Enfance et formation.
Émile Zola est
né à Paris le 2 avril 1840. Son père, François ou Francesco Zolla puis Zola (1795-1847)
est vénitien. Il est arrivé en France en 1830. Il s’est engagé dans la légion
étrangère et a participé à la conquête de l’Algérie. Il épousa la mère d’Émile,
Françoise-Émilie Aurélie Aubert (1819-1880) le 16 mars 1839. Originaire de la
Beauce, elle venait d’un milieu modeste et avait pour elle sa beauté qui
séduisit son futur mari.
En 1843, les
Zola quittent Paris pour Aix-en-Provence où le père est appelé pour son
travail. Il s’occupe de la construction d’un canal d’alimentation en eau
d’Aix-en-Provence et d’un barrage qui sera, plus tard, appelé Zola. La famille
mène une vie aisée.
Le 27 mars 1847,
quelques jours après le début des travaux du barrage, François Zola meurt d’une
pneumonie à Marseille. Il laisse 80 000 francs de dettes et cent
soixante-treize actions de la Société du canal de cinq cents francs chacune,
soit une valeur de 86 500 francs. Émile va être élevé par sa mère, sa grand-mère,
Henriette Aubert (1787-1857) couturière et son grand-père, Louis Aubert
(1783-1861), vitrier et peintre en bâtiment. La famille se retrouve dans les
difficultés financières : le jeune Émile va connaître le manque d’argent.
En 1848, il
est élève à la pension Notre-Dame avec le futur journaliste Marius Roux (1838-1905)
et le futur sculpteur Philippe Solari (1840-1906).
En octobre 1852,
il entre comme élève boursier au collège Bourbon d’Aix-en-Provence où il
restera jusqu’en seconde. Il y a pour amis le futur polytechnicien et astronome
Jean-Baptistin Baille (1841-1918) et le futur peintre Paul Cézanne (1839-1906).
En 1858, Madame
Zola monte à Paris. Émile la rejoint en mars et entre au lycée Saint-Louis. Il
correspond avec Cézanne et Baille. Il se fait un nouvel ami, Georges Pajot
(1842-1904), futur commissaire de police.
En juillet 1859
il échoue au baccalauréat es sciences.
En novembre, il se présente à la deuxième session à Marseille et échoue une
seconde fois, dès l’écrit.
Des débuts difficiles.
En 1860, il abandonne
ses études et recherche un emploi. En avril, employé aux docks de la douane. Il
y reste deux mois. Il gagne 60 francs de l’époque par mois (à multiplier par
trois environ pour une équivalence approximative en euros). Le salaire quotidien
passe de deux franc par jour à presque trois francs entre les années 1840 et
les années 1870. Le loyer pour une chambre meublée étant de 10 francs par mois
environ (cf. Max Tacel, Restaurations, Révolutions, Nationalités,
1915-1870, Masson, 1981, p.74).
À partir
d’avril 1861, il vit dans un hôtel avec une « fille à partie ». Le 7
avril, il demande la nationalité française au titre de sa naissance en France.
Le 1er
mars 1862 il entre comme commis au service des expéditions de la librairie
Hachette où il gagne 100 francs. Il va ainsi progressivement rencontrer des
auteurs célèbres comme Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869), l’écrivain
anti-lumières Hyppolite Taine (1828-1893), le philosophe positiviste et
lexicographe Émile Littré (1801-1881), le journaliste et essayiste Lucien
Prévost-Paradol (1829-1870), l’écrivain Edmond About (1828-1885) et
l’illustrateur et peintre Gustave Doré (1832-1883). Le 31 octobre 1862 Émile
Zola est naturalisé français.
En 1863, il
collabore à la presse du nord, Journal
populaire de Lille, Revue du mois.
En 1864, il
est chef de la publicité chez Hachette. Son salaire est dorénavant de 200
francs. Il est en rapport avec les journaux et les auteurs liés à la maison. Il
rencontre Émile Deschanel (1819-1904) dont il découvre la Physiologie des écrivains et des artistes publiée cette année-là.
