Paul Bénichou (1908-2001)
Paul Bénichou
est né à Tlemcen (Algérie) le 19 septembre 1908. Il était issu d’une famille juive
séfarade. La famille de son père vivait en Algérie depuis une époque immémoriale.
Son grand-père ne parlait que l’arabe. Sa mère descendait d’une famille juive
expulsée d’Espagne en 1492. Elle parlait un espagnol médiéval. Paul Bénichou
était citoyen français. La république avait naturalisé tous les juifs de sa
colonie en 1871, les séparant ainsi des musulmans. À l’école, Paul Bénichou
choisit l’arabe plutôt que le français.
Élève au lycée
Louis-Le-Grand à Paris, il obtient un prix en thème latin au concours général.
Il entre à l’École normale supérieure en 1926. Il y côtoie de plus anciens
comme Raymond Aron (1905-1983) ou Jean-Paul Sartre (1905-1980) et un
condisciple, Maurice Merleau-Ponty (1908-1962). Il obtient sa licence en 1927
et est reçu à l’agrégation en 1930. Dans les années 1930, il milite dans le
radicalisme et écrit des poèmes de facture surréaliste.
En 1940, il
est interdit d’enseigner. Pour Vichy, c’est un « juif indigène algérien » qui tombe sous le coup des lois
antisémites du nouveau régime. Il quitte la France et devient professeur en Argentine. Il y
fonde avec Roger Caillois (1913-1978), l’Institut Français de Buenos Aires. Il
rencontre Jorge Luis Borges (1899-1986). Il s’intéresse à la littérature
médiévale espagnole. De retour en France, il propose à un professeur en
Sorbonne un manuscrit sur la littérature du XVII° comme thèse. Il essuie un refus.
Il le publie en 1948 sous le titre de Morales
du grand siècle. C’est un succès. C’est devenu un classique. Il enseigne au
Lycée Condorcet. Il le quitte en 1958. Il est invité à Harvard où il devient
professeur permanent jusqu’en 1979 à raison d’un semestre par an. Son cours sur
Molière attire d’autant plus qu’il joue tous les rôles, y compris féminins. Son
second semestre est consacré à ses recherches à la bibliothèque nationale. Il enseigne
le français et la poésie espagnole.
Historien de
la littérature, critique, il est l’auteur d’une œuvre multiple, singulière. Il étudie
principalement les rapports entre l’écrivain et la société dans laquelle il se
trouve. Son style est clair. Son érudition toujours sure et pertinente. Il
refuse la mode théorique de la critique inspirée de la linguistique, non par
conservatisme, mais grâce à sa profonde connaissance de l’histoire de la
critique comme le montre l’avant-propos de L’écrivain
et ses travaux.
Il est mort à
Paris le 14 mai 2001.
Œuvres majeures
Romancero Judéo-españoles de Marruecos (Buenos Aires, Instituto de
Filología de la Universidad
de Buenos Aires, 1946) ; Morales du
Grand Siècle (Paris, 1948) ; L’Écrivain
et ses travaux (Constant, Lamartine, La Rochefoucauld ,
Mallarmé, Racine, Rousseau) (Paris, 1967) ; Créacion poética en el romancero traditional (Madrid, 1968) ; Nerval et la chanson folklorique (Paris,
1970) ; Man and Ethics: Studies in
French Classicism, traduit par Elizabeth Hughes (Garden City, NY, 1971). Le Sacre de l’écrivain 1750-1830 : Essai sur l’avènement d’un
pouvoir spirituel laïque dans la
France moderne (Paris, 1973) ; Le Temps des prophètes : Doctrines de l’âge romantique (Paris,
1977) ; Les Mages romantiques (Paris,
1988) ; L’École du désenchantement :
Sainte-Beuve, Nodier, Musset, Nerval, Gautier (Paris, 1992) ; Selon Mallarmé (Paris, 1995) ; Variétés critiques : De Corneille à
Borges (Paris, 1996).
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