Michel Foucault est né à Poitiers le 15 octobre 1926. Son père, Paul, est chirurgien et professeur d’anatomie. Son grand-père, prénommé aussi Paul, est médecin. Sa mère, est fille d’un chirurgien. Elle nomme son fils pour la famille, Paul-Michel. Il a une sœur aînée, Francine, épouse Fruchaud (Cf. http://www.revuerectoverso.com/IMG/pdf/DanielDefert.pdf) née en 1925, et en 1933, naît son frère cadet, Denys, qui deviendra médecin.
Il suit une scolarité normale à Poitiers jusqu’en hypokhâgne et khâgne. Il part refaire une khâgne au lycée Henri IV de Paris où il arrive en octobre 1945. Il a quelques temps Jean Hyppolite (1906-1968) comme professeur avant qu’il ne soit appelé au collège de France.
De 1946 à 1951 il est élève à l’École Normale Supérieure. En 1950, il adhère au Parti communiste français. Louis Althusser (1918-1990), membre du bureau politique et chef de file du marxisme antihumaniste, est alors répétiteur à l’École. Il obtient l’agrégation de philosophie à la deuxième tentative en juillet 1951. En octobre, il est répétiteur à l’École.
En 1952, il quitte le Parti. Il est psychologue dans le service psychiatrique du professeur Jean Delay (1907-1987) à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. En octobre, il devient assistant de psychologie à la faculté des lettres de Lille. Il rencontre le musicien Jean Barraqué (1928-1973) qui l’initie à la musique contemporaine.
En 1953, il suit le séminaire de Jacques Lacan (1901-1981) à Sainte-Anne.
En 1954 il écrit une préface à la traduction d’un ouvrage du psychiatre partisan de la phénoménologie de Husserl (1858-1938) et Heidegger(1889-1976), Ludwig Binswanger (1881-1966) intitulé Le rêve et l’existence(1930 pour l’édition allemande originale) chez Desclée de Brower (cf. Dits et Écrits, tome I, texte n°1). Il publie Maladie mentale et personnalité aux Presses Universitaires de France dans la collection « Épiméthée » à la demande et sous l’influence d’Althusser dans la mesure où l’ouvrage est marxisant.
Il rédige l’article « La psychologie de 1850 à 1950 » dans le tome II de l’Histoire de la philosophie européenne intitulé Tableau de la philosophie contemporaine sous la direction de Denis Huisman (1929-2021) et Alfred Weber paru à la librairie Fischbacher (cf. Dits et Écrits, tome I, texte n°2).
À l’automne 1955, il devient directeur de la Maison de France à Uppsala en Suède.
En 1956, il commence à travailler à ce qui sera son Histoire de la folie. Il rencontre le spécialiste des religions indo-européennes, Georges Dumézil (1898-1986) avec qui il aura une relation intellectuelle suivie. Il y accueillera aussi l’érudit dominicain André-Jean Festugière (1898-1982), spécialiste de la philosophie et de la spiritualité grecques et hellénistiques avec qui il sera en contact toute sa vie.
En 1957, il traduit avec Daniel Rocher Le Cycle de la structure (Gestaltkreis, édition allemande de 1933) de Viktor von Weizsäcker (1886-1957) dont l’ontologie vitaliste se rapproche par certains aspects des pensées de Husserl et de Heidegger. Il accueille Albert Camus (1913-1960) lorsqu’il reçoit le prix Nobel de littérature. Il publie un article, « La recherche scientifique et la psychologie » dans un collectif dirigé par E. Morère, Des chercheurs français s’interrogent. Orientation et organisation du travail scientifique en France, publié à Toulouse chez Privat (cf. Dits et Écrits, tome I, texte n°3).
En octobre 1958 il est conseiller culturel à Varsovie de l’ambassadeur de France en Pologne, Etienne Burin des Roziers (1913-2012), un gaulliste historique qui avait rejoint la France libre. Michel Foucault s’occupe du Centre de civilisation française.
