mercredi 15 juillet 2015

Alain, biographie

Vie.
Émile Auguste Chartier, dit Alain, est né le 3 mars 1868 à Mortagne-au-Perche. Il est le fils d’un vétérinaire, Étienne Chartier (1835-1893) et de Juliette Clémence Chaline (1844-1910), fille de commerçants. Il a une sœur aînée, Louise (1861-1943). Il évoque le métier de son père dans un Propos du 20 avril 1923 (repris dans les Propos sur le bonheur, XII « Le sourire »). Il évoque une manie d’un de ses grand-pères de ne se nourrir que de lait dans un Propos du 1912 (repris dans les Propos sur le bonheur, XXX « Ne pas désespérer »). Politiquement, sa famille est radicale. Il l’affirme de son père et de son grand-père maternel (cf. Propos du 7 avril 1912). On ne sait pas grand-chose de son enfance. Il a peut-être été un enfant difficile. À l’école maternelle, il côtoie des enfants du peuple (cf. Propos du 8 Mars 1911 in Propos sur le bonheur LXXXIV « Faire plaisir »). Il a connu une école élémentaire où on privilégiait l’enseignement des règles.
En 1874, il entre au Collège Sainte-Marie de Mortagne.
Élevé dans la religion, il a fait sa première communion. Il notera ultérieurement la peur qu’elle lui procura qui l’empêchait de dormir vers ses dix ans (cf. « Éloge de Lucrèce, Propos du 27 février 1932 » in Propos, Gallimard « Bibliothèque de la Pléiade », 1956, pp.1061). Une visite dans un monastère trappiste lui fait horreur. Il perd la foi en une religion qu’il compare à une maladie (cf. Propos du 10 octobre 1909, repris dans les Propos sur le bonheur, LXXIII « Bonne humeur », p.168-169, Gallimard Folio Essais).
Il fait son lycée à Alençon en octobre 1881 en quatrième. En 1886, il obtient son baccalauréat littéraire. Il entre au lycée Michelet à Vanves pour préparer l’entrée à l’École Normale Supérieure. Attiré par les sciences, il choisit les Lettres par facilité.
À partir de 1887, il est l’élève de Jules Lagneau (1851-1894). « Parmi ses contemporains, n’a reconnu qu’un maître, Jules Lagneau, philosophe profond qui n’a guère écrit. » écrira-t-il de lui en 1925. Jules Lagneau soutenait qu’« il n’y a qu’une vérité absolue, c’est qu’il n’y a pas de vérité absolue ». S’il fut connu, c’est grâce à ses élèves, notamment Alain lui-même. Alain rencontre Paul Landormy (1869-1943), le futur musicologue.
Il entre à l’École normale supérieure, section lettres en 1889, avec Paul Landormy. Il rencontre Léon Brunschvicg (1869-1944) de la promotion 1888. Il devient l’ami d’Elie Halévy (1870-1937) de la promotion 1890 (cf. Leterre 2006). Il est le précepteur du fils des Lanjalley. Armand Lanjalley (1836-1921) est directeur de la comptabilité publique. Alain passe un baccalauréat es sciences durant ses années d’École en 1891.
Il obtient l’agrégation de philosophie en 1892. Il est 3°. Il enseigne donc en lycée. D’abord en terminale au collège de Pontivy où il arrive en octobre. Il traduit et commente la Métaphysique d’Aristote. Il coopère à la Revue de Métaphysique et de Morale (RMM) qu’a fondée Xavier Léon (1868-1935) en 1901.
Une crise de rhumatismes le cloue au lit en février 1893. Une scarlatine l’affecte de mai à juillet (cf. Lettre d’Alain à Elie Halévy du 2 juin 1893). En Octobre, il est nommé au lycée de Lorient. Le 3 son père, Étienne Chartier, meurt. En novembre, la Revue de Métaphysique et de Morale publie un premier dialogue d’Alain sous son premier pseudonyme : Criton.
En mars 1894, un deuxième dialogue de Criton paraît dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Le 22 avril, son maître, Jules Lagneau, meurt.
En janvier 1895, un troisième dialogue de Criton paraît dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Alain est co-directeur de la revue l’Union Universitaire. Il donne des conférences à la Société Républicaine d’Instruction. En juillet Alain fait le discours intitulé « L’accord pour la vie » à la distribution des prix du lycée de Lorient.
