Quelle ne fut pas la surprise de Galilée
(1564-1642) lorsque, grâce à la lunette astronomique qu’il dirigea vers le ciel
en 1609, il découvrit que la fameuse voie lactée n’était rien d’autre qu’une
multitude d’étoiles. Il découvrit également quatre satellites à la planète
Jupiter, ce qu’aucun raisonnement n’avait jamais permis de découvrir.
Pire ! On objectait au vieil héliocentrisme d’Aristarque de Samos qu’il
était absurde que la Terre ait un corps qui tourne autour d’elle : la
Lune. Or, Jupiter en mouvement était suivi de quatre satellites. Ce qu’il
consigna dans son Messager des étoiles
(1610). De tels événements donnent à penser que l’expérience est bien la seule
source de vérité.
C’est qu’en effet, on ne voit pas comment
il serait possible de découvrir quelque vérité que ce soit sans contact avec le
réel. Or, l’expérience, c’est-à-dire la perception réitérée et objective des
faits, paraît être la seule qui nous découvre littéralement le réel. Elle seule
rend seule possible la définition traditionnelle de la vérité comme adéquation
de la pensée avec son objet.
Toutefois, il n’en reste pas moins vrai
que la simple expérience ne prouve rien et peut même induire en erreur. Les
illusions des sens, les hallucinations, les prétendus miracles montrent cette
possibilité d’erreur. Dès lors, il semble que les expériences doivent être pour
le moins corrigés par la raison.
On peut donc se demander si l’expérience
est la seule source de vérité ou bien si la raison peut la redresser, ou si les
deux collaborent nécessairement à la découverte de la vérité.
La vérité est ailleurs que dans la
routinière expérience, c’est-à-dire dans la saisie de l’intelligible. Mais
l’expérience est la seule source des idées relative aux faits et donc de toute
vérité extérieure. La collaboration de la raison permet à l’expérience d’être
une source essentielle, mais non la seule, pour se débarrasser des erreurs
qu’on nomme vérités faute de mieux.
L’expérience apparaît d’abord comme la
répétition de ce qu’on perçoit ou de ce qu’on fait. Autrement dit, pour qu’il y
ait expérience, il ne suffit pas d’avoir perçu une fois ou d’avoir réalisé une
fois quelque chose. C’est donc la répétition des perceptions qui fait le
contenu de l’expérience comme le montrent Aristote en Métaphysique, A, 2, ou Hegel dans sa Propédeutique philosophique (1808). Même lorsqu’on fait une
expérience nouvelle, elle s’intègre à l’expérience acquise jusque là. Sinon, il
serait impossible de la comprendre. C’est ainsi qu’on dit de certains hommes
qu’ils ont de l’expérience. On veut dire par là que dans un domaine, voire dans
tous les aspects de la vie humaine, ils ont vécu, c’est-à-dire que ce sont
répétées les perceptions et les actions. C’est l’expérience qui fonde alors ce
qu’ils pensent des sujets qu’ils ont eu à connaître. C’est elle qui leur permet
de prédire ce qui va se passer. L’expérience ainsi entendue reste limitée au
particulier car c’est l’art, voire la science, qui en dégage l’universel comme
Aristote l’indique en Métaphysique,
A, 2. Mais, de même que l’armée française fut défaite en 1940, parce que sa
tactique s’appuyait sur l’expérience, une telle routine n’est absolument pas
apte pour permettre d’acquérir quelque vérité que ce soit. C’est pour cela que
Platon la rejette dans le Gorgias en
l’opposant à l’art véritable qui connaît les causes. Il oppose de ce point de
vue la médecine, un art qui connaît les causes de la santé et de la maladie à
la cuisine, une routine qui s’en tient à ce qui fait plaisir. L’expérience
comme routine permet d’agir. Elle permet de s’insérer dans une société donnée.
