L’édition utilisée est :
Platon, Ion (Sur l’Iliade), [genre critique], traduction Émile Chambry (1864-1938) légèrement modifiée par mes soins, Garnier Frères, 1969, GF Flammarion n°129, p.409-428.
On la trouvera grâce au lien suivant : https://laphilodeluxe.blogspot.com/2019/02/platon-ion-texte-complet.html
Pour le texte grec et les traductions que j’ai consultées :
Platon, Œuvres complètes, tome V – 1èrePartie. Ion– Ménéxène – Euthydème, texte établi et traduit par Louis Méridier, Paris, C.U.F., 1949.
Platon, Ion, traduction de Victor Cousin (1792-1867) publiée en 1827, (sur http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/cousin/ion.htm)
Platon, Ion, traduction Louis Mertz (18 ??-19 ??), 1903 (sur Hodoi Elektronikai http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/platon_ion/lecture/default.htm)
Platon, Œuvres complètes, I, traduction Léon Robin (1866-1947), Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1950, p.57-72.
Platon, Ion, introduction, traduction, notes et bibliographie par Jean-François Pradeau suivi de Edouard Mehl, Deux lectures de l’Ion : M. Ficin et J.W. Goethe, Jean Luc Nancy, Le partage des voix, Ellipses, « Petite bibliothèque de philosophie », 2001.
Platon, Œuvres complètes sous la direction de Luc Brisson, Flammarion, 2008, 2011. Ionest traduit par Monique Canto, p.572-585.
Articles consultés.
Moreau (Joseph), « Les thèmes platoniciens de l’Ion », in Revue des Études Grecques, tome 52, fascicule 246-247, juillet-septembre 1939, p.419-428.
Vicaire (Paul), « Platon et la divination », in Revue des Études Grecques, tome 83, fascicule 396-398, juillet-décembre 1970, p.333-350.
Plan
Prologue. Socrate et Ion se rencontrent à Athènes. Le second, rhapsode, vainqueur d’un concours à Épidaure, va concourir aux Panathénées. Il prétend posséder un art qui consiste notamment à interpréter Homère.
(« Socrate. – Salut à Ion. (…) Ma foi, je veux me donner un jour le loisir de t’écouter. » 530a-d ; p.409-410)
Première partie. Réfutation de la prétention d’Ion à exercer un art.
(« Socrate. – (…) Pour le moment, je ne te demanderai qu’une chose (…) Ion. – (…) Vois donc ce qu’il en est. » 531a-533b ; p.410-415)
1) Ion ne peut parler que d’Homère alors que ce dernier traite des mêmes sujets que les autres poètes. L’exemple de l’art de la divination.
(« Socrate. – (…) Pour le moment (…) Ion. – C’est vrai, Socrate. » 531a-d ; p.410-412)
2) Connaître un art présuppose de savoir juger de ceux qui prétendent s’y connaître. Démonstration par induction.
(« Socrate. – Mais quoi ! Les autres poètes (…) traitent des mêmes objets. » 531d-532b ; p.412-413)
a) Ion prétend qu’Homère est supérieur aux autres poètes.
(« Socrate. – Mais quoi ! (…) Ion. – Mieux, sans nul doute, par Zeus. » 531d ; p.412)
b) L’exemple de l’arithmétique.
(« Socrate. – Hé ! Chère tête, Ion (…) Ion. – Oui. » 531d-e ; p.412)
c) L’exemple de la médecine.
(« Socrate. – Mais quoi ! Quand plusieurs personnes (…) Ion. – Le médecin. » 531e ; p.412-413)
d) Généralisation ou induction.
(« Socrate. – En résumé, nous disons donc (…) Ion. – Oui. » 531e-532a ; p.413)
e) Application à la prétention d’Ion : il doit pouvoir juger des autres poètes et non du seul Homère s’il possède un art et une science.
(« Socrate. – Ne prétends-tu pas (…) traitent des mêmes objets. » 532a-b ; p.413)
3) Réfutation de la prétention d’Ion à posséder un art et une science (grec ancien ἐπιστήμη, épistèmê).
