Hyacinthe Rigaud (1659-1743),
Portrait de La Fontaine (~1684), huile
sur toile, Musée Jean de la Fontaine, Château-Thierry.
Jean de La Fontaine a été baptisé le 8 juillet 1621 à
Château-Thierry en Champagne (département de l’Aisne). Son père, Charles de La Fontaine (1594-1658) est
conseiller du roi et maître des eaux et forêts de la duché de Chaûry,
abréviation alors courante de Château-Thierry. Sa mère, de bonne famille
bourgeoise, se nomme Françoise Pidoux (1582-1643/1644). Son frère cadet,
Claude, est baptisé le 26 septembre 1623.
Vers 1635-1636, il part poursuivre ses études à
Paris. Il est possible qu’il ait eu Furetière (1619-1688) comme condisciple.
Quoique l’aîné, qui, à cette époque, n’était pas destiné à la vie religieuse,
il est admis à l’Oratoire le 27 avril 1641. Il renonce plus d’un an après en
octobre 1642 à sa vocation religieuse et regagne Château-Thierry.
C’est vers 1643 qu’il découvre et apprécie la poésie
de Malherbe (1555-1628). Peut-être a-t-il alors connu Pierre Gassendi
(1592-1655), le philosophe épicurien, l’adversaire de Descartes (1596-1650),
l’auteur des septièmes objections aux Méditations
métaphysiques (1642).
De 1645 à 1647, il fait son
droit à Paris. Il participe à la constitution d’une petite académie littéraire,
dite l’Académie des Jeudis dont les membres s’appelaient les Palatins ou encore
les chevaliers de la Table
ronde. Cette académie placée sous le patronage réel ou d’inspiration du poète Jean Chapelain (1595-1674), de l’érudit Valentin
Conrart (1603-1675) et d’Olivier Patru (1604-1681) dont les membres sont Paul Pellisson
(1624-1693), François de Maucroix (1619-1708), Furetière, Gédéon Tallemant des
Réaux (1619-1692), le savant François Cassandre ( ?-1695), François
Charpentier (1620-1702) et Antoine Rambouillet de La Sablière (1624-1679) le
futur mari de Marguerite Hessein. Il s’inscrit comme avocat en la cour du
Parlement de Paris.
Le 10 novembre 1647, il
épouse une parente de Jean Racine (1639-1699) Marie Héricart, baptisée le 26
avril 1633, âgée de 14 ans (les jeunes filles alors se mariaient à partir de 13
ans) et originaire de la
Ferté-Milon près de Château-Thierry. Le 20 mars 1652, il
obtient par achat, comme toutes les fonctions publiques sous l’Ancien Régime,
la charge de maître particulier triennal des eaux et forêts du duché de Chaûry.
Charles de La Fontaine (1653-1723), son premier fils, est baptisé le 30 octobre
1653 à Château-Thierry. La
Fontaine connaît des difficultés financières que montre la
vente d’une de ses fermes et d’une métairie.
La même année, Nicolas Foucquet, vicomte de Vaux
(1615-1680), procureur général au Parlement de Paris depuis 1650, est nommé
surintendant des finances, c’est-à-dire ministre des finances, sous le règne de
Mazarin (1602-1661). Le 17 août 1654 paraît sans nom d’auteur L’Eunuque, comédie, une pièce du poète
latin Térence (~190-150 av. J.-C.) que La Fontaine a traduite en vers et adaptée. Il
commence à écrire des vers pour Nicolas Foucquet en 1657. Celui-ci faisait
travailler pour lui le jardinier André Le Nôtre (1713-1700) et le peintre
Charles Le Brun (1619-1690). Il recevait les deux Corneille, Pierre (1606-1684)
et Thomas (1625-1709), Molière (1622-1673), le dramaturge Philippe Quinault
(1635-1688), l’écrivain Charles Perrault (1628-1703), l’écrivain Paul Scarron
(1610-1660).
En avril 1658, son père
meurt. Il hérite de ses charges et de ses dettes. Peut-être a-t-il fréquenté à
cette époque Olivier Patru. Il offre à Foucquet vers juillet 1658 le manuscrit
du poème d’Adonis, imité des Métamorphoses
d’Ovide. Foucquet et son entourage apprécient son Epître à l’abbesse de Monzon. La Fontaine est présenté au
surintendant. Début 1659, il se sépare de biens avec sa femme. Il devient
membre de la “cour” de Foucquet à Saint-Mandé (dans l’actuel Val-de-Marne, 94,
au sud-est de Paris). Il y retrouve Paul Pellisson et François de Maucroix. Il
rencontre un disciple de Gassendi, Samuel Sorbière (1615-1670). Il se lie avec Charles
de Saint-Evremond (1613-1703), Charles Perrault et Madeleine de Scudéry (1607-1701).
