dimanche 8 mars 2015

Bergson : biographie

Henri Bergson est né le 18 octobre 1859 à Paris. Son père, Michel Bergson (1820-1898) était un pianiste et compositeur juif polonais exilé. Sa mère, Catherine Levison (1834-1928), était une juive anglaise. Elle ne lui parla qu’en anglais. Il fut élevé dans la tradition juive. Il est le second enfant d’une phratrie qui en comptera sept.
En 1863, son père est nommé au Conservatoire de Genève. Toute la famille y déménage.
Le 28 février 1865 naît, à Genève, sa sœur Moina (1865-1928).
En 1866, la famille revient à Paris. Son père ne connaît pas un succès suffisant.
Après un séjour en Angleterre, il revient en France vers neuf ans où il fait ses études.
À partir de 1868, il est élève au lycée Bonaparte (actuellement lycée Condorcet).
En 1870, les parents de Bergson s’installent à nouveau et définitivement à Londres. Henri est pensionnaire à l’institution Springer à Paris. L’été, il rejoint ses parents à Londres.
En 1875, il obtient le premier prix de Rhétorique au Concours général.
En 1876, il obtient le premier prix de philosophie au Concours général.
En 1877, il obtient le premier prix de mathématiques au Concours général. Il fut donc aussi brillant en science qu’en lettres.
Il s’engage dans la section « Lettres » de l’École Normale Supérieure contrairement aux conseils de son professeur de mathématiques. Il y entre troisième en 1878 dans la même promotion que Jean Jaurès (1859-1914), premier. Il a également pour condisciple Émile Durkheim (1859-1917) le futur fondateur de la sociologie française, voire de la sociologie tout court, le futur psychiatre, Pierre Janet (1859-1947), le futur historien et évêque, Alfred Baudrillart (1959-1942). Il a comme professeur le kantien Émile Boutroux (1845-1921) et l’historien Numa Denis Fustel de Coulanges (1830-1889), célèbre auteur de La cité antique (1864).
Le 5 novembre 1880, à sa majorité donc, il opte pour la nationalité française, ce que lui permet le droit du sol. Cela valide également son entrée à l’École normale supérieure.
Il devient agrégé de philosophie en 1881 (troisième derrière Jaurès second). Il est professeur au lycée d’Angers.
En 1882, il est professeur de littérature à l’École supérieure de jeunes filles d’Angers.
En 1883, il est professeur au lycée de Clermont Ferrand. Il publie James Sully. Les illusions des sens et de l’esprit. En 1884, il est chargé de conférence à l’Université de Clermont Ferrand.
En 1884, il donne des Extraits de Lucrèce. Il est chargé de cours à l’université de Clermont-Ferrand.
En 1888, il devient professeur suppléant aux lycées Louis-le-Grand et Henri-IV à Paris.
En 1889, il enseigne au collège Rollin à Paris. Il soutient ses deux thèses de doctorat devant Émile Boutroux et Paul Janet (1823-1899). Sa thèse principale, soutenue le 27 décembre 1889 s’intitule : Essai sur les données immédiates de la conscience. Sa thèse latine est consacrée à Aristote. Elle est intitulée Quid Aristoteles de loco senserit.
En 1890, il devient professeur au lycée Henri-IV à Paris.
Il se marie en 1891 avec Louise Neuburger (1871-1946). Marcel Proust (1871-1922), cousin de la mariée par sa mère, Jeanne Weil, était son garçon d’honneur. Il fait le discours de distribution des prix au lycée Henri-IV sur le thème de « La politesse ».
En 1893, naît sa fille, Jeanne (1893-1961), handicapée ; elle ne parlait pas et n’entendait pas. Elle sera une peintre et sculpteuse. Il est professeur au lycée Henri-IV.
En 1895, il fait le discours de remise des prix du concours générale : « Le bon sens et les études classiques ».
Il publie en 1896 son deuxième ouvrage important, Matière et mémoire, essai sur les rapports du corps à l’esprit.
Il est chargé de cours en tant que suppléant au Collège de France durant l’année scolaire 1897-1898 en philosophie grecque et latine.
Il obtint un poste de maître de conférences à l’École Normale Supérieure en 1898. Il aura comme élève Charles Péguy (1873-1914). Le 9 mars son père meurt à Londres.
En 1899, Le Rire paraît dans la Revue de Paris.
En 1900, il obtient la chaire de philosophie grecque et latine au Collège de France. Il publie son essai sur Le Rire. Essai sur la signification du comique, dont le succès ne s’est jamais démenti. Ses cours connaissent un grand succès. Son ancien élève, Charles Péguy, Jacques Maritain (1882-1973) et bien d’autres, vinrent l’écouter.
En 1901, il devient membre de l’Académie des sciences morales et politiques.
En 1902, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il publie un article sur « L’effort intellectuel » dans la Revue philosophique.
En 1903, il publie dans la Revue de métaphysique et de morale l’« Introduction à la métaphysique ».
