jeudi 18 juin 2015

Freud, biographie

Sigismund Freud est né le 6 mai 1856 à Freiberg, en Moravie (dans l’actuelle république tchèque) dans une famille juive non pratiquante où on parlait allemand. Son père, Jakob (1815-1896) est un négociant en textiles. Il a épousé en troisièmes noces Amalia Nathansohn (1835-1930). Sigismund est le premier enfant du couple. Il a sept frères et sœurs. Ses deux demi-frères issus du premier mariage de son père, Philip et Emmanuel ont pratiquement le même âge que sa mère. Emmanuel est marié et Sigismund joue dans la maison d’à côté avec son fils, John. Il est l’enfant préféré de sa mère comme il nous l’apprend dans L’interprétation des rêves (1899).
Il est sujet de l’empereur d’Autriche, François-Joseph 1er (1830-1916) de la famille des Habsbourg qui règne depuis 1848. En 1867, l’empire d’Autriche devient l’empire d’Autriche-Hongrie, François-Joseph 1er étant le souverain.
En février 1860, la famille Freud frappée par la crise économique quitte Freiberg, passe par Leipzig, puis s’installe à Vienne, capitale de l’empire, dans le quartier de Leopoldstadt où vivent 15 000 juifs, soit la moitié des juifs de Vienne.
Sigmund commence ses études universitaires à l’université de Vienne en 1873. Juif, il est en butte à l’hostilité générale. Son père est en partie ruiné dans le krach de la bourse de Vienne. La pauvreté frappe la famille Freud
Il change son prénom en Sigmund en 1876. Il suit les cours du physiologiste E. Brücke (1819-1892) qui l’oriente vers la médecine (cf. Georges Canguilhem, Études d’histoire et de philosophie des sciences, Vrin, 1975, p.252). Il est diplômé en 1881. Interne à l’hôpital, il poursuit des recherches sur le cerveau.
En novembre 1882, le docteur Joseph Breuer (1842-1925), physiologiste et psychiatre autrichien, lui parle du cas d’une jeune fille surnommé Anna O., de son vrai nom Bertha Pappenheim, qui lui présente des symptômes d’hystérie : paralysie, troubles de la vue, toux nerveuse et anorexie. Il la soigne grâce à l’hypnose. Il abandonne sa malade après des séances d’hypnose où elle présente des symptômes de grossesse hystérique et d’accouchement. En termes psychanalytiques, Breuer n’a pas su maîtriser le transfert.
À partir de 1883, Freud s’intéresse à la cocaïne qui lui apparaît comme un médicament – passion qui lui est commune avec un autre célèbre enquêteur : Sherlock Holmes. Il publie en 1885 un article sur la question : « Contribution à la connaissance des effets de la coca ». Il défendra ce point de vue jusqu’en 1887.
Le 13 octobre 1885, il commence son stage à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris dans le service du professeur Charcot (1825-1893) grâce à une bourse d’études obtenue par E. Brücke (cf. Canguilhem, op. cit.). Il retournera à Vienne en avril 1886.
Après quatre ans de fiançailles, en septembre 1886, Freud épouse Martha Bernays, née le 26 juillet 1861 à Hambourg, dans une famille imprégnée de culture juive.
En novembre 1887, il fait la connaissance de Wilhelm Fliess (1858-1928). C’est le début d’une grande amitié et d’une correspondance importante seulement publiée en 1985.
En juillet 1888, Freud se rend à Nancy chez les neurologues Hyppolite Bernheim (1840-1919) et Antoine-Auguste Liébault (1823-1904) pour perfectionner sa technique hypnotique. Freud traduit en allemand l’ouvrage de Bernheim De la suggestion et ses applications thérapeutiques paru en 1886.
En 1891, il publie Contribution à la conception des aphasies : une étude critique.
En mai 1895, il publie en collaboration avec Joseph Breuer des Études sur l’hystérie. L’étiologie sexuelle des névroses y est affirmée.
En 1897, Freud commence une auto-analyse systématique. Il renonce à la théorie de la séduction précoce et met l’accent sur la sexualité infantile, l’importance de la vie fantasmatique et le rôle du complexe d’Œdipe.
Le 4 novembre 1899 paraît L’interprétation des rêves qui passe inaperçu. L’année suivante paraît Sur le rêve.
En 1901 paraît la Psychopathologie de la vie quotidienne – Application où Freud tente de montrer que les processus psychiques comme les actes manqués, les oublis ou les lapsus chez les individus normaux sont les mêmes que les processus qui expliquent les phénomènes pathologiques.
Le 5 mars 1902, l’empereur François Joseph 1er signe la nomination de Freud comme professeur extraordinarus. La même année il cesse d’écrire à Fliess qui l’accuse de plagiat dans l’invention de la psychanalyse. Il fonde la Société psychologique du mercredi.
En 1905, il publie les Trois essais sur la théorie de la sexualité ; Le mot d’esprit dans ses rapports avec l’inconscient (Der Witz une seine Beziehung zum Unbewussten) ; Fragment d’une analyse d’hystérie (Dora).
En 1906, il publie un ouvrage d’incursion dans le domaine de l’art : Le délire et les rêves dans la Gradiva de Wilhelm Jensen.