Zola put y découvrir des références à Prosper Lucas (1805-1885), Benedict Morel
(1809-1873) auteur d’un Traité des
dégénérescences physiques, intellectuelles et morales de l’espèce humaine paru
à Paris en 1857, Louis Lélut (1804-1877) auteur d’une Physiologie de la pensée sous titrée Recherche critique des rapports du corps et de l’esprit parue à
Paris en 1858, Ulysse Trélat (1799-1875) auteur notamment de La Folie lucide, étudiée et considérée au
point de vue de la famille et de la société paru à Paris en 1861, Jacques-Joseph
Moreau de Tours (1804-1884) auteur de La
Psychologie Morbide Dans Ses Rapports
Avec La Philosophie de L’Histoire, Ou de L’Influence Des Névropathies Sur Le
Dynamisme Intellectuel paru à Paris en 1859. Il rencontre Alexandrine Meley
(1839-1925), fille naturelle d’un bonnetier et d’une marchande. Ils vivent
maritalement. Il écrit les Contes à Ninon
qui sont publiés le 24 décembre.
En 1865, voilà
Zola chroniqueur régulier dans plusieurs journaux : le Petit Journal, le Salut public de Lyon, le Courrier
du monde, la Vie parisienne. Il
écrit un article élogieux sur Germinie
Lacerteux des frères de Goncourt, Edmond et Jules (1822-1896 ;
1830-1870). Le 27 février, les deux frères lui répondent pour le remercier de
son article. En avril il écrit un drame, Madeleine
qu’il se voit refusé. Il deviendra en 1868, Madeleine
Férat. Il publie La Confession de
Claude. Le roman fait scandale et Zola risque des poursuites judiciaires
qui sont bientôt abandonnées. Sa comédie La
laide, est refusée par le théâtre de l’Odéon.
En 1866, le 31
janvier, il quitte la librairie Hachette pour ne vivre dorénavant que de sa
plume. Il est chroniqueur dans le quotidien littéraire, l’Événement, journal lancé par le journaliste Hippolyte de
Villemessant (1810-1879). Il est également essayiste. Il va signer cette
année-là quelques 125 articles. En mai par exemple, il défend le peintre
Édouard Manet (1832-1883) dans Mon Salon.
Dans Mes haines, il manifeste une
certaine violence :
« Je hais les gens nuls et impuissants (…)
Pour l’amour de Dieu, qu’on tue les sots
et les médiocres, les impuissants et les crétins, qu’il y ait des lois pour
nous débarrasser de ces gens qui abusent de leur aveuglement pour dire qu’il
fait nuit. Il est temps que les hommes de courage et d’énergie aient leur
93 : l’insolente royauté des médiocres a lassé le monde, les médiocres
doivent être jetés en masse à la place de Grève. Je les hais. » Zola, Mes haines.
Il célèbre Honoré de Balzac
(1799-1850), Edmond et Jules de Goncourt, Gustave Flaubert (1821-1880), les
peintres Edouard Manet (1832-1883) et Gustave Courbet (1819-1877). En avril, il
publie son drame, Madeleine. Il écrit
un roman, Le Vœu d’une morte publié en novembre.
En 1867 il
publie également en juin un Édouard
Manet, étude biographique et critique. Il fait la connaissance des peintres
Camille Pissarro (1830-1903) et Armand Guillaumin (1841-1927). Il publie
également un roman-feuilleton alimentaire, Mystères
de Marseille. Le 7 décembre il publie un roman physiologique, Thérèse Raquin dont l’épigraphe est une
citation de Taine « le vice et la
vertu, qui sont des produits comme le vitriol et le sucre ». Manet
fait son portrait qui sera exposé l’année suivante.
En 1868, il
entre à L’Événement illustré et à La Tribune, un journal qui s’oppose à
l’empire. Il réédite Thérèse Raquin
en l’augmentant d’une préface. Il y écrit notamment pour s’expliquer :
« Dans Thérèse Raquin, j’ai voulu étudier des
tempéraments et non des caractères (…) J’ai choisi des personnages
souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre
arbitre, entraînés à chaque acte par les fatalités de leur chair. » Émile Zola, Thérèse Raquin, Préface.