En 1896, il est attaqué pour ses conférences et pour son enseignement laïc par les catholiques. En septembre paraît un quatrième dialogue de Criton dans la Revue de Métaphysique et de Morale.
En mars 1897 paraît le cinquième dialogue de Criton dans la Revue de Métaphysique et de Morale.
En mars 1898, Alain présente des Fragments de Jules Lagneau d’après ses manuscrits dans la Revue de Métaphysique et de Morale. En juillet-septembre, il donne des « Commentaires aux fragments de Jules Lagneau » dans la Revue de Métaphysique et de Morale.
En janvier, mars et septembre 1899, Alain publie « Matériaux pour une doctrine laïque de la sagesse » dans la Revue de Métaphysique et de Morale. En octobre, il fonde à Lorient avec des collègues du lycée l’Université Populaire, plus ouvrière et militante que la Société Républicaine d’Instruction. Il lit Karl Marx (1818-1883) et Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865). Il arrête les conférences de la Société Républicaine d’Instruction. En novembre, il publie « Valeur morale de la joie d’après Spinoza » dans la Revue de Métaphysique et de Morale.
Le 14 mai 1900, est publiée la première des vingt-quatre chroniques signées Alain qui paraîtront jusqu’au 15 novembre dans La Dépêche de Lorient, journal des Bleus de Bretagne. En juillet, Alain fait une communication au Congrès de Philosophie de Paris : « L’éducation du moi. ». En octobre Alain succède à Léon Brunschvicg au poste de philosophie du lycée Corneille de Rouen. En novembre paraît « Le problème de la perception » dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Il a pour élève le futur écrivain André Maurois (1885-1967) qu’il connaît sous son vrai nom, Émile Herzog.
En janvier 1901, Il publie « Le culte de la Raison comme fondement de la République » dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Il publie une étude, Spinoza chez Delaplane. En mai, il fait paraître « Sur les perceptions du toucher » dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Il rencontre Marie Monique Morre-Lambelin (1871-1941), professeur de sciences qui veut passer le concours de directrice d’école normale et qui veut des cours de philosophie.
En mars 1902, il participe à la campagne électorale de Louis Ricard (1839-1921), ancien ministre, et polémique sous divers pseudonymes (Quart d’œil, Philibert) dans la Démocratie Rouennaise. C’est un échec. Louis Ricard quitte la politique. En juillet, il publie « L’idée d’objet » dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Il fait le discours de distribution des prix au lycée Corneille.
En janvier 1903, Alain quitte Lorient. Il est nommé au lycée Condorcet à Paris. Il donne des conférences aux Universités Populaires de Montmartre et des Gobelins. En mai il publie le sixième dialogue de Criton dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Le 19 juillet, Alain fait paraître son premier Propos du dimanche dans La Dépêche de Rouen et de Normandie. Le 19 août, il commence quatorze Méditations sur la Mécanique.
En juin 1904 il publie dans la Revue de Métaphysique et de Morale une étude sur le livre d’un ami de Xavier Léon, Louis Weber (18 ?-19 ?), directeur-adjoint au ministère du travail, livre paru en 1903 et intitulé, Vers le positivisme absolu par l’idéalisme. En juillet, son discours à la distribution des prix du lycée Condorcet « Les marchands de sommeil » obtient un certain succès. Par Charles (1862-1936) et Marie Salomon, il fait la connaissance de Mathilde Salomon (1837-1909), fondatrice du Collège Sévigné. Il intervient pour soutenir Bergson (1859-1941) sur le parallélisme psycho-physiologique au Congrès de Philosophie de Genève. Il a comme élève Henri Massis (1886-1970) futur critique littéraire et membre de l’Action française.
Le 16 avril 1905 est publié le dernier Propos du dimanche. Le 24 avril est publié le Propos du lundi d’Alain dans La Dépêche de Rouen et de Normandie (publication qui durera jusqu’au 5 février 1906). Le 11 novembre, il écrit : « Je viens de brûler ce onze novembre 1905 à peu près trois cents pages écrites depuis longtemps sous le nom d’Analytique Générale » (Cahiers de Lorient).