(« Ion. – Mais alors, Socrate, quelle peut être la cause (…) Vois donc ce qu’il en est. » 532b-533c ; p.414-415)
a) Exposé de la thèse de Socrate : Ion ne parle d’Homère ni par art ni par science.
(« Ion. – Mais alors, Socrate (…) Socrate. – (…) veux-tu le savoir, Ion. » 532c-d ; p.414)
b) Digression sur les sages (grec ancien σοφοὶ, sophoï, pluriel de σοφός, sophos). Socrate récuse le terme qu’il renvoie aux rhapsodes ou acteurs (grec ancien au singulier ὑποκριτής, hypokritès). Il va démontrer que ce qu’il avance ne constitue pas un savoir spécifique.
(« Ion. – Oui, par Zeus (…) Socrate. – (…) comme il convient à un profane. » (532d-e ; p.414)
c) L’exemple de la peinture illustre l’idée que n’importe qui peut saisir ce que signifie posséder un art et une science.
(« Socrate. – (…) Par exemple, à propos de la question (…) Ion. – Non, par Zeus, non. » 532e-533a ; p.414-415)
d) L’exemple de la sculpture.
(« Socrate. – Et en sculpture (…) Ion. – (…) je n’en ai pas vu non plus. » 533a-b ; p.415)
e) Autres arts : art de jouer de la flute ou de la cithare, art de chanter en s’accompagnant de la cithare, la rhapsodie.
(« Socrate. – Poursuivons (…) Ion. – (…) Vois donc ce qu’il en est. » 533b-c ; p.415)
Seconde partie. L’inspiration divine, cause de la rhapsodie, de la poésie et des effets sur les spectateurs, explique que ni la rhapsodie, ni la poésie ne sont des arts.
(« Socrate. – Je vois, Ion, et vais te faire voir ce que c’est (…) ton habileté à louer Homère. » 533c-536d ; p.415-419)
1) La thèse de Socrate est qu’Ion est animé par une puissance divine. L’image de l’aimant (pierre de Magnésie ou pierre d’Héraclée).
(« Socrate. – Je vois, Ion (…) leur puissance de cette pierre. » 533c-e ; p.415-416)
2) Le poète crée non selon un art mais grâce à une inspiration divine : il est hors de lui-même. L’image des abeilles. Chaque poète crée dans un genre, voire un seul poème.
(« Socrate. – (…) C’est ainsi que la Muse inspire(…) Ion. – (…) les interprètes des dieux. » 533e-535a ; p.416-417)
3) Les rhapsodes : interprètes d’interprètes sont aussi inspirés et hors d’eux-mêmes.
(« Socrate. – Vous autres rhapsodes (…) Ion. – (…) à te dire la vérité. » 535a-d ; p.417-418)
4) Les effets sur les spectateurs : pitié et terreur. Ion montre une distance par rapport à son rôle.
(« Socrate. – Sais-tu bien (…) Ion. – (…) de ma recette manquée. » 535d-e ; p.418)
5) Récapitulation : la chaine de l’inspiration du divin aux spectateurs en passant par les poètes et les rhapsodes ou acteurs. Est expliqué l’attachement à un poète.
(« Socrate. – Tu vois maintenant que le spectateur (…) ton habileté à louer Homère. » 535e-536d ; p.418-419)
Troisième partie. Seconde réfutation de la prétention d’Ion à exercer un art.
(« Ion. – Tu parles bien, Socrate. (…) Socrate. – (…) Éphèse n’égale-t-elle pas n’importe quelle ville ? » 536d-541d ; p.419-428).
1) La rhapsodie ne peut juger des autres arts qui sont les sujets du poète.
(« Ion. – Tu parles bien (…) Ce que tu dis est vrai, Socrate. » 536d-539d ; p.419-424)
a) Ion réitère sa prétention à exercer un art.