Il publie Madeleine Férat le 7 décembre.
Les Rougon-Macquart.
Ce dernier roman
qui se ressent de ses lectures : La
Physiologie des passions (1868) de Charles Letourneau (1831-1902) et le Traité philosophie et physiologique de
l’hérédité naturelle (1850) du docteur Lucas. Ses ouvrages seront les bases
“scientifiques” du projet des Rougon-Macquart
dont il conçoit pour l’éditeur Lacroix une première mouture en dix volumes. Le
6 novembre, un boulevard d’Aix-en-Provence prend le nom de Zola en mémoire du
père.
En 1869, il
commence une correspondance avec Gustave Flaubert. Il fait également la
connaissance de Paul Alexis (1847-1901). L’éditeur Lacroix accepte son projet.
Il commence à rédiger La Fortune des
Rougon, premier volume de la série des Rougon-Macquart
ou histoire naturelle et sociale d’une
famille sous le second empire
Le 31 mai 1870
il se marie avec Alexandrine Meley. Il propose des chroniques à plusieurs
journaux républicains. Il couvre la guerre et le siège de Paris. En mai, il
commence le second volume, La Curée. La
publication de La Fortune des Rougon
est perturbée. Mais elle a lieu d’abord en feuilleton à partir de juin dans le
journal Le Siècle. Le 5 août, il fait
paraître dans le journal La Cloche un
article contre l’empire qui lui vaut des poursuites. Le 10 août, la publication
en feuilleton est interrompue à cause de la guerre. Il passe la seconde moitié
de l’année à Bordeaux puis à Marseille. Il tente d’entrer dans l’administration
républicaine.
En mars 1871,
Zola rentre à Paris. Il n’a pu obtenir une sous-préfecture. Il a achevé le
second tome des Rougon-Macquart, La Curée,
mais Le Siècle en est à reprendre la
publication inachevée du premier tome, La
Fortune des Rougon. Il couvre la Commune de Paris. L’expression désigne la
période qui dura deux mois environ, du 18 mars 1871 jusqu’à la « semaine
sanglante » des 21-28 mai. Pendant ce cours moment, Paris se révolta
contre le gouvernement issu de l’Assemblée nationale qui venait d’être élue au
suffrage universel. Une organisation inspirée de l’anarchisme tenta de
gouverner la ville jusqu’à son écrasement par le gouvernement d’Adolphe Thiers
(1797-1877). Zola n’est pas un témoin direct de la semaine sanglante qui fit
plus de morts que sous la terreur (cf. Pierre Albertini, La France au XIX° siècle, 1815-1914, Hachette, 1992). Il avait fui
Paris en mai de peur d’être pris en otage. Il revient après le massacre. Le 14
octobre, La Fortune des Rougon paraît
en volume chez Lacroix. La Cloche
commence à faire paraître La Curée en
feuilleton, mais le Parquet fait arrêter l’entreprise pour immoralité. Le 17
septembre, le canal d’Aix-en-Provence prend officiellement le nom de Zola, le
père, qui avait participé à sa construction.
En 1872, Zola
écrit des articles antimonarchistes dans les journaux républicains. Le 30
janvier La Curée, dont le héros est
Aristide Saccard et le thème la spéculation immobilière, est publiée chez
Lacroix. Puis, il arrête d’être journaliste de métier. Le 22 juillet, il change
d’éditeur pour la publication des volumes des Rougon-Macquart : ce sera
Georges Charpentier (1846-1905) qui deviendra son ami et qui éditera les
naturalistes : Alphonse Daudet (1840-1897), Ivan Tourgueniev (1818-1883) et
Guy de Maupassant (1850-1893). Il négocie un nouveau contrat. Il est rémunéré 500
francs par mois pour écrire deux romans par an. Il conçoit un nouveau programme
augmenté pour la série. Il fait paraître une seconde fois La Curée chez Charpentier le 14 octobre.
