La
traduction utilisée est celle d’Émile Chambry (1864-1938) légèrement modifiée.
https://laphilodeluxe.blogspot.com/2019/09/platon-hippias-majeur-oeuvre-complete.html
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Prologue
(« Socrate. – Ô beau (kalos) et sage Hippias (…) Socrate. – C’est ce que je
ferai, s’il plaît à Dieu, Hippias. » 281a-286c)
1) La sagesse des sophistes.
(« Socrate. – Ô beau et sage
Hippias (…) naturellement qu’il doit
se faire le plus d’argent possible. »281a-283b)
a) Hippias se présente comme un homme
excellent. L’art des sophistes qui est le sien est supérieur selon lui au
savoir des anciens sages que lui cite Socrate : Pittacos de Mytilène
(~650-~570 av. J.-C.), Bias de Priène (vi°
siècle av. J.-C.), Thalès de Milet (624-546 av. J.-C.) et Anaxagore de
Clazomènes (500/497-428 av. J.-C.).
(« Socrate. – Ô beau et sage
Hippias (…) Hippias. – (…) le ressentiment des morts. »
281a-282a)
b) La preuve de la supériorité de la
sagesse des sophistes sur celle des Anciens est qu’ils gagnent beaucoup
d’argent. Hippias en gagne plus que Gorgias de Léontini (~480-~375 av. J.-C.),
Prodicos de Kéos (~470/460-après 399 av. J.-C.) et Protagoras d’Abdère (491-411
av. J.-C.).
(« Socrate. – Voilà qui est bien
[kalôs] parlé et raisonné (…) il doit
se faire le plus d’argent possible. » 282b-283b)
2) Réfutation de la prétention des sophistes :
le cas de Lacédémone.
(« Socrate. (…) Mais en voilà
assez là-dessus. (…) les plus
attachés aux lois. » 283b-285b)
a) Hippias ne gagne rien à Lacédémone
qui passe pour une cité où on honore la vertu qu’il enseigne.
(« Socrate. – (…) Mais en voilà assez
là-dessus. (…) il le faudra bien, si
tu l’ordonnes. » 283b-284b)
b) Si on en croit le seul Hippias, les
Lacédémoniens violent la loi en n’acceptant pas ses leçons.
(« Hippias. – C’est que,
Socrate, ce n’est pas l’usage à Lacédémone (…) les plus attachés aux lois. » 284b-285b)
3) Le savoir universel
d’Hippias : il connaît l’astronomie, la géométrie, l’arithmétique, la
“grammaire”. Son succès dérisoire à Lacédémone. Seules les généalogies plaisent
aux Lacédémoniens.
(« Socrate. – (…) Mais au nom
des dieux (…) s’il plaît à Dieu, Hippias. »
285b-286c)
Première
partie : les trois définitions proposées par Hippias.
(« Socrate. – Mais, pour le moment (…) C’est
à peu près ainsi qu’il me parle le plus souvent, Hippias. » 286c-293c)
1) Préambule sur la question
« qu’est-ce que le beau ? »
(« Socrate. – Mais, pour le moment (…) Il ne te demande pas quelle chose est belle,
mais ce qu’est le beau. » 286c-287e)
a) Socrate introduit la question de
savoir ce qu’est le beau qui apparaît facile et dérisoire pour Hippias par
l’intermédiaire d’un personnage anonyme qui le convainc souvent d’ignorance sur
cette question.
(« Socrate. – Mais, pour le moment (…) Hippias. – (…) personne ne puisse te réfuter. » 286c-287b)
b) Socrate présente ce que dirait son
personnage anonyme après le discours annoncé d’Hippias sur les belles
occupations pour lui montrer qu’il s’agit de définir le beau, une notion comme
la sagesse ou la justice. Hippias ne semble pas comprendre la différence entre
la définition d’une notion et un exemple.
(« Socrate. – Ah ! quelles
bonnes paroles (…) Il te demande pas
quelle chose est belle, mais ce qu’est le beau. » 287b-e)
2) Première définition d’Hippias
« le beau, c’est une belle fille
[ou selon une traduction plus exacte « une
vierge (parthenos)] »
(287e).
(« Hippias. – C’est compris, mon
bon ami (…) Socrate. – « (…) soit une vierge, ou une cavale,
ou une lyre ? » » 287e-289d)
a) Hippias définit avec assurance le
beau comme une belle fille en s’appuyant sur l’opinion commune.