Mais l’expérience comme routine ne permet en aucun cas de comprendre ce qui se
passe. Elle est même souvent, par les généralisations abusives qu’elle
implique, la source des préjugés les plus tenaces et se montre donc incapable
de voir la nouveauté. Elle interdit la remise en cause nécessaire pour sortir
de l’ignorance. Mais qu’est-ce alors qui pourrait la corriger ? La vérité
est-elle ailleurs ?
On peut s’appuyer sur l’allégorie de la
caverne de Platon qui ouvre le livre VII de La
République. Socrate y montre à Glaucon son interlocuteur le tableau
d’hommes enchaînés dans une caverne, regardant un mur où défilent les ombres
d’objets fabriqués qui sont portés derrière un mur par d’autres hommes et
qu’éclaire un feu sur une hauteur. L’un d’eux, libéré, finit par découvrir
d’abord dans la caverne puis au dehors les vraies réalités et finalement la
source de toute réalité. Réfléchissant alors au savoir qui régnait chez ses
compagnons d’infortune, à savoir la capacité développée par certains de deviner
quelle ombre arrivera étant donnée celle qu’il voit, il les plaint. Lui, qui a
découvert le réel, sait que les ombres ne sont que des ombres. Autrement dit,
non seulement il distingue le réel de son apparence, mais il est capable de
rendre compte de l’apparence. Et c’est en cela que sa connaissance de la vérité
dépasse l’expérience. Platon critique ainsi la routine (“emperia” en grec d’où
dérive « empirique ») qui fait l’apparent savoir des hommes.
L’expérience seule n’est rien d’autre que routine. Elle égare doublement
l’homme en lui faisant croire que le réel est ce qui est perçu et en lui
faisant croire qu’il sait ce qu’il ne sait pas. Ce sont donc les facultés du
concept comme la raison qui sont seules capables d’être source de vérité.
Comment l’entendre ?
C’est qu’en effet, l’expérience présente
le multiple et le devenir alors que la raison saisit, dans l’Idée ou Forme, une
réalité qui reste toujours identique à elle-même (cf. Platon, La République, livre V). C’est en cela que
seule la raison permet d’atteindre la vérité même si c’est l’expérience qui,
par ses contradictions, nourrit sa recherche. Mythiquement, Platon raconte dans
le Phèdre le parcours de l’âme dans
le ciel et comment elle se nourrit de la vision des réalités dans « la plaine de vérité » (Phèdre, 248b). Pour qu’il y ait vérité,
il faut que la réalité ne soit pas tantôt ceci, tantôt cela. Seule la raison
permet de découvrir le réel puisque l’expérience ne présente que des
multiplicités et un devenir bariolé. Et encore la raison implicitement organise
l’expérience sans quoi il ne serait pas possible d’affirmer quoi que ce soit.
Par exemple, pour ramener à l’unité faut-il avoir l’idée d’unité. Pour
déterminer une égalité, il faut avoir l’Idée d’égalité qui se distingue des
choses égales en ce qu’elles se montrent parfois égales parfois inégales (cf.
Platon, Phédon, 74c). Quant aux
différentes Idées, il faut qu’elles soient fondées. Platon pose donc une Idée
première, au-delà même de la réalité intelligible, l’Idée du Bien, principe
anhypothétique de la connaissance et de l’être (La République, livre VI, 508e ; 510b). Et dès lors la vérité
est moins l’accord ou la rectitude du regard par rapport à la chose que le
dévoilement même des choses. C’est que Platon conserve cette originaire
conception de la vérité comme le montre Heidegger dans « La doctrine
platonicienne de la vérité » (repris dans Questions II).
Cependant, la raison laissée à elle-même
peut certes ouvrir le champ des possibles. Autrement dit, elle permet souvent
de concevoir plusieurs théories concurrentes. Il n’en faut pas moins s’appuyer
sur l’expérience pour savoir quoi penser. Ne faut-il pas alors reconsidérer son
rôle et examiner si elle n’est pas vraiment la seule source de vérité ?
