Analyse.
La
notion de fondement (Du latin fundamentum
de fundus “fond”, fundare “fonder”) paraît une métaphore. Elle désigne en
architecture, ce sur quoi repose le bâtiment, ce sans quoi il ne serait pas
possible.
L’idée
de fondement, c’est donc l’idée de ce sans quoi quelque chose n’est pas
possible, de ce sur quoi elle se tient. Chercher le fondement de la science, de
la morale ou de la beauté, c’est donc chercher ce qui permet la science, soit
la vérité, la morale, soit le choix du bien contre le mal, etc.
Par
rapport à l’origine, le fondement s’en distingue en ce que l’origine désigne ce
d’où vient quelque chose, souvent avec l’idée d’une antériorité chronologique,
avec aussi et surtout avec l’idée de causalité. Mais l’origine ne dit rien de
la légitimité. Le fondement peut d’ailleurs ne pas être l’origine. L’origine de
la raison chez les Grecs est peut-être la cité et son exigence de persuader par
la parole (logos). La cité n’est pas le fondement de la démonstration
mathématique qu’illustrent Les Éléments
d’Euclide (III° av. J.-C. av. J.-C.).
La
notion de fondement est proche de celle de principe. Comme un principe, un
fondement est premier ; comme lui il est au sens propre indémontrable,
c’est-à-dire qu’on peut mettre en lumière qu’il est ce sur quoi repose autre
chose, une théorie, une pratique, etc. ; comme un principe, un fondement
doit être vrai.
Le
fondement peut se distinguer du principe en ce qu’il légitime et n’explique pas
seulement. Ainsi, le mal est peut-être le principe des actions humaines, il
n’en est pas le fondement.
Ce
qu’on estime injustifiable n’a donc pas de fondement ou plutôt possède un
pseudo fondement.
Dans
une perspective sceptique, la différence entre principe et fondement est nulle.
« Les problèmes mathématiques des soi-disant
fondements sont aussi peu pour nous au fondement des mathématiques que le
rocher peint supporte le château peint. » Wittgenstein, Remarques philosophiques.
Problèmes.
1.
Comment établir un fondement dans la mesure où il ne suffit pas qu’il explique
mais il doit également justifier une prétention ? Ne faut-il pas justifier
la justification et ainsi de suite à l’infini ?
2.
Est-il possible de vivre et de penser en se passant de tout fondement ?
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