Chaque homme
constitue, par lui-même, une partie du genre humain ; et la nature humaine
est essentiellement faite pour la société, où elle trouve d’immenses et
précieux avantages, ainsi que la puissance de l’amitié. Aussi Dieu a-t-il voulu
que tous les hommes fussent enfants d’un même père, afin de maintenir entre eux
une société réciproque, basée non-seulement sur la similitude de
genre, mais sur les liens de parenté. L’union de l’homme et de la femme est
donc le premier lien naturel de la société humaine. Remarquons qu’ils ne furent
pas l’objet d’une création distincte, qui les eût rendus étrangers l’un à l’autre ;
c’est de l’homme que Dieu forma la femme, pour marquer qu’en la tirant de la
poitrine de l’homme, c’est dans le cœur que résiderait leur force d’union
réciproque (1). On dit de ceux qui cheminent ensemble et qui ont les yeux fixés
sur le même but, qu’ils marchent côte-à-côte. Un autre lien de société est
formé par les enfants, le seul fruit honorable, non pas de l’union, mais des
relations conjugales de l’homme et de la femme. Même en dehors de ces
relations, il peut y avoir dans chacun des deux sexes un rapprochement de
parenté et d’amitié, très-compatible avec l’autorité de l’un et la
soumission affectueuse de l’autre.
Augustin, De ce qui
est bien dans le mariage (De bono
conjugali), Chapitre premier. Société primitive de l’homme
et de la femme, 401.
(1) Genèse II, 21, 22.
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