Louis XVI, guillotiné en 1794. Il séjourne à Verneuil-sur-Seine dont son père est maire par nomination de Napoléon 1er depuis 1804.
En 1822, Tocqueville a un enfant naturel avec une couturière. Il sera son seul descendant. Mais, enfant naturel, il ne sera ni reconnu, ni héritier.
Après son baccalauréat obtenu en 1823, il étudie le droit. 
En 1926, il obtient une licence en droit. il voyage en Italie et en Sicile.
En 1827, il entre à 22 ans dans la magistrature comme juge auditeur au tribunal de Versailles. Il fait la connaissance de Gustave de Beaumont (1802-1866).
En 1828 commence sa liaison avec Marie Motley (1799-1865), une roturière anglaise de six ans son aînée.
En 1829, son père, Hervé de Tocqueville, publie De la charte provinciale où il défend des contre-pouvoirs décentralisés dans un esprit aristocratique.
Le 31 janvier 1830, Charles X (1757-1824-1830-1836), roi de France, décide de s’emparer d’Alger : c’est le début de l’intervention et de la présence de la France en Algérie. Après les trois Glorieuses des 27, 28 et 29 juillet, Tocqueville prête serment au nouveau roi des Français, Louis-Philippe (1773-1830-1848-1850), de la famille Orléans. Il avait écrit à Marie Motley que la lâcheté des Bourbons ne méritait pas le sang qui a coulé pour eux.
Il a 26 ans lorsqu’il est envoyé avec Gustave de Beaumont aux États-Unis pour y étudier le système carcéral. Son séjour dure du 11 avril 1831 au 20 février 1832. Pour protester contre la révocation de son ami, il démissionne de la magistrature.
En 1833, il publie avec Gustave de Beaumont qui en est le principal rédacteur, Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application en FranceDevenu, avocat, il prononce une plaidoirie qui sera la seule de sa carrière pour son cousin Louis de Kergorlay (1804-1880). Il voyage en Angleterre, ce qui l’amène à s’intéresser à la question sociale (cf. Ferraton, Cyrille, « L’idée d'association chez Alexis de Tocqueville »).
Il trouve dans son voyage en Amérique la matière de son célèbre ouvrage, De la démocratie en Amérique, qu’il publie en 1835 pour le premier tome. Il obtient pour cet ouvrage le prix Montyon. Dans cet ouvrage, il présente la démocratie comme reposant sur l’égalité des conditions : « Le développement graduel de l’égalité des conditions est donc un fait providentiel, il en a les principaux caractères : il est universel, il est durable, il échappe chaque jour à la puissance humaine ; tous les événements, comme tous les hommes, servent à son développement. » Tocqueville, De la démocratie en Amérique, tome I, introduction. Cette égalité des conditions lui fait définir la démocratie comme un état social plutôt qu’un régime politique. Cet état social rend possible deux types de régimes politiques et deux seulement : soit chaque citoyen a des droits, soit aucun n’en a. Il dépend donc des hommes de réaliser l’un ou l’autre. Dans le même temps, son ami Gustave de Beaumont publie Marie ou l’esclavage aux États-Unis où la condition contradictoire des noirs est présentée. Il y écrit : « D’après la loi, le nègre est en tous points l’égal du Blanc ; il a les mêmes droits civils et politiques ; il peut être président des États-Unis ; mais, en fait, l’exercice de tous ces droits lui est refusé, et c’est à peine s’il peut saisir une position sociale supérieure à la domesticité. Dans ces états de prétendue liberté, le nègre n’est plus l’esclave ; mais il n’a de l’homme libre que le nom. » Il publie également Mémoire sur le paupérisme. Il voyage en Angleterre où il rencontre le philosophe utilitariste John Stuart Mill (1806-1873) et en Irlande. Il épouse Marie Motley le 26 octobre.