En septembre 1959, il est chassé par la police de la Pologne communiste et se retrouve en charge de l’Institut français de Hambourg.
En 1960 il écrit en Allemagne sa thèse complémentaire sur l’Anthropologie de Kant. En octobre, il est élu à la faculté de Clermont-Ferrand. Il rencontre Daniel Defert (né en 1937) son compagnon jusqu’à sa mort.
Il publie en 1961 un article relatif à un ouvrage qui vient de paraître de l’historien des sciences Alexandre Koyré (1892-1964) intitulé : « Alexandre Koyré : La Révolution astronomique, Copernic, Kepler, Borelli » dans le n°108 de La Nouvelle Revue française (cf. Dits et Écrits, texte n°6). Il donne un compte-rendu intitulé « Le “nom” du père » de l’ouvrage du psychanalyste Jean Laplanche (né en 1924), Holderlin et la question du pèreparu chez P.U.F. cette année-là (cf. Dits et Écrits, tome I, texte n°8). Le 20 mai 1961 il soutient en Sorbonne sa thèse principale dirigée par Georges Canguilhem (1904-1995) : Folie et déraison, Histoire de la Folie à l’âge classique. Le texte est édité la même année par les éditions Plon dans la collection « Civilisations d’hier et d’aujourd’hui ». Sa thèse complémentaire, dirigée par Jean Hyppolite s’intitule Genèse et structure de l’Anthropologie de Kant. La traduction du texte de Kant sera publiée par les éditions Vrin de son vivant mais la thèse restera longtemps inédite. Elle a été publiée en 2008 aux éditions Vrin. Il donne une Introduction pour une édition de Rousseau, Rousseau juge de Jean-Jacques. Dialogues chez Armand Colin (cf. Dits et Écrits, tome I, texte n°7). Le journal Le monde publie un entretien avec J.-P Weber intitulé « La folie n’existe que dans une société » le 22 juillet (cf. Dits et Écrits, tome I, texte n°5). En novembre, il termine la rédaction de Naissance de la clinique.
En 1962, il est professeur de psychologie à l’université de Clermont-Ferrand où enseigne Jules Vuillemin (1920-2001) qui y a remplacé Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) et y enseigne aussi Michel Serres (1930-2019). Il réédite une nouvelle version de Maladie mentale et personnalité sous le titre Maladie mentale et psychologie. Il fait la connaissance de Gilles Deleuze (1925-1995) qui publie son Nietzsche et la philosophie.
En 1963, il entre avec le théoricien de la littérature Roland Barthes (1915-1980) au conseil de rédaction de la revue Critique qui avait été fondée par Georges Bataille (1897-1962). En avril, il publie Naissance de la clinique, une archéologie du regard médical, chez P.U.F. et en mai son Raymond Roussel chez Gallimard. En décembre, le projet de son prochain ouvrage, Les Mots et les Choses, son « livre sur les signes » est défini. Une édition abrégée de l’Histoire de la folie paraît dans la collection 10/18.
En 1964 il donne des conférences en Turquie, à Istanbul et Ankara. Il visite Éphèse, la cité d’Héraclite (v° siècle av. J.-C.).
En 1965 il est membre de la commission de réforme des universités installée par le ministre de l’Éducation nationale, Christian Fouchet (1911-1974). Son projet de découpage régional pluridisciplinaire ne sera pas retenu. Il réfléchit au rôle des sciences sociales. En octobre, il présente pour la première fois des extraits de son ouvrage, Les Mots et les Choses à la faculté de Sao Paulo.
En 1966 il donne des conférences sur le structuralisme à Budapest et Bucarest. Il publie en avril Les Mots et les Choses. Une archéologie des sciences humaines dans la « Bibliothèque des sciences humaines » chez Gallimard. L’ouvrage a un incontestable succès. Dirigé contre Sartre (1905-1980), Foucault est accusé par ce dernier et ses thuriféraires d’être le dernier rempart de la bourgeoisie contre le marxisme que Sartre, dans Critique de la raison dialectique, publiée en 1960, avait déclaré la philosophie indépassable de notre époque. En octobre, il s’éloigne en devenant professeur de philosophie à l’université de Tunis.
