Sigismund
Freud est né le 6 mai 1856 à Freiberg, en Moravie (dans l’actuelle république tchèque)
dans une famille juive non pratiquante où on parlait allemand. Son père, Jakob
(1815-1896) est un négociant en textiles. Il a épousé en troisièmes noces
Amalia Nathansohn (1835-1930). Sigismund est le premier enfant du couple. Il a
sept frères et sœurs. Ses deux demi-frères issus du premier mariage de son
père, Philip et Emmanuel ont pratiquement le même âge que sa mère. Emmanuel est
marié et Sigismund joue dans la maison d’à côté avec son fils, John. Il est
l’enfant préféré de sa mère comme il nous l’apprend dans L’interprétation des rêves (1899).
Il est sujet
de l’empereur d’Autriche, François-Joseph 1er (1830-1916) de la
famille des Habsbourg qui règne depuis 1848. En 1867, l’empire d’Autriche
devient l’empire d’Autriche-Hongrie, François-Joseph 1er étant le
souverain.
En février
1860, la famille Freud frappée par la crise économique quitte Freiberg, passe
par Leipzig, puis s’installe à Vienne, capitale de l’empire, dans le quartier
de Leopoldstadt où vivent 15 000 juifs, soit la moitié des juifs de Vienne.
Sigmund
commence ses études universitaires à l’université de Vienne en 1873. Juif, il
est en butte à l’hostilité générale. Son père est en partie ruiné dans le krach
de la bourse de Vienne. La pauvreté frappe la famille Freud
Il change son
prénom en Sigmund en 1876. Il suit les cours du physiologiste E. Brücke
(1819-1892) qui l’oriente vers la médecine (cf. Georges Canguilhem, Études d’histoire et de philosophie des
sciences, Vrin, 1975, p.252). Il est diplômé en 1881. Interne à l’hôpital,
il poursuit des recherches sur le cerveau.
En novembre
1882, le docteur Joseph Breuer (1842-1925), physiologiste et psychiatre
autrichien, lui parle du cas d’une jeune fille surnommé Anna O., de son vrai
nom Bertha Pappenheim, qui lui présente des symptômes d’hystérie :
paralysie, troubles de la vue, toux nerveuse et anorexie. Il la soigne grâce à
l’hypnose. Il abandonne sa malade après des séances d’hypnose où elle présente
des symptômes de grossesse hystérique et d’accouchement. En termes
psychanalytiques, Breuer n’a pas su maîtriser le transfert.
À partir de
1883, Freud s’intéresse à la cocaïne qui lui apparaît comme un médicament –
passion qui lui est commune avec un autre célèbre enquêteur : Sherlock
Holmes. Il publie en 1885 un article sur la question : « Contribution
à la connaissance des effets de la coca ». Il défendra ce point de vue
jusqu’en 1887.
Le 13 octobre
1885, il commence son stage à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris
dans le service du professeur Charcot (1825-1893) grâce à une bourse d’études
obtenue par E. Brücke (cf. Canguilhem, op.
cit.). Il retournera à Vienne en avril 1886.
Après quatre
ans de fiançailles, en septembre 1886, Freud épouse Martha Bernays, née le 26
juillet 1861 à Hambourg, dans une famille imprégnée de culture juive.
En novembre
1887, il fait la connaissance de Wilhelm Fliess (1858-1928). C’est le début
d’une grande amitié et d’une correspondance importante seulement publiée en
1985.
En juillet
1888, Freud se rend à Nancy chez les neurologues Hyppolite Bernheim (1840-1919)
et Antoine-Auguste Liébault (1823-1904) pour perfectionner sa technique
hypnotique. Freud traduit en allemand l’ouvrage de Bernheim De la suggestion et ses applications
thérapeutiques paru en 1886.
En 1891, il
publie Contribution à la conception des
aphasies : une étude critique.
En mai 1895,
il publie en collaboration avec Joseph Breuer des Études sur l’hystérie. L’étiologie sexuelle des névroses y est affirmée.
En 1897, Freud
commence une auto-analyse systématique. Il renonce à la théorie de la séduction
précoce et met l’accent sur la sexualité infantile, l’importance de la vie
fantasmatique et le rôle du complexe d’Œdipe.
Le 4 novembre
1899 paraît L’interprétation des rêves
qui passe inaperçu. L’année suivante paraît Sur
le rêve.
En 1901 paraît
la Psychopathologie de la vie quotidienne – Application où
Freud tente de montrer que les processus psychiques comme les actes manqués,
les oublis ou les lapsus chez les individus normaux sont les mêmes que les
processus qui expliquent les phénomènes pathologiques.
Le 5 mars
1902, l’empereur François Joseph 1er signe la nomination de Freud
comme professeur extraordinarus. La même année il cesse d’écrire à Fliess qui l’accuse
de plagiat dans l’invention de la psychanalyse. Il fonde la Société psychologique du
mercredi.
En 1905, il
publie les Trois essais sur la théorie de
la sexualité ; Le mot d’esprit
dans ses rapports avec l’inconscient (Der
Witz une seine Beziehung zum Unbewussten) ; Fragment d’une analyse d’hystérie (Dora).
En 1906, il
publie un ouvrage d’incursion dans le domaine de l’art : Le délire et les rêves dans la Gradiva de Wilhelm Jensen.
