Jean-Paul
Sartre est né à Paris le 21 juin 1905. Il grandit à Paris, dans un milieu
bourgeois et intellectuel. Son père, Jean-Baptiste Sartre (1876-1974),
polytechnicien meurt alors qu’il n’a pas deux ans le 21 septembre 1906. Il est élevé
par sa mère Anne-Marie Schweitzer (1882-1869) et jusqu’à l’âge de dix ans, surtout
par son grand-père Charles Schweitzer (1844-1935), professeur agrégé d’allemand.
Il ne fréquente pas l’école primaire.
Il fait ses
études secondaires au lycée Henri-IV où il entre en 1915. Il y fait la connaissance
de Paul Nizan (1905-1940) en 1916.
En 1917,
lorsqu’il a douze ans, sa mère se remarie avec un autre polytechnicien, Joseph
Mancy (1875-1945), qu’il haïra. Il est scolarisé à La Rochelle.
En 1920, il
revient pensionnaire au Lycée Henri-IV.
De 1922 à 1924
il est élève en classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand.
Il est reçu en
1924 à l’École Normale supérieure (E.N.S.) où il rencontre Raymond Aron
(1905-1983). Il écrit Une défaite, Er l’arménien.
En 1927 il
fait paraître un article sur la théorie réaliste du droit chez Duguit.
En 1928, il
échoue à l’agrégation de philosophie. Raymond Aron est reçu premier.
En 1929, il
est reçu premier à l’agrégation de philosophie. C’est durant cette période
qu’il fait la connaissance de Simone de Beauvoir (1908-1986) qu’il a aidée à
préparer l’agrégation de philosophie qu’elle réussit la même année que lui,
seconde. Il forme avec elle un couple libre où chacun accepte les amours de
l’autre à la condition de les lui raconter.
De 1929 à
1931, il fait son service militaire comme soldat météorologue.
Il est nommé
au lycée François-Ier au Havre en 1931 pendant que le Castor –
surnom de Simone – est muté(e) à Marseille. C’est un professeur
non-conformiste, peu soucieux de la préparation au baccalauréat, préoccupé par
la formation des esprits. Le 12 juillet, il fait le discours de remise des
prix, discours quelque peu scandaleux à l’époque en ce qu’il fait l’éloge du
cinéma mis sur le même pied que la philosophie ou le grec ancien. Il publie
dans la revue Bifur du dadaïste
Georges Ribemont-Dessaignes (1884-1974) un conte : La légende de la vérité.
Prenant la
suite de Raymond Aron, il est pensionnaire à l’Institut français de Berlin en
1933 et en 1934 où il complète sa connaissance de la phénoménologie de Husserl
(1859-1938) et découvre la pensée de Martin Heidegger (1889-1976).
De 1936 à
1939, il enseigne. Après le Havre, il va à Laon puis au lycée Pasteur à Neuilly
puis enseigne en Khâgne au lycée Condorcet à Paris.
En 1936, il
publie l’Essai sur la transcendance de
l’Ego dans les Recherches
philosophiques. C’est sa première œuvre philosophique. Il publie un premier
ouvrage philosophique, L’Imagination.
En 1937, il commence
l’écriture de La Psyché.
C’est en 1938 qu’il
publie enfin sa première grande œuvre littéraire, La Nausée
qui rate le prix Goncourt.
En 1939, il
publie Le Mur un recueil de nouvelles
(Le mur, La chambre, Érostrate, Intimité, L’enfance d’un chef). Mobilisé à Nancy, il est fait prisonnier. Il
publie ensuite un texte philosophique, Esquisse
d’une théorie des émotions, qu’il a extrait de La
Psyché.
Sa première
pièce Baronia est jouée en 1940 au
stalag où il est prisonnier (elle sera publiée en 1962). Il publie ensuite le
deuxième moment de sa réflexion sur l’imagination L’imaginaire. Psychologie phénoménologique de l’imagination pendant
sa captivité.
Il est libéré
en 1941. Il fonde un éphémère mouvement de résistance « Socialisme et
liberté ».
Sa seconde
pièce, Les Mouches, qui reprend un
épisode de l’Orestie, représentée le
2 juin 1943, connaît un grand retentissement. Il rencontre Albert Camus
(1913-1960). Il publie sa première somme philosophique, L’être et le néant. Essai d’ontologie phénoménologique.
Huis clos présenté en mai 1944 au
Théâtre du Vieux-Colombier, connaît également un grand succès. Le théâtre et le
cinéma – la firme Pathé le finance comme scénariste – lui donne l’aisance
financière qui lui permet de quitter l’enseignement à la Libération. Sur
la proposition d’Albert Camus, il devient « témoin de son temps ». Il
fait une série de reportages pour le journal Combat et pour Le Figaro.
Il couvre les journées de la Libération. Puis , il passe cinq mois aux
Etats-Unis : New York, Hollywood, Texas, Nouveau-Mexique. Il y découvre
notamment la discrimination raciale dont sont victimes les Noirs.