En septembre 1906, il passe ses vacances en Bretagne chez ses amis Landormy, à Trébéron près de Brest. L’amour qui l’unira à Gabrielle Landormy (1898-1969), nièce de Paul Landormy, naît peut-être à ce moment. Le 16 février paraît dans La Dépêche de Rouen et de Normandie le premier « Propos d’un normand » d’Alain. En octobre, il fait sa première rentrée au lycée Michelet qu’il retrouve.
Le 27 février 1907 Alain voit et entend le naturaliste René Quinton (1866-1925). En août Alain va à Dieppe. En septembre il séjourne à Genève. En novembre, dans la Revue de Métaphysique et de Morale, il fait un compte rendu élogieux de l’Essai sur les éléments principaux de la représentation d’Octave Hamelin (1856-1907). Ce dernier venait de se noyer en tentant de sauver deux hommes.
En avril 1908 paraissent Cent-Un Propos d’Alain (première série) chez Lecerf à Rouen. Alain rencontre Michel Alexandre (1888-1952) à Dieppe.
En décembre 1909 paraît la deuxième série des Cent-Un Propos d’Alain à l’imprimerie Wolf à Rouen et chez l’éditeur Cornely à Paris. En août Alain achète la maison de Paissy (Aisne), dans le voisinage de ses amis Lanjalley. En octobre il est nommé professeur de Rhétorique Supérieure au lycée Henri IV. Son influence fut considérable pendant quarante ans (1892-1933). Il a eu comme élèves : le philosophe Georges Canguilhem (1904-1995), la philosophe Simone Weil (1909-1943), l’écrivain Louis Poirier dit Julien Gracq (1910-2007).
Le 26 octobre 1910 sa mère, Juliette Clémence Chartier, meurt à Choisy.
En février-mars 1911, il écrit sous le pseudonyme de Criton les Lettres sur la philosophie première (posthume). Le 16 octobre paraît la troisième série des Cent-Un Propos d’Alain chez Lecerf. En décembre, il commence un Traité de Morale. Il a comme élève Armand Lunel (1892-1977) qui dira de lui « il nous opéra tous littéralement de la cataracte ». Ce dernier entre à l’École Normale supérieure (cf. Georges Jessula, « Armand Lunel, homme de lettres », Archives Juives, 2006/1, volume 39, p.141).
En août et en septembre 1912, Alain lit la Logique et la Philosophie de la nature de Hegel. Michel Alexandre obtient l’agrégation de philosophie. En octobre il lit le Système de politique Positive de Comte. En décembre, il est en conflit avec La Dépêche de Rouen.
En mars 1913, Alain prend parti contre le projet de porter la conscription à trois ans. Il refuse de s’engager dans l’action politique. En juillet, il travaille sur Aristote et sur Hegel. Son amie Marie-Monique Morre-Lambelin est nommée à Saint-Germain en Laye.
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le 7 août, Alain s’engage volontairement. Le 27 août, il part pour Joigny (Yonne) où il est affecté au 3e Régiment d’artillerie lourde, 63e bataillon, 11e pièce. Le 1er septembre paraît le dernier « Propos d’un normand ». Le 18 octobre, Alain, canonnier, est téléphoniste à Beaumont dans la Woëvre. Le 15 novembre, il est promu 1er canonnier. La quatrième série des Cent-Un Propos d’Alain paraît.
La 21 février 1915, il est promu brigadier. Il fait paraître Vingt-et-un Propos, méditation pour les non-combattants. Il quitte sa fonction de téléphoniste en septembre. L’offensive en Champagne en septembre et octobre échoue. Alain se retrouve le 6 octobre en position sur le front de Champagne à la ferme de Tahure au bois Guillaume. Le 26 octobre, il est au camp de Chalons puis à Trondes.
Du 9 au 16 janvier 1916 il passe sa première permission à Paris. Alain décide d’écrire De quelques-unes des causes réelles de la guerre entre nations civilisées (la rédaction durera jusqu’au 16 avril). Le 31 janvier, il dirige le central téléphonique de la carrière de Flirey (front de Woëvre). Le 8 avril, il commence la rédaction des Quatre-vingt-un Chapitres sur l’Esprit et les Passions (elle se poursuit jusqu’au 1er août). Les 22 et 23 mai, en mouvement vers Verdun, Alain, à la suite d’un accident à la bosse du Mont d’Anon, est hospitalisé à Tantonville jusqu’au 17 août. Du 2 au 17 août, il rédige à l’hôpital de Tantonville les Vingt-et-une scènes de comédie. Du 18 au 25 août il est en permission à Paris. Le 27 août, il rédige Le roi Pot. Le 31 octobre a lieu l’explosion du tunnel de Tavannes. Alain rejoint sur le front de Verdun le bois des Clairs-Chênes sur la crête des Bois-Bourrus, où il demeurera jusqu’au 23 janvier 1917. Du 4 au 12 décembre, Alain est en permission à Paris. Il corrige les épreuves des Quatre-vingt-un-chapitres sur l’Esprit et les Passions.