En mars 1967 il donne au Cercle d’études architecturales à Paris une conférence sur « Les hétérotopies ». À Tunis il lit Wittgenstein (1889-1951) et les analystes anglo-saxons pour leurs analyses sur l’énoncé. Il donne à Tunis un cours sur la peinture du Quattrocento. Il projette une étude sur le peintre Édouard Manet (1832-1883). Il donne sur le peintre quelques conférences à Tunis et à Milan. En juillet, Georges Canguilhem publie un article intitulé « Mort de l’homme ou épuisement du Cogito » dans la revue Critique. Il y défend Foucault et critique la phénoménologie.
Foucault publie un article sur la peinture de Magritte (1898-1967), « Ceci n’est pas une pipe » dans Les cahiers du chemin en janvier 1968 en hommage au peintre surréaliste récemment décédé. En mars, Foucault tente d’aider ses étudiants tunisiens arrêté et emprisonnés suite à leur mouvement marxiste et anti-impérialiste réprimé par la police. Fin juin, il sera obligé de quitter la Tunisie. Il n’aura pas participé aux événements de mai 68. En septembre et octobre, Hélène Cixous (née en 1937), écrivain et féministe, le convie à participer à la fondation de la nouvelle université parisienne expérimentale de Vincennes. Il est chargé de la direction du département de philosophie. Il donne un cours sur « Sexualité et individualité » et un cours sur Nietzsche.
En 1969, il publie L’Archéologie du savoir, ouvrage où il donne la méthode de ses trois premiers livres, Histoire de la folie, Naissance de la clinique et Les Mots et les Choses. En février, il donne une conférence à la Société française de philosophie : « Qu’est-ce qu’un auteur ? ». En avril et mai, il séjourne aux Etats-Unis au département de littérature de l’Université de l’État de New York à Buffalo. Il est invité par Olga Bernal (1929-2002) une survivante de la Shoah qui fut déportée à Auschwitz à l’âge de quatorze ans, spécialiste de littérature française. En novembre, il est élu au Collège de France où il succède à Jean Hippolyte à une chaire intitulée « Histoire des systèmes de pensée » créée pour lui grâce à Jules Vuillemin.
En mars 1970, il est à nouveau invité à Buffalo. En mai, il préface les Œuvres complètes de Georges Bataille. En septembre et octobre il séjourne au Japon : Tokyo, Nagoya, Osaka, Kyoto. Ses conférences sont publiées dans les revues japonaises. Gallimard rachète la première édition intégrale de son Histoire de la folie. Le 2 décembre 1970, il prononce au Collège de France sa leçon inaugurale « L’Ordre du Discours ». Commence une période d’activités politiques, de conférenciers et de participations à des séminaires universitaires.
