Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin
1712 dans la Genève calviniste. Il est francophone, mais il ne sera jamais
français à ses yeux. Sa mère meurt rapidement. Son père, Isaac Rousseau,
horloger, l’élève seul et lui apprend à lire. En 1722, suite à une querelle
avec un capitaine, Isaac Rousseau est contraint à l’exil. Il confie
Jean-Jacques à son oncle maternel, Gabriel Bernard, pasteur calviniste. Après
des études ratées chez un greffier, il est mis en apprentissage chez un
graveur, M. Ducommun, un maître violent.
Le 14 mars 1728, avant ses seize ans Rousseau
fugue. Il est bientôt confié à Louise-Éléonore de Warens (1699-1762), à Annecy
où il arrive le 21 mars. À l’Hospice du San Spirito des catéchumènes de Turin,
il se convertit au catholicisme. Il perd son droit de citoyenneté à Genève. En
juin 1729, il revient chez Mme de Warens. En août, il entre au séminaire où il
ne reste que quelques mois. Rousseau apprend la musique auprès de M. Le Maître.
Durant l’hiver 1730/1731, il l’enseigne à Neuchâtel. Il retrouve Mme de Warens
à Chambéry fin septembre 1731. Il devient son amant et la partage avec le
jardinier qui meurt bientôt. Rousseau en autodidacte se lance dans un programme
d’études encyclopédiques : philosophie, mathématiques, latin, histoire,
géographie, astronomie, physique.
En 1740, Jean-Jacques quitte les Charmettes
et devient précepteur des enfants de Jean Bonnot de Mably (1696-1761) à Lyon,
les neveux du philosophe Condillac (1715-1780). Ce fut un échec.
En 1741, Rousseau abandonne le
préceptorat. Il monte à Paris où il arrive en septembre avec le système de notation
musicale qu’il a élaboré. En août 1742, il le présente à l’Académie des
sciences qui le rejette. Il devient l’ami de Diderot (1713-1784). En octobre
1744, il achève un opéra Les Muses
galantes. Le duc de Richelieu lui promet de le faire jouer. Il confie une
autre tâche à Rousseau : raccourcir et modifier La
Princesse de
Navarre, œuvre dont le livret était de Voltaire (1694-1778) et la musique
de Rameau (1683-1764). Ce dernier retouche le livret et l’œuvre est jouée sous
un autre titre : Les Fêtes de Ramire.
Le livret ne mentionne pas le nom de Rousseau.
En 1745, il rencontre Thérèse Levasseur,
modeste servante, avec qui il vit en ménage et avec laquelle il aura cinq
enfants, tous confiés aux Enfants-trouvés. En 1746, Rousseau
accepte un poste de secrétaire pour Madame Dupin en son château de Chenonceau
près du Cher. Diderot lui demande d’écrire des articles sur la musique pour l’Encyclopédie.
En 1749, il se livre à des recherches documentaires pour le compte des Dupin
afin de faire la critique de Montesquieu qui a publié l’année précédente sa
grande œuvre, De l’esprit des lois.
Il collabore à l’Encyclopédie pour la
musique. Alors qu’il va voir Diderot, enfermé pour sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, il découvre
dans le Mercure de France que
l’académie de Dijon a mis au concours la question suivante : « si le rétablissement des sciences et des
arts a contribué à épurer les mœurs ». Selon le témoignage des Confessions,
il fut saisi d’une sorte d’illumination. Jean-Jacques acquiert la gloire en
août 1750 avec son Discours sur les sciences et les arts couronné par
l’académie de Dijon et publié juste après. En 1751, il décide de mettre ses
idées philosophiques en pratique. Il décide de vivre désormais de sa main. Pour
cela, il copie de la musique. Il achève la composition d’un nouvel opéra, Le devin du village, qui obtient un
grand succès devant le roi Louis XV (1710-1715-1774).
Conformément à son nouveau mode de vie, il ne sollicite pas de pension.
En 1753, il commence la rédaction du Discours sur l’origine et les fondements de
l’inégalité parmi les hommes en réponse à une nouvelle question de
l’académie de Dijon posé en novembre : « Quelle est la source de l’inégalité parmi les hommes et si elle est
autorisée par la loi naturelle ? ». Selon le livre VIII des Confessions il séjourne une semaine dans
la forêt de Saint-Germain pour y méditer sur l’homme de la nature. En 1754
Jean-Jacques Rousseau retourne dans sa patrie d’origine. Le consistoire de
Genève le rétablit dans ses droits civiques et il retrouve la religion
calviniste. Il rédige la
Dédicace de son second Discours,
hommage à sa patrie retrouvée. De retour à Paris, il est chargé des papiers
laissés par l’abbé de Saint-Pierre (1658-1743) dont la Polysynodie
date de 1718. En 1755, il publie le Discours sur l’inégalité pour lequel
il n’a pas obtenu le premier prix. La même année, il publie l’article
« Économie politique » de l’Encyclopédie
qui paraît en novembre dans le tome V.