En 1873, il
devient critique dramatique à L’Avenir
national. Le troisième tome des Rougon-Macquart, Le Ventre de Paris, paraît d’abord en feuilleton, puis en volume le
19 avril. Il donne le 11 juillet Thérèse
Raquin, drame en 4 actes, au théâtre de le Renaissance. Philippe Solari
expose un buste de Zola au Salon.
Le 14 avril
1874, a lieu au café Riche, le premier « Dîner des auteurs sifflés »
qui rassemblera tous les mois, Flaubert, Tourgueniev, Daudet, Edmond de
Goncourt et Zola. Il fait la connaissance de Guy de Maupassant. Il publie en
mai le quatrième volume des Rougon-Macquart :
La Conquête de Plassans. Il publie
également Les Nouveaux contes à Ninon.
Au théâtre, il échoue le 3 novembre avec Les
Héritiers Rabourdin. En fin d’année, un autre repas mensuel fait son
apparition, le « Bœuf nature » qui réunit peintres et littérateurs.
Par l’intermédiaire de Manet, il se lie d’amitié avec le poète Stéphane
Mallarmé (1842-1898).
Le 27 mars
1875, il publie le cinquième volume des Rougon-Macquart :
La Faute de l’abbé Mouret. L’écrivain
et critique d’art Joris-Karl Huysmans (1848-1907), l’écrivain Henry Céard
(1851-1924) ou encore l’écrivain Léon Hennique (1850-1035) manifestent leur
admiration. Tous trois seront naturalistes.
En 1876, il
commence ses relations avec Henry Céard, Huysmans et Léon Hennique. Il publie
le sixième volume des Rougon-Macquart :
Son Excellence Eugène Rougon. Il
entre au Bien public, journal quotidien
républicain fondé par le futur ministre Yves Guyot (1843-1928), comme critique
dramatique. Il rédige une sorte de chronique littéraire. À partir d’avril, il
fait paraître en feuilleton L’Assommoir.
C’est un scandale : le journal arrête la publication du roman. La République des lettres la reprend. Le
succès est à la hauteur du scandale. Il écrit une nouvelle pièce, Le Bouton de la rose.
En 1877, Zola
proclame dans ses articles les principes du naturalisme. Le 16 avril, le
journaliste et écrivain Octave Mirbeau (1848-1917), l’écrivain Paul Alexis
(1847-1901), Léon Hennique, Henry Céard, Guy de Maupassant et Joris-Karl
Huysmans invitent Zola, Edmond de Goncourt et Gustave Flaubert au restaurant Trapp.
On considère ce dîner comme l’acte de baptême de l’école naturaliste.
En 1878, Zola
achète une maison à Médan pour 9000 francs. Il publie le 20 avril le huitième
volume des Rougon-Macquart : Une
page d’amour, précédé de l’arbre généalogique des Rougon-Macquart. Le 6
mai, la première du Bouton de la rose
est un échec.
En 1879, L’Assommoir est adapté au théâtre de
l’Ambigu. La première a lieu le 18 janvier : c’est un grand succès. Avec
Céard et Hennique, Zola travaille à l’adaptation théâtrale de La Conquête de Plassans, L’Abbé Faujas. Il publie dans Le Messager de l’Europe un article
intitulé : « Le Roman expérimental ». À partir du 16 octobre Nana paraît en feuilleton et ce,
jusqu’au 5 février de l’année suivante.
En février
1880, Nana, neuvième volume des Rougon-Macquart, paraît en volume. Le 1er
mai, Les Soirées de Médan, recueil de
nouvelles de Zola et des naturalistes paraissent. Après une préface d’Émile
Zola étrangement datée du 1er mai 1880, on peut lire tour à tour, l’Attaque du moulin, d’Émile Zola, Boule de Suif, de Guy de Maupassant, Sac au dos, par Joris-Karl Huysmans, la Saignée, par Henry Céard, l'Affaire du Grand 7, de Léon Hennique,
et Après la bataille, de Paul Alexis.