En 1836, sur la recommandation de John Stuart Mill, il publie un article la London et Westminster Reviewintitulé L’état social et politique de la France avant et depuis 1789. Il y porte un jugement sur la révolution française qui en minimise la portée ou plutôt qui conduit à la considérer comme s’inscrivant dans une histoire qui s’écrivait : « Tout ce que la Révolution a fait se fût fait, je n’en doute pas, sans elle ;elle n’a été qu’un procédé violent et rapide à l’aide duquel on a adapté l’état politique à l’état social, les faits aux idées et les lois aux mœurs. » Il hérite du château familial, qu’il accepte, et du titre de comte qu’il refuse de porter. Il voyage en Suisse.
En 1837, il échoue aux élections législatives de Valognes dans la Manche. Il rédige le second Mémoire sur le paupérisme. Il écrit deuxLettres sur l’Algériedont la première est datée du 23 juin où il se montre favorable à la colonisation française tout en critiquant les modalités du point de vue de l’efficacité.
Le 6 janvier 1838, Il entre à l’académie des sciences morales et politiques. Il lit le Coranqui ne trouve pas grâce à ses yeux.
Il devient député de Valognes dans la Manche le 2 mars 1839. Il siège au centre gauche, autrement dit, du côté des libéraux. Il écrit un Rapport fait au nom de la commission chargée d’examiner la proposition de M. de Tracy, relative aux esclaves des colonies françaisespour la séance du 23 juillet. Le rapport préconise une libération des esclaves noirs. Il réfute l’idée qu’il serait possible de les préparer à la liberté dans l’esclavage et qu’il faudrait une libération graduelle selon le vœu du député Victor Destutt de Tracy (1781-1864), mais elle prévoit un état transitoire à l’imitation de la libération, acquise en 1833 dans les colonies anglaises comme la Jamaïque. La libération des esclaves noirs attendra la seconde république.
En 1840 paraît le second tome de De la démocratie en Amérique. C’est une réflexion plus abstraite qui reçoit un accueil plus froid. Il s’y livre à une analyse qui étudie les effets de la démocratie sur différents aspects de la vie américaine, sur la vie intellectuel (partie I), sur les sentiments (partie II), sur les mœurs (partie III), avant d’analyser son influence sur la société politique (partie IV). La démocratie est donc un fait social avant d’être un régime politique. Tocqueville oppose la démocratie aux siècles aristocratiques dans lesquels il fait entrer les cités antiques, y compris Athènes (partie I, chapitre 15). Il analyse le danger d’un nouveau despotisme plus doux mais aussi plus intrusif que le despotisme antique, qui annihilerait la liberté tout en renforçant l’égalité. Il montre également que ce nouveau despotisme n’est pas fatal. Il propose comme solution la mise en œuvre d’associations nombreuses et diverses qui joueraient le rôle de l’aristocratie des temps de l’inégalité des conditions.
En 1841, il voyage en Algérie. Le 18 juin, il écrit dans une lettre à John Stuart Mill que la colonisation en Algérie est de nature à réveiller une classe moyenne amollie par la recherche des jouissances matérielles. Il est favorable à une guerre en Algérie qui consiste à la ravager pour mieux dominer les populations locales. Il écrit notamment : « J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n’approuve pas, trouver mauvais qu’on brûlât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. (…) Je crois que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le faire soit en détruisant les moissons à l’époque de la récolte, soit dans tous les temps en faisant de ces incursions rapides qu’on nomme razzias et qui ont pour objet de s’emparer des hommes ou des troupeaux » (Travail sur l’Algérie, octobre 1841). Il entre à l’académie française le 23 décembre en remplacement du comte Lacuée de Cessac (1752-1841), un ancien général et ministre de Napoléon 1er.
En 1842, il est reçu à l’Académie française par le comte Mathieu Molé (1781-1855) le 21 avril. Il est conseiller général de la Manche sous la monarchie de Juillet. Il est réélu député de Valognes. Il est élu au Conseil général de la Manche dans le canton Montebourg/Sainte-Mère-Église.
