dimanche 7 juin 2015

Montaigne, biographie

Michel Eyquem de Montaigne est né au château de Montaigne dans le Périgord en 1533. Son père Pierre Eyquem (1495-1568), né au château de Montaigne, fait une carrière militaire. Il participe aux campagnes d’Italie. En 1519 il est anobli. En 1529, il épouse Antoinette de Louppes de Villeneuve (ou Lopez de Villanueva) ( ?- 1597), d’une famille de marchands toulousain et bordelais enrichis dans le commerce du pastel, d’origine espagnole, qui descend peut-être de juifs. Les deux premiers enfants du couple meurent en bas âge. Michel est le premier qui survit. Il sera l’aîné de sept frères et sœurs.
Humaniste, son père lui fait apprendre très tôt le latin. Il lui donne un précepteur, un médecin allemand dénommé Horst dont le nom latinisé est Horstanus, qui ne parle qu’Allemand et latin. Le jeune Michel n’entend que cette langue autour de lui.
De 1537 à 1547, il est élève au collège de Guyenne
Puis, jusqu’en 1554, de sa vie obscure, on peut supposer qu’il a étudié le droit à Paris ou à Toulouse. Son père devient maire de Bordeaux.
En 1556, Montaigne est conseiller à la cour des Aides de Périgueux.
En 1557, il devient conseiller au Parlement de Bordeaux.
En 1558, il y rencontre Étienne de La Boétie (1530-1563) avec qui il devient ami. Il avait lu son Discours de la servitude volontaire qui devait circuler en manuscrit.
En 1562, commence les guerres de religion qui vont durer trente ans.
La Boétie meurt le 18 août 1563 dans les bras de son ami. Montaigne hérite de l’essentiel de sa bibliothèque et de ses œuvres. De ses Essais, on peut inférer qu’il s’est consolé dans la fréquentation des femmes.
En 1565, Montaigne épouse Françoise de la Chassaigne (1545-1602) qui a vingt ans.
En 1568, Il perd son père et hérite du titre et du domaine. Un testament fixe les conditions de sa cohabitation avec sa mère qui lui survivra.
En 1569, il demande son admission à la Grand’Chambre. Cette promotion qui lui est refusée.
En 1569, il fait paraître sa traduction de la Théologie naturelle de Raymond Sebond (fin xiv°-1436), un théologien et philosophe catalan.
En 1570, le 23 juillet Montaigne démissionne de sa charge de magistrat et se retire sur ses terres. Dans son château, il fait aménager une bibliothèque où il travaille. En 1570, Montaigne publie une partie des œuvres de La Boétie à l’exception des œuvres politiques, à savoir le Discours de la servitude volontaire et Quelques mémoires de nos troubles sur l’édit de janvier 1562. Il s’en justifie ainsi :
« Parce que j’ai trouvé que cet ouvrage a été depuis mis en lumière, et à mauvaise fin, par ceux qui cherchent à troubler et changer l’état de notre police, sans se soucier s’ils l’amenderont, qu’ils ont mêlé à d’autres écrits de leur farine, je me suis dédit de le loger ici. Et afin que la mémoire de l’auteur n’en soit intéressée en l’endroit de ceux qui n’ont peu connaitre de près ses opinions et ses actions : je les avise que ce sujet fut traité par lui en son enfance, par manière d’exercitation seulement, comme sujet vulgaire et tracassé en mil endroits des livres. Je ne fais nul doute qu’il ne crut ce qu’il écrivait : car il était assez consciencieux, pour ne mentir pas même en se jouant : et sait davantage que s’il eut eu à choisir, il eut mieux aimé être né à Venise qu’à Sarlat ; et avec raison : Mais il avait une autre maxime souverainement empreinte en son âme, d’obéir et de se soumettre très-religieusement aux lois, sous lesquelles il était né. Il ne fut jamais un meilleur citoyen, ni plus affectionné au repos de son pays, ni plus ennemi des remuements et nouvelletés de son temps : il eut bien plutôt employé sa suffisance à les éteindre, qu’à leur fournir de quoi les émouvoir davantage : il avait son esprit moulé au patron d’autres siècles que ceux-ci. » (Essais, I, 28 De l’amitié). Il s’agit d’une traduction de La ménagerie de Xénophon, de La règle du mariage et la Lettre de consolation de Plutarque, les six premiers chapitres des Économiques, faussement attribués à cette époque à Aristote. Il s’agit aussi de 29 sonnets.
En 1571, il est fait chevalier de l’Ordre de Saint-Michel par le roi Charles IX (1550-1560-1574). Sa fille, Léonore (1571-1616) naît.
En 1572, il commence à rédiger les Essais. Montaigne, d’après l’Histoire universelle depuis 1543 jusqu’en 1607 de Jacques-Auguste de Thou (1553-1617), est chargé à la cour des négociations entre Henri de Navarre, chef du parti protestant et futur Henri IV (1553-1589-1610) et Henri de Guise (1550-1588).
En 1573, le roi Charles IX (1550-1560-1574) le nomme gentilhomme ordinaire de sa chambre, charge purement honorifique mais très prisée. Il est vraisemblable qu’il ait pris part aux guerres qui ont cours sans qu’on puisse savoir exactement ce qu’il fit.
En 1574, à la demande du gouverneur de Bordeaux, il doit mettre fin à la rivalité entre les chefs de l’armée royale du Périgord.
En 1577, Henri de Navarre, le nomme aussi gentilhomme ordinaire de sa chambre.
