dimanche 10 mai 2015

Fiche 21 : La liberté (L, ES, S).

Eugène Delacroix (1798-1863), La liberté guidant le peuple (1830) huile sur toile, 260 × 325 cm, Musée du Louvre, Paris (France).

Analyse.

La liberté est définie communément « faire ce qui nous plaît » ou « faire ce qu’on veut ». La première définition se heurte à une objection facile, à savoir qu’il nous arrive de faire ce qui nous plaît et de ne pas nous sentir libre. C’est le cas dans une passion ou ce qu’on nomme en usant d’un vocabulaire psycho-pathologique : addiction. La seconde la contredit. Nous faisons parfois ce que nous voulons parce que nous pensons que c’est meilleur pour nous, même si cela ne nous plaît pas. Par exemple, se faire opérer. Mais dans tous les cas, se sentir libre et être libre ne sont pas la même chose.
On peut être libre au sens général de l’absence de contraintes. On dit en ce sens qu’un oiseau est libre s’il n’est pas en cage, voire qu’un cours d’eau est libre s’il n’y a pas de retenue d’eau. Celui qui fait ce qui lui plaît ou ce qu’il veut alors s’il n’est pas contraint. Finalement, l’idée commune de liberté y trouve son sens. Reste que sans être contraint par ce qui est extérieur, on peut l’être intérieurement.
On peut définir alors la liberté en un sens métaphysique. Pour être libre en ce sens, il faut choisir. La cigogne qui vole vers les pays chauds n’est pas libre : c’est son instinct qui la gouverne. Le premier sens métaphysique de la liberté c’est le libre arbitre, c’est-à-dire la capacité à choisir sans être déterminé par des causes extérieures ou intérieures. Le libre arbitre s’oppose au déterminisme. Mais une telle liberté n’a pas de motifs. On peut donc la penser plutôt en un second sens comme autonomie, c’est-à-dire capacité à se donner à soi-même la loi qu’on suit et non à être soumis aux lois causales qui régissent la matière.
Être libre au sens métaphysique n’interdit pas de ne l’être pas politiquement. Le sujet du despote, l’esclave du maître, le salarié sous la menace permanente du chômage, la femme tenue d’obéir à son mari, l’individu anonyme d’un régime totalitaire, ne sont pas libres.
La liberté politique signifie négativement ne pas être au pouvoir de quelqu’un d’autre. Au sens positif, la liberté politique est la participation directe ou indirecte au pouvoir, ce qui présuppose un espace public où chacun peut interagir ou parler aux autres à propos de ce qu’il y a de commun.

Problèmes.

1. Se pose alors le problème de savoir si lorsque nous pensons choisir, choisissons-nous  réellement ou bien sommes-nous dans l’illusion ?
2. Qu’entendre par liberté politique ? Consiste-t-elle en la participation à la vie politique (liberté des anciens) ou bien consiste-t-elle à organiser l’espace public de telle sorte que l’individu ait le moins de contraintes possibles (liberté des modernes) ?
Enfin, la liberté consiste-t-elle dans sa dimension métaphysique de choix ou bien n’existe-t-elle que politiquement ?



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