Vie.
Émile Auguste Chartier, dit Alain, est né le 3 mars
1868 à Mortagne-au-Perche. Il est le fils d’un vétérinaire, Étienne Chartier
(1835-1893) et de Juliette Clémence Chaline (1844-1910), fille de commerçants.
Il a une sœur aînée, Louise (1861-1943). Il évoque le métier de son père dans
un Propos du 20 avril 1923 (repris
dans les Propos sur le bonheur, XII
« Le sourire »). Il évoque une manie d’un de ses grand-pères de ne se
nourrir que de lait dans un Propos du
1912 (repris dans les Propos sur le
bonheur, XXX « Ne pas désespérer »). Politiquement, sa famille
est radicale. Il l’affirme de son père et de son grand-père maternel (cf. Propos du 7 avril 1912). On ne sait pas
grand-chose de son enfance. Il a peut-être été un enfant difficile. À l’école
maternelle, il côtoie des enfants du peuple (cf. Propos du 8 Mars 1911 in Propos
sur le bonheur LXXXIV « Faire plaisir »). Il a connu une école
élémentaire où on privilégiait l’enseignement des règles.
En 1874, il entre au Collège Sainte-Marie de
Mortagne.
Élevé dans la religion, il a fait sa première
communion. Il notera ultérieurement la peur qu’elle lui procura qui l’empêchait
de dormir vers ses dix ans (cf. « Éloge de Lucrèce, Propos du 27 février
1932 » in Propos, Gallimard
« Bibliothèque de la Pléiade », 1956, pp.1061). Une visite dans un
monastère trappiste lui fait horreur. Il perd la foi en une religion qu’il
compare à une maladie (cf. Propos du 10
octobre 1909, repris dans les Propos
sur le bonheur, LXXIII « Bonne humeur », p.168-169, Gallimard
Folio Essais).
Il fait son lycée à Alençon en octobre 1881 en
quatrième. En 1886, il obtient son baccalauréat littéraire. Il entre au lycée
Michelet à Vanves pour préparer l’entrée à l’École Normale Supérieure. Attiré
par les sciences, il choisit les Lettres par facilité.
À partir de 1887, il est l’élève de Jules Lagneau
(1851-1894). « Parmi ses
contemporains, n’a reconnu qu’un maître, Jules Lagneau, philosophe profond qui
n’a guère écrit. » écrira-t-il de lui en 1925. Jules Lagneau soutenait
qu’« il n’y a qu’une vérité absolue,
c’est qu’il n’y a pas de vérité absolue ». S’il fut connu, c’est grâce
à ses élèves, notamment Alain lui-même. Alain rencontre Paul Landormy
(1869-1943), le futur musicologue.
Il entre à l’École normale supérieure, section
lettres en 1889, avec Paul Landormy. Il rencontre Léon Brunschvicg (1869-1944)
de la promotion 1888. Il devient l’ami d’Elie Halévy (1870-1937) de la
promotion 1890 (cf. Leterre 2006). Il est le précepteur du fils des
Lanjalley. Armand Lanjalley (1836-1921) est directeur de la comptabilité
publique. Alain passe un baccalauréat es sciences durant ses années d’École en
1891.
Il obtient l’agrégation de philosophie en 1892. Il
est 3°. Il enseigne donc en lycée. D’abord en terminale au collège de Pontivy
où il arrive en octobre. Il traduit et commente la Métaphysique d’Aristote. Il coopère à la Revue de Métaphysique et de Morale (RMM) qu’a fondée Xavier Léon
(1868-1935) en 1901.
Une crise de rhumatismes le cloue au lit en février
1893. Une scarlatine l’affecte de mai à juillet (cf. Lettre d’Alain à Elie Halévy
du 2 juin 1893). En Octobre, il est nommé au lycée de Lorient. Le 3 son père,
Étienne Chartier, meurt. En novembre, la Revue
de Métaphysique et de Morale publie un premier dialogue d’Alain sous son
premier pseudonyme : Criton.
En mars 1894, un deuxième dialogue de Criton paraît
dans la Revue de Métaphysique et de
Morale. Le 22 avril, son maître, Jules Lagneau, meurt.
En janvier 1895, un troisième dialogue de Criton
paraît dans la Revue de Métaphysique et
de Morale. Alain est co-directeur de la revue l’Union Universitaire. Il donne des conférences à la Société
Républicaine d’Instruction. En juillet Alain fait le discours intitulé
« L’accord pour la vie » à la distribution des prix du lycée de
Lorient.
