vendredi 8 novembre 2019

Géocentrisme/héliocentrisme : chronologie jusqu'à Galilée


VII°-VI° av. J.-C. : la Terre est un disque plat pour Thalès (VII°-VI° av. J.-C.) et non une déesse dont les racines sont solides comme dans la pensée religieuse antérieure (cf. Hésiode, VIII°-VII° av. J.-C., Théogonie).

V° av. J.-C. : la Terre devient sphérique dans un univers sphérique (par exemple chez Parménide). Pour les Pythagoriciens comme Philolaos, elle se meut autour d’un mystérieux feu central avec toutes les autres planètes connues ou astres errants dont la connaissance a été emprunté aux Babyloniens (Mercure ou Hermès pour les Grecs, Vénus ou Aphrodite pour les Grecs, Mars ou Arès pour les Grecs, Jupiter ou Zeus pour les Grecs et Saturne ou Kronos pour les Grecs) dont le Soleil et la Lune.

IV° av. J.-C. : Platon (428-347 av. J.-C.) reprend le schéma d’un univers sphérique avec une Terre au centre, immobile ou qui tourne sur elle-même (la question est discutée). Ce mouvement était conçu pour rendre compte du mouvement apparent des étoiles.

Puis son élève Aristote (384-322 av. J.-C.), dont les textes parviendront aux musulmans et aux chrétiens, reprend aussi le schéma d’un univers sphérique avec une Terre immobile. Pour lui, l’univers se divise en deux zones : le monde sublunaire, c’est-à-dire la Terre et son atmosphère, monde du désordre et des quatre éléments, et le monde supra lunaire, monde d’harmonie et du cinquième élément.

IV°/III° av. J.-C. : le philosophe Épicure (341-270 av. J.-C.) soutient que l’univers est infini, que les étoiles sont comme des Soleils autour desquels tournent d’autres planètes.

III° av. J.-C. : Aristarque de Samos propose le modèle héliocentrique avec une Terre qui tourne sur elle-même et autour du Soleil. Il n’est pas suivi.



Figure 1 : Les planètes tournent sur un épicycle qui lui-même tourne sur un déférent.

Ier av. J.-C. : Le poète et philosophe Lucrèce (94-54 av. J.-C.) expose la pensée d’Épicure dans son De la nature.

II ° ap. J.-C. : Claude Ptolémée (100-168), astronome et géographe, perfectionne le modèle géocentrique en concevant des épicycles et des déférents (cf. Figure 1) qui rendent compte du mouvement apparent des planètes (ou astres errants) vues de la Terre. Il réfute la possibilité d’un mouvement de la Terre en arguant que les objets ne pourraient retomber parallèlement à leur point de chute.






Figure 2 L'univers de Ptolémée


IV°-V° : la philosophe Hypatie (355/370-415) reprend le modèle de Ptolémée. Elle est assassinée par les chrétiens. Quelques-uns d’entre eux remettent en cause la sphéricité de la Terre. Mais l’Église se rangera à l’univers géocentrique d’Aristote et Ptolémée durant tout le moyen âge.

XII° : le philosophe arabo-andalou Averroès (1126-1298) refuse les déférents de Ptolémée et revient à l’astronomie d’Aristote.

XV° : en 1473, le premier ouvrage imprimé du poème de Lucrèce, qui venait d’être retrouvé dans la bibliothèque d’une abbaye, sort des presses. En 1492, Christophe Colomb (1451-1506) croit avoir trouvé les Indes. Il a découvert sans le savoir l’Amérique. Claude Ptolémée, le géographe, l’ignorait. Son autorité est remise en cause.

Figure 3 L'univers selon Copernic

XVI° : les marins de Magellan (1480-1521) reviennent en 1522 de leur tour de la Terre.

Nicolas Copernic (1473-1543), chanoine polonais et astronome, publie le résultat de ses recherches l’année de sa mort en 1543. Il propose un modèle héliocentrique en s’appuyant sur l’autorité des Pythagoriciens et d’Aristarque de Samos. Son univers reste fini.

Giordano Bruno (1548-1600), qui soutient l’héliocentrisme et un univers infini comme Épicure et Lucrèce, est brûlé à Rome le 17 février 1600.

