jeudi 2 juillet 2015

Bachelard, biographie

Vie.
Gaston Louis Pierre Bachelard est né à Bar-sur-Aube le 27 juin 1884. Il écrira pour décrire son pays : « Je suis né dans un pays de ruisseaux et de rivières, dans un coin de la Champagne vallonnée, dans le Vallage, ainsi nommé à cause du grand nombre de ses vallons. » (L’eau et les rêves. Essai sur l’imagination de la matière, 1942, Paris, José Corti, Introduction, V, p.11). Son père, Louis Gaspard Bachelard (1854-1923) est artisan cordonnier. Il tient avec sa femme, Marie-Louise Philomène Sanrey (1858-1925) un bureau de tabac. Son grand-père, Nicolas Bachelard (1824-1889) était devenu maître cordonnier après avoir épousé la fille de son patron. Il eut au mieux 13 ouvriers. Les parents de Gaston vivent modestement. Le 19 novembre 1888 naît son frère, Georges (1888-1965).
Il fait ses études secondaires au collège de Bar-sur-Aube entre 1896 et 1902 où il rafle de nombreux prix. Amateur de football et violoniste, il compose des pièces de théâtre et donne des concerts avec son ami Nicod. Comme acteur, il jouait souvent des rôles de femmes.
En 1902, après l’obtention de son baccalauréat de philosophie, il est répétiteur au collège de Sézanne jusqu’en 1903. Il devient surnuméraire des Postes et Télégraphes à Remiremont (c’est-à-dire que son poste ne correspond pas à un emploi effectif et comprend une certaine précarité).
Vers 1904, il devient un admirateur d’Edgar Alan Poe (cf. L’eau et les rêves. Essai sur l’imagination de la matière, 1942, p.80). Il monte au somment de la cathédrale de Strasbourg où il est pris d’un vertige (cf. La Terre et les rêveries de la volonté, p.302).
Il fait son service militaire comme cavalier télégraphiste au 12° Dragons à Pont-à-Mousson de 1905 à 1907.
En 1907, il est commis des Postes et Télégraphes à Paris gare de l’Est. Dans le même temps, il fait des études, malgré 60 heures de travail hebdomadaire.
En 1912, il est licencié de mathématiques. Il est classé troisième au concours d’entrée à l’École supérieure de télégraphie pour deux places disponibles en 1912.
En 1913 et 1914, il est en disponibilité pour préparer le concours d’élèves ingénieurs des Télégraphes. Il a une bourse en mathématiques spéciales au lycée Saint-Louis. Il se marie le 8 juillet 1914 avec une jeune institutrice qui exerce à Maison-lès-Soulaines (Aube), Jeanne Rossi (1886-1920).
Du 2 août 1914 jusqu’au 16 mars 1919, il est mobilisé dans les unités combattantes. Sa fille, Suzanne, naît le 18 octobre 1919. Bachelard passera trente-huit mois dans les tranchées. Il obtient la Croix de guerre et une citation à l’ordre de la Division.
Au retour de la guerre, il devient professeur de physique et de chimie au collège de Bar-sur-Aube.
Le 20 juin 1920, il perd son épouse qui meurt d’une infection pulmonaire. Il écrira bien plus tard : « Le deuil le plus cruel, c’est la conscience de l’avenir trahi, et quand survient l’instant déchirant où un être cher ferme les yeux, immédiatement on sent avec quelle nouveauté hostile l’instant suivant assaille notre cœur. » (L’intuition de l’instant, p.15). Il écrit encore à propos de l’amour : « Quand un amour a perdu son mystère en perdant son avenir, quand le destin en fermant le livre brutalement a arrêté la lecture, on reconnaît dans le souvenir, sous les variations du regret, le thème si clair, si simple, si général de la souffrance humaine. » (p.92). Il va dorénavant élever seul sa fille.
Il obtient sa licence de philosophie en 1920.
En 1922, il devient agrégé de philosophie et enseigne les sciences et la philosophie dans sa ville, Bar-sur-Aube.
En 1923 il perd son père.
En 1925, il perd sa mère.
Il soutient deux thèses en Sorbonne sur l’épistémologie le 23 mai 1927 sous les patronages respectifs d’Abel Rey (1873-1940) et de Léon Brunschvicg (1869-1944). Il mentionne encore ce dernier en 1949 dans Le rationalisme appliqué(p.12). Sa thèse principale s’intitule, Essai sur la connaissance approchée, et la secondaire, Étude de l’évolution d’un problème de physique : la propagation thermique dans les solides.
En octobre 1927, il est chargé de cours à la faculté des Lettres de Dijon.
Le 25 août 1937, il est fait chevalier de la légion d’honneur.
De 1930 à 1940, il y est professeur de philosophie où il succède à Georges Davy (1883-1976). Il fait cours sur la philosophie, de psychologie et de littérature française pour étudiants étrangers. Il se lie d’amitié avec l’historien et romancier Gaston Roupnel (1871-1946). Sa fille Suzanne assiste au cours consacré à la licence et à l’agrégation.
Il est fait chevalier de la légion d’honneur le 25 août 1937.
De 1940 à 1954, il est professeur d’histoire et de philosophie des sciences à la Sorbonne où il succède à Abel Rey (1873-1940). Il est président du jury de l’agrégation de philosophie pendant l’occupation allemande. Il témoigne à Léon Brunschvicg de son amitié. Ce dernier, en raison de ses origines juives, doit en même temps que son épouse, Cécile (1877-1946), et pour les mêmes raisons, se cacher en zone libre. Bachelard est également directeur de l’Institut d’histoire des sciences. À un ami inquiet qu’il fasse un cours sur Schopenhauer pendant l’occupation, il lui répond : « Ne t’inquiète pas ! Ce n’est pas le leur ! » (cf. Vincent Bontems (direction), Bachelard et l’avenir de la culture, p. 9). En 1945, il publie dans un numéro de la Revue de Métaphysique et de morale intitulé « Léon Brunschvicg et son œuvre », il publie article intitulé « La philosophie scientifique de Léon Brunschvicg ».
Il est fait officier de la Légion d’honneur le 10 juillet 1951.
En 1954, il est professeur honoraire à la Sorbonne, chargé de l’enseignement correspondant à sa chaire pour l’année universitaire 1954-1955.
En 1955, il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques au fauteuil d’Édouard Le Roy (1870-1954).
Le 18 mai 1960, il est fait commandeur de la légion d’honneur.
En 1961, il obtient le Grand prix national des Lettres. Le 1er août, Bachelard salue dans une lettre l’ouvrage de Michel Foucault, Folie et déraison. Une histoire de la folie à l’âge classique, un grand livre de « sociologie de la déraison ».
Il meurt à Paris le 16 octobre 1962 d’une douloureuse artérite. Il est inhumé à Bar-sur-Aube le 19.