En 1896, il est attaqué pour ses conférences et pour
son enseignement laïc par les catholiques. En septembre paraît un quatrième
dialogue de Criton dans la Revue de
Métaphysique et de Morale.
En mars 1897 paraît le cinquième dialogue de Criton dans
la Revue de Métaphysique et de Morale.
En mars 1898, Alain présente des Fragments de Jules Lagneau d’après ses
manuscrits dans la Revue de Métaphysique
et de Morale. En juillet-septembre, il donne des « Commentaires aux
fragments de Jules Lagneau » dans la Revue
de Métaphysique et de Morale.
En janvier, mars et septembre 1899, Alain publie « Matériaux
pour une doctrine laïque de la sagesse » dans la Revue de Métaphysique et de Morale. En octobre, il fonde à Lorient
avec des collègues du lycée l’Université Populaire, plus ouvrière et militante
que la Société Républicaine d’Instruction. Il lit Karl Marx (1818-1883) et Pierre-Joseph
Proudhon (1809-1865). Il arrête les conférences de la Société Républicaine
d’Instruction. En novembre, il publie « Valeur morale de la joie d’après
Spinoza » dans la Revue de
Métaphysique et de Morale.
Le 14 mai 1900, est publiée la première des
vingt-quatre chroniques signées Alain qui paraîtront jusqu’au 15 novembre dans La Dépêche de Lorient, journal des Bleus
de Bretagne. En juillet, Alain fait une communication au Congrès de Philosophie
de Paris : « L’éducation du moi. ». En octobre Alain succède à
Léon Brunschvicg au poste de philosophie du lycée Corneille de Rouen. En
novembre paraît « Le problème de la perception » dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Il a
pour élève le futur écrivain André Maurois (1885-1967) qu’il connaît sous son
vrai nom, Émile Herzog.
En janvier 1901, Il publie « Le culte de la
Raison comme fondement de la République » dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Il publie une étude, Spinoza chez Delaplane. En mai, il fait
paraître « Sur les perceptions du toucher » dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Il
rencontre Marie Monique Morre-Lambelin (1871-1941), professeur de sciences qui
veut passer le concours de directrice d’école normale et qui veut des cours de
philosophie.
En mars 1902, il participe à la campagne électorale
de Louis Ricard (1839-1921), ancien ministre, et polémique sous divers
pseudonymes (Quart d’œil, Philibert) dans la Démocratie Rouennaise. C’est un échec. Louis Ricard quitte la politique.
En juillet, il publie « L’idée d’objet » dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Il fait le discours de
distribution des prix au lycée Corneille.
En janvier 1903, Alain quitte Lorient. Il est nommé
au lycée Condorcet à Paris. Il donne des conférences aux Universités Populaires
de Montmartre et des Gobelins. En mai il publie le sixième dialogue de Criton dans
la Revue de Métaphysique et de Morale.
Le 19 juillet, Alain fait paraître son premier Propos du dimanche dans La Dépêche de Rouen et de Normandie. Le
19 août, il commence quatorze Méditations
sur la Mécanique.
En juin 1904 il publie dans la Revue de Métaphysique et de Morale une étude sur le livre d’un ami
de Xavier Léon, Louis Weber (18 ?-19 ?), directeur-adjoint au
ministère du travail, livre paru en 1903 et intitulé, Vers le positivisme absolu par l’idéalisme. En juillet, son
discours à la distribution des prix du lycée Condorcet « Les marchands de
sommeil » obtient un certain succès. Par Charles (1862-1936) et Marie
Salomon, il fait la connaissance de Mathilde Salomon (1837-1909), fondatrice du
Collège Sévigné. Il intervient pour soutenir Bergson (1859-1941) sur le
parallélisme psycho-physiologique au Congrès de Philosophie de Genève. Il a
comme élève Henri Massis (1886-1970) futur critique littéraire et membre de
l’Action française.
Le 16 avril 1905 est publié le dernier Propos du
dimanche. Le 24 avril est publié le Propos du lundi d’Alain dans La Dépêche de Rouen et de Normandie (publication
qui durera jusqu’au 5 février 1906). Le 11 novembre, il écrit : « Je viens de brûler ce onze novembre 1905 à
peu près trois cents pages écrites depuis longtemps sous le nom d’Analytique
Générale » (Cahiers de Lorient).