En 1945 il
publie les deux premiers volumes de sa trilogie romanesque les Chemins de la liberté, L’âge de raison et Le sursis. Il fonde en octobre la revue Les Temps Modernes, engagée politiquement à gauche. Le comité
directeur de la revue est composé de Raymond Aron, Simone de Beauvoir, l’écrivain
et ancien surréaliste Michel Leiris (1901-1990), le philosophe Maurice
Merleau-Ponty, Albert Ollivier (1915-1964), Jean Paulhan (1884-1968) et bien
sûr Sartre. André Malraux (1901-1976) et Albert Camus ont refusé d’y entrer. Le
20 octobre, il donne sa fameuse conférence « L’existentialisme est un
humanisme » au club Maintenant. Il reçoit une lettre élogieuse de Martin
Heidegger datée du 28 où ce dernier le loue d’être un des premiers à comprendre
sa philosophie (plus tard, publiquement, dans sa Lettre sur l’humanisme, Heidegger prendra ses distances avec
l’existentialisme).
En 1946, il se
brouille une première fois avec Albert Camus. Il fait paraître deux textes
philosophiques : le texte de sa conférence L’existentialisme est un humanisme et Réflexions sur la question juive, et deux pièces de théâtre Morts sans sépulture et La Putain respectueuse le 8 novembre.
En 1947, il
donne un scénario Les jeux sont faits pour
le réalisateur et scénariste Jean Delannoy
(1908-2008) ainsi qu’un recueil de nouvelles, Les jeux sont faits. Il publie des essais : Baudelaire avec une préface de Michel
Leiris, Situations I, Qu’est-ce que la littérature ? C’est
l’année où Heidegger publie Uber den
Humanismus, Brief an Jean Beaufret où il se démarque de Sartre.
En 1948, il
rejoint le RDR. Il publie une pièce de théâtre Les mains sales. Il donne un scénario, L’Engrenage. Qu’est-ce que
la littérature ? constitue Situations
II. Le Vatican le met à l’Index, c’est-à-dire dans la liste des auteurs
qu’un catholique ne doit pas lire où il rejoint Montaigne et Descartes par
exemple.
En 1949, des
articles divers sont repris dans Situations
III. Il fait paraître des Entretiens sur la politique avec la
collaboration de Gérard Rosenthal (1903-1992) et David Rousset (1912-1997). La Mort dans l’âme, troisième volume des Chemins de la liberté, paraît.
En 1951, il
donne pour le théâtre Le Diable et le Bon
Dieu.
En 1952, il devient
« compagnon de route » du P.C.F. à la suite de son texte pour
critiquer l’arrestation du responsable communiste Jacques Duclos (1896-1975)
dans l’affaire dite des « pigeons voyageurs ». De sa rencontre avec
Jean Genet (1910-1990) découle une somme : Saint Genet, comédien et martyr.
En 1953, il édite
L’Affaire Henri Martin (1953) pour
défendre ce marin et militant communiste condamné pour propagande hostile à la
guerre d’Indochine. On donne la première de Kean.
Iris Murdoch (1919-1999), qui a été l’élève de Wittgenstein (1889-1951),
publie : Sartre, un rationaliste
romantique (Sartre, romantic
rationalist, traduit en français en 2015), la première étude anglaise sur
Sartre.
En 1955 a lieu
la première de Nekrassov (1955).
En 1956 son
compagnonnage avec le P.C.F. cesse suite à l’invasion de la Hongrie par les
Soviétiques pour y réprimer la révolte populaire. Il dénonce la politique
coloniale en Algérie avec Henri Jeanson (1900-1970), les catholiques Robert Barrat
(1919-1976) et André Mandouze (1916-2006), le chantre de la négritude Aimé Césaire
(1913-2008), l’écrivain Dionys Mascolo (1916-1997), l’écrivain et journaliste
algérien Jean Amrouche (1906-1962).
Le 27 janvier
1957, Sartre participe à un important meeting organisé par le Comité d’action
des intellectuels contre la poursuite de la guerre en Algérie.
En 1958, la Lettre sur l’humanisme de Heidegger est
traduite en français.
En
1959 a lieu la première d’une nouvelle pièce, Les Séquestrés d’Altona.
En 1960, il
voyage : Cuba où il rencontre le dirigeant de l’île Fidel Castro (né en
1926) et le révolutionnaire internationaliste argentin Che Guevara (1928-1967) ;
Yougoslavie où il rencontre le dirigeant communiste Tito (1892-1980), Brésil,
U.R.S.S où il est reçu par son dirigeant Khrouchtchev (1894-1971). Il signe le
manifeste des 121. Il fait une déposition au procès du « réseau Jeanson ».