(« Hippias. – C’est compris, mon
bon ami (…) Socrate. – Soit, je le veux bien. 287e-288a)
b) Réfutation de la prétendue
définition d’Hippias. Les exemples de beauté sont relatifs en ce sens qu’un
“objet” est beau par rapport à un autre et laid par rapport à un troisième.
(« Socrate. – (…) Mais permets,
Hippias (…) Socrate. – « (…) soit une vierge, ou une cavale,
ou une lyre ? » » 288a-289d)
(1) Socrate prend divers exemples,
cavale, lyre qu’accepte Hippias. Il s’offusque lorsque Socrate prend l’exemple
de la marmite car elle est évidemment pour lui moins belle qu’une vierge, une
cavale ou une lyre.
(« Socrate. – (…) Mais permets,
Hippias (…) Hippias. – (…) de toutes les autres belles choses. »
288a-e)
(2) S’appuyant sur un mot d’Héraclite
selon lequel le singe le plus beau est laid comparé à l’humain, Socrate
introduit l’exemple de la déesse pour montrer que la vierge est laide par
rapport à elle, ce qui réfute la confusion entre l’exemple et la définition et
fonde la distinction des deux.
(« Socrate. – Soit. Si je
comprends bien (…) une vierge, ou une
cavale, ou une lyre ? » 289a-d)
3) Deuxième définition d’Hippias
« ce beau (…) n’est pas autre chose que l’or. »
(289e)
(« Hippias. – Eh bien, Socrate,
si c’est cela qu’il cherche (…) Socrate.
– (…) l’or n’est pas plus beau que le
bois de figuier. » 289d-291c)
a) Hippias propose une seconde
définition. Le beau est l’or puisqu’il fait paraître belles toutes les choses
auxquelles il se rajoute.
(« Hippias. – Eh bien, Socrate (…)
il se couvrira de ridicule. »
289d-290a)
b) Réfutation de cette seconde
définition : d’autres matériaux sont plus beaux lorsqu’ils sont plus
appropriés.
(« Socrate. – Il est certain,
excellent Hippias, que loin d’accepter ta réponse (…) bois de figuier. »
290a-291c)
(1) Socrate prend l’exemple d’une
statue célèbre de Phidias (~490-apr. 443 av. J.-C.) l’Athéna parthenos
chryséléphantine (c’est-à-dire “l’Athéna vierge d’or et d’ivoire”) pour montrer
que l’ivoire est aussi beau que l’or. Il en ressort une définition donnée par
Hippias sans qu’il s’en rende compte « ce
qui convient à une chose, c’est cela qui la rend belle » (290d,
p.369).
(« Socrate. – Il est certain,
excellent Hippias (…) Hippias. –
(…) c’est cela qui la rend belle. »
290a-d)
(2) Socrate introduit l’exemple bas de
la marmite et des mouvettes (= cuillers ou spatules) d’or et de bois de figuier
pour montrer que ce dernier matériau, moins noble, est plus beau, s’il
convient.
(« Socrate. – Il me dira ensuite
(…) pas plus beau que le bois de figuier. »
290d-291c)
4) Troisième définition d’Hippias
« Je dis donc que pour tout homme,
en tout temps et en tout lieu, ce qu’il y a de plus beau au monde, c’est d’être
riche, bien portant, honoré par les Grecs, de parvenir à la vieillesse et,
après avoir fait de belles funérailles à ses parents morts, de recevoir de ses
enfants de beaux et magnifiques honneurs funèbres. » (291d-e ;
p.371)
(« Socrate. – (…) Voyons à
présent ta nouvelle définition du beau. (…) C’est à peu près ainsi qu’il me parle le plus souvent, Hippias. »
291c-293d)
a) La réponse d’Hippias : la
beauté c’est pour un homme une vie réussie.
(« Socrate. – (…) Voyons (…)
pour me venir en aide. » 291c-e)
b) Le maître de Socrate le battrait
pour une telle réponse, ce qui scandalise Hippias.
(« Socrate. – (…) Mais nous ne
tenons pas notre homme (…) Hippias.
– (…) Quelles raisons as-tu à
donner ? » 291e-292c)
c) Réfutation de la réponse
d’Hippias : elle n’a rien à voir avec la question et est tout aussi
relative que les précédentes réponses.
(« Socrate. – Je vais te les
dire (…) le plus souvent, Hippias. »
292c-293d)
(1) La réponse d’Hippias est un
dithyrambe et non une définition universelle. Hippias, s’appuyant sur l’opinion
commune, n’est pas convaincu.
