dimanche 14 juin 2015

Locke, biographie

John Locke est né le 29 août 1632 à Wrington, près de Bristol dans le Sommerset, dans une famille de marchands de tradition puritaine. Son père fut capitaine dans l’armée du Parlement lors de la guerre civile qui, commencée le 4 janvier 1642 avec le soulèvement de Londres, s’acheva par le procès et l’exécution le 9 février 1649 de Charles Ier (1600-1625-1649). C’est la première révolution anglaise.
Pendant ce temps, grâce à Alexandre Popham (1605-1669) que servait son père, Locke entre à Christ Church à Oxford en 1647 où il apprend les humanités classiques, le latin et le grec, peut-être l’hébreu, des éléments de rhétorique. La discipline y règne. À Oxford, il étudie la philosophie aristotélicienne selon l’ordre scolastique, rhétorique, logique, morale. Il développe aussi son intérêt pour l’hébreu, l’arabe, l’histoire, l’astronomie et la physique. Période également galante où il lit des romans précieux et fait des compliments aux dames. Le sérieux puritain revient bientôt.
En 1660, au moment de la restauration de la monarchie après la période de la “république” (commonwealth) ou dictature d’Olivier Cromwell (1599-1658), il est lecteur de grec. Il rédige les Deux opuscules sur le gouvernement (qui sont restés inédits jusqu’en 1961). En 1662, il est lecteur de rhétorique. En 1664 il est censeur de philosophie morale. Cette période est aussi celle de la recherche scientifique. Il suit les conférences de médecine de Thomas Willis (1621-1675), du théologien et médecin Ralph Bathurst (1620-1704), du père de la médecine anglaise Thomas Sydenham (1624-1689). Il fait la connaissance du physicien, chimiste et théologien, Robert Boyle (1627-1691). Il renonce aux ordres pour la médecine.
En 1666, il rencontre Antony Ashley-Cooper (1621-1683), Lord Ashley à ce moment-là et futur comte de Shaftesbury. Il devient en 1667, son conseiller privé, son médecin et son secrétaire. Lord Ashley est un personnage important du groupe qui constituera le Parti Whig. Il anime l’opposition à Charles II d’Angleterre (1630-1685) et à son frère, le duc d’York, qui tentent de remettre en selle l’absolutisme. Il participe à la rédaction des Constitutions pour la Caroline dont son mentor était un des propriétaires avec Charles II. Il s’agit d’un texte compliqué qui est d’inspiration plutôt féodal et où le pouvoir dépend de la taille de la propriété. Il est donc partie prenante dans la colonisation de l’Amérique et dans l’expropriation des Amérindiens.
Dans le même temps, Locke devient membre de la Royal Society, fondée en 1663 et qui comptent parmi ses membres, Isaac Newton (1642-1727). Les premières esquisses de l’Essai philosophique sur l’entendement humain datent de 1671. En 1672, alors que Lord Ashley est chancelier, Locke devient membre du Conseil du commerce et s’intéresse donc aux questions économiques, monétaires et coloniales.
En 1675, il part pour un voyage de trois ans et demi en France durant lequel il séjourne un an à Montpellier pour son université et pour son climat. À Paris, il fréquente François Bernier (1620-1688), orientaliste, grand voyageur et disciple de Pierre Gassendi (1592-1655), le philosophe épicurien, adversaire de Descartes, dont il lit l’Abrégé de la philosophie de Gassendi. Il fréquente également les cartésiens et traduit des essais de Pierre Nicole (1625-1695), janséniste et cartésien, co-auteur de la Logique de Port Royal avec Antoine Arnauld (1612-1694) dit le grand Arnauld.
Il revient à Londres et est repris dans la tourmente politique. Lord Ashley doit s’enfuir à cause de son opposition à la politique royale. Deux de ses amis, Algemon Sidney (1623-1683) et Lord William Russell (1639-1683) sont jugés et exécutés entre autres pour possession de manuscrits séditieux. Or, Locke avait rédigé dès 1681-1682 d’importants fragments des futurs Deux traités du gouvernement civil. Locke s’enfuit également et arrive à Amsterdam le 7 septembre 1683. En 1684, il s’installe à Utrecht. Il travaille à sa future œuvre.
En Angleterre, Jacques II (1633-1701) a succédé à son frère le 6 février 1685. Absolutiste, il tente en plus de rétablir le catholicisme. Dans le même temps, Louis xiv (1638-1715) révoque l’édit de Nantes, ce qui ravive l’opposition entre catholiques et protestants. Les Whigs, partisans du parlement et les Torys, partisans de la prérogative royale s’opposent au roi. Ils font appel au gendre de Jacques II, Guillaume d’Orange (1650-1702), Stathouder des Pays-Bas, et bon protestant. Celui-ci débarque fin 1688 et après la fuite de Jacques II qui se réfugie en France, il devient roi d’Angleterre sous le nom de Guillaume III. Le Bill of rights de 1689 pose la supériorité de la loi sur le roi. C’est la fin de la “glorious revolution”. Locke rentre en Angleterre en février 1689 avec la princesse Mary (1662-1694), couronnée sous le nom de Marie II Stuart.
À la fin de cette année, il publie trois ouvrages. Deux paraissent sans noms d’auteurs et Locke ne reconnaîtra jamais les avoir écrits : la Lettre sur la tolérance et les Deux traités sur le gouvernement civil (réédité en 1694 et 1698). L’un qu’il reconnaîtra : l’Essai sur l’entendement humain (réédité en 1694, 1695, 1700 et 1706). Ces ouvrages lui procurent une grande célébrité que confirmeront en 1693, les Quelques pensées sur l’éducation. Il consigne ainsi les réflexions occasionnées par le fait d’avoir été le précepteur du troisième comte de Shaftesbury (1671-1713) et futur philosophe.
Il refuse des fonctions d’ambassadeur mais conseille les leaders du Parti whig. Il participe à la réforme monétaire et à la création de la Banque d’Angleterre. De 1696 à 1700, comme membre du Bureau du commerce et des plantations, il s’occupe de la promotion du commerce du royaume et de développer les plantations et colonies, notamment en Amérique. Dans le même temps, il se retire de plus en plus fréquemment à Oates dans l’Essex chez Sir Francis Masham (1646-1723) et son épouse, Lady Damaris Masham (1658-1708), fille du philosophe platonicien de Cambridge, Ralph Cudworth. Il avait eu des relations d’amitiés amoureuses dix ans plus tôt. Il écrit un ouvrage sur la religion Le Christianisme raisonnable qui paraît anonymement en 1695. Accusé de socinianisme, c’est-à-dire de faire prévaloir la raison sur l’Ecriture et de ne pas croire à la Sainte Trinité, il répond par deux Défenses du Christianisme raisonnable. S’ensuivit une polémique avec l’évêque de Worcester, Edward Stillingfleet (1635-1699) qui s’acheva avec la mort de ce dernier. Il médite sur l’Écriture. Il rédige un Discours sur les miracles. Il rédige également un long texte destiné à être un chapitre supplémentaire de la réédition de l’Essai philosophique sur l’entendement humain de 1699. Il devint finalement un ouvrage à part, son discours de la méthode en quelque sorte, De la conduite de l’entendement. Ces textes seront publiés selon ses dispositions testamentaires entre 1705 et 1707.
C’est célèbre et reconnu dans toute l’Europe – Leibniz par exemple entreprend ses Nouveaux essais sur l’entendement humain qui se propose de réfuter l’Essai philosophique sur l’entendement humain – que Locke s’éteint le samedi 28 octobre 1704 vers trois heures de l’après-midi à Oates dans l’Essex.



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