Foucquet le pensionne en échange d’une production poétique trimestrielle. Il
entreprend pour lui Le Songe de Vaux,
qui décrit par avance les splendeurs du château alors en construction. À Paris,
il retrouve La Rochefoucauld
(1613-1680) et le Cardinal de Retz (1613-1679) dans le salon de la comtesse de
Lafayette (1634-1693).
Vers 1660, La Fontaine écrit la farce
des Rieurs de Beau Richard. Peut-être
a-t-il déjà écrit ses premières fables. On peut l’inférer des premiers mots de la Préface du premier
recueil :
« L’indulgence que l’on a eue pour quelques-unes de mes fables me
donne lieu d’espérer la même grâce pour ce recueil » La
Fontaine , Fables,
éd. de Marc Fumaroli, Imprimerie nationale, 1985, réédition Le livre de poche,
« Pochothèque », 1995, p.5.
Le 9 mars 1661, Mazarin (1602-1661) meurt. Louis xiv (1638-1643-1715) exercera désormais seul le pouvoir. Le 17
août, Foucquet donne à Vaux-le-Vicomte une grande fête en l’honneur du roi.
Molière y donnera la première représentation des Fâcheux avec un prologue de Pellisson. La Fontaine en donne une
relation le 22 à Maucroix sous forme d’une lettre. Le 5 septembre, Foucquet est
arrêté à Nantes par d’Artagnan (~1611-1673) et emprisonné en compagnie de
Pellisson (ce dernier sera libéré cinq ans plus tard). Jugé et condamné pour
malversations financières, il mourra en prison.
Pour sa part, La Fontaine est poursuivi pour usurpation du titre
d’écuyer, titre de petite noblesse qu’il a pris dans divers contrats. Il est
condamné à une forte amende en 1662. Peut-être a-t-il alors publié
clandestinement l’Elégie aux Nymphes de
Vaux, écrites en faveur de Foucquet. Toujours est-il qu’il lui écrit le 30
janvier pour répondre aux apostilles que le surintendant a mises à son Ode au roi. Le 23 août 1663, il
accompagne l’oncle de sa femme Jannart, substitut de Foucquet dans sa charge de
procureur général au Parlement, en exil à Limoges où ils arrivent le 8
septembre. Il adresse en chemin des lettres à son épouse. Elles forment La Relation d’un voyage de Paris en Limousin,
six lettres non publiées de son vivant, une septième projetée n’a pas été
retrouvée même à l’état d’ébauche.
Il revient au plus tard en juillet 1664 à Paris car,
le 8 juillet, il entre au service de Marguerite de Lorraine, duchesse
douairière d’Orléans (1613-1672), veuve de Gaston le frère de Louis xiii (1608-1660), au palais du Luxembourg dont il est l’un des neuf
« gentilshommes servants ». Sa femme se retire à Château-Thierry. La Fontaine fréquentera les
salons parisiens. On le voit dans le salon de l’Hôtel de Nevers, favorable au
jansénisme et à Foucquet où il rencontre La Rochefoucauld, la comtesse de
Lafayette et la marquise de Sévigné (1626-1696) et le salon de la duchesse de
Bouillon (1649-1714), née Marie-Anne Mancini et nièce de Mazarin.
En décembre 1664, sont
publiées les Nouvelles en vers tirée[s]
de Boccace et de l’Arioste par M. de L.F. Le conte, Joconde, est imité du poète Italie, Arioste (1474-1533) et le Cocu battu et content de l’écrivain
italien Boccace (1313-1375). En janvier 1665, il publie les Contes et nouvelles en vers. Il collabore
dans le même temps à la traduction de La Cité de Dieu de (Saint) Augustin (354-430).
Il est plus particulièrement chargé de la traduction des vers latins. En
janvier de l’année suivante, la deuxième partie des Contes et Nouvelles en vers paraît.
Le 7 août, Colbert
(1619-1683) lui écrit pour enquêter sur des malversations commises par des
officiers des eaux et forêts de Château-Thierry.