C’est que nos idées, pour originales
qu’elles paraissent, peuvent s’analyser comme Hume l’a montré dans la deuxième
section de l’Enquête sur l’entendement
humain (1ère édition, 1748 sous le titre), comme des copies
directes ou indirectes de l’expérience. Autrement dit, ce n’est pas la raison
qui est mystérieusement en contact avec un monde intelligible pensé pour rendre
compte des lacunes de la perception comme Bergson en fait la démonstration dans
le chapitre intitulé « La perception du changement » de La pensée et le mouvant (1934).
Pense-t-on à une montagne d’or ou à un cheval vertueux pour reprendre les
exemples de Hume ? On ne fait que composer ce qui s’est montré à nous.
Ainsi, c’est l’expérience entendue comme contact par les sens avec la réalité
extérieure qui est la seule source de vérité. Comprenons que c’est l’expérience
seule qui donne un contenu à nos représentations ou idées, quelque fantaisiste
qu’elles paraissent. Sans impressions, nous n’aurions aucune idée. Ainsi,
lorsqu’il a un de ses sens qui manque, un homme ne peut avoir les idées
correspondantes. Ou encore un Lapon qui ne connaît pas le vin, n’aura aucune
idée correspondante. Par vérité, on entendra ici de façon traditionnelle, la
correspondance entre ce que nous pensons et le réel pensé. Avant de savoir si
nos idées sont vraies, il faut en avoir. Les idées mêmes qui paraissent les
plus éloignées de l’expérience, comme l’idée de Dieu, s’y ramènent. On peut
l’analyser comme l’accroissement de certaines facultés humaines, comme la
sagesse, la vertu, etc. Comment comprendre alors qu’on se trompe ? Que
doit être l’expérience pour qu’il y ait des vérités, mais également des
erreurs ?
Il faut recourir aux principes de
l’association des idées que Hume dégage dans la section III de l’Enquête sur l’entendement humain, à
savoir la ressemblance, la contigüité dans l’espace et le temps et la relation
de cause à effet. Les premières rendent compte des synthèses entre les
différentes sensations et impressions. La ressemblance notamment permet de
penser la constitution des concepts qui ne sont que des mots dont le sens est
donné par les séries de faits qui présentent des similitudes. On peut rendre
compte ainsi de l’égalité par exemple. Quant à la causalité, elle montre
comment se constitue des vérités dans le champ de l’expérience et en même temps
comment l’erreur est possible. En effet, lorsque nous formons une prédiction,
nous ne pouvons le faire sur la base de la raison seule, car d’un fait donné,
une infinité de faits qui en sont les effets sont possibles au sens logique,
c’est-à-dire non contradictoires. Comme l’indique Hume dans la section V de l’Enquête sur l’entendement humain, un
homme, même doué de la raison la plus perspicace, sans aucune expérience
enregistrerait simplement les événements qui se produisent sans les lier. Aussi
est-ce sur le seul fondement de l’habitude de percevoir certaines suites de
faits, qu’est d’abord possible la relation de causalité elle-même. C’est pour
cela que nous sommes condamnés au seul savoir de la caverne pour reprendre
l’image platonicienne. Comme l’expérience passée ne prouve rien quant à l’avenir,
des erreurs sont possibles, comme celle du poulet de Russell dans Les problèmes de la philosophie
(chapitre 6 De l’induction) qui s’attend à être nourri par le fermier qui lui
tord le cou. Autrement dit, l’induction, c’est-à-dire le raisonnement qui va du
particulier au général comme le définit Aristote dans ses Topiques (livre I, chapitre 12) et qui fait le fond de
l’expérience, n’a jamais une validité absolue. Elle se distingue de la
généralisation qui consiste à accepter comme vérité ce qui arrive avec des
exceptions et qui est une source de préjugés. Si l’expérience est la seule
source de vérité, c’est parce qu’il n’y a de vérité empirique que provisoire.