La mère d’Émile Zola meurt le 17 octobre. Il publie en décembre un recueil
d’articles, Le Roman expérimental qui
se ressent de sa lecture de l’Introduction
à l’étude de la médecine expérimentale (1865) de Claude Bernard (1813-1878).
Le 16 janvier
1881, Zola est élu conseiller municipal de Médan. Il publie plusieurs recueils
critiques, Le Naturalisme au théâtre en
février, Nos auteurs dramatiques en
avril, Les Romanciers naturalistes en
juin et Documents littéraires en
octobre. Il défend l’éducation des filles et la mixité dans deux
articles : « Comment elles poussent » et « L’Adultère dans
la bourgeoisie ».
En 1882, le
dixième volume des Rougon-Macquart : Pot-Bouille
paraît en feuilleton du 23 janvier au 14 avril avant sa parution en volume. Il
publie un recueil de ses articles du Figaro,
Une campagne. Il publie également un
recueil de six nouvelles, Le capitaine
Burle. L’universitaire Ferdinand Brunetière (1849-1906), qui devint
professeur à l’École normale supérieure de 1886 à 1904, critique Zola dans Le Roman naturaliste. À partir du 17
décembre jusqu’au 1er mars de l’année suivante, Au Bonheur des Dames, onzième volume des Rougon-Macquart paraît en
feuilleton.
En 1883, il publie
également Naïs Micoulin et autres
nouvelles. Au Bonheur des Dames
paraît en volume. L’écrivain Paul Bourget (1852-1935), un temps admirateur de
Zola, rassemblent des articles qui lui sont opposés dans ses Essais de psychologie contemporaine. Le
13 décembre a lieu la première du drame de William Busnach (1832-1907) tiré de Pot-Bouille au théâtre que Zola doit
défendre dans le Figaro dans un
article intitulé : « De la moralité au théâtre ».
En janvier 1884,
il préface le catalogue d’une exposition des œuvres de Manet mort l’année
précédente. Il publie en février La Joie
de vivre, le douzième volume des Rougon-Macquart.
Préparant son futur roman, il se documente à Anzin, descend dans un puits de
mine. C’est ainsi qu’il assiste le 7 mars à un meeting du Parti ouvrier de la
Région parisienne où le leader du Parti Ouvrier d’inspiration “marxiste”, Jules
Guesde (1845-1922) et le gendre de Karl Marx (1818-1883), Paul Lafargue
(1842-1911) prennent la parole. Germinal,
le treizième volume des Rougon-Macquart, commence à paraître en feuilleton dans
le Gil Blas le 26 novembre.
En 1885, il
publie Germinal. Il est salué par la
critique. Le succès est énorme. En mai, il commence l’adaptation théâtrale avec
William Busnach. Ils n’arriveront pas à convaincre la censure.
En 1886 il publie
le quatorzième volume des Rougon-Macquart : L’œuvre. Cézanne qui
croit se reconnaître dans l’artiste raté rompt avec Zola. Il voyage en Beauce
pour préparer son roman sur les paysans du 3 au 9 mai.
Le 18 février
1887 a lieu la première du Ventre de
Paris adapté par Busnach. Le 16 avril, il donne au théâtre Vaudeville une
pièce intitulée Renée, tirée de La Curée. Il publie le quinzième volume
des Rougon-Macquart : La Terre.
La critique est indignée. Edmond Goncourt qui n’apprécie plus Zola l’encourage.
Le Manifeste des Cinq est publié
contre Zola dans Le Figaro le 18 août
1887. Lettre ouverte à Émile Zola, elle est signée par cinq jeunes écrivains
proches d’Edmond de Goncourt : le journaliste et écrivain naturaliste Paul
Bonnetain (1858-1899), l’écrivain d’origine belge J.-H. Rosny aîné (pseudonyme
de Joseph Henri Honoré Boex, 1856-1940), le journaliste et écrivain Lucien
Descaves (1861-1949), l’écrivain Paul Margueritte (1860-1818) et l’écrivain Gustave
Guiches (1860-1935). Ils reprochent à Zola sa vulgarité et de se répéter pour
des raisons mercantiles. Zola ne répond pas.