Le 6 juin 1667, le privilège
pour le premier recueil des Fables
choisies mises en vers par M. de La
Fontaine est pris. Trois nouveaux contes licencieux mais
surtout utilisant des personnages ecclésiastiques sont publiés à Cologne puis à
Amsterdam.
Le 31 mars 1668, les Fables
choisies mises en vers par M. de La Fontaine paraissent, grâce notamment à Nicolas
Boileau (1636-1711) avec des illustrations de François Chauveau. Elles
correspondent à nos actuels livres I à VI des Fables de La
Fontaine. Une deuxième édition en deux volumes suit le 19
octobre.
L’année suivante paraissent
le 31 janvier les Amours de Psyché et de
Cupidon, avec le poème d’Adonis.
Le 20 décembre 1670, paraît
le Recueil de poésies chrétiennes et
diverses, dédié à Monseigneur le Prince de Conti [François Louis de Bourbon,
1664-1709] auquel La Fontaine
a collaboré et qui contient seize fables déjà publiées.
Le 21 janvier 1671, le duc
de Bouillon, dont La Fontaine fréquente le salon de sa femme, lui rachète ses
charges, achetées ou héritées, de maître des eaux et forêts.
La troisième partie des Contes et Nouvelles en vers paraît le
même mois. Le 12 mars paraissent les Fables
nouvelles et autres poésies de M. de La Fontaine avec quatre élégies et huit fables
originales qui paraîtront dans le second recueil, à savoir : Le Lion (XI, i) ; Le Loup et
le Renard (XI, vi ou XII, ix) ; Le Coche et la Mouche (VII, viii) ; Le Trésor et les deux Hommes (IX, xvi),
Le Rat et l’Huître (VIII, ix) ; Le Singe et le Chat (IX, xviii), Du Gland et de la
Citrouille (IX, iv) ;
Le Milan et le Rossignol (IX, xviii) ; L’Huître et les Plaideurs (IX, ix).
En 1672, entre le 17 février et le 9 mars, deux fables séparées sont publiées. Le Curé et le Mort – le 9 mars, Madame
de Sévigné l’envoie à sa fille – qui apparaîtra dans le deuxième recueil (VII, x) sans lieu, date ni nom d’auteur et Le Soleil et les Grenouilles, imitation
de la fable latine signée D.L.F. qui ne sera pas recueillie (cf. La Fontaine , Fables, GF-Flammarion, pp.407-408).
Le 3 avril, La Fontaine perd son emploi
chez la duchesse douairière d’Orléans qui meurt. Madame de La Sablière , séparée de son
mari et de ses trois enfants, le recueille au début de 1673 puis le loge
pendant plus de vingt ans. Elle disait :
« J’ai congédié tout mon monde ; je n’ai
gardé que mon chien, mon chat et mon La Fontaine. »
C’est dans son salon qu’il
rencontre ou retrouve Tallemant des Réaux, Barillon ; Charles Perrault,
les mathématiciens Gilles Personne de Roberval (1602-1675) et Joseph Sauveur
(1653-1716), le médecin Antoine Menjot (1615-1696) et surtout François Bernier
(1620-1688). Il a pu expliquer à La
Fontaine la philosophie de son maître Gassendi, pour qui les
animaux ont une âme matérielle semblable à celle de l’homme dont l’opération
principale est l’imagination ou fantaisie. L’homme a en plus, selon cet
épicurisme chrétien, une âme immatérielle. Il a pu lui raconter l’anecdote d’un
moine qui vit un hibou sortant d’un tronc creux. S’approchant, il constata que
l’arbre avait deux trous, celui du haut par lequel est sorti le hibou et l’un
en bas qui est bouché. Il creusa ce dernier et découvrit dans l’arbre
« soixante et dix, ou quatre-vingts souris
toutes vives, et des épis de blé pour remplir deux ou trois chapeaux, mais que
toutes ces souris avaient les cuisses rompues. Ces souris devaient apparemment
être la provision du hibou qui leur aurait rompu les cuisses de peur qu’elles
ne s’enfuissent et qui leur aurait apporté des épis de lé pour les nourrir
quelques temps, cependant qu’il les mangeait l’une après l’autre. » Abrégé de la philosophie de Gassendi,
Paris, Fayard, « Corpus des œuvres de philosophie en langue
française », 1992, 7 volumes, VI, p.374.