En septembre 1906, il passe ses vacances en Bretagne
chez ses amis Landormy, à Trébéron près de Brest. L’amour qui l’unira à
Gabrielle Landormy (1898-1969), nièce de Paul Landormy, naît peut-être à ce
moment. Le 16 février paraît dans La
Dépêche de Rouen et de Normandie le premier « Propos d’un
normand » d’Alain. En octobre, il fait sa première rentrée au lycée
Michelet qu’il retrouve.
Le 27 février 1907 Alain voit et entend le
naturaliste René Quinton (1866-1925). En août Alain va à Dieppe. En septembre
il séjourne à Genève. En novembre, dans la Revue
de Métaphysique et de Morale, il fait un compte rendu élogieux de l’Essai sur les éléments principaux de la
représentation d’Octave Hamelin (1856-1907). Ce dernier venait de se noyer
en tentant de sauver deux hommes.
En avril 1908 paraissent Cent-Un Propos d’Alain (première série) chez Lecerf à Rouen. Alain
rencontre Michel Alexandre (1888-1952) à Dieppe.
En décembre 1909 paraît la deuxième série des Cent-Un Propos d’Alain à l’imprimerie
Wolf à Rouen et chez l’éditeur Cornely à Paris. En août Alain achète la maison
de Paissy (Aisne), dans le voisinage de ses amis Lanjalley. En octobre il est
nommé professeur de Rhétorique Supérieure au lycée Henri IV. Son influence fut
considérable pendant quarante ans (1892-1933). Il a eu comme élèves : le
philosophe Georges Canguilhem (1904-1995), la philosophe Simone Weil
(1909-1943), l’écrivain Louis Poirier dit Julien Gracq (1910-2007).
Le 26 octobre 1910 sa mère, Juliette Clémence
Chartier, meurt à Choisy.
En février-mars 1911, il écrit sous le pseudonyme de
Criton les Lettres sur la philosophie
première (posthume). Le 16 octobre paraît la troisième série des Cent-Un Propos d’Alain chez Lecerf. En décembre,
il commence un Traité de Morale. Il a
comme élève Armand Lunel (1892-1977) qui dira de lui « il nous opéra tous littéralement de la
cataracte ». Ce dernier entre à l’École Normale supérieure (cf. Georges
Jessula, « Armand Lunel, homme de lettres », Archives Juives, 2006/1,
volume 39, p.141).
En août et en septembre 1912, Alain lit la Logique et la Philosophie de la nature de Hegel. Michel Alexandre obtient
l’agrégation de philosophie. En octobre il lit le Système de politique Positive de Comte. En décembre, il est en
conflit avec La Dépêche de Rouen.
En mars 1913, Alain prend parti contre le projet de
porter la conscription à trois ans. Il refuse de s’engager dans l’action
politique. En juillet, il travaille sur Aristote et sur Hegel. Son amie
Marie-Monique Morre-Lambelin est nommée à Saint-Germain en Laye.
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la
France. Le 7 août, Alain s’engage volontairement. Le 27 août, il part pour
Joigny (Yonne) où il est affecté au 3e Régiment d’artillerie lourde,
63e bataillon, 11e pièce. Le 1er septembre
paraît le dernier « Propos d’un normand ». Le 18 octobre, Alain, canonnier,
est téléphoniste à Beaumont dans la Woëvre. Le 15 novembre, il est promu 1er
canonnier. La quatrième série des Cent-Un
Propos d’Alain paraît.
La 21 février 1915, il est promu brigadier. Il fait
paraître Vingt-et-un Propos, méditation
pour les non-combattants. Il quitte sa fonction de téléphoniste en
septembre. L’offensive en Champagne en septembre et octobre échoue. Alain se
retrouve le 6 octobre en position sur le front de Champagne à la ferme de
Tahure au bois Guillaume. Le 26 octobre, il est au camp de Chalons puis à
Trondes.
Du 9 au 16 janvier 1916 il passe sa première
permission à Paris. Alain décide d’écrire De
quelques-unes des causes réelles de la guerre entre nations civilisées (la
rédaction durera jusqu’au 16 avril). Le 31 janvier, il dirige le central
téléphonique de la carrière de Flirey (front de Woëvre). Le 8 avril, il
commence la rédaction des Quatre-vingt-un
Chapitres sur l’Esprit et les Passions (elle se poursuit jusqu’au 1er
août). Les 22 et 23 mai, en mouvement vers Verdun, Alain, à la suite d’un accident
à la bosse du Mont d’Anon, est hospitalisé à Tantonville jusqu’au 17 août. Du 2
au 17 août, il rédige à l’hôpital de Tantonville les Vingt-et-une scènes de comédie. Du 18 au 25 août il est en permission
à Paris. Le 27 août, il rédige Le roi Pot.