En mars 1907,
Freud reçoit la visite de Carl Gustav Jung (1875-1961) et de Ludwig Binswanger
(1881-1966). Elle sera suivie de celles de Sándor Ferenczi (1873-1933), Karl
Abraham (1877-1925) et de Ernst Jones (1879-1958).
C’est en avril
1908 qu’a lieu le premier Congrès international de psychanalyse à Salzbourg.
Cette année, le pasteur Oskar Pfister (1873-1956), docteur en philosophie et en
théologie, découvre l’œuvre de Freud et lui rend visite le 25 avril. Leur
correspondance durera jusqu’en 1938.
En 1909, Freud
publie l’Analyse d’une phobie d’un petit
garçon de 5 ans (Le petit Hans) ; Remarques
sur un cas de névrose obsessionnelle (L’homme
aux rats). En compagnie de Jung et de Ferenczi, il voyage aux Etats-Unis et
donne des conférences à la Clark University.
Il publie un ouvrage d’initiation : Cinq
leçons sur la psychanalyse.
En 1910, il
fait paraître À propos de la psychanalyse
dite « sauvage » et « La question de l’analyse
profane ». Il donne une étude où il applique la psychanalyse à
l’art : Un souvenir d’enfance de
Léonard de Vinci.
En 1911,
Alfred Adler (1870-1937) démissionne de la société de psychanalyse. Freud
rencontre Lou Andreas-Salomé (1861-1937) qui avait été l’amie du philosophe
Nietzsche (1844-1900), celle du philosophe Georg Simmel (1858-1918) et l’amante
du poète Rilke (1875-1926). Il publie les Remarques
psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa (Président
Schreber) ainsi que Le maniement de
l’interprétation des rêves en psychanalyse.
En 1912, il
publie La dynamique du transfert et Conseils aux médecins sur le traitement
psychanalytique.
En 1913, il
publie Totem et tabou, ouvrage où il
applique la psychanalyse à l’ethnologie et au problème de l’origine de la
culture qu’il inscrit dans le prolongement de la théorie de l’évolution de
Darwin (1809-1882). Paraissent également Le
début du traitement et La
prédisposition à la névrose obsessionnelle.
En 1914, c’est
au tour de Jung de quitter la société de psychanalyse. Freud publie Pour introduire le narcissisme, Névrose, psychose et perversion, Le Moïse de Michel-Ange, L’Homme aux loups, Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique.
En 1915 Freud
publie Métapsychologie et Vue d’ensemble des névroses de
transfert : un essai métapsychologique où il analyse les concepts
fondamentaux de la psychanalyse. Il fait également paraître ses Considérations actuelles sur la guerre et la
mort, où il réfléchit à la signification d’une guerre atroce mettant aux
prises les nations qui se prétendaient seules civilisées.
En 1917, il
publie l’Introduction à la psychanalyse,
ouvrage qui fait le point sur ce qu’il est convenu de nommer la première
topique. Il faut également paraître Deuil
et mélancolie et Complément
métapsychologique à la doctrine de rêves.
En 1918, il
publie l’Extrait de l’histoire d’une
névrose infantile (L’homme aux loups).
En 1919 il
fait paraître L’inquiétante étrangeté et
autres essais et On bat un enfant.
En 1920, il
publie Au-delà du principe de plaisir,
ainsi que Psychologie collective et
analyse du Moi où s’expose ce qu’il est convenu de nommer la seconde
topique. Il fait également paraître Psychogenèse
d’un cas d’homosexualité féminine.
En 1922 Freud
publie De quelques mécanismes névrotiques
dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité.
En 1923, on
lui diagnostique un cancer à la mâchoire. Il subit une première opération. Il
publie Le Moi et le Ça.
En 1924, Freud
fait paraître Le problème économique du
masochisme.
En 1925 il
publie Quelques conséquences psychiques
de la différence anatomique entre les sexes et La négation.
En 1926 Freud
fait paraître Inhibition, symptôme et
angoisse.
En 1927, il
publie L’avenir d’une illusion où il
critique la religion et expose son rationalisme et La question de l’analyse profane.
En 1927,
paraît Malaise dans la civilisation
(ou Le malaise dans la culture) où il
s’interroge sur le devenir de la civilisation à travers le conflit entre la
pulsion sexuelle et de vie, Éros et la pulsion de mort, Thanatos.
En 1930, il
reçoit le prix Goethe.
En 1932 il
fait paraître les Nouvelles conférences
sur la psychanalyse.
En 1933, les
nazis brûlent les livres de Freud à Berlin. La psychanalyse est rejetée parce
que juive. C’est aussi le cas de la physique d’Einstein (1879-1955). Avec Freud
ils publient Pourquoi la guerre ?.
En 1937, Freud
publie Analyse terminée et analyse
interminable.
En mars 1938,
c’est l’Anschluss, c’est-à-dire la fusion entre l’Allemagne et l’Autriche. En
juin, Freud quitte l’Autriche pour l’Angleterre grâce à la princesse Marie
Bonaparte (1882-1962), sa traductrice française. Il travaille à l’Abrégé de psychanalyse qui restera
inachevé et publie Moïse et le monothéisme,
dernier ouvrage de réflexion sur l’histoire de l’humanité et où il dénie à
Moïse d’avoir été juif.
Il meurt à
Londres le 23 septembre 1939.
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