L’influence de François
Bernier est apparente dans le Discours à
Madame de La Sablière
(Fables, IX) et dans Les Souris et le chat-huant (Fables, XI, ix).
Toujours en 1673, il publie
le Poème de la Captivité de Saint Malc.
En 1674, il travaille grâce à Madame de Montespan (1640-1707), la maîtresse du
roi, avec Jean-Baptiste Lully (1632-1687) pour le livret d’opéra Daphné sans succès. Fâché, il écrit
contre le musicien de Louis xiv la
satire acerbe du Florentin.
Paraissent la même année des Nouveaux
Contes, de M. de La
Fontaine. Selon toute vraisemblance, c’est l’année de la composition
de L’épître à Huet.
Le 5 avril 1675, le
lieutenant de police La Reynie
(1625-1709) ordonne l’interdiction du volume.
Des difficultés financières
accrues amènent La Fontaine
à vendre sa maison natale de Château-Thierry le 2 janvier 1676. Cette année-là
meurt François Chauveau (1613-1676), illustrateur des Fables.
Le 29 juillet 1677, La Fontaine prend un
privilège pour une nouvelle édition des Fables
choisies mises en vers. Le 3 mai 1678 paraissent les deux premiers volumes
de la nouvelle édition, à savoir nos actuels livres I à VI qu’on nomme le premier
recueil, ultérieurement le 3ème volume, c’est-à-dire nos actuels
livres VII et VIII alors numéroté I et II de la troisième partie. Dans le même
temps, La Fontaine
écrit divers poèmes, notamment pour célébrer la paix de Nimègue. Le 15 juin
1679 paraît le 4ème volume des Fables
choisies mises en vers qui contient nos actuels livres IX à XI, alors
numérotés III, IV et V, qui, avec les livres VII et VIII constituent ce qu’on
nomme le second recueil. Les illustrations sont de François Chauveau et
d’élèves de son atelier comme Nicolas Guérard (1648-1719).
Le 23 mars 1680, Foucquet
meurt. Le 29 mai, l’abbé Mondin adresse une lettre à Condé accompagné d’un
dialogue de Platon (428-347 av. J.-C.) traduit par La Fontaine , mais on ne sait
lequel. C’est cette année que Madame de La Sablière se tourne vers le Dieu catholique tout
en continuant de loger La
Fontaine.
Les Epîtres de Sénèque (1-65) traduites d’Antoine Pinterel (1618-1699) revue
par La Fontaine
paraissent le 1er août 1681. Le 24 janvier 1682, c’est le Poème du Quinquina et autres ouvrages en
vers de M. de La Fontaine. Il cherche depuis un moment à entrer à l’Académie française. Le 6 mai
1683, c’est la première d’une pièce aujourd’hui disparue qui connaîtra seulement
trois autres représentations (les 7, 9 et 11) à la Comédie française. La
rédaction d’Achille commence mais restera inachevée.
Le 15 novembre, La Fontaine est élu à
l’Académie française en remplacement de Colbert, l’ennemi de Foucquet, mort le
6 septembre, contre Boileau, le candidat du roi. Aussi, le 20 novembre, Louis xiv refuse-t-il d’entériner la
proposition de l’Académie. Tout rentre dans l’ordre l’année suivante. En
janvier 1684, le Mercure Galant
(journal fondé en 1672, organe des Modernes) publie la Ballade
adressée par La Fontaine
au roi en faveur de son entrée à l’Académie française. Boileau est élu le 17
avril et le 24 l’élection définitive de La Fontaine est acquise. Le 2 mai, jour de la
réception, il prononce son second Discours
à Madame de La Sablière
où on peut lire notamment les célèbres vers :
« Je m’avoue, il est
vrai, s’il faut parler ainsi,
Papillon du Parnasse, et
semblable aux abeilles
À qui le bon Platon compare
nos merveilles :
Je suis chose légère, et
vole à tout sujet ;
Je vais de fleur en fleur,
et d’objet en objet ;
À beaucoup de plaisir je
mêle un peu de gloire.
J’irais plus haut peut-être
au temple de Mémoire,
Si dans un genre seul
j’avais usé mes jours ;
Mais quoi ! je suis volage en vers comme en amours. »
À la réception de Boileau,
le premier juillet, La
Fontaine lit la fable Le
Renard, le Loup et le Cheval.