Le 31 octobre a lieu l’explosion du tunnel de Tavannes. Alain rejoint sur le
front de Verdun le bois des Clairs-Chênes sur la crête des Bois-Bourrus, où il
demeurera jusqu’au 23 janvier 1917. Du 4 au 12 décembre, Alain est en permission
à Paris. Il corrige les épreuves des Quatre-vingt-un-chapitres
sur l’Esprit et les Passions.
Le 8 janvier 1917, Alain commence le Système des Beaux Arts (achevé une
première fois le 23 octobre, repris en 1919). Le 24 janvier, il rejoint à Dugny
(Seine) le service météorologique. Il est blessé. Le 14 octobre, il est démobilisé.
Sa blessure le laissera boiteux. Il retiendra que la guerre comme activité
n’est pas contraire au bonheur comme il assure en avoir fait l’expérience (cf.
Propos du 28 septembre 1921 in Propos sur
le bonheur LXXXVI « L’art de se bien porter », Gallimard, Folio,
p.197). Alain reprend ses cours au lycée Henri IV. Il achète une maison au
Vésinet (Yvelines). Il publie les Quatre-vingt-un
chapitres sur l’Esprit et les Passions à l’Émancipation. Il rédige l’Abrégé pour les aveugles, une édition en
Braille.
En mars 1918, Alain rédige le Petit Traité d’Harmonie pour les aveugles, qui paraît en Braille.
Le 11 novembre, c’est l’armistice signé à Rethondes.
Le 10 janvier
1919, Alain envoie un premier « Propos » à l’Œuvre où il devait publier chaque jour. Le propos est tronqué à la
parution. Alain cesse aussitôt sa collaboration. D’avril à juin, il réécrit le
premier livre du Système des Beaux-Arts.
De mai à novembre, il écrit 76 des chapitres de Mars ou la guerre jugée. En février paraît le Système des Beaux Arts, chez Gallimard dans la collection de la Nouvelle
Revue Française. Le 28, c’est dans la même collection que paraît le premier tome
des Propos d’Alain. Ils ont été
choisis par le collaborateur de la revue de la NRF, le professeur de
philosophie Michel Arnaud (alias Marcel Drouin, 1871-1943). Le 25 juin paraît
le deuxième tome de ses Propos. En
juillet, il achève Mars ou la guerre
jugée. D’août à septembre il commence Les
Idées et les Âges. Un de ses élèves entre à l’École Normale
Supérieure ; il s’agit de Jean Prévost (1901-1944), futur collaborateur de
la N.R.F. et futur résistant qui mourra dans le Vercors.
Le 27 mars 1921
Alain écrit le premier des « Propos » qui paraissent à nouveau à
partir du 9 avril, chaque samedi, par recueils de sept, dans la publication Libres Propos (Journal d’Alain) à
l’imprimerie coopérative “La Laborieuse” de Nîmes, gérée par un de ses
disciples, Michel Alexandre, professeur de philosophie dans la ville. Il porte
la mention : « Tous droits de
reproduction et de traduction entièrement libres pour tout pays. » On
peut l’interpréter comme le refus par Alain d’être soumis à l’argent (cf.
Georges Pascal « Alain, le philosophe enraciné » in Études normandes n°1, 1994). En juillet
il fait paraître Mars ou la guerre jugée
chez Gallimard dans la collection de la N.R.F.
En
janvier-mars 1922, il publie dans la Revue
Musicale, La Visite au Musicien.
Le 1er avril Les Libres Propos
cessent de s’intituler Journal d’Alain
(ils paraissent tous les quinze jours jusqu’au 5 avril 1924).
Il publie en 1923
les Propos sur l’Esthétique, chez
Stock. Il a comme élève le futur auteur et éditeur Samuel Silvestre de Sacy
(1905-1975) qui louait son sérieux dans la correction des travaux des élèves.
Le 8 février 1924,
il publie les Lettres au Dr Mondor sur le
sujet du Cœur et de l’Esprit (tirage à 50 exemplaires hors commerce). Le 6
mars dans l’Almanach des Lettres
françaises, Alain répond à une enquête sur Stendhal (1783-1842). À partir
du 15 mai Les Libres Propos paraissent
le 19 de chaque mois jusqu’au 15 octobre. En juin, il publie les Propos sur le christianisme chez Rieder.
