Hume,
Enquête sur l’entendement humain,
traduction par André Leroy, présentation par Michelle Beyssade, GF n°1305.
Plan
analytique
Section
IV Doutes sceptiques sur les opérations de l’entendement.
Deuxième partie.
Hume
montre que la difficulté reste entière car nos raisonnements relatifs aux faits
viennent de la causalité, et si la causalité est fondée sur l’expérience, il
reste à se demander sur quoi est fondée l’expérience elle-même (p.91-92).
Hume
annonce sa thèse dans cette partie : même une fois acquis l’expérience de
la causalité, le raisonnement n’en fonde pas la validité (p.92).
Notre
ignorance des pouvoirs de la nature conduit à rendre infondée l’inférence du
passé au futur qui se trouve dans les raisonnements qui se font sur la base de
l’expérience car il manque un moyen terme entre la prémisse : l’expérience
passée montre une certaine conjonction de faits et la conclusion, l’expérience
future montrera la même conjonction (p.92-94).
Hume
précise que l’argument négatif dans sa nouveauté exige beaucoup d’attention de
sorte qu’il va le détailler pour pouvoir rendre pleinement satisfaisant ce qui
n’est qu’un argument négatif qui laisse l’espoir d’une découverte (p.94).
Il
distingue soutient-il deux types de raisonnements : les démonstratifs qui
portent sur des idées et les raisonnements moraux qui portent sur les faits. Il
n’y a pas de démonstration de l’inférence fondée sur l’expérience car il n’est
pas contradictoire que le cours de la nature change, ce qu’il illustre par
divers exemples (p.94-95).
Concernant
les raisonnements moraux, on ne peut prouver par l’expérience, même de façon
probable, l’inférence du passé au futur sans cercle vicieux puisque c’est elle
qui fonde les raisonnements sur les faits (p.95).
Si l’expérience
est le seul guide dans l’action, la philosophie peut questionner son fondement.
Le problème se pose en ce que si la raison fondait le raisonnement
expérimental, un seul cas suffirait. Or, il faut de nombreux cas qui sont pourtant
semblables au premier pour arriver à s’appuyer sur l’expérience. Hume avoue qu’il
ne saisit pas le raisonnement qui permet un traitement différent de ce qui est
finalement semblable (p.95-96).
Hume
envisage alors une autre explication qu’on pourrait donner : c’est d’une
multiplicité d’expériences qu’on peut inférer légitimement du passé au futur. Il
la réfute en rappelant notre ignorance des pouvoirs cachés des corps. Dès lors,
comme de l’expérience passée à l’expérience future, il y a un pas et non une
tautologie, il faudrait que l’inférence soit intuitive ou démonstrative. Or, ce
n’est pas le cas. Quant à l’explication par l’expérience, elle est une pétition
de principe (p.96-98).
Hume
envisage la possibilité qu’il n’ait pas trouvé la bonne explication et qu’elle
puisse se trouver ultérieurement comme pour d’autres solutions négatives. Il va
montrer qu’il n’en est rien (p.98).
Comme
le raisonnement qui conclut de l’expérience passé à l’expérience est utilisé
par des paysans même stupides, des enfants, voire des animaux – ce que la
section IX La raison des animaux examinera –, s’il existe, on doit pouvoir le
mettre en lumière. Comme ce n’est pas le cas, il n’y en a pas (p.98-99).
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