(« Socrate. – Je vais te les
dire (…) Hippias. – (…) ce que j’ai dit est beau pour tout le monde
et paraîtra tel à tout le monde. » 292c-e)
(2) Socrate réfute une partie de la
définition, à savoir qu’il est beau d’ensevelir ses parents puisqu’elle n’est
pas valable pour Achille, les dieux et les héros descendants des dieux comme
Hippias le reconnaît. Sa définition est relative comme les autres.
(« Socrate. – « Le
sera-t-il toujours ? reprendra cet homme (…) le plus souvent, Hippias. » 292e-293c)
Deuxième
partie : les quatre définitions proposées tour à tour par l’anonyme puis
par Socrate.
(« Socrate. – (…) Quelquefois pourtant, comme s’il avait pitié de mon inexpérience
(…) quiconque dit la vérité. »
293c-304a)
1) Quatrième définition du dialogue et
définition proposée par l’anonyme : « le beau est ce qui convient (prépon). »
(293e).
(« Socrate. – (…) Quelquefois
(…) Hippias. – (…) une définition plus exacte que toute
exactitude possible. » 293c-295a)
a) Socrate rapporte la définition que
lui suggérerait son interlocuteur anonyme qui résulte de ce qui a été examiné
jusque là.
(« Socrate. – (…) Quelquefois
(…) Hippias. – Oui, il faut l’examiner. » 293c-e ; p.375)
b) Hippias choisit de soutenir que le
convenable fait paraître les choses belles et non qu’il fait être les choses
belles. C’est une sorte de première version de cette définition. Socrate réfute
le propos en ce que le beau recherché est réel et non une tromperie.
(« Socrate. – Vois donc. (…) c’est là ce que nous cherchons, si nous cherchons le beau. » 293e-294c)
c) Hippias soutient que le convenable
fait être et paraître les choses belles. Socrate suggère que la convenance fait
être les choses belles sans qu’elles le paraissent. Telle serait l’élément
positif de définition du dialogue dont l’échec final serait imputable au seul
Hippias. Socrate le réfute à nouveau en montrant que sa position revient à la
première.
(« Hippias. – Mais la
convenance, Socrate (…) l’exactitude
même n’y saurait trouver à redire. » 294c-295a)
(1) Réfutation de la deuxième version
de la définition de l’anonyme.
(« Hippias. – Mais la convenance
(…) à mon avis, Socrate. »
294c-e)
(2) Hippias ne comprend pas malgré les
propos de Socrate qu’il a laissé échapper une définition possible de la beauté
et prétend que seul, il la trouverait.
(« Socrate. – Ah ! Hippias,
voilà la connaissance (…) que toute
exactitude possible. » 294e-295a)
2) Cinquième définition du dialogue et
première définition de Socrate : « nous devons tenir pour beau ce qui est utile (chrèsimon) » (295c).
(« Socrate. – Ah ! Hippias ne
te vante pas. (…) Hippias. – (…)
en réfléchissant, je trouverai. » 295a-297e)
a) Introduction et présentation par
Socrate de la définition du beau comme l’utile fondée par induction sur les
exemples des yeux, corps humain et de tous les animaux, ustensiles véhicules,
instruments, occupations, lois. La puissance (dunamis) s’ajoute à la définition avec la bruyante approbation
d’Hippias qui s’appuie sur la politique.
(« Socrate. – Ah ! Hippias,
ne te vante pas. (…) Hippias. – (…)
ton raisonnement a marché
merveilleusement. » 295a-296b)
b) Réfutation : l’utile peut être
mauvais. Or une belle chose doit être bonne. Donc l’utile seul ne peut être le
beau.
(« Socrate. – Je le voudrais (…)
nous ne pouvons admettre, ce semble, que
le puissant et l’utile soient le beau. » 296b-d)
3) Sixième définition du dialogue et
deuxième définition de Socrate : « l’utile et le puissant appliqués à une bonne fin sont le beau. (…) c’est l’avantageux (ôphelimon) » (296d-e)
(« Hippias. – Pourquoi non,
Socrate, s’ils sont puissants et utiles pour le bien (…) je trouverai. » 296d-297e)
a) La redéfinition du beau comme
l’avantageux (ôphelimon).
(« Hippias. – Pourquoi non,
Socrate, s’ils sont puissants et utiles pour le bien (…) Sans aucun doute, Socrate. »
296d-e)
b) Réfutation car la conséquence est
que le beau et le bien sont différents.
(« Socrate. – Mais l’avantageux est ce qui produit du bien.
(…) Hippias. – (…) qu’en réfléchissant je trouverai. » 296e-297e)
4) Septième définition du dialogue et
troisième définition de Socrate : « si nous appelions beau ce qui nous cause du plaisir, non pas toute
espèce de plaisirs, mais ceux qui nous viennent de la vue et de l’ouïe »
(297e).
