Émile Chartier, dit Alain, est né le 3 mars 1868 à Mortagne-au-Perche. Il est le fils d’un vétérinaire. Il entre à dix sept ans au lycée Michelet à Vanves où il fut l’élève de Jules Lagneau (1851-1894). « Parmi ses contemporains, n’a reconnu qu’un maître, Jules Lagneau, philosophe profond qui n’a guère écrit. » écrira-t-il de lui en 1925. Jules Lagneau soutenait qu’« il n’y a qu’une vérité absolue, c’est qu’il n’y a pas de vérité absolue ». S’il fut connu, c’est grâce à ses élèves, notamment Alain lui-même.
Ce dernier entre à l’École normale supérieure, section lettres en 1889. Il passera un baccalauréat es sciences durant ses années d’École. Il obtient l’agrégation de philosophie en 1892. Il enseigne en lycée. D’abord en terminale ; Pontivy (1892), Lorient (1893), Rouen (1900) puis Paris au lycée Condorcet (1903). Il revient à Vanves au lycée Michelet dans la classe de son maître Jules Lagneau (1906-1909). Ensuite, il devient professeur de rhétorique supérieure en Lettres supérieures au lycée Henri-IV en 1909. Son influence fut considérable pendant quarante ans (1892-1933).
Dans le même temps il fait dans le journalisme. Il avait utilisé le pseudonyme de Criton dès 1892 pour publier dans la Revue de métaphysique et de morale. Il prend celui d’Alain sous lequel il est principalement connu. Ses fameux « Propos », cours articles, paraissent, dans la Dépêche de Rouen de 1903 à 1914 puis dans ses Libres Propos de 1921 à 1936.
En octobre 1914, à quarante-six ans, quoique pacifiste, il s’engage comme volontaire. Il sert comme artilleur pendant deux ans et demi. Pendant six mois il est occupé à des taches moins difficiles. En octobre 1917, il est démobilisé après avoir eu un pied broyé qui le laissera boiteux toute sa vie. Son expérience des tranchées renforcera son pacifisme, y compris durant la seconde guerre mondiale. Il part à la retraite en 1933. Le recteur de Paris et le ministre de l’époque assisteront à son avant-dernière leçon. Politiquement, il se pensera comme un radical. Il meurt le 2 juin 1951 dans sa maison du Vésinet.
Parmi ses œuvres, et sans mentionner tous les recueils de Propos, composés de son vivant ou après sa mort, on peut citer : Spinoza (1901, puis 1949 dans une édition augmentée) ; Quatre-vingt-un Chapitres sur l’Esprit et les Passions (1917) qui deviendra les Éléments de philosophie (1941) ; Petit Traité d’Harmonie pour les aveugles (en braille, 1918) ; le Système des Beaux-Arts, rédigé pour les artistes, en vue d’abréger les réflexions préliminaires (1920) ; Mars ou la guerre jugée (1921 et 1936) ; Lettres au docteur Henri Mondor sur le sujet du cœur et de l’esprit (1924) ; Propos sur le bonheur, Souvenirs concernant Jules Lagneau (1925) ; Le citoyen contre les pouvoirs (1926) ; Les Idées et les âges, Esquisses de l'homme (1927) ; les Entretiens au bord de la mer (1931) ; Idées (Platon, Descartes, Hegel), Propos sur l’éducation (1932) ; Les Dieux (1934) ; Stendhal, En lisant Balzac (1935) ; Histoire de mes pensées (1936) ; Souvenirs de guerre, Entretiens chez le sculpteur, Les Saisons de l’esprit (1937) ; Minerve ou de la sagesse (1930) ; les Vigiles de l’esprit (1942) ; Préliminaires à la mythologie (1943) ; Les aventures du cœur, En lisant Dickens (1945) ; Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant (1946).
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