Son premier cours au collège de France pour l’année scolaire 1970-1971 s’intitule La volonté de savoir. Le 8 février 1971, Foucault participe à la fondation du « Groupe d’Information sur les Prisons » (G.I.P.) avec l’historien Pierre Vidal-Naquet (1930-2006), l’écrivain catholique et directeur de la revue personnaliste Esprit, Jean-Marie Domenach (1922-1997), son ami Daniel Defert et « des magistrats, des avocats, des journalistes, des médecins, des psychologues » (cf. Dits et Écrits, II, p.175). Il est invité en avril par l’Université McGill à Montréal au Québec (Canada). Foucault rencontre des militants indépendantistes québécois dont certains sont emprisonnés. En juin, une première enquête du G.I.P. porte sur vingt prisons. Foucault est de plus en plus engagé dans des actions contre la répression policière des luttes sociales en France (affaire Jaubert, Riss, Djellali, Mohamed Diab). L’écrivain et ancien prisonnier Jean Genet (1910-1986) lui demande de participer à la défense du militant noir américain George Jackson (1941-1971) des Black Panthers. C’est le début de leur amitié. Après l’assassinat en prison en août de George Jackson, il publie L’assassinat de George Jackson. Analyse d’un crime d’État. En novembre, Sartre, Genet, l’écrivain Claude Mauriac (1914-1996), le sociologue Jean-Claude Passeron (né en 1930) et Michel Foucault installent dans le quartier maghrébin de la Goutte d’or à Paris une commission d’enquête sur le racisme avec les militants du Secours rouge et de la Gauche prolétarienne maoïste. Foucault débat avec le linguiste Chomsky (né en 1928) à la télévision hollandaise sur l’existence ou non d’une nature humaine. En décembre commence une trentaine de mutineries dans les prisons françaises que le G.I.P. soutient et relaye auprès de l’opinion. Les prisons de Toul et de Nancy sont mises à sac. Il publie sa leçon inaugurale au Collège de France, L’Ordre du Discours.
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1971-1972 s’intitule Théorie et Institutions pénales. L’Histoire de la folie est rééditée chez Gallimard dans la collection « Bibliothèque des histoires » en 1972. Il remanie sa Naissance de la clinique et la réédite. Dans un numéro de la revue L’Arc consacré à Gilles Deleuze on peut lire un débat entre les deux amis sur la prison. Il revient à Buffalo. Ses conférences portent sur « La volonté de vérité dans la Grèce ancienne ». Il visite la prison d’Attica près de l’université de Buffalo. En octobre il est invité par le département de Romance Studies de l’université de Cornell à Ithaca dans l’État de New York. En décembre le G.I.P. se dissout pour laisser les prisonniers et anciens prisonniers s’occuper de leur propre mouvement.
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1972-1973 s’intitule La Société punitive. Il prépare Surveiller et punir. Il rédige une préface pour une exposition du peintre Rebeyrolle (1926-2005). Il rédige une étude sur les Ménines de Picasso qu’il ne publie pas. En mai il donne des conférences à Montréal sur l’anti-psychiatrie avec le Docteur Henri Ellengerger (1905-1993). Puis il se rend à l’Université Pontificale de Rio pour donner d’autres conférences. Certaines sont publiées sous le titre : « La Vérité et les formes juridiques ». Il parcourt le Brésil, notamment l’Amazonie avec Daniel Defert. Il participe à la création du journal quotidien Libération avec Jean-Paul Sartre et Bernard Clavel (2023-2010). En septembre, il participe à l’ouvrage collectif, Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère … qui trouve son origine dans un séminaire au Collège de France. Ceci n’est pas une pipe est réédité comme livre chez Fata Morgana.
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1973-1974 s’intitule Le Pouvoir psychiatrique. En mars 1974, il donne des conférences à Montréal où il réécrit Surveiller et punir. En avril, il témoigne au tribunal en faveur de la Grande encyclopédie des homosexualités qui est poursuivie « pour outrage aux mœurs par la voie d’un livre ». En octobre et novembre, il donne des conférences à Rio de Janeiro au Brésil, notamment sur la psychiatrie du XIX° siècle. Il visite le Nordeste.
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1974-1975 s’intitule Les Anormaux. En 1975 il publie Surveiller et Punir. Naissance de la prison dans la collection « Bibliothèque des histoires » aux éditions Gallimard. En avril et en mai, il voyage pour la première fois en Californie, invité par Leo Bersani (1931-2022), professeur de littérature française au département de littérature française de l’université de Berkeley située sur la baie de San Francisco. En septembre, René Allio (1924-1995) commence le tournage de Pierre Rivière en Normandie avec des paysans comme acteurs. Le 22 septembre, Foucault, au côté de l’acteur Yves Montand (1921-1991), de Claude Mauriac, de Régis Debray (né en 1940), du cinéaste Costa-Gavras (né en 1933) et du journaliste Jean Lacouture (1921-2015), dénonce, à Madrid sous la dictature de Franco, la condamnation à mort de plusieurs militants basques. En octobre et novembre, il donne à l’université de Sao Paulo au Brésil des conférences sur la psychiatrisation et l’antipsychiatrie. En novembre, à New York, il expose à l’université de Columbia le rôle des médecins et des psychiatres dans la torture pratiquée au Brésil sur les militants politiques. Gilles Deleuze, Félix Guattari (1930-1992) et William S. Burroughs (1914-1997) sont présents. De retour à Paris, Foucault soutient les mobilisations en faveur de la création du syndicat des soldats (qui n’existe toujours pas).