En 1843, il donne des Lettres sur la situation intérieure de la France. Il fait un Rapport sur les enfants trouvéspour le Conseil général de la Manche. Il fait au parlement un Rapport sur la réforme des prisons le 5 juillet. Il prend sous son aile Arthur de Gobineau (1816-1882). Il lui fait rédiger un panorama de la philosophie morale anglaise et allemande (qui paraîtra en 1859 sous le titre Coup d’œil sur la philosophie morale).
En 1844, il fait un second Rapport sur les enfants trouvéset un premier Rapport sur la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg pour le Conseil général de la Manche. Il commence à être un membre dirigeant et influent du journal Le Commerce.
En 1845, il fait un troisième Rapport sur les enfants trouvés pour le Conseil général de la Manche et un deuxième Rapport sur la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg pour le Conseil général de la Manche. Son rôle de dirigeant du Commerce s’achève.
En 1846 il publie Histoire philosophique du règne de Louis XIV en deux volumes. Il est réélu député de Valognes. Il fait un quatrième Rapport sur les enfants trouvés pour le Conseil général de la Manche et un troisième Rapport sur la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg pour le Conseil général de la Manche. Il fait un second voyage en Algérie. Il prend des contacts pour constituer la « jeune gauche ». Ce projet de parti visait notamment à régler la question sociale par des interventions de l’État (cf. Ferraton, Cyrille, « L’idée d'association chez Alexis de Tocqueville »).
En 1847, il fait un Rapport parlementaire sur l’Algériele 24 mai, relatif au Projet de loi relatifs aux crédits extraordinaires demandés pour l’Algériedu 24 mai où il se montre un ferme partisan de la colonisation. Dans les Fragments d’une politique sociale, il se montre partisan d’un État interventionniste pour régler la question sociale. Il veut donc pour aider le peuple des mesures qu’il liste ainsi : « – En établissant des institutions qui soient particulièrement à son usage, dont il puisse se servir pour s’éclairer, s’enrichir, telles que caisses d’épargne, institutions de crédit, écoles gratuites, lois restrictives de la durée du travail, salles d’asile, ouvroirs, caisses de secours mutuels. – En venant enfin directement à son secours et en soulageant sa misère, avec les ressources de l’impôt : hospices, bureaux de bienfaisance, taxe des pauvres, distribution des denrées, de travail, d’argent. En définitive, trois moyens de venir au secours du peuple : 1. Le décharger d’une partie des charges publiques ou du moins ne l’en charger que proportionnellement. 2. Mettre à sa portée les institutions qui peuvent lui permettre de se tirer d’affaire et de s’assister. 3 Venir à son secours et l’assister directement dans ses besoins »
Le 17 janvier 1848, il fait un discours où il dit notamment : « Je crois que nous nous endormons sur un volcan ». Les journées révolutionnaires des 22 au 25 février 1848 instaure la République, la seconde. Le 26 février sont créés les ateliers nationaux qui donnent du travail aux ouvriers. Le 27 avril est pris le décret, signé par tous les membres du gouvernement, qui met fin à l’esclavage dans les colonies françaises. Tocqueville est élu au Conseil général de la Manche au suffrage universel. Puis, il est élu à la Constituante. Il fait un Discours sur le droit au travaildont il se montre un adversaire résolu. Il se prononce contre un amendement qui visait à en consacrer le droit dans la nouvelle constitution : « (…) l’amendement, avec le sens que les paroles qui ont été prononcées et surtout les faits récents lui donnent, l’amendement qui accorde à chaque homme en particulier le droit général, absolu, irrésistible, au travail, cet amendement mène nécessairement à l’une de ces conséquences : ou l’État entreprendra de donner à tous les travailleurs qui se présenteront à lui l’emploi qui leur manque, et alors il est entraîné peu à peu à se faire industriel ; et comme il est l’entrepreneur d’industrie qu’on rencontre partout, le seul qui ne puisse refuser le travail, et celui qui d’ordinaire impose la moindre tâche, il est invinciblement conduit à se faire le principal, et bientôt, en quelque sorte, l’unique entrepreneur de l’industrie. Un fois arrivé là, l’impôt n’est plus le moyen de faire fonctionner la machine du gouvernement, mais le grand moyen d’alimenter l’industrie. Accumulant ainsi dans ses mains tous les capitaux des particuliers, l’État devient enfin le propriétaire unique de toutes choses. Or, cela c’est le communisme.