Le 8 janvier 1917, Alain commence le Système des Beaux Arts (achevé une première fois le 23 octobre, repris en 1919). Le 24 janvier, il rejoint à Dugny (Seine) le service météorologique. Il est blessé. Le 14 octobre, il est démobilisé. Sa blessure le laissera boiteux. Il retiendra que la guerre comme activité n’est pas contraire au bonheur comme il assure en avoir fait l’expérience (cf. Propos du 28 septembre 1921 in Propos sur le bonheur LXXXVI « L’art de se bien porter », Gallimard, Folio, p.197). Alain reprend ses cours au lycée Henri IV. Il achète une maison au Vésinet (Yvelines). Il publie les Quatre-vingt-un chapitres sur l’Esprit et les Passions à l’Émancipation. Il rédige l’Abrégé pour les aveugles, une édition en Braille.
En mars 1918, Alain rédige le Petit Traité d’Harmonie pour les aveugles, qui paraît en Braille. Le 11 novembre, c’est l’armistice signé à Rethondes.
Le 10 janvier 1919, Alain envoie un premier « Propos » à l’Œuvre où il devait publier chaque jour. Le propos est tronqué à la parution. Alain cesse aussitôt sa collaboration. D’avril à juin, il réécrit le premier livre du Système des Beaux-Arts. De mai à novembre, il écrit 76 des chapitres de Mars ou la guerre jugée. En février paraît le Système des Beaux Arts, chez Gallimard dans la collection de la Nouvelle Revue Française. Le 28, c’est dans la même collection que paraît le premier tome des Propos d’Alain. Ils ont été choisis par le collaborateur de la revue de la NRF, le professeur de philosophie Michel Arnaud (alias Marcel Drouin, 1871-1943). Le 25 juin paraît le deuxième tome de ses Propos. En juillet, il achève Mars ou la guerre jugée. D’août à septembre il commence Les Idées et les Âges. Un de ses élèves entre à l’École Normale Supérieure ; il s’agit de Jean Prévost (1901-1944), futur collaborateur de la N.R.F. et futur résistant qui mourra dans le Vercors.
Le 27 mars 1921 Alain écrit le premier des « Propos » qui paraissent à nouveau à partir du 9 avril, chaque samedi, par recueils de sept, dans la publication Libres Propos (Journal d’Alain) à l’imprimerie coopérative “La Laborieuse” de Nîmes, gérée par un de ses disciples, Michel Alexandre, professeur de philosophie dans la ville. Il porte la mention : « Tous droits de reproduction et de traduction entièrement libres pour tout pays. » On peut l’interpréter comme le refus par Alain d’être soumis à l’argent (cf. Georges Pascal « Alain, le philosophe enraciné » in Études normandes n°1, 1994). En juillet il fait paraître Mars ou la guerre jugée chez Gallimard dans la collection de la N.R.F.
En janvier-mars 1922, il publie dans la Revue Musicale, La Visite au Musicien. Le 1er avril Les Libres Propos cessent de s’intituler Journal d’Alain (ils paraissent tous les quinze jours jusqu’au 5 avril 1924).
Il publie en 1923 les Propos sur l’Esthétique, chez Stock. Il a comme élève le futur auteur et éditeur Samuel Silvestre de Sacy (1905-1975) qui louait son sérieux dans la correction des travaux des élèves.