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1975-1976 s’intitule « Il faut défendre la société ». En 1976, il fréquente des dissidents soviétiques exilés. En mars, il participe à une semaine sur les prisons à Montréal. Il s’arrête à New York. En mai il donne des conférences en Californie dans les universités de Berkeley et de Stanford. En juillet, avec l’historienne Michelle Perrot, il fait rééditer en France le Panoptique du philosophe utilitariste anglais, Jeremy Bentham (1748-1832). Il est invité par le Mosdrow Wilson Center à Washington et pense s’y installer. Il prend un congé sabbatique d’un an. En novembre il donne des conférences à l’université de Bahia au Brésil et séjourne à nouveau dans le Nordeste. En décembre, il publie le premier tome de l’Histoire de la sexualité, La volonté de savoir. Les volumes prévus initialement ne paraîtront jamais.
En 1977, il publie « La vie des hommes infâmes », une longue introduction à un projet de sélection d’archives de l’enfermement, publiée par les Cahiers du chemin. Il préface la traduction américaine de l’Anti-Œdipe de Deleuze et Guattari. Surveiller et punir est traduit en américain. Sont publiés par Cornell University Press, Language, counter memory, practice : selected essays and interviews de Michel Foucault. En mars, une traduction russe des Mots et les Choses circule en U.R.S.S. En juin, il organise avec Sartre et de nombreux intellectuels une réception publique des dissidents soviétiques contre la réception de Léonid Brejnev (1906-1982), le dirigeant de l’U.R.S.S. par le président de la république française, Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020). En juillet paraît en Italie, chez Reviandi, Microficisa del potere (Microphysique du pouvoir), traduit au Brésil, qui est une sélection de textes politiques qui ont une large circulation dans les couches extra parlementaires. Le même texte paraît aux Etats-Unis sous le titre Power/Knowledge chez Pantheon en 1981 : ce qui lui assure une large diffusion. En octobre, il présente à Toronto lors d’un congrès de psychiatrie « L’Évolution de la notion d’individu dangereux dans la psychiatrie du XIX° siècle ». En décembre, il séjourne à Berlin. Il a des ennuis avec les polices dans les deux Allemagne. Le n° 70 de la revue l’Arc, intitulé La Crise dans la tête, est consacré à l’effet Foucault.
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1977-1978 s’intitule Sécurité, Territoire, Population. En 1978, il rencontre à Berlin la gauche alternative allemande avec Ronald Laing (1927-1989) et David Cooper (1931-1986), les chefs de file de l’anti-psychiatrie. Il manifeste à Hanovre en faveur de Peter Bruckner (né en 1922), chassé de l’université. Il séjourne à Tokyo et Kyoto. Il débat sur la pastorale chrétienne et la spiritualité bouddhiste. Il visite un hôpital psychiatrique et une prison dans le sud du Japon avec Daniel Defert. En mai, il débat avec des historiens français sur l’histoire des prisons. Ces échanges sont publiés dans l’Impossible Prison par l’historienne Michelle Perrot. Il donne une conférence le 27 mai 1978 devant la Société française de philosophie : « Qu’est-ce que la Critique ? » (elle sera publiée en avril 1990). Il fait paraître Herculine Barbin, dite Alexina B chez Gallimard dans une collection créée par Foucault « Les vies parallèles ». Le 16 septembre paraît le premier reportage d’idées proposé par Foucault au Corriere della Sera sur les événements d’Iran. Il arrive dans le pays au lendemain d’un massacre de manifestants par les troupes du Chah. Il manifeste sa sympathie pour ce soulèvement populaire – ce que les bien-pensants nommeront son erreur. Le 9 novembre débute son second séjour en Iran où pointe son inquiétude face au risque d’un régime islamiste qu’il n’a jamais soutenu. En décembre, il publie un long entretien dans l’Unita qui constitue une sorte de biographie intellectuelle.