Si, au contraire, l’État veut échapper à la nécessité fatale dont je viens de parler, s’il veut, non plus par lui-même et par ses propres ressources, donner du travail à tous les ouvriers qui se présentent, mais veiller à ce qu’ils en trouvent toujours chez les particuliers, il est entraîné fatalement à tenter cette réglementation de l’industrie qu’adoptait, si je ne me trompe, dans son système, l’honorable préopinant. Il est obligé de faire en sorte qu’il n’y ait pas de chômage ; cela le mène forcément à distribuer les travailleurs de manière à ce qu’ils ne se fassent pas concurrence, à régler les salaires, tantôt à modérer la production, tantôt à l’accélérer, en un mot, à se faire le grand et unique organisateur du travail. » Le 21 juin, les ateliers nationaux sont fermés. D’où une agitation des ouvriers jetée au chômage qui se manifeste le 22. Tocqueville approuve la répression sanglante des ouvriers lors des journées des 23 au 26 juin 1848, massacrés notamment par les troupes coloniales revenues d’Algérie du général Cavaignac (1802-1857). Les journées feront 1600 morts du côté des forces de l’ordre et environ 4000 morts et 4000 déportés en Algérie. Tocqueville est élu à l’assemblée constituante en juillet et s’inscrit dans le parti de l’Ordre, c’est-à-dire des conservateurs. Marx parlera à ce propos du « pouvoir dictatorial » de Cavaignac (Le dix-huit brumaire de Louis Bonaparte, II).
En janvier 1849, Guizot publie De la démocratieen France qui vise à montrer que ce régime ne peut que conduire à l’anarchie au sens du désordre ou de la destruction de la société bourgeoise. Tocqueville voyage dans les États allemands. Il est élu à l’assemblée législative. Le 30 avril, le législateur ordonne une indemnisation des anciens propriétaires d’esclaves. N’était-il pas évident qu’ils étaient les victimes de l’abolition de l’esclavage ? Tocqueville est ministre des affaires étrangères du nouveau président, Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873) de juin à octobre. Il fait de Gobineau son directeur de cabinet. Il devient président du Conseil général de la Manche.
En 1850, il publie Coup d’œil philosophique sous le règne de Louis XVI. Il est réélu président du Conseil général de la Manche. Il voyage en Italie. Il commence la rédaction de ses Souvenirsqu’il continuera l’année suivante.
En 1851, il est réélu président du Conseil général de la Manche. il est rapporteur de la commission de la révision de la constitution (cf. Marx, Le dix-huit brumaire de Louis Bonaparte, VI). Elle a l’approbation de Louis-Napoléon Bonaparte. Le 21 juillet le projet de révision de la constitution n’obtient pas la majorité qualifiée des ¾. Hostile au coup d’État du 2 décembre fomenté par le président, il fait partie des députés qui signent le décret de déchéance de Louis-Napoléon Bonaparte. Il est quelques temps emprisonné.
Le 2 décembre 1852, le second empire est instauré et Napoléon III devient empereur des français, à la date anniversaire du coup d’État, mais aussi du sacre de Napoléon 1er (1804) et de la bataille d’Austerlitz (1805). Tocqueville est réélu président du Conseil général de la Manche. Il y fait un quatrième Rapport sur la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg. Finalement, il démissionne de la présidence du Conseil général. Tocqueville se retire dans son château de Tocqueville espérant dans le comte de Chambord (1820-1893), héritier et prétendant au trône de France.