Le 8 février 1924, il publie les Lettres au Dr Mondor sur le sujet du Cœur et de l’Esprit (tirage à 50 exemplaires hors commerce). Le 6 mars dans l’Almanach des Lettres françaises, Alain répond à une enquête sur Stendhal (1783-1842). À partir du 15 mai Les Libres Propos paraissent le 19 de chaque mois jusqu’au 15 octobre. En juin, il publie les Propos sur le christianisme chez Rieder. Le 1er août, il publie Dix ans après dans la Revue européenne dirigée par le dada-surréaliste Philippe Soupault (1897-1990). Le 15 octobre s’achève la première série des Libres Propos. Trois Propos paraissent mensuellement dans L’Émancipation, revue coopérative de Charles Gide (1847-1932) à partir du 3 mai 1924 (jusqu’au 2 février 1927). Son élève, Georges Canguilhem, entre à l’École Normale Supérieure.
D’après une lettre de Michel Alexandre de mars 1925, contacté pour recevoir la légion d’honneur, Alain avait prévu de l’accueillir par le mot de Cambronne. Aussi n’a-t-il pas reçu la précieuse médaille. En avril, paraissent les Propos sur le Bonheur, Cahiers du Capricorne. C’est Marie-Monique Morre-Lambelin qui a effectué le choix des Propos qui sont de différentes périodes. En juillet paraissent les Souvenirs concernant Jules Lagneau, N.R.F. Le 30 septembre c’est au tour des Éléments d’une doctrine radicale de paraître à la N.R.F. et Jeanne d’Arc (sept Propos) chez Jo Fabre. Simone Weil entre dans sa classe : elle y restera trois ans.
En février 1926, des Études pour « les Idées et les Ages » paraissent dans la Nouvelle Revue Française – Sur le « Jean Christophe » de Romain Rolland (1866-1944) dans Europe. Le 19 mars, Alain fait paraître Le citoyen contre les pouvoirs chez Kra. Le 7 juillet Sentiments, passions et signes (60 Propos) paraissent chez Marcelle Lesage.
Il fait paraître en 1927 une Étude sur Descartes précédant le Discours de la Méthode dans la maison d’édition de Georges Crès (1875-1935). Le 20 mars, c’est la reprise des Libres Propos, nouvelle série (jusqu’à 1936). Le 15 avril, il fait paraître La nuit, les muses et l’amitié dans Europe. Le 23 juin Henri Mondor (1885-1962) organise la rencontre d’Alain et de Paul Valéry (1871-1945) au restaurant Lapérouse. Le 12 août Marie Monique Morre-Lambelin achète au Pouldu (Finistère) le terrain sur lequel elle fait construire une petite maison bretonne « Le Puits fleuri ». Alain y habitera périodiquement (jusqu’à l’été de 1939). Le 10 septembre, il fait paraître Les Idées et les Âges à la N.R.F. Le 18 novembre, il fait paraître Esquisses de l’Homme chez Helleu et Sergent et La visite au musicien à la N.R.F.
En mars 1928 il fait paraître Opinions sourdes dans la Revue des vivants. Son élève Simone Weil entre à l’École Normale Supérieure. Le 25 juillet paraissent Onze chapitres sur Platon, chez Hartmann. En septembre Gabrielle Landormy veut rompre avec Alain. Entre dans sa classe Louis Poirier, le futur Julien Gracq. À noël paraît la cinquième série des Cent-Un Propos d’Alain chez Marcelle Lesage ainsi qu’une Étude d’Alain précédant le Traité des Passions de Descartes, Les Arts et le Livre, Jonquières.
Le 1er janvier 1929 il écrit : « J’étais journaliste. Je ne le suis plus » qu’il dédicace à Marie-Monique Morre-Lambelin. En avril Gabrielle Landormy part aux États-Unis (De 1929 à 1930 Alain écrit 70 poèmes à Gabrielle). Le 30 novembre Charmes de Paul Valéry est commenté par Alain à la N.R.F. Il publie Auguste Comte dans la Revue positiviste internationale.
En 1930 Alain publie son Commentaire de Sémiramis de Valéry dans la Nouvelle Revue française. Le 15 décembre, il donne Guerre et Paix dans Europe.
Le 10 janvier 1931, paraissent les Entretiens au bord de la mer à la N.R.F. Le 6 juin paraissent Vingt leçons sur les Beaux Arts à la N.R.F. Simone Weil obtient l’agrégation de philosophie. À la rentrée scolaire, il a comme élève Maurice Schumann (1991-1998), futur résistant et futur ministre de la quatrième et de la cinquième république. Il commence le 31 octobre la publication dans L’école libératrice de Les sources de la mythologie enfantine (jusqu’au 11 juin 1932).