Le 3 avril 1756, retiré à la campagne dans
l’Ermitage de Mme d’Epinay, Rousseau s’y éprend follement de Sophie d’Houdetot (1730-1813)
d’un amour platonique. Il se fait son directeur de conscience et rédige pour
elle des lettres connues sous le titre de Lettres
morales. Il rompt avec Diderot, Grimm et les encyclopédistes en général. Il
rédige les Principes du droit de la
guerre. Le 18 août 1756, il envoie à Voltaire sa Lettre sur la
Providence qui répond au Poème sur le désastre de Lisbonne qui, sur la base de la
catastrophe naturelle qui a frappé les Lisboètes, remet en cause la notion de
providence. Rousseau y accuse plutôt les hommes des malheurs qui les frappent.
En 1757, il est recueilli à Montmorency par le maréchal de Luxembourg. Il
rédige la Lettre à
d’Alembert sur les spectacles, qui paraît en mars. Le texte répond à
l’article « Genève » rédigé par D’Alembert qui paraissait à l’automne
1757 dans de l’Encyclopédie (tome
VII). En 1760, paraît La
Nouvelle Héloïse.
Le succès fut européen. En 1761, il donne l’Extrait
du projet de paix perpétuelle de l’Abbé de Saint-Pierre.
En avril 1762, il publie Du contrat social et le 24 mai l’Émile ou De l’éducation. Les deux
ouvrages sont condamnés à Paris et à Genève. C’est le point de départ pour Rousseau
d’une longue vie d’exil qui commence par le pays bernois, puis Môtiers dans la
principauté de Neufchâtel sous souveraineté prussienne. En 1763, il écrit une Lettre à Christophe de Beaumont,
l’archevêque de Paris qui était à l’origine de la condamnation de l’Émile. Des « représentations »
en soutien à Rousseau ont lieu à Genève. À l’opposé, le procureur général de
Genève, J.-R. Tronchin, l’attaque dans les Lettres
écrites de la campagne. En juin 1764, Butafuco, un patriote corse, lui
demande de rédiger un projet de constitution pour son pays qui s’est libéré de
la domination de Gènes. Un texte anonyme en réalité rédigée par Voltaire, Le Sentiment des citoyens, révèle qu’il
a abandonné ses cinq enfants. Il décide de rédiger les Confessions pour justifier sa vie. En décembre, Rousseau réplique à
Tronchin avec les Lettres écrites de la
montagne où il défend sa philosophie religieuse et politique. En 1765, il
rédige le Projet de Constitution pour la Corse. Il doit fuir Môtiers, les habitants jetant des
pierres sur sa maison. Il se réfugie sur l’île de Saint Pierre d’où il est
bientôt expulsé. Au début de 1766, le philosophe David Hume (1711-1776) quitte
Paris et emmène avec lui Rousseau. Ce dernier séjourne à Londres puis à Wooton.
Peu après, Rousseau se brouille avec Hume. Rousseau revient en France toujours
sous la menace d’une arrestation. Il est successivement hébergé chez le marquis
de Mirabeau puis chez le prince de Conti. Il se fait appeler Jean-Jacques
Renou. Il rédige Les Confessions. En 1768 il s’installe à Bourgoin
où il épouse Thérèse. La France
acquiert la Corse.
En 1770 il revient à Paris et reprend
son vrai nom. Il se remet à copier de la musique. Il organise des lectures
publiques des Confessions qui sont
bientôt interdites par la police sur l’intervention de Madame d’Epinay que les
révélations de Rousseau effrayaient. Pygmalion
voit le jour. En 1771, il rédige les Considérations
sur le gouvernement de Pologne. En 1772, il rédige sous forme de dialogues Rousseau juge de Jean-Jacques. En 1775
sa pièce, Pygmalion, est reprise avec
un grand succès. Le compositeur Gluck (1714-1787) se lie d’amitié avec lui.
En 1776, il veut déposer le manuscrit
des Dialogues sur le grand-autel de
Notre-Dame mais il trouve les grilles fermées. Il en fait don à Condillac. Il
commence la rédaction des Rêveries du
promeneur solitaire dont la rédaction s’étendra jusqu’à sa mort. En mai
1778, il accepte l’hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville dans la
maladie et l’isolement. Il y retrouve un jardin fait sur le modèle du jardin de
Clarens décrit dans La nouvelle Héloïse.
Rousseau meurt à Ermenonville le 2
Juillet 1778.
En 1782, sont publiés le Projet de Constitution de la Corse , Les Rêveries
du promeneur solitaire, Considérations sur le gouvernement de
Pologne. Chateaubriand (1768-1848), royaliste, ira se recueillir sur la
tombe du républicain Rousseau à Ermenonville avant d’aller rejoindre l’armée
des Princes. Le 27 août 1791, une pétition à l’Assemblée nationale demande le
transfert des restes de Rousseau au Panthéon. Le publiciste Louis-Sébastien
Mercier (1740-1814) écrit De Jean-Jacques
Rousseau considéré comme l’un des premiers auteurs de la Révolution . Les
restes de Rousseau sont transférés en grandes pompes au Panthéon en 1794. Il
devient un des héros de la République française.
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