Le 1er août, il publie Dix ans
après dans la Revue européenne
dirigée par le dada-surréaliste Philippe Soupault (1897-1990). Le 15 octobre s’achève
la première série des Libres Propos.
Trois Propos paraissent mensuellement dans L’Émancipation,
revue coopérative de Charles Gide (1847-1932) à partir du 3 mai 1924 (jusqu’au
2 février 1927). Son élève, Georges Canguilhem, entre à l’École Normale
Supérieure.
D’après une
lettre de Michel Alexandre de mars 1925, contacté pour recevoir la légion
d’honneur, Alain avait prévu de l’accueillir par le mot de Cambronne. Aussi
n’a-t-il pas reçu la précieuse médaille. En avril, paraissent les Propos sur le Bonheur, Cahiers du
Capricorne. C’est Marie-Monique Morre-Lambelin qui a effectué le choix des
Propos qui sont de différentes périodes. En juillet paraissent les Souvenirs concernant Jules Lagneau,
N.R.F. Le 30 septembre c’est au tour des Éléments
d’une doctrine radicale de paraître à la N.R.F. et Jeanne d’Arc (sept Propos) chez Jo Fabre. Simone Weil entre dans sa
classe : elle y restera trois ans.
En février 1926,
des Études pour « les Idées et les Ages » paraissent dans la Nouvelle
Revue Française – Sur le « Jean Christophe » de Romain Rolland (1866-1944)
dans Europe. Le 19 mars, Alain fait
paraître Le citoyen contre les pouvoirs
chez Kra. Le 7 juillet Sentiments,
passions et signes (60 Propos) paraissent chez Marcelle Lesage.
Il fait
paraître en 1927 une Étude sur Descartes
précédant le Discours de la Méthode
dans la maison d’édition de Georges Crès (1875-1935). Le 20 mars, c’est la reprise
des Libres Propos, nouvelle série
(jusqu’à 1936). Le 15 avril, il fait paraître La nuit, les muses et l’amitié dans Europe. Le 23 juin Henri Mondor (1885-1962) organise la rencontre
d’Alain et de Paul Valéry (1871-1945) au restaurant Lapérouse. Le 12 août Marie
Monique Morre-Lambelin achète au Pouldu (Finistère) le terrain sur lequel elle
fait construire une petite maison bretonne « Le Puits fleuri ». Alain
y habitera périodiquement (jusqu’à l’été de 1939). Le 10 septembre, il fait
paraître Les Idées et les Âges à la
N.R.F. Le 18 novembre, il fait paraître Esquisses
de l’Homme chez Helleu et Sergent et La
visite au musicien à la N.R.F.
En mars 1928
il fait paraître Opinions sourdes
dans la Revue des vivants. Son élève
Simone Weil entre à l’École Normale Supérieure. Le 25 juillet paraissent Onze chapitres sur Platon, chez
Hartmann. En septembre Gabrielle Landormy veut rompre avec Alain. Entre dans sa
classe Louis Poirier, le futur Julien Gracq. À noël paraît la cinquième série
des Cent-Un Propos d’Alain chez
Marcelle Lesage ainsi qu’une Étude d’Alain
précédant le Traité des Passions de
Descartes, Les Arts et le Livre, Jonquières.
Le 1er
janvier 1929 il écrit : « J’étais journaliste. Je ne le suis
plus » qu’il dédicace à Marie-Monique Morre-Lambelin. En avril Gabrielle Landormy
part aux États-Unis (De 1929 à 1930 Alain écrit 70 poèmes à Gabrielle). Le 30
novembre Charmes de Paul Valéry est
commenté par Alain à la N.R.F. Il publie Auguste
Comte dans la Revue positiviste
internationale.
En 1930 Alain
publie son Commentaire de Sémiramis de
Valéry dans la Nouvelle Revue française. Le 15 décembre, il donne Guerre et Paix dans Europe.
Le 10 janvier 1931,
paraissent les Entretiens au bord de
la mer à la N.R.F. Le 6 juin paraissent Vingt
leçons sur les Beaux Arts à la N.R.F. Simone Weil obtient l’agrégation de
philosophie. À la rentrée scolaire, il a comme élève Maurice Schumann
(1991-1998), futur résistant et futur ministre de la quatrième et de la
cinquième république. Il commence le 31 octobre la publication dans L’école libératrice de Les sources de la mythologie enfantine
(jusqu’au 11 juin 1932).
Le 25 janvier 1932
il fait paraître Idées. Platon,
Descartes, Hegel chez Hartmann. Le 15 avril, il publie un article, « Goethe,
le poète comme penseur » dans Europe.