En 1853, Gobineau fait paraître une partie de son Essai sur l’inégalité des races humaines. Tocqueville lui écrit dans une lettre datée du 20 décembre : « Si je n’aime pas beaucoup l’œuvre, j’aime l’auteur, et cela vaut mieux, quoique peut-être cela ne vous satisfasse pas complètement ». En effet, Tocqueville s’oppose au déterminisme racial de son jeune ami. Il s’oppose à ce qui anime Gobineau, à savoir la « haine de la démocratieet de son arme, la Révolution » (cf. Gobineau à Prokesch-Osten en 1856).
En 1854, il voyage pour la seconde fois dans les États allemands.
En 1855, Gobineau fait paraître la totalité de son Essai sur l’inégalité des races humaines.
Il publie en 1856 la première partie de L’Ancien régime et la révolution, la seconde partie est inachevée. Gobineau, par ailleurs théoricien raciste, dans une lettre datée du 29 novembre 1856, lui reproche une incohérence : d’un côté, il voit dans la Révolution une pente fatale et dans les révolutionnaires, les continuateurs de l’action égalisatrice de la monarchie d’Ancien régime, d’un autre côté, il admire la Constituante. C’est qu’en réalité, Tocqueville voit dans son œuvre l’avènement de la liberté politique.
En 1857, il voyage en Angleterre.
Il meurt à Cannes le 16 avril 1859 atteint d’une tuberculose.

Bibliographie
Œuvres
Publiées de son vivant
Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application en France, rapport écrit avec Gustave de Beaumont, 1833 ; Mémoire sur le paupérisme, publié dans les Mémoires de la Société académique de Cherbourg ; De la démocratie en Amérique, première partie, 1835 ; De la démocratie en Amérique, seconde partie, 1840 ; L’Ancien régime et la Révolution, 1856.
Publiées à titre posthume
Quinze jours au désert, récit d’un périple aux confins de l’avancée de la civilisation européenne, au contact de la forêt primitive, entrepris lors de son séjour américain en 1831-1832, 1861 ; Regards sur le Bas-Canada, notes de la partie canadienne de son séjour américain en 1831-1832 Considérations sur la Révolution, reconstitution à partir de plans, chapitres rédigés, ébauches et notes de ce qui devait être le deuxième volet de son étude consacrée à la Révolution ; Souvenirs, 1893.

Ouvrages
Aron, Raymond, Les étapes de la pensée sociologique(1967), Gallimard, Tel, 1977.
Krulic, Brigitte, Tocqueville, Gallimard, 2016.
Manent, Pierre, Tocqueville et la nature de la démocratie(1982), Gallimard, Tel, 1993.
Marx, Karl, Le dix-huit brumaire de Louis Bonaparte(1852), Les éditions sociales, 1869.
Todorov, Tzvetan (1939-2017), Nous et les autres, Le Seuil, 1989.

Articles
Capdevila, Nestor, « Marx ou Tocqueville : capitalisme ou démocratie », Actuel Marx, volume 46, n°2, 2009.
Ferraton, Cyrille, « L’idée d'association chez Alexis de Tocqueville », Cahiers d'économie Politique, volume 46, n°1, 2004.
Harzoune, Mustapha, « Gustave de Beaumont, Marie ou l’esclavage aux États-Unis », Hommes & migrations, 1307 | 2014.
Hurtado, Jimena. « L'inégalité au temps de l’égalité : démocratie, industrialisation et paupérisme chez Alexis de Tocqueville », Cahiers d'économie Politique / Papers in Political Economy, volume 59, n°2, 2010.
Keslassy, Éric, « Tocqueville, ou la proposition d'un nouvel État », L'Économie politique, volume n° 11, n°3, 2001.
Le Cour Grandmaison, Olivier, « Les impasses du débat sur la torture en Algérie. Quand Tocqueville légitimait les boucheries », Le Monde diplomatique, juin 2001.