Vie
Marc Aurèle ou plutôt Marcus Annius Verus (après avoir été Marcus Catilius Severus), est né le 16 avril 121 à Rome. Il est issu d’une famille italienne installée en Espagne. Il était apparenté à l’empereur Hadrien (76-138). L’empereur Antonin (86-161), dit le Pieux, avait épousé sa tante.
Il est l’ami d’Hérode Atticus (101-177) qui assure pour partie sa formation en rhétorique. Il suit les cours du rhéteur africain Fronton (~100-166). La correspondance entre Marc Aurèle et Fronton qui nous a été conservée commence en 139 et s’achève en 166 à la mort du rhéteur. Cela ne l’empêche pas de se convertir à la doctrine stoïcienne d’Épictète en 146 ou 147 comme la « brouille » avec Fronton le laisse penser. Il a pour maître Quintus Junius Rusticus (~100-~170) à qui il rend hommage aux n°7 et 17 du livre I de ses Pensées. Il a également comme maître Apollonius Nicomède de Chalcédoine, philosophe stoïcien dont il est question aux n°8 et 17 du livre I de ses Pensées. (cf. pour les maîtres de Marc Aurèle, Dion Cassius [~155-~235], Histoire romaine, LXXI, 35).
Aimé de l’empereur Hadrien (76-117-138), celui-ci en fait le successeur de son successeur, Antonin, avec Lucius Verus. C’est Hadrien qui lui donna comme surnom « Verissimus » (le plus véridique ou le plus franc).
En avril 145, Marc Aurèle épouse la fille d’Antonin, Faustine (125/130-175). Certaines sources lui ont fait la réputation d’être débauchée. Elle aurait trompé son mari avec des gladiateurs et de simples légionnaires. Marc-Aurèle de son côté lui rend hommage dans ses Pensées (I, 17). Ernest Renan s’appuyait sur les textes de Marc-Aurèle pour défendre la vertu de son épouse (cf. « Examen de quelques faits relatifs à l'impératrice Faustine, femme de Marc-Aurèle », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1867, volume 11, n° 11, p.202-215)
Marc Aurèle accède au trône en 161 et partage le pouvoir avec Lucius Verus qui n’était pas un modèle de vertu. Faustine devient Augusta, impératrice. Leur fils Commode naît cette année-là en même temps que son jumeau Antonin qui meurt à quatre ans.
En 162, Rusticus est consul. Il est également préfet de Rome.
Son règne est presque exclusivement consacré à la guerre.
Au début, il confie à Lucius Verus, avec l’aide de Caius Avidius Cassius (~130-175) et Marcus Statuis Priscus (132-162), le commandement de l’armée chargée de repousser et vaincre les Parthes du roi Arsace XXVIII Vologes III qui avaient envahi les provinces orientales de l’Empire. La capitale de l’empire parthe, Ctésiphon, fut détruite, l’Arménie et la Mésopotamie furent annexées. Mais l’armée victorieuse ramena dans ses bagages une épidémie de peste. Le « philosophe chrétien » Justin ( ?-~165) est exécuté à Rome. Rusticus était alors préfet de Rome et se serait chargé du procès. Or, Justin avait publié contre les hérétiques gnostiques, les accusant d’inceste, d’anthropophagie et de liturgies sanglantes. Les calomniateurs étaient condamnés à mort. Rien ne permet donc d’être sûr que ce soit le chrétien qui a été exécuté pour avoir refusé de participer au culte d’idoles.
En 166, il associe au pouvoir son fils Commode comme « César ».
Puis, la guerre se déplaça au nord contre des tribus germaniques. C’est la « première guerre germanique ».
En 167, les Marcomans passent le Danube et envahissent la Norique (actuelle Autriche).
En 168, les Quades et les Sarmates les rejoignent. Ils dévastent la Pannonie (sud de l’actuelle Hongrie) et le nord de l’Italie.
En 171 et 172, l’armée romaine doit repousser des envahisseurs venant des déserts africains qui ont envahi l’Espagne et la Lusitanie (actuel Portugal). En outre, l’Égypte est en proie à une révolte, celle des « Bouloiloi », des pasteurs-brigands.
En 173, après une guerre de cinq ans, Marc Aurèle repousse enfin les envahisseurs germaniques et les ramènent derrière le Danube.
De 174 à 175, il repousse à nouveau les Sarmates derrière le Danube.
En 175, l’usurpation du général Caius Avidius Cassius, vainqueur de la guerre des Parthes et gouverneur de l’orient romain, est rapidement maîtrisée ; les troupes qui l’avaient proclamé empereur l’assassinent. On peut considérer que c’est à partir de ce moment que Méliton de Sardes a rédigé son Apologiedont il nous reste quelques fragments où, s’adressant à l’empereur, il défend le christianisme injustement attaqué selon lui et conforme à la réalité impériale (sur l’adresse à Marc Aurèle comme philosophe, cf. Paul Veyne « “Qu’était-ce qu’un empereur romain ?” Dieu parce qu’empereur », Diogène, 2002/3 n°199, p.17). En 176, Marc Aurèle célèbre son triomphe à Rome en compagnie de son fils Commode. Il institue quatre chaires de philosophie à Athènes pour chacune des quatre grandes écoles, platonicienne, aristotélicienne, stoïcienne et épicurienne.
En 177, c’est la « seconde guerre germanique » : les Quades, les Marcomans et les Hermundures repassent à l’attaque. Pendant ce temps à Lugdunum (Lyon), des chrétiens sont exécutés, dont l’évêque Pothin (~85-177) et la jeune esclave Blandine. L’ont-ils été comme chrétiens ? On peut considérer que c’est à cette époque qu’Apollinaire de Hiérapolis lui adressa son Apologie du Christianisme. L’œuvre est perdue. Toujours en 177, Commode est associé au pouvoir comme « Auguste ». La supplique d’Athénagore d’Athènes à Marc-Aurèle et à son fils pour défendre le christianisme peut être datée de ce moment (cf. Claudio Moreschini, Enrico Norelli, Histoire de la littérature chrétienne ancienne grecque et latine, I. De Paul à l’ère de Constantin, Genève, Les Editions Labor et Fides, 2000, p.249).
Cette guerre se finit en même temps que Marc Aurèle meurt de la peste (et non assassiné par Commode comme le film Gladiator le montre à tort) le 17 mars 181 à Vindobona (l’actuelle Vienne en Autriche). Son fils Commode lui succède, conformément à l’habitude des empereurs (cf. Paul Veyne, « “Qu’était-ce qu’un empereur romain ?” Dieu parce qu’empereur », Diogène, 2002/3 n°199, p.5). Le règne de Commode fut loin d’être celui d’un sage. Il mourra assassiné dans son bain en 192.
Œuvre
C’est durant toute sa vie que Marc Aurèle a écrit les textes rassemblés après sa mort dans un recueil. Il s’agit de notes personnelles (hypomnêmata). On ne trouve en grec que le titre : Τὰ εἰς ἑαυτόν (ta eis éauton), c’est-à-dire « À soi-même ». Ce dernier titre n’a pas été d’abord repris. On a intitulé le recueil Pensées (en souvenir de Pascal) ou Pensées pour moi-même. On trouve également À soi-même. Pensées. Pierre Hadot (1922-2010) lui a donné comme titre Écrits pour lui-même.
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