Sandro Botticelli (1445-1510), Saint Augustin dans son cabinet de travail, 1480, fresque, 152 × 112 cm, Église Ognissanti, Florence (Italie).
Analyse.
La distinction
de la raison et de la croyance peut se faire à plusieurs points de vue.
Premièrement,
la raison, au sens fort, désigne la faculté qui nous permet de distinguer le
vrai du faux, le bien du mal. Elle permet de saisir les principes, c’est-à-dire
les propositions vraies, indémontrables et qui servent à en démontrer d’autres.
On peut indiquer comme principes les axiomes des mathématiciens, par exemple
que « Si des choses égales sont
ajoutées à d’autres choses égales, leurs sommes sont égales »
(Euclide, Éléments, III° av. J.-C.)
ou les principes du raisonnement comme le principe de non-contradiction selon
lequel il n’est pas possible qu’une proposition soit vraie et fausse ou encore
les lois fondamentales de la physique comme le principe d’inertie (cf. Newton, Principes mathématiques de la philosophie
naturelle, 1687). On peut aussi entendre par principes, les règles
fondamentales de la morale, c’est-à-dire ce qui nous permet de distinguer le
bien du mal. La raison en se sens permet de déduire des principes les conséquences
légitimes. Ainsi la raison organise-t-elle les propositions en un
système.
À l’inverse,
la croyance désigne le simple assentiment, donné par l’esprit, à une
proposition qui est susceptible d’être vraie ou fausse ou à une proposition qui
peut être mauvaise ou bonne. Par extension, on peut dire d’une croyance qu’elle
est relative à un fait. Les croyances ne sont pas nécessairement organisées.
Elles reposent sur des sources extérieures à l’esprit comme les besoins, les désirs
ou les passions ; comme aussi sur les coutumes, mœurs, etc. bref, la culture.
Parmi les croyances, il est possible de faire un sort à part à la foi, qui est
une croyance dans laquelle l’individu s’investit. Formellement, on distingue
ainsi « croire que… » où la croyance porte sur un fait, un événement,
etc. de « croire en… » où la croyance marque la confiance en une
personne présente en chair ou en os ou surnaturelle comme un Dieu, un ange,
etc.
Ainsi, la
croyance peut être erronée alors que la raison est réputée infaillible.
Deuxièmement,
la raison, au sens faible, désigne la faculté qui règle l’enchaînement des
propositions selon des règles. Elle permet donc le raisonnement. Il consiste en
l’inférence. La raison procède essentiellement en tirant les conséquences
nécessaires des principes dont elle n’est pas la source. Elle reçoit ses
principes soit de l’expérience par induction, c’est-à-dire par généralisation
des cas particuliers, soit d’une autre faculté comme le cœur (cf. Pascal, Pensées, 110, Lafuma).
La croyance, y
compris la foi, se distingue de la raison en tant qu’elle est un assentiment
(c’est-à-dire un tenir pour vrai) immédiat ou direct alors que la raison rend
possible un assentiment médiat ou indirect.
La croyance
peut alors donner à la raison des principes à partir desquelles elle déduit des
conséquences. La croyance n’est alors pas nécessairement erronée. La raison
peut se tromper, notamment lorsqu’elle cherche à démontrer ce qui est hors de
son domaine.
Problème.
Peut-on
définir la raison au sens fort, c’est-à-dire la concevoir comme une faculté
capable de déterminer les principes de la connaissance et de l’action ?
Comment, si par définition un principe ne peut être démontré ?
Faut-il au
contraire donner de la raison un sens limité à l’inférence ? Comment
admettre alors que certaines croyances puissent vraies sans examen aucun ?
Autrement dit,
les points de départ de tous les raisonnements sont-ils des croyances ou bien
la raison peut-elle les établir ?
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