En 1888,
Alfred Bruneau entre en contact avec lui pour mettre en musique une de ses
œuvres. Zola lui propose Le Rêve, le
seizième volume des Rougon-Macquart. Il commence à paraître en feuilleton à
partir du 1er avril jusqu’au 15 octobre. Une version édulcorée de Germinal dont la première a lieu le 21
avril rencontre peu de succès. Du 1er avril au 15 octobre, Le Rêve paraît en feuilleton. Après sa
légion d’honneur obtenue le 13 juillet, il annonce qu’il sera candidat à
l’Académie française. Zola commence une liaison avec Jeanne Rozerot (1867-1914),
la lingère que madame Zola avait engagée pour leur séjour à Royan. Zola
s’initie à la photographie qu’il va désormais pratiquer assidument. Il installe
sa maîtresse dans un appartement proche de son domicile à Paris. En octobre, il
publie Le Rêve en volume.
En 1889 en
compagnie de Jeanne Rozerot, Zola part se documenter au Havre pour La Bête humaine, le dix-septième volume
des Rougon-Macquart. Le 2 mai, son drame, Madeleine,
de 1865 est créé au Théâtre-Libre, lieu et mouvement théâtral dévoué au
naturalisme. Le 20 septembre, Jeanne Rozerot donne à Zola une fille, Denise. En
octobre, une nouvelle édition du Vœu
d’une morte sort. La Bête humaine
commence à paraître en feuilleton dans La
vie populaire le 14 novembre. Le 2 décembre il est candidat pour la
première fois à l’Académie française. C’est un premier échec.
En 1890, Zola
publie le La Bête humaine en volume.
Il visite la Bourse pour son prochain roman. Il collabore à l’élaboration du
livret du Rêve que Bruneau met en
musique. L’Argent dix-huitième volume
des Rougon-Macquart, commence à paraître en feuilleton le 30 novembre.
En 1891, Zola
publie le L’Argent. Il est élu membre
de la Société des gens de lettres le 9 février puis président le 6 avril. Du 17
au 26 avril, il voyage dans la région de Sedan pour sa documentation relative à
La Débâcle le dix-neuvième volume des
Rougon-Macquart. Le Rêve adapté à
l’opéra sur une musique d’Alfred Bruneau connaît le succès pour la première le
18 juin. Le 25, un grand banquet en l’honneur de ses auteurs est organisé au
bois de Boulogne. Le 6 juillet, la Société des gens de lettres, sur la
proposition de Zola, confie à Auguste Rodin (1840-1917) l’exécution d’un
monument à Balzac (1799-1850). À partir du 9 septembre, les Zola voyagent dans
les Pyrénées, notamment à Lourdes. Jeanne Rozerot donne à Zola un fils, Jacques,
né le 25 septembre. Sa femme légitime est avertie part une lettre anonyme le 10
novembre de la liaison de son mari. Une crise s’ensuit.
En 1892, Zola voyage
avec son épouse, Lourdes, le midi, Gênes. Il publie La Débâcle, d’abord en feuilleton du 20 février au 21 juin dans La vie populaire, puis en volume le même
jour. Son activité de président de la Société des gens de Lettres l’occupe. Il
échoue une nouvelle fois à l’Académie française. Le 7 décembre, il commence Le Docteur Pascal, vingtième et dernier
volume des Rougon-Macquart.
En 1893, Zola
publie Le Docteur Pascal le 19 juin.
Le 21, un grand banquet au Chalet des Îles au bois de Boulogne fête
l’événement : l’achèvement du cycle. Le 13 juillet, Zola est fait officier
de la Légion d’honneur. Il reçoit un accueil triomphal au congrès du Royal
Institute of Journalists qui se tient à Londres du 20 septembre au 1er
octobre. Le 5 octobre, il commence la rédaction de Lourdes. Le 23 novembre, l’Attaque
du moulin est créée à l’Opéra-comique. En décembre Zola achève la pièce
qu’il a adaptée de La Bête humaine en
collaboration avec Busnach. Il compose le livret de Lazare.