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1978-1979 s’intitule Naissance de la biopolitique qui est la suite de celui de l’année précédente sur le thème de la gouvernementalité. Il y analyse le néolibéralisme. En avril, il donne une interview, « Un plaisir si simple », pour le lancement du premier numéro du journal homosexuel Gaipied qu’il soutient. Il dénonce les exactions du nouveau régime iranien de Khomeiny dans une lettre ouverte datée du 14 avril à Mehdi Bazargan, premier ministre iranien, qui fut l’interprète de Foucault lors de ses séjours en Iran. Il participe en juin, avec Bernard Kouchner (né en 1939), à une action en faveur des boat people vietnamiens. En octobre, il est titulaire des Tanners Lectures à Stanford. Il y présente son analyse de la gouvernementalité sous le titre « Omnes et singulatim ». Il donne une conférence à l’université de Sacramento sur l’histoire de la sexualité. Il participe à un ouvrage collectif, Les machines à guérir : aux origines de l’hôpital moderne avec Blandine Barret Kriegel (née en 1943), Anne Thalamy, François Béguin, et l’architecte Bruno Fortier (né en 1946). L’ouvrage paraît à Bruxelles aux éditions Mardaga dans la collection « Architecture archives ».
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1979-1980 s’intitule Du gouvernement des vivants. En octobre 1980, il donne les Hownian Lectures à Berkeley. Il y a plus de 800 personnes pour écouter « Truth and subjectivity ». La police intervient sur le campus. En novembre, il donne un séminaire à l’université de New York sur « Sexualités et solitude » dans le cadre de Jawes Lectures. Il donne une conférence à Princeton sur « The Birth of biopolitics » sur l’invitation du philosophe pragmatiste Richard Rorty (1931-2007).
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1980-1981 s’intitule Subjectivité et Vérité. Il invite le futur président brésilien Fernando Henrique Cardoso (né en 1931) à donner des conférences au Collège de France sur « L’émergence des nouvelles sociétés dans le Tiers Monde ». En mai, il enseigne à Louvain « Mal faire, dire vrai. Fonction de l’aveu en justice ». Il soutient le 19 juin à Genève un « droit des gouvernés ». Le 27 octobre a lieu à Los Angeles « The Foucault conference », réunion autour de « Knowledge, Power, History. Il a droit à un reportage dans le Times magazine : « France’s philosopher of power ». Avec le sociologue Pierre Bourdieu et la C.F.D.T., il initie une protestation contre le ministre français des Affaires étrangères Claude Cheysson qui avait accueilli l’état d’urgence proclamé en Pologne par le général Jaruzelski et l’emprisonnement des dirigeants du syndicat Solidarnosc en la qualifiant d’ « affaire polonaise ». Il devient le trésorier du Comité d’exilés du syndicat polonais en exil en France.