En septembre, il publie un nouveau livre : Propos sur l’éducation chez Rieder. Le 1er octobre il
commence la publication de Mythologie
humaine dans L’école libératrice (jusqu’au
15 juillet 1933). Le 8 novembre, il donne la première leçon de son cours public
« Mythes et Fables » au Collège Sévigné (jusqu’au 4 avril 1933). En décembre,
il publie un article « Le langage de Bach » dans la Revue musicale.
Le 30 janvier 1933,
Adolf Hitler est chancelier d’Allemagne. En mars, Alain publie un article
« Une interprète de Beethoven » dans la Revue musicale. Le 23 juin est créé le Comité mondial contre la
guerre et le fascisme (dit Comité Amsterdam-Pleyel). Le 3 juillet, Alain donne
sa dernière leçon au lycée Henri IV. Le ministre de l’Éducation nationale,
Anatole de Monzie (1876-1947) et le recteur de Paris ont assisté à la leçon
précédente. Le 1er août Alain dès son arrivée au Pouldu commence à
écrire Les Dieux qu’il achèvera le 20
septembre. En octobre Alain donne son point de vue sur le fascisme dans Avant-Poste. Revue de Littérature et de
Critique. Le 23 décembre, il fait paraître un livre, Propos de littérature chez Hartmann.
Le 6 février 1934
a lieu une émeute antiparlementaire à Paris de l’extrême-droite (Action
française de Marras, Croix de feu du colonel de la Rocque, etc.). Bilan :
15 mort et des centaines de blessés. Elle est comprise par la gauche comme une
insurrection fasciste. Le 1er mars Alain répond à la question :
« Le parlementarisme a-t-il fait faillite ? » dans la Revue mondiale. Le 5 mars paraît, dans
les Libres propos, le Manifeste du
Comité de vigilance des intellectuels antifascistes créé par Alain, le médecin
et ethnologue Paul Rivet (1876-1958), professeur au Museum et le physicien Paul
Langevin (1872-1946), professeur au collège de France. Le 10 mars, Alain donne
sa réponse à la question « Les écrivains doivent-ils faire du journalisme ? »,
dans le n°217 de Toute l’édition. Le 20
avril il fait paraître un livre, Les
Dieux à la N.R.F., dans l’édition originale préparée par l’écrivain André
Malraux (1901-1976). Le 15 juin il publie un « Message à la jeunesse »
dans la revue Europe. Le 15 novembre,
il fait paraître un article : « 20 ans après ou Mars refroidi »
dans Europe. En novembre-décembre,
avec Paul Rivet et Paul Langevin, il lance l’« Appel du comité de
Vigilance des intellectuels ». Le 15 décembre, il publie un article
« Pourra-t-on éviter une révolution ? » dans la Revue Mondiale. Il publie un livre, Propos de Politique chez Rieder.
Le 15 mars 1935,
il fait paraître En lisant Balzac,
laboratoires Martinet. Le 16 mai paraissent les Propos d’économique à la N.R.F.
Le 15 juin « Hommage à Victor Hugo » dans Europe et Stendhal chez Rieder.
Le 30 janvier 1936,
« La Jeune Parque », le poème de Valéry, est commentée par Alain dans
la N.R.F. Le 15 février, il signe avec Paul Langevin et Paul Rivet une lettre, « Pour
la vigilance aux yeux ouverts ». Le 20 mars, Alain donne un « Questionnaire
à propos des récents événements internationaux » dans Vigilance. Les 26 avril et 3 mai le Front populaire gagne les
élections législatives. En mai et en juin de nombreuses grèves avec occupation
des usines on lieu. Le 3 juin, Alain publie un livre d’autobiographie
intellectuelle, Histoire de mes pensées
à la N.R.F. Le ministère de Léon Blum (1872-1950) est constitué le 4 juin.
Cécile Brunschvicg (1877-1946) entre au gouvernement alors que les femmes n’ont
pas le droit de vote en France. Le 7 juin, les accords de Matignon amènent les
lois instituant les congés payés et la semaine de quarante heures. Le 18
juillet, le général Franco se soulève : c’est le début de la guerre civile
d’Espagne.
En mai 1937,
Alain publie un livre, Souvenirs de
guerre, chez Hartmann. En octobre, il publie un autre livre, Entretiens chez le sculpteur toujours chez
Hartmann. En novembre, c’est un nouveau livre, Les Saisons de l’Esprit, édité à la N.R.F.