Au début de 1685, La Fontaine se brouille avec
Furetière. Le 22 janvier ce dernier est exclu de l’Académie française. En
effet, peu satisfait du travail pour le dictionnaire de l’Académie française,
Furetière a obtenu du roi qu’il puisse publier son propre dictionnaire, ce que
le règlement de l’Académie interdit.
Le 28 juillet, paraissent
les Ouvrages de prose et de poésie des
Sieurs de Maucroix et de La Fontaine. Maucroix donne la traduction de trois dialogues de Platon, l’Euthyphron,
l’Hippias majeur et l’Euthydème. Le premier volume est tout
entier de La Fontaine ,
il contient : des vers anciens ; le remerciement à l’Académie ;
le “second” Discours à Madame de La
Sablière ; la
Ballade au roi ; cinq nouveaux contes et onze fables qui
apparaissent dans le dernier recueil, notre actuel livre XII.
1687 : c’est la
querelle des Anciens et des Modernes déclenché par le poème, Le siècle de Louis le Grand, lu par Charles Perrault en séance
à l’Académie. Boileau défend les Anciens, Perrault les Modernes. La Fontaine publie
prudemment le 5 février l’Epître à
Monseigneur l’Evêque de Soissons dite
Épître à Huet avec une lettre à
Monsieur de Bonrepaux. On peut y lire notamment un certain penchant pour
les Anciens :
« Térence est dans mes
mains ; je m’instruis dans Horace ;
Homère et son rival sont mes
dieux du Parnasse …
Je chéris l’Arioste et
j’estime le Tasse ;
Plein de Machiavel, entêté
de Boccace,
J’en parle si souvent qu’on
en est étourdi ;
J’en lis qui sont du Nord,
et qui sont du Midi.
Non qu’il me faille un choix
dans leurs plus beaux ouvrages :
Quand notre siècle aurait
ses savants et ses sages,
En trouverais-je un seul
approchant de Platon ?
La Grèce en
fourmillait dans son moindre canton. »
Madame de La Sablière se retire aux
Incurables en 1688 où elle accueille encore La Fontaine. À l’occasion
du mariage du Prince de Conti et de Marie-Thérèse de Bourbon, il dédie au
Prince la fable du Milan, le Roi et le
Chasseur (XII, xii). Le suédois
Ulrich lui demande d’être le chaperon de sa jeune et jolie femme mais il
devient son amant. Elle sera sa compagne des derniers jours et publia après sa
mort un dernier conte, les Quiproquo.
En décembre 1690, il publie
dans Le Mercure galant la fable, Les compagnons d’Ulysse (Fables, XII, i). En février 1691 paraît dans le même journal Les deux Chèvres (XII, iv) et en mars Du Thésauriseur et du Singe (Fables,
XII, iii). Le 28 novembre 1691, Astrée, tragédie lyrique dont le livret
est de La Fontaine
et la musique de Pascal Colasse (1649-1709), un collaborateur de Lully, échoue.
C’est en 1692 qu’est pris le privilège pour l’édition du dernier recueil des Fables.
Sa protectrice, Madame de La Sablière , meurt le 6
janvier 1693. Il trouve alors refuge auprès d’Anne d’Hervart ( ?-1699) et
de sa femme.
En décembre 1692, Le Mercure galant publie, anonyme, une
fable, La Ligue
des Rats, non reprise en recueil.
Le 12 février 1693, La Fontaine , prêché et
confessé par l’abbé Pouget, vicaire de Saint-Roch, reçoit l’extrême onction.
Devant une délégation de l’Académie française il répudie publiquement ses Contes. Il commence une paraphrase du Dies irae. Le 1er juin,
paraît le Recueil de vers choisis par
le père Bonhours et on y trouve Le Juge
arbitre, l’Hospitalier le Solitaire (Fables,
XII, xxix). Le premier septembre,
le dernier recueil des Fables paraît
avec deux contes déjà publiées en 1682, à savoir la Matrone d’Ephèse et Belphégor.
Moins de deux ans après, le
13 avril 1695, La Fontaine
meurt. Boileau, dans une lettre à
Maucroix du 29 avril, évoque les haires, les cilices et les disciplines
dont La Fontaine
aurait usé. Quoique le caractère de La Fontaine ne lui ait pas paru aux mortifications,
la grâce de Dieu peut rendre compte de cette métamorphose. Quant à l’abbé
d’Olivert, il prétendit avoir vu le cilice (chemise de crin portée sur la peau
pour meurtrir la chair en pénitence) retrouvé sur le cadavre de La Fontaine.
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