Texte.
Art. 8. Quel est le principe de toutes ces fonctions.
Mais
on ne sait pas communément en quelle façon ces esprits animaux et ces nerfs
contribuent aux mouvements et aux sens, ni quel est le principe corporel qui
les fait agir. C’est pourquoi, encore que j’en aie déjà touché quelque chose en
d’autres écrits, je ne laisserai pas de dire ici succinctement que, pendant que
nous vivons, il y a une chaleur continuelle en notre cœur, qui est une espèce
de feu que le sang des veines y entretient, et que ce feu est le principe
corporel de tous les mouvements de nos membres.
Descartes,
Les passions de l’âme, première
partie (1649).
Analyse.
Cet
article vise à poser le principe général de tous les mouvements du vivant.
Descartes l’attribue aux esprits animaux et aux nerfs. Ce sont eux qui font le
mouvement du vivant. L’appareil nerveux peut-on dire est fondamental.
Renvoyant
à ces autres écrits – sans d’ailleurs les indiquer, le lecteur averti de l’époque
dispose du Discours de la méthode (1637,
V° partie) – Descartes pose que le principe du mouvement, le premier moteur en
quelque sorte de la machine du corps est « une espèce de feu » qu’il
situe dans le corps et non le cerveau d’où partent tous les nerfs selon l’article
7. Le feu est entretenu comme tous les feux par un combustible, le sang des
veines. Mais ce feu fantastique ne s’arrête pas et le combustible se régénère :
il ne se consume pas.
Bref,
l’explication ne paraît guère fondée sur une expérimentation probante. Aussi curieusement
Descartes refuse l’explication du mouvement du cœur comme celui d’une pompe qui
était celle de Harvey qui n’est pas cité dans cet article, qui est pourtant une
explication mécanique, pour introduire avec son « espèce de feu » une
sorte d’âme matérielle dans le vivant.
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