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1981-1982 s’intitule L’Herméneutique du sujet. En mai et juin il participe à un séminaire de sémiologie à Toronto, au Canada. Il donne une conférence sur « Dire vrai sur soi-même ». En juillet il commence à souffrir d’une sinusite chronique. Le 28 août, Foucault proteste sur les méthodes de la police française à propos de l’arrestation des « Irlandais de Vincennes » qui se révélera une erreur ou une faute. Il est invité par le président François Mitterrand à débattre de la situation au Moyen Orient le 14 septembre, jour où le président du Liban, Béchir Gemayel est assassiné. Du 22 au 30 septembre il prend part à un convoi de matériel en Pologne pour Solidarnosc avec l’actrice Simone Signoret (1921-1985) et Bernard Kouchner. Il ne peut rencontrer le syndicaliste Lech Walesa (né en 1943). Il visite Auschwitz. En octobre, il présente en collaboration avec l’historienne Arlette Farge (née en 1941), Le Désordre des familles. Lettres de cachet des archives de la Bastille au xviii° siècle dans la collection « Archives » chez Julliard et Gallimard. En octobre et novembre, il participe à un séminaire au département de religion de l’université de Vermont à Burlington sur « Technology of the self ».
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1982-1983 s’intitule Le Gouvernement de soi et des autres, en fait sur le thème de la parrhèsia (παρρησία) le dire-vrai) qui se poursuivra l’année suivante. Du 7 au 22 mars, le philosophe allemand de l’école de Francfort, Jürgen Habermas (né en 1929), est invité par l’historien et ami de Foucault, Paul Veyne (1930-2022). Foucault et Habermas se rencontrent plusieurs fois. En avril et mai il donne des conférences à Berkeley sur les technologies de soi. Il débat avec Dreyffus, Rabinow, Charles Taylor, Richard Rorty, Martin Jay et Leo Lowenthal (1900-1993), sociologue de la littérature et dernier survivant de l’École originale de Francfort. En mai la revue Le Débat publie un long entretien sur la situation politique et les syndicats en France entre Foucault et le secrétaire de la C.F.D.T., Edmond Maire (1931-2017). En juillet, une polémique est initiée par le gouvernement socialiste français sur le silence des intellectuels qui vise Foucault selon The Herald Tribune. En septembre, il pense avoir achevé son Histoire de la sexualité. Il voyage en Andalousie avec Daniel Defert. En octobre et novembre il donne des conférences sur la parrhèsia (παρρησία) à Berkeley, à Dumbler et à Santa Cruz. Il ressent une très grande fatigue et pense ne pas tenir son cours au Collège de France. Il commence à être suivi médicalement à l’hôpital Tarnier-Cochin par le service du Professeur J.-P. Escande.
Son cours au collège de France pour l’année scolaire 1983-1984 s’intitule Le Gouvernement de soi et des autres : le courage de la vérité. Foucault, traité au Bactrim, retrouve des forces. Il écrit à Maurice Pinguet (1929-1991), un ami, professeur à Tokyo : « j’ai cru que j’avais le sida mais un traitement énergique m’a remis sur pied. » En quoi, il se trompait. En mars, il intervient à la demande de Claude Mauriac en faveur d’ouvriers sénégalais menacés d’expulsion. Après un long silence apparent concernant son projet principal, il publie sous le titre générique d’Histoire de la sexualité, un tome II, L’usage des plaisirs et un tome III, Le Souci de soi. Un tome IV, Les aveux de la chair, est annoncé, mais il ne sera publié que bien plus tard (2018). En mai, il corrige un texte déjà ancien sur Canguilhem pour la Revue de Métaphysique et de Morale. Le 29 mai, épuisé, il accepte une interview avec un proche de Deleuze sur ses derniers livres. Le 3 juin, il est hospitalisé d’urgence. Foucault meurt du sida dont il se savait finalement atteint le 25 juin 1984.
En 1994, sont publiés les Dits et Écrits en quatre volumes sous la direction de Daniel Defert et François Ewald avec la collaboration de Jacques Lagrange. Ils regroupent les textes publiés de son vivant. Le tome I concerne la période 1954-1969, le tome II, 1970-1975, le tome III 1976-1979 et le tome IV 1980-1988.
La série des cours au Collège de France a été publiée sous la direction de François Ewald, A fontana et Mauro Bertani aux éditions Gallimard/Le Seuil dans la collection « Hautes études ».
En 2001 les Dits et Écrits sont réédité en deux tomes dans la collection Quarto chez Gallimard avec quelques variantes.
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