Œuvres.
Essai sur la connaissance approchée (1928 thèse principale de doctorat ès-lettres) ; Étude sur l’évolution d’un problème de physique : la propagation thermique dans les solides (1928 thèse complémentaire de doctorat ès-lettres) ; La valeur inductive de la relativité (1929) ; Le Pluralisme cohérent de la chimie moderne (1932) ; L’Intuition de l’instant : Étude sur la « Siloé » de Gaston Roupnel (1932) ; Le Nouvel esprit scientifique (1934) ; La dialectique de la durée (1936) ; L’Expérience de l’espace dans la physique contemporaine (1937) ; La Formation de l’esprit scientifique. Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective (1938) ; La Psychanalyse du feu (1938) ; Lautréamont (1940) ; La Philosophie du non. Essai d’une philosophie du Nouvel esprit scientifique (1940) ; L’Eau et les rêves. Essai sur l’imagination de la matière (1942) ; L’air et les songes. Essai sur l’imagination du mouvement (1943) ; La Terre et les rêveries de la volonté. Essai sur l’imagination des forces (1948) ; La Terre et les Rêveries du repos. Essai sur les images de l’intimité (1948) ; Le rationalisme appliqué (1949) ; Paysages. Notes d’un philosophe pour un graveur (1950) ; L’Activité rationaliste de la physique contemporaine (1951) ; Le Matérialisme rationnel (1953) ; Châteaux en Espagne, la Philosophie d’un graveur (1957) ; La Poétique de l’espace (1957) ; La Poétique de la rêverie (1960) ; La Flamme d’une chandelle (1961) ; Le Droit de rêver (1970 recueil posthume de textes divers) ; Études (1970 recueil posthume de cinq textes présentés par Georges Canguilhem) ; L’Engagement rationaliste (1972 recueil posthume de textes divers, préface de Canguilhem) ; La Poétique du Phénix (1972 manuscrit inédit) ; Fragments d’une poétique du feu (1988, publié par sa fille, Suzanne Bachelard).

Bibliographie
Livres
Bontems (Vincent), Bachelard et l’avenir de la culture. Du surrationalisme à la raison créative, Presses des Mines, 2018).
Parinaud (André), Gaston Bachelard, Flammarion, 1996.
Wunenberger (Jean-Jacques), Gaston Bachelard, poétique des images, Éditions Mimésis, 2012, 2014.

Articles
Georges Davy, « Gaston Bachelard : l’unité de l’homme et de l’œuvre », Les Études philosophiques, Nouvelle Série, 13èmeannée, n°2 (Avril/Juin 1958), pp. 123-133 (11 pages).


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