Le combat pour la justice.
Au printemps
1894, il rédige Messidor, livret
destiné à Bruneau. Le 27 avril, il achève son mandat de président de la Société
des gens de lettres. Du 14 avril au 14 août, paraît Lourdes, le premier volume du cycle Les Trois Villes en feuilleton. La peinture des catholiques n’a pas
l’heur de leur plaire et l’œuvre de Zola entre à l’Index le 19 septembre. Le
public assure le triomphe de l’œuvre. Zola échoue une nouvelle fois à
l’Académie française : c’est son ennemi Paul Bourget qui est élu. Pendant
ce temps, du 31 novembre au 15 décembre, le capitaine Alfred Dreyfus est arrêté
et jugé pour espionnage au profit de l’empire allemand. Les antisémites se
déchaînent : le traître est juif. Alsacien, il est donc allemand. Le 22
décembre, il est condamné à la dégradation militaire et à la déportation à vie.
Le 5 janvier
1895, Dreyfus est dégradé devant une foule hostile. Le nationaliste Barrès
écrit : « Sa figure de race
étrangère, sa raideur impassible, toute son atmosphère révolte le spectateur
maître de soi. » Le 1er avril Zola est de nouveau président
de la Société des gens de lettres. Le 13 décembre, Dreyfus embarque pour l’île
du Diable. Rome, deuxième volume du
cycle Les Trois Villes commence à
paraître dans Le Journal le 21
décembre.
En
1896, après un séjour dans la ville des papes, il publie Rome le 8 mai. Il y dénonce la charité, lui préférant la justice.
Il fait paraître dans Le Figaro le 16
mai « Pour les Juifs ». À l’automne, il rédige deux livrets, celui de
L’Ouragan et celui de Violaine la chevelue. Ce dernier ne sera
pas mis en musique. En novembre, il reçoit la visite de Bernard Lazare
(1865-1903) qui venait de faire paraître une brochure intitulé Une erreur judiciaire. La vérité sur
l’affaire Dreyfus le 6, à la demande du frère de ce dernier ; il vient
l’intéresser à l’affaire Dreyfus.
Le 19 février
1897, Messidor, drame lyrique
d’Alfred Bruneau (1857-1934) dont il a rédigé le livret, est joué à l’Opéra. Zola
fait paraître le 29 mars, Nouvelle campagne,
un recueil d’articles parus dans Le
Figaro. Il est élu membre du comité de la Société des gens de lettres pour
trois ans. Paris, troisième volume du
cycle Les Trois villes, paraît en
feuilleton à partir du 23 avril. Le 24, il prononce un discours à l’occasion de
l’inauguration du monument Guy de Maupassant. Le 6 novembre, Bernard Lazare qui
a publié un second mémoire, Une erreur
judiciaire. L’affaire Dreyfus s’entretient avec lui sur l’Affaire. Le 13,
c’est Me Leblois, le défenseur du lieutenant-colonel Marie-Georges Picquart
(1854-1914), qui a découvert le vrai traître, l’officier Esterhazy (1847-1923),
avec qui il déjeune. Zola s’engage en faveur de Dreyfus. Il publie trois
articles dans Le Figaro, le 25
novembre, les 1er et 5 décembre. Une campagne de désabonnement au Figaro l’amène à quitter ce journal. Il
publie ses réflexions en brochures, « Lettre à la jeunesse » le 14
décembre.
