Hannah Arendt est née à Hanovre le 14 octobre 1906 dans une famille de juifs laïcs. Paul, son père, ingénieur, meurt en octobre 1913 : elle a sept ans. Elle reste avec sa mère Martha Cohn, femme de grande culture, excellente pianiste. Cette dernière se remarie en 1920 avec Martin Beerwald (1864-1941) qui avait deux filles d’un précédent mariage, Eva (1902-1988) et Clara (1901-1932). En 1924, elle obtient son Abitur (le baccalauréat allemand). Elle commence des études supérieures de philosophie, théologie et de philologie classique( = latin et grec). En 1925, elle suit les cours de Martin Heidegger (1889-1976) sur Le Sophiste et Le Philèbe de Platon à Marbourg. Elle a avec son professeur une relation passionnelle. Hans-Georg Gadamer (1900 -2002) qui fut élève de Heidegger en même temps qu’elle, l'appelle dans un texte autobiographique « la jeune fille toujours en robe verte qu'on ne pouvait pas manquer de remarquer » .Après avoir rompu avec lui, elle poursuit ses études à Fribourg-en-Brisgau pour devenir l’élève d’Edmund Husserl (1859-1938). Recommandée par Heidegger, elle suit les cours de Karl Jaspers (1883-1969) à Heidelberg. Sous sa direction elle rédige sa thèse de doctorat sur le Concept d’amour chez Augustin (Der Liebesbegriff bei Augustin) qui paraît en 1929. Elle épouse un étudiant juif Günther Stern (1902-1992, il se fera nommé plus tard Günther Anders, son nom de plume). Elle obtient une bourse d’études pour travailler à une biographie de Rahel Varnhagen (1771-1833), une juive allemande, écrivaine dont le salon était fréquenté par les écrivains romantiques.
Recommandée par Heidegger, elle suit les cours de Karl Jaspers à Heidelberg. Sous sa direction elle rédige sa thèse de doctorat sur le Concept d’amour chez Augustin (Der Liebesbegriff bei Augustin).
En 1933, après l’accession d’Adolf Hitler (1889-1945) au pouvoir, Hannah Arendt est chargée par Kurt Blumenfeld (1884-1963), membre de l’organisation sioniste mondiale, de recueillir les témoignages de la propagande antisémite en Allemagne. Arrêtée par la Gestapo, elle est bientôt relâchée. Elle quitte l’Allemagne pour la France où elle participe à l’accueil des réfugiés fuyant le nazisme. En trois mois, elle apprend le français et peut écrire des articles en français. Elle travaille pour l’Aliya, une organisation qui prépare de jeunes juifs à s’installer en Palestine. Son mari obtient un poste d’enseignant à l’Institut d’études germaniques grâce au philosophe existentialiste chrétien, Gabriel Marcel (1889-1973).En 1937, elle divorce d’avec lui.
Elle se remarie le 16 janvier 1940 avec Heinrich Blücher (1899-1970) un ancien spartakiste ( = communiste allemand). En mai 1940, elle est internée comme allemande au camp de Gurs (actuelles Pyrénées-Atlantiques). Elle s’enfuit à Montauban puis gagne Marseille. Elle y obtient, grâce au Centre américain d’Urgence de Varian Mackay Fry (1907-1967), un visa pour le Portugal. Elle vit quelques temps à Lisbonne.
En mai 1941 elle embarque pour l’Amérique. Arrivée avec son mari, elle n’a pas d’argent et aucun des deux ne parle anglais. A trente-cinq ans , elle travaille comme jeune fille au pair dans une famille de la moyenne bourgeoisie américaine pour apprendre l’anglais. Elle s’installe à New York où elle collabore à plusieurs journaux. Après la Seconde Guerre mondiale, elle retourne en Allemagne où elle renoue avec Heidegger et témoigne en sa faveur lors de son procès en dénazification et avec le couple Jaspers dont elle devient une amie intime. En 1951, naturalisée citoyenne des États-Unis d’Amérique, elle entame une carrière universitaire. Elle publie son grand livre Les Origines du totalitarisme (The Origins of Totalitarianism) en anglais. En 1958 elle fait paraître Condition de l’homme moderne (The human condition) et son travail sur Rahel Varnhagen. La vie d’une Juive allemande à l’époque du romantisme (Rahel Varnhagen : The Life of a Jewess). En 1961, elle fait paraître un recueil de textes : La Crise de la culture (Between past and future : Six Exercices in Political Thought).
Elle couvre à Jérusalem pour un journal américain, le New Yorker, le procès du responsable nazi Adolf Eichmann (1906-1962) capturé le 11 avril 1960 par les services secrets israéliens à Buenos Aires. Le 15 décembre il est condamné à mort et pendu le 1erjuin 1962. En 1963, les articles qu’elle avait écrits sont réunis dans un livre intitulé, Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal (Eichmann in Jerusalem : A Report on the Banality of Evil). S’ensuit une violente polémique où on va jusqu’à l’accuser d’être nazie. Elle perd nombre de ses amis dont Hans Jonas qui lui envoie une lettre de rupture ou encore Gershom Scholem. Au reproche de ne pas aimer le peuple juif qu’il lui adresse, elle répond : « Vous avez parfaitement raison de dire que je n’ai pas d’« amour » de ce genre ; et ce pour deux raisons : premièrement je n’ai de toute ma vie jamais « aimé » quelque peuple ou collectif que ce soit, ni l’allemand, ni le français, ni l’américain, ni par exemple la classe ouvrière ou quoi que ce soit relevanrt de cette gamme de prix. Je n’aime en fait que mes amis et suis totalement inapte à tout autre amour. » ( lettre du 20 juillet 1963). La même année, elle publie son Essai sur la révolution (On revolution). À partir de 1963, elle devient titulaire de la chaire de science politique à l’université de Chicago.
En 1966, elle apporte son soutien à la pièce de théâtre de l’allemand Rolf Hochhuth (né en 1931), Le Vicaire, œuvre qui critique l’action du pape Pie XII 1869-1939-1958) face à la Shoah. En 1967, elle est nommée professeur à la New School for Social Research (New York) où elle restera jusqu’à sa mort. En 1968 La crise de la culture est augmentée de deux essais. Elle publie Vies politiques (Men in Dark Times). En 1971, elle donne une édition augmentée de ses Vies politiques. En 1972, elle publie Du mensonge à la violence. Essais de politique contemporaine (Crise of the Republic).
En 1973, elle commence une série de conférences à Aberdeen sur « La pensée », et « Le vouloir » qui constituent les deux premières parties de son livre posthume La Vie de l’esprit, dont elle n’a pas eu le temps d’écrire la troisième et dernière partie, « Juger ». Elle meurt le 4 décembre 1975 à New York devant sa machine à écrire. Elle est enterrée au Bard College d’Annandale-on-Hudson, où son mari avait enseigné pendant de nombreuses années. Lors des obsèques, son ami le philosophe Hans Jonas (1903-1993) après avoir prononcé le kaddish, la prière rituelle juive pour le défunt, lui dira : « Avec ta mort tu as laissé le monde un peu plus glacé qu’il n’était. »
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