Rembrandt (1606-1669), La leçon d'anatomie du docteur Nicolaes Tulp, 1632, huile sur toile, 169.5 ×
216.5 cm, Mauritshuis, La Haye (Pays-Bas)
Analyse.
On dit de
certains hommes qu’ils ont de l’expérience, soit en général, soit dans un
domaine particulier. On entend par là qu’ils ont eu un contact long et régulier
avec les choses.
L’homme
d’expérience s’en tiendrait au concret, c’est-à-dire à ce qui est
perceptible par opposition au théoricien qui se situerait dans l’abstrait,
c’est-à-dire à ce qu’on retrouve identique en de multiples choses mais qui ne
peut jamais apparaître comme tel dans la perception. Ainsi je vois Pierre et
Paul ou ma fourchette et mon couteau qui sont concrets. Je conçois le nombre 2
qui est abstrait. Le nombre s’applique soit à Pierre et à Paul, soit à ma
fourchette et à mon couteau ensemble. Je ne peux jamais le voir. Si maintenant
je ne raisonne que sur le nombre en général comme le mathématicien, je suis
encore plus dans l’abstraction et loin de l’expérience.
Or, pour avoir
de l’expérience il faut déjà abstraire ce qu’il y a de commun aux choses ou aux
activités rencontrées pour que l’expérience accumulée guide et puisse permettre
des anticipations. On peut appeler le passage du particulier au général, voire
du particulier au particulier, l’induction.
On la distingue de la déduction qui
consiste à passer du général au particulier ou du général au général (cf.
Russell, Les problèmes de la philosophie,
1912, chapitre 7).
Mais pour
avoir de l’expérience, il faut faire des expériences. Faire une expérience peut
s’entendre en deux sens.
Premièrement,
on dit qu’on fait une expérience lorsqu’on subit quelque chose de nouveau,
d’inattendu, voire de douloureux. Dans ce cas, l’expérience n’est pas
provoquée, elle est subie. Elle reste particulière sauf si on la généralise, c’est-à-dire
si on n’en tire une proposition générale. Dans ce cas, la généralisation n’est
une induction car sa valeur n’est que subjective.
Deuxièmement,
on dit qu’on fait une expérience lorsqu’on se dispose à regarder quelque chose
pour apprendre (observation) ou à manipuler des choses pour savoir ce qui en
résulte (expérimentation). Dans ce cas, l’expérience est active. Elle semble
provenir d’une interrogation préalable. Elle peut être technique lorsqu’on fait
une expérience en vue de réaliser quelque chose ou théorique s’il s’agit de
connaître la vérité.
Problèmes.
1. Faut-il concevoir l’expérience
comme première par rapport à l’élaboration théorique ou bien exige-t-elle un
cadre théorique pour qu’elle soit possible ?
2. L’expérience, quelle qu’elle soit, est toujours particulière. Or, les
hypothèses ou les théories qu’on veut prouver, c’est-à-dire qu’on veut tester,
sont générales. Comment l’expérience peut-elle prouver ? Est-ce par
induction ? Est-ce en rectifiant les erreurs ?
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