1564 : naissance de Galilée le 15 février à Pise.

1582 : le calendrier grégorien (le nôtre) est adopté en s’appuyant pour partie sur la détermination du jour de Copernic légèrement plus courte que celle du calendrier julien jusque-là en usage (que Jules César [100-44 av. J.-C.] avait fait adopter à Rome).

XVII° : en 1609, Galilée, qui enseigne à l’université de Padoue, ayant perfectionné la lunette astronomique inventée par un artisan néerlandais l’année précédente, découvre les montagnes de la Lune et ses cratères, les tâches solaires, quatre satellites de Jupiter et enfin que la voie lactée est une poussière d’étoiles. Le cosmos d’Aristote est remis en cause.

1610 : Galilée publie le Messager des étoiles qui consigne ses découvertes et laisse entendre que l’astronomie géocentrique peut être remise en cause. L’astronome protestant Johannes Kepler (1571-1630) le soutient. Dans le même temps, ce dernier publie sa découverte des deux premières lois qui portent son nom : 1. Les planètes décrivent des trajectoires elliptiques dont le Soleil est un foyer. 2. Le mouvement de chaque planète est tel que le segment de droite reliant le Soleil et la planète balaie des aires égales pendant des durées égales.

Galilée devient enseignant de mathématiques à l’université de Pise.

1611 : le cardinal Maffeo Barberini (1568-1644), le futur pape Urbain VIII, lui fait présenter ses découvertes au collège pontifical.

1615 : Galilée s’aventure sur le terrain religieux (ce que l’Église ne lui a jamais pardonné) en soutenant dans une lettre à la grande Duchesse Christine de Lorraine l’autonomie de la science par rapport à la théologie tout en essayant de la concilier avec ses découvertes.

Février 1616 : Galilée se voit interdire par le Saint Office d’enseigner l’héliocentrisme qui ne peut être présenté au mieux que comme une hypothèse.

26 mai 1616 : le cardinal Bellarmin fournit à Galilée un document indiquant qu’il n’a pas été condamné mais qu’il lui est interdit de défendre et d’enseigner l’héliocentrisme.

1618 : Kepler découvre sa troisième loi : Pour toutes les planètes, le rapport entre le cube du demi grand axe de la trajectoire et le carré de la période est le même — cette constante étant indépendante de la masse de la planète.

6 août1623 : le cardinal Barberini devient pape sous le nom d’Urbain VIII. Galilée est autorisé à publier son Essayeur qu’il dédie au pape. Il y soutient que la nature est écrite en langage mathématique – en quoi il s’oppose à Aristote. Il critique les jésuites.

21 février 1632 : Galilée, protégé notamment par le pape, fait publier, en italien, le Dialogue sur les deux plus grands systèmes du monde, qui oppose le système géocentrique de Ptolémée au système héliocentrique de Copernic. Il fait intervenir trois personnages, Salviati, le partisan de Copernic, qui a le nom d’un astronome de ses amis, Sagredo, l’homme de bon sens, du nom d’un de ses amis et Simplicio, le partisan de Ptolémée. Ce dernier est ridicule. Le pape se serait senti visé par ce personnage. Galilée se défendra en disant qu’il lui a donné le nom d’un philosophe et commentateur d’Aristote : Simplicius (VI°). L’ouvrage est un succès.

1er octobre 1632 : Galilée est convoqué devant le Saint Office à Rome avec l’aval du pape qui ne le protège plus.

Février 1633 : Galilée défère à la convocation du Saint Office, il avait été jusque-là malade. Il est interrogé jusqu’au 21 juin. Il est menacé de torture. Le 22 juin, il est condamné à la prison et lit le texte d’abjuration qui lui a été préparé. Sa peine est commuée par le pape en résidence surveillée qu’il effectue bientôt dans sa résidence d’Arcetri, une colline au sud de Florence.

1638 : Galilée fait publier à Amsterdam le Discours concernant deux sciences nouvelles où il expose les résultats de sa physique et notamment sa conception du mouvement qui ruine les objections de Ptolémée contre le mouvement de la Terre.

8 janvier1642 : Galilée meurt à 77 ans.





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