Le 25 janvier 1932 il fait paraître Idées. Platon, Descartes, Hegel chez Hartmann. Le 15 avril, il publie un article, « Goethe, le poète comme penseur » dans Europe. En septembre, il publie un nouveau livre : Propos sur l’éducation chez Rieder. Le 1er octobre il commence la publication de Mythologie humaine dans L’école libératrice (jusqu’au 15 juillet 1933). Le 8 novembre, il donne la première leçon de son cours public « Mythes et Fables » au Collège Sévigné (jusqu’au 4 avril 1933). En décembre, il publie un article « Le langage de Bach » dans la Revue musicale.
Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est chancelier d’Allemagne. En mars, Alain publie un article « Une interprète de Beethoven » dans la Revue musicale. Le 23 juin est créé le Comité mondial contre la guerre et le fascisme (dit Comité Amsterdam-Pleyel). Le 3 juillet, Alain donne sa dernière leçon au lycée Henri IV. Le ministre de l’Éducation nationale, Anatole de Monzie (1876-1947) et le recteur de Paris ont assisté à la leçon précédente. Le 1er août Alain dès son arrivée au Pouldu commence à écrire Les Dieux qu’il achèvera le 20 septembre. En octobre Alain donne son point de vue sur le fascisme dans Avant-Poste. Revue de Littérature et de Critique. Le 23 décembre, il fait paraître un livre, Propos de littérature chez Hartmann.
Le 6 février 1934 a lieu une émeute antiparlementaire à Paris de l’extrême-droite (Action française de Marras, Croix de feu du colonel de la Rocque, etc.). Bilan : 15 mort et des centaines de blessés. Elle est comprise par la gauche comme une insurrection fasciste. Le 1er mars Alain répond à la question : « Le parlementarisme a-t-il fait faillite ? » dans la Revue mondiale. Le 5 mars paraît, dans les Libres propos, le Manifeste du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes créé par Alain, le médecin et ethnologue Paul Rivet (1876-1958), professeur au Museum et le physicien Paul Langevin (1872-1946), professeur au collège de France. Le 10 mars, Alain donne sa réponse à la question « Les écrivains doivent-ils faire du journalisme ? », dans le n°217 de Toute l’édition. Le 20 avril il fait paraître un livre, Les Dieux à la N.R.F., dans l’édition originale préparée par l’écrivain André Malraux (1901-1976). Le 15 juin il publie un « Message à la jeunesse » dans la revue Europe. Le 15 novembre, il fait paraître un article : « 20 ans après ou Mars refroidi » dans Europe. En novembre-décembre, avec Paul Rivet et Paul Langevin, il lance l’« Appel du comité de Vigilance des intellectuels ». Le 15 décembre, il publie un article « Pourra-t-on éviter une révolution ? » dans la Revue Mondiale. Il publie un livre, Propos de Politique chez Rieder.
Le 15 mars 1935, il fait paraître En lisant Balzac, laboratoires Martinet. Le 16 mai paraissent les Propos d’économique à la N.R.F. Le 15 juin « Hommage à Victor Hugo » dans Europe et Stendhal chez Rieder.
Le 30 janvier 1936, « La Jeune Parque », le poème de Valéry, est commentée par Alain dans la N.R.F. Le 15 février, il signe avec Paul Langevin et Paul Rivet une lettre, « Pour la vigilance aux yeux ouverts ». Le 20 mars, Alain donne un « Questionnaire à propos des récents événements internationaux » dans Vigilance. Les 26 avril et 3 mai le Front populaire gagne les élections législatives. En mai et en juin de nombreuses grèves avec occupation des usines on lieu. Le 3 juin, Alain publie un livre d’autobiographie intellectuelle, Histoire de mes pensées à la N.R.F. Le ministère de Léon Blum (1872-1950) est constitué le 4 juin. Cécile Brunschvicg (1877-1946) entre au gouvernement alors que les femmes n’ont pas le droit de vote en France. Le 7 juin, les accords de Matignon amènent les lois instituant les congés payés et la semaine de quarante heures. Le 18 juillet, le général Franco se soulève : c’est le début de la guerre civile d’Espagne.