En septembre 1938,
il publie un article, « Le Poète et le Roi » dans la Revue de Paris, futur chapitre III des Humanités (1946). En septembre-novembre,
il publie « Le Roi Pot » dans la Nouvelle
Revue Française. Le 21 décembre Alain est au Vésinet où il entreprend de
rédiger son Journal (qu’il tiendra
jusqu’à sa mort). Il publie un recueil de Propos
sur la religion chez Rieder.
Le 15 février 1939,
il publie un article « Du romanesque d’ambition ou de l’amour chez
Stendhal » dans la Revue de Paris
(futur chapitre V des Humanités,
1946). En mars, il publie un livre, Minerve
ou de la sagesse chez Hartmann. Il donne « Le déjeuner chez Lapérouse »
dans la Nouvelle Revue Française
(futur chapitre IX des Humanités, 1946). Le 15 mars, il donne Suite à Mars ; Convulsions de la Force
à la N.R.F. Le 18 mars, il donne Suite à
Mars : Echec à la Force à la N.R.F. Il donne également « Le
fantastique et le réel dans les Contes de Dickens » dans la Nouvelle Revue Française ainsi que « Saint-Simon ».
Le 1er septembre, la deuxième guerre mondiale commence par
l’invasion de la Pologne par l’Allemagne et le 3 par la déclaration de guerre
de l’Angleterre et de la France à l’Allemagne. Alain signe le tract « Paix
immédiate » rédigé par l’anarchiste Louis Lecoin (1888-1971). Ce dernier
sera condamné. Le 23 septembre, Gabrielle Landormy vient au Pouldu voir Alain à
qui les rhumatismes ne permettent plus de se déplacer par lui-même. Le 29
décembre, il publie Préliminaires à l’Esthétique
à la N.R.F.
Le 1er
mars 1940, Alain publie « L’imagination dans le roman » dans la Revue de Paris. Après d’âpres combats en
mai et en juin, le Maréchal Pétain (1856-1951), devenu président du Conseil le
16 juin demande l’armistice. Le 18 juin, le Général de Gaulle (1890-1970) appelle
à la résistance. L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet, les deux
Chambres accordent les pleins pouvoirs à Pétain à Vichy : la III°
république est remplacée par le régime de Vichy. En juillet et août, Alain au
Vésinet écrit Portraits de Famille. C’est
en juillet qu’il note dans son journal : « J’espère que l’Allemand vaincra ; car il ne faut pas que le
général de Gaulle l’emporte chez nous. Il est remarquable que la guerre revient
à une guerre juive, c’est-à-dire à une guerre qui aura des milliards et aussi
des Judas Macchabées. » (cité dans Epstein 2001, p.222). Le 21
août il écrit sur Jules Lagneau. En septembre, il écrit sur la philosophie de
Jules Lagneau.
En mars-avril 1941,
il publie Les aventures du Cœur dans
la Nouvelle Revue Française. En mai
Simone Weil adresse sa dernière lettre à Alain. Le 2 novembre Marie Monique
Morre-Lambelin meurt.
En 1942, Alain
publie Les Vigiles de l’Esprit à la
N.R.F.
En août 1943,
Alain lit la Phénoménologie de l’Esprit
de Hegel. Le 24 août Simone Weil meurt en Angleterre. Le 17 septembre, il
publie Préliminaires à la mythologie
chez Hartmann. Puis, il publie Abrégé
pour les aveugles aussi chez Hartmann.
Le 6 juin 1944,
c’est le débarquement allié en Normandie. Le 1er août Jean Prévost meurt
dans le maquis du Vercors. Le 25 août Paris est libéré.
En février 1945,
Gabrielle Landormy arrive à Paris avec l’armée du Maréchal Juin, après avoir fait
la campagne d’Italie comme infirmière. Le 8 mai le III° Reich capitule. Le 5 juillet,
Alain publie Les aventures du cœur,
Hartmann. En lisant Dickens, N.R.F. Le 30 décembre il épouse Gabrielle Landormy
au Vésinet.
Du 22 mars au 18
avril 1946, Alain écrit les Lettres à
Sergio Solmi sur la philosophie de Kant, publiées chez Hartmann. En avril,
il publie « Rabelais » dans le premier numéro des Cahiers de la
Pléiade, premier chapitre de son recueil d’article, Humanités, qui est publié aux Éditions du Méridien. Portraits de Famille (extraits), dans la
Table ronde.
En mars-avril 1947,
Alain écrit les Souvenirs sans égards.