Reste qu’il y a des vérités qui semblent échapper à l’expérience, celles qui
ressortissent aux relations d’idées. Or, ne peut-on pas aussi les dériver de
l’expérience ?
En effet, toutes les vérités démontrées
reposent sur des axiomes. On peut avec John Stuart Mill dans son Système de logique déductive et inductive,
(1843 ; 6ème édition 1865, livre II Du raisonnement, chapitre V
De la démonstration et de la vérité nécessaire § 4) considérer que ceux-ci ne
sont pas tant des idées que des inductions relevant de l’expérience. On refuse
ainsi la thèse qu’il y aurait des vérités perçues a priori par l’esprit. Soit
l’axiome selon lequel deux droites ne peuvent enfermer un espace que Stuart
Mill prend comme exemple. Il fait remarquer que l’observation nous confirme
toujours sa vérité. Dès lors, il n’est pas utile pour rendre compte de l’axiome
d’invoquer une connaissance a priori. Bref, l’expérience suffit pour rendre de
toutes les vérités, elle en est donc la seule source admissible au double sens
d’une origine et d’un fondement, c’est-à-dire de ce qui justifie. On peut donc
étendre aux vérités rationnelles le principe de l’habitude de Hume comme sens
ultime de l’expérience et fondement de toute vérité.
Néanmoins, la simple habitude, même
corrigée par une distinction claire entre l’induction pour laquelle l’exception
vaut réfutation et la généralisation, qui n’est pas trop regardante, ne peut en
aucun cas fonder quelque vérité que ce soit. Car, sur cette base, les erreurs
d’interprétation provenant des inductions contingentes comme celle qui a fait
de la Terre un astre immobile, se renforceraient indéfiniment. Dès lors,
n’est-ce pas à la condition que la raison la constitue et l’interprète que
l’expérience peut être une source de vérité ?
L’expérience paraît la seule source de
vérité non pas au sens où tout découlerait d’elle comme le veut l’empirisme
(celui de Hume notamment), mais au sens où elle seule permet de trancher entre
plusieurs explications possibles. Encore faut-il que la raison ait d’abord mis
en œuvre des explications. Qu’elles soient parfois suggérées par l’expérience
acquise ou qu’elles proviennent de libres inventions importent peu. Dans toute
expérience, il y a des idées ou des croyances qui orientent ce qu’on perçoit du
réel. Les poissardes qui ramassent des
appâts sur la plage de Calais à marée basse dans le tableau de Turner
(1775-1851) ne voient pas le soleil magnifique car, sa lumière suffit à leur
activité. C’est dire que l’expérience seule ne peut pas vraiment être la seule
source de vérité. Car, l’expérience commune, qui s’en tient aux simples
suggestions, est toujours fautive. Orientée par la pratique, elle ne retient de
l’objet que ce dont l’action qui oriente la perception organisée a besoin comme
Bergson dans Matière et Mémoire
notamment l’a analysée. Notre expérience commune sert à l’action. Elle ne
conduit pas vraiment à discuter. Est-il étonnant que les hommes, voire certains
philosophes comme Francis Bacon, chantre de l’induction, de l’expérience et
pourfendeur des « hypothèses » ont rejeté la théorie héliocentrique
de Copernic (1473-1543) ? Que doit-être alors l’expérience pour être une
source de vérité ? Quel rôle joue la raison ? Laquelle prime ?