En mai 1937, Alain publie un livre, Souvenirs de guerre, chez Hartmann. En octobre, il publie un autre livre, Entretiens chez le sculpteur toujours chez Hartmann. En novembre, c’est un nouveau livre, Les Saisons de l’Esprit, édité à la N.R.F.
En septembre 1938, il publie un article, « Le Poète et le Roi » dans la Revue de Paris, futur chapitre III des Humanités (1946). En septembre-novembre, il publie « Le Roi Pot » dans la Nouvelle Revue Française. Le 21 décembre Alain est au Vésinet où il entreprend de rédiger son Journal (qu’il tiendra jusqu’à sa mort). Il publie un recueil de Propos sur la religion chez Rieder.
Le 15 février 1939, il publie un article « Du romanesque d’ambition ou de l’amour chez Stendhal » dans la Revue de Paris (futur chapitre V des Humanités, 1946). En mars, il publie un livre, Minerve ou de la sagesse chez Hartmann. Il donne « Le déjeuner chez Lapérouse » dans la Nouvelle Revue Française (futur chapitre IX des Humanités, 1946). Le 15 mars, il donne Suite à Mars ; Convulsions de la Force à la N.R.F. Le 18 mars, il donne Suite à Mars : Echec à la Force à la N.R.F. Il donne également « Le fantastique et le réel dans les Contes de Dickens » dans la Nouvelle Revue Française ainsi que « Saint-Simon ». Le 1er septembre, la deuxième guerre mondiale commence par l’invasion de la Pologne par l’Allemagne et le 3 par la déclaration de guerre de l’Angleterre et de la France à l’Allemagne. Alain signe le tract « Paix immédiate » rédigé par l’anarchiste Louis Lecoin (1888-1971). Ce dernier sera condamné. Le 23 septembre, Gabrielle Landormy vient au Pouldu voir Alain à qui les rhumatismes ne permettent plus de se déplacer par lui-même. Le 29 décembre, il publie Préliminaires à l’Esthétique à la N.R.F.
Le 1er mars 1940, Alain publie « L’imagination dans le roman » dans la Revue de Paris. Après d’âpres combats en mai et en juin, le Maréchal Pétain (1856-1951), devenu président du Conseil le 16 juin demande l’armistice. Le 18 juin, le Général de Gaulle (1890-1970) appelle à la résistance. L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet, les deux Chambres accordent les pleins pouvoirs à Pétain à Vichy : la III° république est remplacée par le régime de Vichy. En juillet et août, Alain au Vésinet écrit Portraits de Famille. C’est en juillet qu’il note dans son journal : « J’espère que l’Allemand vaincra ; car il ne faut pas que le général de Gaulle l’emporte chez nous. Il est remarquable que la guerre revient à une guerre juive, c’est-à-dire à une guerre qui aura des milliards et aussi des Judas Macchabées. » (cité dans Epstein 2001, p.222). Le 21 août il écrit sur Jules Lagneau. En septembre, il écrit sur la philosophie de Jules Lagneau.
En mars-avril 1941, il publie Les aventures du Cœur dans la Nouvelle Revue Française. En mai Simone Weil adresse sa dernière lettre à Alain. Le 2 novembre Marie Monique Morre-Lambelin meurt.
En 1942, Alain publie Les Vigiles de l’Esprit à la N.R.F.
En août 1943, Alain lit la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel. Le 24 août Simone Weil meurt en Angleterre. Le 17 septembre, il publie Préliminaires à la mythologie chez Hartmann. Puis, il publie Abrégé pour les aveugles aussi chez Hartmann.
Le 6 juin 1944, c’est le débarquement allié en Normandie. Le 1er août Jean Prévost meurt dans le maquis du Vercors. Le 25 août Paris est libéré.
En février 1945, Gabrielle Landormy arrive à Paris avec l’armée du Maréchal Juin, après avoir fait la campagne d’Italie comme infirmière. Le 8 mai le III° Reich capitule. Le 5 juillet, Alain publie Les aventures du cœur, Hartmann. En lisant Dickens, N.R.F. Le 30 décembre il épouse Gabrielle Landormy au Vésinet.
Du 22 mars au 18 avril 1946, Alain écrit les Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant, publiées chez Hartmann. En avril, il publie « Rabelais » dans le premier numéro des Cahiers de la Pléiade, premier chapitre de son recueil d’article, Humanités, qui est publié aux Éditions du Méridien. Portraits de Famille (extraits), dans la Table ronde.