En 1579, dès la création de l’ordre du Saint-Esprit par le roi Henri III (1551-1574-1589), Montaigne en reçoit le collier.
En 1580, la première édition des Essais, en deux livres, paraît à Bordeaux. Montaigne voyage pendant dix-sept mois dans les cantons suisses, en Allemagne et en Italie. Il séjourne dans des villes d’eaux pour soigner sa maladie, la gravelle (coliques néphrétiques). D’après son Journal de voyage – qui n’est pas destiné à la publication – il séjourne avec son nombreux équipage notamment à Plombières (11 jours), à Bâle, à Baden (5 jours), à Munich, à Venise (1 semaine), à Rome haut lieu de l'Antiquité romaine (5 mois) et à Lucques (17 jours).
En septembre 1581, il reçoit aux bains de Lucques la nouvelle qu’il a été élu maire de Bordeaux. Il rentre à Bordeaux. Henri III le félicite, ce qui revient à lui ordonner d’accepter la charge.
En 1582, paraît à Bordeaux la seconde édition des Essais avec des additions qui se ressentent de son récent voyage en Italie.
En 1583, il s’entremet entre Jacques II de Goyon, maréchal de Matignon (1525-1598), lieutenant du roi en Guyenne et Henri de Navarre. Il est réélu maire de Bordeaux malgré l’opposition de la Ligue (c’est-à-dire les ultras catholiques).
En 1585, à six semaines de l’expiration de son second mandat, le 31 juillet, la peste éclate à Bordeaux et fait de juin à décembre quelques quatorze mille victimes. Montaigne absent ne revient pas dans la ville pour la cérémonie d’installation de son successeur. Il regagne son château craignant la maladie comme en témoigne une lettre.
En 1586 la guerre s’approche. Henri III vient de s’allier avec Henri de Guise, chef de la Ligue, contre Henri de Navarre, ce qui déclenche la huitième guerre civile. En juillet, l’armée royale met le siège, avec vingt mille hommes, devant Castillon défendu par Turenne (1555-1623), à huit kilomètres du château de Montaigne. Il ne répond pas à l’appel convoquant la noblesse à combattre dans l’armée royale. Son abstention le rend suspect aux deux partis. En août, la peste apparaît. Elle se répand dans toute la région. Le 1er septembre, Castillon tombe. Montaigne abandonne son château avec sa mère, sa femme et sa fille dans des chariots. Pendant six mois, ils errent.
En 1587, paraît la première édition parisienne des Essais. Il rentre chez lui en mars pour retrouver son domaine dévasté par la guerre et la peste. Turenne reprend Castillon en avril. Le 23 octobre, Henri de Navarre, après sa victoire de Coutras, séjourne deux jours au château de Montaigne.
En janvier 1588, Montaigne part à Paris pour faire imprimer une nouvelle édition des Essais. Il est chargé par Henri de Navarre et le maréchal de Matignon dont le fils aîné l’accompagne d’une négociation avec le roi Henri III. Arrêté, dévalisé par une troupe de protestants près d’Angoulême, il est relâché sur l’intervention du prince de Condé. Il arrive à Paris le 18 février. Les ambassadeurs anglais et espagnols, qui connaissent ses liens avec Henri de Navarre, le soupçonnent d’être chargé d’une mission secrète auprès du roi. En mai, il assiste à la journée des Barricades qui accompagne l’entrée triomphante d’Henri de Guise à Paris. Le roi s’enfuit. Montaigne le suit. De retour à Paris en juillet, les autorités de la Ligue le font enfermer à la Bastille. La reine mère doit intervenir auprès du duc de Guise pour le faire libérer. C’est à Paris qu’il rencontre Marie de Gournay (1565-1645), jeune fille de vingt-deux ans, admiratrice passionnée, à qui il propose de devenir sa « fille d’alliance » et qui, après la mort de Montaigne, consacrera sa vie et sa fortune à assurer jusqu’à onze éditions posthumes des Essais. Montaigne va la visiter à Gournay-sur-Aronde et y séjourne à plusieurs reprises. En octobre ou en novembre 1588, il est à Blois où doivent se tenir les états généraux. Y est-il encore lors de l’assassinat des Guise le 23 décembre 1588 ou est-il de retour dans son château ?
Jusqu’à l’été 1590, il va se rendre encore à Bordeaux pour aider Matignon à maintenir la ville dans l’obéissance au nouveau roi Henri IV qui a remplacé, Henri III, assassiné le 1er août 1589 par un moine ligueur. Il avait publiquement déclaré Henri de Navarre son successeur.
Jusqu’à sa mort, Montaigne fait de nombreux ajouts manuscrits à son texte. La correspondance diplomatique montre qu’il est chargé d’une mission entre le roi de France et le roi de Navarre, mission dont on ignore l’objet précis
Il meurt dans son château le 13 septembre 1592.
Sa veuve le fait enterrer en l’église des Feuillants à Bordeaux où elle lui fait faire un tombeau de chevalier. Montaigne repose, gisant en armure, le heaume derrière la tête, un lion couché à ses pieds.
En 1886, son tombeau est transféré en grande pompe dans le grand vestibule de la faculté des lettres de Bordeaux, devenue à présent le Musée d’Aquitaine. Il a été depuis transféré dans une salle du musée.




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