(« Socrate. – Mais moi je ne
crois pas (…) quiconque dit la vérité. »
297e-304a)
a) La définition du beau comme plaisir
visuel ou auditif. Elle est défectueuse parce qu’elle ne s’applique pas aux
lois.
(« Socrate. – Mais moi je ne
crois pas (…) Hippias. – Que veux-tu dire par là, Socrate ? »
297e-298c)
b) Vers la spécificité du plaisir
esthétique. La qualité commune à la vue et à l’ouïe.
(« Socrate. – Je vais
t’expliquer l’idée (…) ce n’est point
par ce caractère qu’ils sont beaux. » 298c-300b)
(1) Les lois pourraient s’intégrer à
la définition mais Socrate laisse ce point de côté.
(« Socrate. – Peut-être
pourrait-on montrer (…) les lois. »
298d)
(2) Différence entre l’agréable (èdu) et le beau (to kalon).
(« Socrate. – (…) Mais si l’on
nous demandait (…) Hippias. – (…)
on ne peut pas répondre autre chose. » 298-d-299b)
(3) Les plaisirs de la vue et de
l’ouïe doivent avoir une qualité commune pour qu’ils soient les seuls sens
sensibles à la beauté.
(« Socrate. – « C’est bien,
répliquera-t-il. (…) Socrate. – (…)
ce n’est point par ce caractère qu’ils
sont beaux. »299b-300b)
c) Les types de qualité commune :
qualité commune collective et qualité commune distributive.
(« Hippias. – Comment
pourrait-il se faire, Socrate (…) ceux
que j’ai mentionnés précédemment, oui. » 300b-302b)
(1) Hippias conteste que deux objets
puissent avoir une qualité commune sans que chacun l’ait individuellement. Il
reproche à Socrate de découper les objets à la place de les voir dans leur
ensemble.
(« Hippias. – Comment
pourrait-il se faire (…) si cela te
fait plaisir, parle. » 300b-301d)
(2) Socrate distingue les qualités
communes qui appartiennent à l’ensemble mais non aux éléments (qualité commune
collective) des qualités communes qui appartiennent à l’ensemble et aux
éléments (qualité commune distributive).
(« Socrate. – Mais oui, cela me
fait plaisir (…) Hippias. – (…) précédemment, oui. » 301d-302b)
d) Le beau défini comme plaisir visuel
ou auditif ne se range dans aucun des types de qualité commune.
(« Socrate. – Il suffit, Hippias
(…) Hippias. – C’est vrai. » 302b-303d)
(1) Rappel des points acquis.
Premièrement la qualité commune à l’ouïe et à la vue qui fait la beauté doit
lui appartenir séparément et communément. Deuxièmement, ce n’est pas le
plaisir.
(« Socrate. – Il suffit,
Hippias : on peut se contenter de ton aveu (…) Hippias. – C’est bien ce que nous avons dit. » 302b-e)
(2) Socrate démontre que la vue et
l’ouïe doivent avoir une qualité commune collective pour constituer le beau.
Comme c’est absurde, la définition est réfutée.
(« Socrate. – Vois si je dis vrai.
(…) Hippias. – C’est vrai. » 302e-303d)
e) Essai d’une définition du beau
comme « plaisir avantageux »
(303e) : elle échoue puisque l’avantageux a été écarté.
(« Socrate. – « Reprenons
donc les choses depuis le début (…) quiconque
dit la vérité. » 303d-304a)
Conclusion :
la recherche n’est pas achevée.
(« Hippias. – Mais toi, Socrate, que penses-tu de tout ceci ? (…) Socrate. – (…) les belles choses sont difficiles. » 304a-e ; pp.395-396)
1) Hippias rejette le style
socratique. Il préfère le beau discours qui ne découpe pas les choses et les
belles occupations qui sont politiques.
(« Hippias. – Mais voyons,
Socrate (…) traitant, comme tu le
fais à présent, des bagatelles et des niaiseries. » 304a-b)
2) Socrate rappelle qu’il ignore ce
qu’est le beau comme l’anonyme qui habite chez lui le lui rappelle souvent. La
recherche n’est pas achevée. Socrate comprend enfin le proverbe : « les belles choses sont difficiles ».
(« Socrate. – Ah ! mon cher
Hippias, tu es bienheureux de savoir à quelles occupations un homme doit se
livrer (…) « les belles choses
sont difficiles ». 304a-e)
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