Il est nécessaire que l’expérience soit
conçue en vue de tester une hypothèse. Toute autre expérience est trop
composite pour servir comme Descartes le faisait remarquer dans la sixième partie
du Discours de la méthode (1637). Il
faut d’abord une théorie explicative que seule la raison peut produire ou
plutôt proposer. Elle est donc d’abord de nature hypothétique ou conjecturale,
c’est-à-dire qu’elle attend d’être confirmée. C’est pour cela qu’il lui revient
comme Kant en a proposé l’image dans la Préface à sa deuxième édition de la Critique de la raison pure (1787) d’être
comme un juge qui force les témoins à parler. Il se réfère à Galilée dont
l’expérience des plans inclinés relatée dans les Discours concernant deux sciences nouvelles (1638) permit une
première formulation de la loi de chute des corps selon laquelle les espaces
parcourus sont comme les carrés des temps. Il se réfère aussi à Torricelli qui
avait proposé la théorie selon laquelle l’air exerce une pression sur toute la
surface de la Terre. Cette théorie visait à expliquer notamment le fait connu
des fontainiers de Florence selon lequel l’eau de leurs pompes ne s’élevait pas
à plus de 10,33 mètres. Mais pour s’assurer de la vérité de sa théorie,
Torricelli ne s’est pas contenté de l’admettre. Remplaçant l’eau par le mercure
qui pèse 14 fois plus environ, il a monté un dispositif expérimental qui
consiste en un tube à essai d’un mètre rempli de mercure qu’il plonge fermé
dans un récipient plein de mercure et dans lequel il débouche le tube. Le
résultat attendu avant l’expérience est que le mercure ne descend pas plus
qu’environ 76 cm, soit la hauteur prévue pour le mercure. Et c’est bien ce qui
se passa. Autrement dit, c’est à la condition d’être conçue par la raison comme
un moyen de tester une hypothèse et non de très vaguement confirmer une vague
vue que l’expérience est une source de vérité, provisoire, mais toujours
susceptible de s’inscrire dans un progrès.
Et c’est cette coopération entre la raison
et l’expérience qui fait que l’une donne à l’autre à penser et inversement que
la raison cherche à s’appliquer. Il n’en reste pas moins vrai que le dernier
mot, ou plutôt, le dernier mot provisoire, reste à l’expérience. Car, la raison
seule, ne donne que des explications possibles. Et encore est-elle soumise aux
aléas des données de l’expérience du sujet qui raisonne. Comme elle ne peut
saisir directement le réel, ce qui à la limite ressortirait d’une expérience
mystique, mais une telle expérience est toujours prétendue, quelque certitude
qu’elle acquiert aux yeux de celui qui la vit, il est clair en ce sens qu’il
faut cette relation au réel que donne l’expérience pour que l’idée de vérité
ait un sens. Mais la vérité reste recherchée, car l’expérience, nécessairement
particulière, ne peut confirmer absolument une hypothèse, voire une théorie.
Les tests qu’elle permet, à la condition qu’ils visent vraiment à l’éprouver,
c’est-à-dire qu’ils se présentent logiquement comme des tentatives de
réfutation selon l’analyse de Popper, notamment dans Conjectures et réfutations, ne donnent de vérité que provisoires.
Par contre, en éliminant les erreurs, voire en considérant que « psychologiquement, pas de vérité sans erreur
rectifiée » selon l’expression de Bachelard dans La formation de l’esprit scientifique (P.U.F., p.239), l’expérience
semble de nature à nous permettre de nous rapprocher indéfiniment de la vérité.
En un mot, le problème était de savoir si
l’expérience peut être la seule source de vérité puisqu’elle paraît livrer le
réel et pourtant elle présente des failles. On a vu que la raison pouvait la
remettre en cause, mais pourtant, que seule, elle ne pouvait découvrir le réel.
C’est qu’il y a dans l’empirisme qui dérive nos représentations de la seule
expérience une analyse juste : la raison ne peut pas seule connaître les
régularités de l’expérience parce qu’elle peut multiplier les explications
possibles. Aussi, l’expérience ne peut-elle véritablement être une source de
vérité que si elle rompt avec la routine de l’habitude ou de l’expérience
ordinaire pour s’inscrire dans une interrogation où elle apparaît comme le
moyen pour que la raison trouve, au moins provisoirement, une réponse à ses
questions.