Il approfondit sa connaissance de la théorie marxiste qu’il tente de concilier
avec sa conception de la liberté. Cette tentative s’exprime dans la Critique de la raison dialectique I : Théorie
des ensembles pratiques, précédée de Question
de méthode. En octobre on entendit du côté de la droite :
« Fusillez Sartre ! ». En décembre, le général de Gaulle dira de
lui : « On n’emprisonne pas Voltaire. »
Il donne une
préface aux Damnés de la Terre (1961) de Frantz
Fanon (1925-1961) qui est une violente diatribe contre la domination des Européens
blancs. Il y écrit notamment :
« Abattre un Européen, c’est faire
d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un
opprimé : reste un homme mort et un homme libre. »
En 1963, il
publie son autobiographie parodique, Les
mots. Elle concourt à lui faire obtenir contre son gré le Prix Nobel de
littérature. Il est officiellement proclamé lauréat le 22 octobre.
En 1964 il
refuse le prix Nobel de littérature. Ses articles continuent à être réunis en
volume : Situations IV, Situations V, Situations VI.
Il n’abandonne
pas le théâtre : Les Troyennes d’après
Euripide (~480-406 av. J.-C.) sont créées le 10 mars 1965 à Paris au Théâtre
nationale populaire (T.N.P.), dirigé alors par Georges Wilson (1921-2010). L’adaptation
de Sartre est publiée avec un entretien qu’il a accordé à l’écrivain Bernard
Pingaud (né en 1923). Huis clos est
adapté pour la télévision par Michel Mitrani (1930-1996) en 1965. Un nouveau
volume d’articles paraît : Situations
VII.
En octobre 1966,
dans un entretien qui paraît dans la revue L’Arc,
il critique Les mots et les choses de
Michel Foucault (1926-1984). Le livre lui paraît l’expression d’« une nouvelle idéologie, le dernier barrage
de la bourgeoisie ».
En 1968, il se
sent proche des étudiants du mouvement de mai. Après l’invasion de la Tchécoslovaquie
(actuellement divisée en République Tchèque et en Slovaquie) par l’U.R.S.S.
pour mettre fin à la tentative d’établir un socialisme à visage humain en 1968,
Sartre rompt définitivement avec le P.C.F. Il devient gauchiste.
À partir de
1970, il dirige l’organe des maoïstes, La
cause du peuple. Il s’adresse aux ouvriers des usines Renault – alors
entreprise d’État – à Billancourt.
En 1971, il
participe à la fondation de l’agence de presse Libération. Il consacre un
ouvrage, inachevé, à Flaubert (1821-1880), L’Idiot
de la famille. Les deux premiers tomes paraissent.
En 1972, le
troisième tome de L’idiot de la famille
paraît (le quatrième et le cinquième ont été abandonnés). Ses interventions sont encore recueillies en volumes : Situations VIII, Situations IX (1972). Paraît également Plaidoyer pour les intellectuels.
Il fonde le
journal Libération dont le premier
numéro paraît le 18 avril 1973. Le journal est politiquement classé à l’extrême
gauche. Il fait paraître Un théâtre de
situations
En 1974, il
publie On a raison de se révolter par
Philippe Gavi, journaliste à libération, et Benny Levy alias Pierre Victor
(1945-2003). Il rend visite dans sa prison à Stuttgart à Andreas Baader
(1943-1977), chef de la
Fraction armée rouge, groupe d’extrême-gauche qui a commis
des attentats.
En 1975, il
abandonne un projet d’émissions historiques sur Antenne 2 (l’actuelle France 2)
à cause de désaccords avec la direction de la chaîne.
En 1976, sort
le film d’Alexandre Astruc (né en 1923) et Michel Contat (né en 1938), Sartre par lui-même. Situations X paraît.
Atteint de
cécité, il continue à travailler et à militer. En 1979, il soutient avec
Raymond Aron le comité « Un bateau pour le Vietnam » et rencontre son
ancien condisciple à l’Élysée.
Il meurt le 15
avril 1980 après une vie engagée et désintéressée. Sartre distribuait
généreusement l’argent qu’il gagnait. Cinquante mille personnes l’accompagnent
au cimetière Montparnasse.
Après sa mort,
sont publiées des œuvres plus ou moins achevées :
Carnets de la drôle de guerre (septembre
1939-mars 1940) (1983) à savoir ses notes de conscrit ; Lettres au Castor et à quelques autres,
tome I et II (1983) ; Cahiers pour
une morale (1983) qu’annonçait L’être
et le néant ; Le Scénario Freud
(1984) commande du cinéaste américain John Huston qui refusera d’être associé
au film sorti en 1962 ; Critique de
la raison dialectique II : L’intelligibilité de l’histoire (1985)
suite de sa grande œuvre marxiste ; Mallarmé,
la lucidité et sa face d’ombre
(1986) ; Vérité et existence
(1989) ; Écrits de jeunesse
(1990) ; La reine Albemarle ou le
dernier touriste. Fragments (1991) ; Typhus (1943) une pièce écrite durant l’occupation publiée en 2007.
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