En mars 1907, Freud reçoit la visite de Carl Gustav Jung (1875-1961) et de Ludwig Binswanger (1881-1966). Elle sera suivie de celles de Sándor Ferenczi (1873-1933), Karl Abraham (1877-1925) et de Ernst Jones (1879-1958).
C’est en avril 1908 qu’a lieu le premier Congrès international de psychanalyse à Salzbourg. Cette année, le pasteur Oskar Pfister (1873-1956), docteur en philosophie et en théologie, découvre l’œuvre de Freud et lui rend visite le 25 avril. Leur correspondance durera jusqu’en 1938.
En 1909, Freud publie l’Analyse d’une phobie d’un petit garçon de 5 ans (Le petit Hans) ; Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle (L’homme aux rats). En compagnie de Jung et de Ferenczi, il voyage aux Etats-Unis et donne des conférences à la Clark University. Il publie un ouvrage d’initiation : Cinq leçons sur la psychanalyse.
En 1910, il fait paraître À propos de la psychanalyse dite « sauvage » et « La question de l’analyse profane ». Il donne une étude où il applique la psychanalyse à l’art : Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci.
En 1911, Alfred Adler (1870-1937) démissionne de la société de psychanalyse. Freud rencontre Lou Andreas-Salomé (1861-1937) qui avait été l’amie du philosophe Nietzsche (1844-1900), celle du philosophe Georg Simmel (1858-1918) et l’amante du poète Rilke (1875-1926). Il publie les Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa (Président Schreber) ainsi que Le maniement de l’interprétation des rêves en psychanalyse.
En 1912, il publie La dynamique du transfert et Conseils aux médecins sur le traitement psychanalytique.
En 1913, il publie Totem et tabou, ouvrage où il applique la psychanalyse à l’ethnologie et au problème de l’origine de la culture qu’il inscrit dans le prolongement de la théorie de l’évolution de Darwin (1809-1882). Paraissent également Le début du traitement et La prédisposition à la névrose obsessionnelle.
En 1914, c’est au tour de Jung de quitter la société de psychanalyse. Freud publie Pour introduire le narcissisme, Névrose, psychose et perversion, Le Moïse de Michel-Ange, L’Homme aux loups, Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique.
En 1915 Freud publie Métapsychologie et Vue d’ensemble des névroses de transfert : un essai métapsychologique où il analyse les concepts fondamentaux de la psychanalyse. Il fait également paraître ses Considérations actuelles sur la guerre et la mort, où il réfléchit à la signification d’une guerre atroce mettant aux prises les nations qui se prétendaient seules civilisées.
En 1917, il publie l’Introduction à la psychanalyse, ouvrage qui fait le point sur ce qu’il est convenu de nommer la première topique. Il faut également paraître Deuil et mélancolie et Complément métapsychologique à la doctrine de rêves.
En 1918, il publie l’Extrait de l’histoire d’une névrose infantile (L’homme aux loups).
En 1919 il fait paraître L’inquiétante étrangeté et autres essais et On bat un enfant.
En 1920, il publie Au-delà du principe de plaisir, ainsi que Psychologie collective et analyse du Moi où s’expose ce qu’il est convenu de nommer la seconde topique. Il fait également paraître Psychogenèse d’un cas d’homosexualité féminine.
En 1922 Freud publie De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité.
En 1923, on lui diagnostique un cancer à la mâchoire. Il subit une première opération. Il publie Le Moi et le Ça.
En 1924, Freud fait paraître Le problème économique du masochisme.
En 1925 il publie Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes et La négation.
En 1926 Freud fait paraître Inhibition, symptôme et angoisse.
En 1927, il publie L’avenir d’une illusion où il critique la religion et expose son rationalisme et La question de l’analyse profane.
En 1927, paraît Malaise dans la civilisation (ou Le malaise dans la culture) où il s’interroge sur le devenir de la civilisation à travers le conflit entre la pulsion sexuelle et de vie, Éros et la pulsion de mort, Thanatos.
En 1930, il reçoit le prix Goethe.
En 1932 il fait paraître les Nouvelles conférences sur la psychanalyse.
En 1933, les nazis brûlent les livres de Freud à Berlin. La psychanalyse est rejetée parce que juive. C’est aussi le cas de la physique d’Einstein (1879-1955). Avec Freud ils publient Pourquoi la guerre ?.
En 1937, Freud publie Analyse terminée et analyse interminable.
En mars 1938, c’est l’Anschluss, c’est-à-dire la fusion entre l’Allemagne et l’Autriche. En juin, Freud quitte l’Autriche pour l’Angleterre grâce à la princesse Marie Bonaparte (1882-1962), sa traductrice française. Il travaille à l’Abrégé de psychanalyse qui restera inachevé et publie Moïse et le monothéisme, dernier ouvrage de réflexion sur l’histoire de l’humanité et où il dénie à Moïse d’avoir été juif.
Il meurt à Londres le 23 septembre 1939.


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