Le 25 août Alain écrit Souvenirs de
musique. Il publie une série d’articles dans le Mercure de France (« Essai
sur les pouvoirs civils et militaires » ; « Théologien amateur » ;
« Littérature anglaise » ; « Les difficultés de la
Phénoménologie de Hegel »).
En 1948, il
publie des articles dans les Nouvelles
Littéraires et le Mercure de France
(« Chateaubriand » ; « George Sand » ; « Structure
paysanne »).
En 1949, il
publie des articles sur César Franck, Balzac, Claudel, Wilhelm Meister, poème
de l’humanité.
Le 25 mars 1950,
Alain répond à la question : « La France est-elle toujours
cartésienne ? » dans le Figaro
Littéraire. En avril, il publie « Simone Weil » dans la Table Ronde. Michel Alexandre édite les Célèbres leçons et fragments de Jules
Lagneau.
Le 10 mai 1951,
Alain reçoit le Grand Prix National des Lettres, décerné pour la première fois.
Le 2 juin Alain meurt dans sa maison du Vésinet. Le 6 juin, il est enterré au
cimetière du Père Lachaise.
Le 22 juin 1951
est fondée l’Association des Amis d’Alain, dont le premier président est André
Maurois. Le 1er décembre, le Mercure
de France publie les Définitions
d’Alain.
Œuvres.
Parmi ses œuvres,
et sans mentionner tous les recueils de Propos,
composés de son vivant ou après sa mort (environ 5000), on peut citer : Spinoza (1901, puis 1949 dans une
édition augmentée) ; Quatre-vingt-un Chapitres sur l’Esprit et les
Passions (1916) qui deviendra les Éléments de philosophie
(1941) ; Petit Traité d’Harmonie
pour les aveugles (en braille, 1918) ; le Système des Beaux-Arts,
rédigé pour les artistes, en vue d’abréger les réflexions préliminaires
(1920) ; Mars ou la guerre jugée (1921 et 1936) ; Lettres au docteur Henri Mondor sur le sujet
du cœur et de l’esprit (1924) ; Propos sur le bonheur, Souvenirs concernant Jules Lagneau
(1925) ; Le citoyen contre les pouvoirs (1926) ; Les Idées
et les âges, Esquisses de l’homme
(1927) ; les Entretiens au bord de la mer (1931) ; Idées
(Platon, Descartes, Hegel), Propos sur l’éducation (1932) ; Les
Dieux (1934) ; Stendhal, En lisant Balzac (1935) ; Histoire
de mes pensées (1936) ; Souvenirs
de guerre, Entretiens chez le
sculpteur, Les Saisons de l’esprit
(1937) ; Minerve ou de la sagesse
(1930) ; les Vigiles de
l’esprit (1942) ; Préliminaires
à la mythologie (1943) ; Les
aventures du cœur, En lisant Dickens
(1945) ; Lettres à Sergio Solmi sur
la philosophie de Kant (1946).
Posthumes.
Définitions (1951).
Journal inédit 1937-1950,
Éditions des Equateurs, mars 2018.
Bibliographie.
Sources internet
Articles.
Jacomino Baptiste, « Alain
et la réflexion républicaine sur l’école », in Les Sciences de l’éducation –
Pour l’Ère nouvelle, 2010/1 Vol. 43, p. 63-79.
A.-V. Baillot,
« L’individualisme d’Alain », Bulletin de l’Association Guillaume
Budé, Lettres d’humanité, n°31, décembre 1972, p.547-548.
547-548.Georges Canguilhem,
« Réflexions sur la création artistique selon Alain » Revue de métaphysique et de morale, n°2,
1952 ; reproduit dans le n° 69 des Cahiers
philosophiques, décembre 1996.
Gérard Granel, « Michel
Alexandre et l’école française de la perception », Critique, n°183-184, août-septembre 1962, p. 758-788.
Georges Jessula, « Armand
Lunel, homme de lettres », Archives Juives, 2006/1, volume 39
Alain Michel, « Alain, Les
propos d'un Normand, 1906-1910 », Bulletin de l’Association Guillaume
Budé, n°2, juin 1996, p.182-190.
Georges Pascal « Alain, le
philosophe enraciné » in Études
normandes n°1, 1994.
Ouvrages.
Epstein 2001 : Simon
Epstein, Les Dreyfusards sous
l’occupation, 2001, Albin Michel
Leterre 2006 : Alain
Leterre, Alain, le premier intellectuel,
Stock, 2006.
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