(« Ion. – Tu parles bien (…) et que je ne connais pas ? » 536d-e ; p.419-420)
b) L’exemple du cocher et d’autres (médecine, art du pilote, art du charpentier) montrent que chaque art permet une connaissance spécifique et différente des autres arts.
(« Socrate. – N’y a-t-il pas dans Homère (…) Ion. – Oui. » 537a-538b ; p.420-422)
a) Chaque art permet une connaissance spécifique (début).
(« Socrate. – N’y a-t-il pas (…) nous ne l’apprendrons pas par un autre, n’est-ce pas ? » 537a-d ; p.420-421)
b) Chaque art a un objet différent.
(« Socrate. – (…) Mais avant de répondre à cette question-là (…) Ion. – Oui. » 537d-e ; p.421)
g) Chaque art permet une connaissance spécifique qui permet de connaître ce qui se dit ou se fait dans son domaine (fin).
(« Socrate. – Réponds donc maintenant à la question (…) Ion. – Oui. » 538a-b ; p.421-422)
c) L’exemple de la médecine illustre la thèse de la spécificité de la connaissance de chaque art.
(« Socrate. – Et quand Homère dit qu’Hécamédé (…) Ion. – À l’art du médecin. » 538b-c ; p.422)
d) L’exemple de la pêche.
(« Socrate. – Et quand Homère dit (…) Ion. – (…) c’est l’art du pêcheur. » 538c-d ; p.423)
e) L’exemple de la divination. Socrate inverse les rôles : il est Ion interrogeant Socrate pour lui montrer comment on pense – image du dialogue platonicien.
(« Socrate. – Mais vois, supposons (…) Ion. – Ce que tu dis est vrai, Socrate. » 538d-539d ; p.423-424)
2) La rhapsodie n’a pas d’objet spécifique.
(« Socrate. – Ta réponse aussi l’est, Ion. (…) Éphèse n’égale-t-elle pas n’importe quelle ville ? » 539d-541d ; p.424-428)
a) Socrate interroge à son tour Ion sur l’art du rhapsode dans Homère qui prétend à nouveau tout connaître. Socrate lui reproche ironiquement son manque de mémoire.
(« Socrate. – Ta réponse aussi l’est (…) puisqu’il ne les connaît pas tous ? » 539d-540b ; p.424-425)
b) Ion découvre un domaine apparemment spécifique : il prétend connaître le langage que chaque type humain de la cité doit utiliser. Socrate lui démontre de façon inductive (c’est-à-dire à partir de cas particuliers) que la connaissance du langage approprié présuppose la connaissance d’un art
(« Ion. – Il connaîtra, je pense, le langage qu’il convient (…) Ion. – Non. » 540b-c ; p.425)
c) Ion finalement prétend qu’être rhapsode c’est être stratège. Il est le meilleur stratège de la Grèce, art qu’il a appris dans l’œuvre d’Homère.
(« Socrate. – Alors, est-ce ce que doit dire le stratège (…) Socrate. – Éphèse n’égale-t-elle pas n’importe quelle ville ? » 540d-541d ; p.425-428)
a) Ion s’entête à identifier la rhapsodie avec l’art de la guerre alors que Socrate lui montre qu’on peut être compétent dans deux arts qui restent différents.
(« Socrate. – Alors, est-ce ce que doit dire (…) Ion. – (…) j’ai appris cet art dans Homère. » 540d-541b ; p.425-426)
b) Réfutation par les faits de la prétention d’Ion à être le meilleur stratège de la Grèce : s’il l’était, il commanderait des armées et ne serait pas rhapsode, ce qui est bien moins valorisant.
(« Socrate. – Pourquoi donc, au nom des Dieux, Ion (…) n’importe quelle ville ? » 541b-d ; p.427-428)
Conclusion. Ion accepte d’être plutôt qualifié d’homme divin que d’homme injuste.
(« Socrate. – (…) Quant à toi, Ion, si tu dis vrai, que tu es capable (…) tes beaux discours sur Homère ne doivent rien à l’art. » 541e-542b ; p.428)
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