En 1904, il quitte sa première chaire au Collège de France pour occuper celle de philosophie moderne, succédant ainsi au sociologue Gabriel Tarde (1843-1904). Il publie dans la Revue de métaphysique et de morale « Le parallélisme psycho-physiologique ».
En 1905, les discussions entre Bergson et le psychologue Alfred Binet (1857-1911) sont retranscrites dans la séance « Esprit et matière » du Bulletin de la Société française de philosophie.
En 1906 il publie dans la Revue philosophique « L’idée de néant ».
Il publie son troisième grand ouvrage, L’évolution créatrice en 1907. Il est fait officier de la légion d’honneur.
En 1908, Bergson rencontre à Londres, le philosophe américain de l’école pragmatiste, William James (1842-1910).
En 1911, il obtient le titre de docteur ès sciences de l’Université d’oxford. Il y prononce sa conférence La perception du changement qui sera reprise dans La pensée et le mouvant. Il donne une conférence au congrès de philosophie de Bologne : « L’intuition philosophique ». Il publie sa conférence à l’université de Birmingham prononcée le 29 mai : « Vie et conscience » (Life et Consciousness). Elle sera reprise sous le titre « La conscience et la vie » dans L’énergie spirituelle.
En 1912, il donne à Foix une conférence « L’âme et le corps » qui sera reprise dans L’énergie spirituelle.
En 1913, il donne des cours à l’université Columbia de New York. Il obtient la présidence de la Société pour la recherche psychique (Society for Psychical Research).
En 1914, il donne les Gifford Lectures à Edimbourg. Il est élu à l’Académie française le 12 février 1914 mais ne sera reçu qu’après la première guerre mondiale le 24 janvier 1918. Durant celle-ci, il a une activité diplomatique secrète en Espagne et surtout aux Etats-Unis. Il participe à la mission chargée de convaincre le président Woodrow Wilson (1856-1924 ; deux mandats de 1913 à 1921) de faire entrer en guerre les Etats-Unis contre les puissances de l’axe. Son patriotisme anti-allemand est intransigeant, voire caricaturale. Pendant ce temps, le 1er juin, l’Église catholique met ses ouvrages à l’Index (c’est-à-dire dans la liste des œuvres qu’un bon catholique ne doit pas lire où il se retrouve en bonne compagnie : Montaigne, Descartes, etc.).
En 1919, il publie L’énergie spirituelle, un recueil de différents articles publiés dans diverses revues. Il est fait Commandeur de la légion d’honneur. Il met fin à son activité d’enseignant.
En 1920, Bergson donne une conférence en ouverture à la rencontre philosophique d’Oxford : « Prévision et nouveauté » puis la conclut sur le thème de la technique et du supplément d’âme.
En 1921, il quitte sa chaire de philosophie moderne au Collège de France suite à sa mise à la retraite.
En 1922, il est nommé président de la Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI), un organisme de la Société des Nations (SDN), une sorte d’ancêtre de l’actuelle UNESCO. Il publie Durée et simultanéité, ouvrage où il critique la conception du temps de la théorie de la relativité d’Einstein. Il rejeta ultérieurement ce livre. Le 6 avril, il rencontre Einstein lors d’un débat (publié) en séance à la Société française de philosophie. Le philosophe et le savant s’y affrontent sur la question du temps.
En 1923 il est fait Grand officier de la légion d’honneur.
En 1925, ses problèmes de santé l’amène à démissionner de son poste à la CICI.
En 1928, il obtient le prix Nobel de littérature au titre de l’année 1927. Le 25 juillet, sa sœur, Moina Bergson Mathers, meurt à Londres.
En 1930, il est fait Grand-croix de la Légion d’honneur. Paraît son article « Le possible et le réel » dans la revue suédoise Nordisk Tidskrift.
En 1932, il publie Les deux sources de la morale et de la religion.
En 1934, La pensée et le mouvant, un recueil d’articles, précédé d’une introduction inédite.
Attiré par le catholicisme, il renonce néanmoins à se convertir, en raison de la montée de l’intolérance et des persécutions antisémites.
« Je serais converti, écrit-il en 1937, si je n’avais vu se préparer depuis des années la formidable vague d’antisémitisme qui va déferler sur le monde. J’ai voulu rester parmi ceux qui seront demain persécutés. »
Ayant refusé tout traitement de faveur après les lois antijuives de Vichy, il se fait recenser comme juif, il meurt bientôt à Paris le 3 janvier 1941. Paul Valéry (1871-1945) prononcera son éloge funèbre le 9 janvier devant quelques dizaines de personnes pendant que la France subira la domination de son collègue de l’Académie française, le maréchal Pétain (1856-1951).



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