Le 6 janvier
1898, il publie une seconde brochure « Lettre à la France ». Les 10
et 11 janvier, malgré les preuves, Esterhazy est acquitté à l’unanimité par le
conseil de guerre. Le lieutenant-colonel Picquart quant à lui est condamné à la
forteresse. Le 13 janvier Zola fait paraître « J’accuse », lettre
ouverte adressée au président de la République, Félix Faure (1809-1899), dans L’Aurore, le journal de Georges
Clémenceau (1841-1929). En quelques heures, 300 000 exemplaires du journal
sont vendus. Accusé pour diffamation, le procès s’ouvre le 7 février. Des
magasins tenus par des Juifs sont attaqués par les antisémites. Le 23 février Zola
est condamné à la peine maximale, soit un an d’emprisonnement et 3000 francs
d’amende. Il publie Paris en volume
le 26 mars. En cassation son procès est cassé pour vice de forme le 2 avril. Un
second procès s’ouvre le 23 avril. Le 9 juillet, il est condamné à 2 mois de
prison avec sursis, 2000 francs d’amende et 5000 francs de dommages et
d’intérêts pour les trois experts qui avaient validé l’acquittement
d’Esterhazy. 2 jours plus tard, ce dernier est arrêté sous la dénonciation de
son cousin ainsi que Picquart. Zola, après avoir publié une nouvelle lettre,
est condamné devant les assises de Versailles à un an de prison et 3000 francs
d’amende. Avant d’être assigné, il s’exile en Angleterre. Il y commence Fécondité, le premier du cycle Quatre Évangiles. De nouveau condamné, il est radié de l’ordre de la
légion d’honneur et une vente saisie à lieu à son domicile. En août, Jean
Jaurès (1859-1914) commence à écrire en faveur de Dreyfus. Le faux d’Hubert Henry
(1846-1898), qu’il a fabriqué pour accuser Dreyfus, est bientôt découvert.
Écroué, Henry se suicide le 31 août.
Le 16 février
1899, Félix Faure meurt au palais de l’Élysée alors qu’il était avec sa maîtresse.
Émile Loubet (1838-1929), partisan de la révision est élu président de la
République. La révision va avoir lieu. Le 5 juin 1899, Zola revient en France
après onze mois d’exil à cette annonce de la révision du procès Dreyfus. En
septembre, malgré les aveux d’Esterhazy, la découverte du faux Henry, le
capitaine Dreyfus est à nouveau condamné. Zola est indigné. Du 15 mai au 14
octobre, Fécondité paraît en
feuilleton dans L’Aurore. Le 19
septembre le capitaine Dreyfus est gracié. Zola n’assistera pas à la
réhabilitation de Dreyfus en 1906. Il publie le premier volume du cycle des Quatre Évangiles : Fécondité le 28 octobre.
En janvier 1900,
il fait paraître trois articles pour défendre la mémoire de son père attaquée
par les antisémites. Travail, le
deuxième volume du cycle des Quatre
Évangiles paraît dans l’Aurore à partir du 3 décembre. Une loi d’amnistie
est votée pour tous les faits relatifs à l’affaire Dreyfus.
Le 29 avril
1901 a lieu la première de L’Ouragan
d’Alfred Bruneau. Il publie le 16 avril La
Vérité en marche, recueil des articles concernant l’affaire Dreyfus. En mai
Travail paraît en volume.
Le 10
septembre 1902, Vérité, le troisième
volume du cycle des Quatre Évangiles
commence à paraître en feuilleton. Dans la nuit du 28 au 29 septembre,
Zola meurt asphyxié à cause d’une cheminée mal ramonée. Est-ce un acte des antisémites ?
50 000 personnes l’accompagnent à sa dernière demeure le 5 octobre.
Le 15 février
1903, s’achève la publication de Vérité.
Le quatrième volume du cycle, Justice,
est resté à l’état de simple projet.
Le 3 mars
1905, L’Enfant-Roi d’Alfred Bruneau (1857-1934)
dont il a rédigé le livret est joué.
En 1906, les
enfants illégitimes de Zola peuvent porter le nom de leur père car Alexandrine
Zola fit reconnaître les enfants de sa rivale.
Le 3 juin 1908
les cendres de Zola sont transférées au Panthéon en dépit des nationalistes
comme Barrès et des attaques contre « le métèque vénitien Zola » de
l’Action française. Les cris de « À bas les Juifs ! À bas
Zola ! » accompagnèrent le cortège. Lors de la cérémonie, un
journaliste nationaliste tira sur Alfred Dreyfus qui était présent. Quelques
jours plus tard, il fut acquitté.
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