En mars-avril 1947, Alain écrit les Souvenirs sans égards. Le 25 août Alain écrit Souvenirs de musique. Il publie une série d’articles dans le Mercure de France (« Essai sur les pouvoirs civils et militaires » ; « Théologien amateur » ; « Littérature anglaise » ; « Les difficultés de la Phénoménologie de Hegel »).
En 1948, il publie des articles dans les Nouvelles Littéraires et le Mercure de France (« Chateaubriand » ; « George Sand » ; « Structure paysanne »).
En 1949, il publie des articles sur César Franck, Balzac, Claudel, Wilhelm Meister, poème de l’humanité.
Le 25 mars 1950, Alain répond à la question : « La France est-elle toujours cartésienne ? » dans le Figaro Littéraire. En avril, il publie « Simone Weil » dans la Table Ronde. Michel Alexandre édite les Célèbres leçons et fragments de Jules Lagneau.
Le 10 mai 1951, Alain reçoit le Grand Prix National des Lettres, décerné pour la première fois. Le 2 juin Alain meurt dans sa maison du Vésinet. Le 6 juin, il est enterré au cimetière du Père Lachaise.

Le 22 juin 1951 est fondée l’Association des Amis d’Alain, dont le premier président est André Maurois. Le 1er décembre, le Mercure de France publie les Définitions d’Alain.

Œuvres.
Parmi ses œuvres, et sans mentionner tous les recueils de Propos, composés de son vivant ou après sa mort (environ 5000), on peut citer : Spinoza (1901, puis 1949 dans une édition augmentée) ; Quatre-vingt-un Chapitres sur l’Esprit et les Passions (1916) qui deviendra les Éléments de philosophie (1941) ; Petit Traité d’Harmonie pour les aveugles (en braille, 1918) ; le Système des Beaux-Arts, rédigé pour les artistes, en vue d’abréger les réflexions préliminaires (1920) ; Mars ou la guerre jugée (1921 et 1936) ; Lettres au docteur Henri Mondor sur le sujet du cœur et de l’esprit (1924) ; Propos sur le bonheur, Souvenirs concernant Jules Lagneau (1925) ; Le citoyen contre les pouvoirs (1926) ; Les Idées et les âges, Esquisses de l’homme (1927) ; les Entretiens au bord de la mer (1931) ; Idées (Platon, Descartes, Hegel), Propos sur l’éducation (1932) ; Les Dieux (1934) ; Stendhal, En lisant Balzac (1935) ; Histoire de mes pensées (1936) ; Souvenirs de guerre, Entretiens chez le sculpteur, Les Saisons de l’esprit (1937) ; Minerve ou de la sagesse (1930) ; les Vigiles de l’esprit (1942) ; Préliminaires à la mythologie (1943) ; Les aventures du cœur, En lisant Dickens (1945) ; Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant (1946).

Posthumes.
Définitions (1951).
Journal inédit 1937-1950, Éditions des Equateurs, mars 2018.

Bibliographie.

Sources internet

Articles.
Jacomino Baptiste, « Alain et la réflexion républicaine sur l’école », in Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, 2010/1 Vol. 43, p. 63-79.
A.-V. Baillot, « L’individualisme d’Alain », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, Lettres d’humanité, n°31, décembre 1972, p.547-548.
547-548.Georges Canguilhem, « Réflexions sur la création artistique selon Alain » Revue de métaphysique et de morale, n°2, 1952 ; reproduit dans le n° 69 des Cahiers philosophiques, décembre 1996.
Gérard Granel, « Michel Alexandre et l’école française de la perception », Critique, n°183-184, août-septembre 1962, p. 758-788.
Georges Jessula, « Armand Lunel, homme de lettres », Archives Juives, 2006/1, volume 39
Alain Michel, « Alain, Les propos d'un Normand, 1906-1910 », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, n°2, juin 1996, p.182-190.
Georges Pascal « Alain, le philosophe enraciné » in Études normandes n°1, 1994.

Ouvrages.
Epstein 2001 : Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l’occupation, 2001, Albin Michel
Leterre 2006 : Alain Leterre, Alain, le premier intellectuel, Stock, 2006.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire