Michel
Eyquem de Montaigne est né au château de Montaigne dans le Périgord en 1533. Son
père Pierre Eyquem (1495-1568), né au château de Montaigne, fait une carrière
militaire. Il participe aux campagnes d’Italie. En 1519 il est anobli. En 1529,
il épouse Antoinette de Louppes de Villeneuve (ou Lopez de Villanueva)
( ?- 1597), d’une famille de marchands toulousain et bordelais enrichis
dans le commerce du pastel, d’origine espagnole, qui descend peut-être de
juifs. Les deux premiers enfants du couple meurent en bas âge. Michel est le
premier qui survit. Il sera l’aîné de sept frères et sœurs.
Humaniste,
son père lui fait apprendre très tôt le latin. Il lui donne un précepteur, un
médecin allemand dénommé Horst dont le nom latinisé est Horstanus, qui ne parle
qu’Allemand et latin. Le jeune Michel n’entend que cette langue autour de lui.
De 1537 à
1547, il est élève au collège de Guyenne
Puis,
jusqu’en 1554, de sa vie obscure, on peut supposer qu’il a étudié le droit à
Paris ou à Toulouse. Son père devient maire de Bordeaux.
En 1556,
Montaigne est conseiller à la cour des Aides de Périgueux.
En 1557, il
devient conseiller au Parlement de Bordeaux.
En 1558, il
y rencontre Étienne de La
Boétie (1530-1563) avec qui il devient ami. Il avait lu son Discours de la servitude volontaire qui
devait circuler en manuscrit.
En 1562,
commence les guerres de religion qui vont durer trente ans.
En 1565,
Montaigne épouse Françoise de la
Chassaigne (1545-1602) qui a vingt ans.
En 1568, Il
perd son père et hérite du titre et du domaine. Un testament fixe les
conditions de sa cohabitation avec sa mère qui lui survivra.
En 1569, il
demande son admission à la Grand ’Chambre.
Cette promotion qui lui est refusée.
En 1569, il
fait paraître sa traduction de la
Théologie naturelle de Raymond Sebond (fin xiv°-1436), un théologien et philosophe
catalan.
En 1570, le 23 juillet Montaigne démissionne de sa
charge de magistrat et se retire sur ses terres. Dans son château, il fait
aménager une bibliothèque où il travaille. En 1570, Montaigne publie une partie
des œuvres de La Boétie à l’exception des œuvres politiques, à savoir le Discours de la servitude volontaire et Quelques mémoires de nos troubles sur l’édit
de janvier 1562. Il s’en justifie ainsi :
« Parce que
j’ai trouvé que cet ouvrage a été depuis mis en lumière, et à mauvaise fin, par
ceux qui cherchent à troubler et changer l’état de notre police, sans se
soucier s’ils l’amenderont, qu’ils ont mêlé à d’autres écrits de leur farine,
je me suis dédit de le loger ici. Et afin que la mémoire de l’auteur n’en soit
intéressée en l’endroit de ceux qui n’ont peu connaitre de près ses opinions et
ses actions : je les avise que ce sujet fut traité par lui en son enfance,
par manière d’exercitation seulement, comme sujet vulgaire et tracassé en mil
endroits des livres. Je ne fais nul doute qu’il ne crut ce qu’il écrivait :
car il était assez consciencieux, pour ne mentir pas même en se jouant :
et sait davantage que s’il eut eu à choisir, il eut mieux aimé être né à Venise
qu’à Sarlat ; et avec raison : Mais il avait une autre maxime
souverainement empreinte en son âme, d’obéir et de se soumettre très-religieusement
aux lois, sous lesquelles il était né. Il ne fut jamais un meilleur citoyen, ni
plus affectionné au repos de son pays, ni plus ennemi des remuements et
nouvelletés de son temps : il eut bien plutôt employé sa suffisance à les éteindre,
qu’à leur fournir de quoi les émouvoir davantage : il avait son esprit
moulé au patron d’autres siècles que ceux-ci. » (Essais, I, 28 De l’amitié). Il s’agit d’une traduction de La ménagerie de Xénophon, de La règle du mariage et la Lettre de consolation de Plutarque, les
six premiers chapitres des Économiques,
faussement attribués à cette époque à Aristote. Il s’agit aussi de 29 sonnets.
En 1571, il
est fait chevalier de l’Ordre de Saint-Michel par le roi Charles IX (1550-1560-1574). Sa fille, Léonore
(1571-1616) naît.
En 1572, il
commence à rédiger les Essais.
Montaigne, d’après l’Histoire universelle
depuis 1543 jusqu’en 1607 de Jacques-Auguste de Thou (1553-1617), est
chargé à la cour des négociations entre Henri de Navarre, chef du parti
protestant et futur Henri IV (1553-1589-1610)
et Henri de Guise (1550-1588).
En 1573, le
roi Charles IX (1550-1560-1574) le
nomme gentilhomme ordinaire de sa chambre, charge purement honorifique mais
très prisée. Il est vraisemblable qu’il ait pris part aux guerres qui ont cours
sans qu’on puisse savoir exactement ce qu’il fit.
En 1574, à
la demande du gouverneur de Bordeaux, il doit mettre fin à la rivalité entre
les chefs de l’armée royale du Périgord.
En 1577,
Henri de Navarre, le nomme aussi gentilhomme ordinaire de sa chambre.
En 1579,
dès la création de l’ordre du Saint-Esprit par le roi Henri III (1551-1574-1589), Montaigne en reçoit le
collier.
En 1580, la
première édition des Essais, en deux
livres, paraît à Bordeaux. Montaigne voyage pendant dix-sept mois dans les
cantons suisses, en Allemagne et en Italie. Il séjourne dans des villes d’eaux
pour soigner sa maladie, la gravelle (coliques néphrétiques). D’après son Journal de voyage – qui n’est pas
destiné à la publication – il séjourne avec son nombreux équipage notamment à
Plombières (11 jours), à Bâle, à Baden (5 jours), à Munich, à Venise (1
semaine), à Rome haut lieu de l'Antiquité romaine (5 mois) et à Lucques (17
jours).
En
septembre 1581, il reçoit aux bains de Lucques la nouvelle qu’il a été élu
maire de Bordeaux. Il rentre à Bordeaux. Henri III le félicite, ce qui revient
à lui ordonner d’accepter la charge.
En 1582,
paraît à Bordeaux la seconde édition des Essais
avec des additions qui se ressentent de son récent voyage en Italie.
En 1583, il
s’entremet entre Jacques II de Goyon, maréchal de Matignon (1525-1598),
lieutenant du roi en Guyenne et Henri de Navarre. Il est réélu maire de
Bordeaux malgré l’opposition de la
Ligue (c’est-à-dire les ultras catholiques).
En 1585, à
six semaines de l’expiration de son second mandat, le 31 juillet, la peste
éclate à Bordeaux et fait de juin à décembre quelques quatorze mille victimes.
Montaigne absent ne revient pas dans la ville pour la cérémonie d’installation
de son successeur. Il regagne son château craignant la maladie comme en
témoigne une lettre.
En 1586 la
guerre s’approche. Henri III vient de s’allier avec Henri de Guise, chef de la Ligue , contre Henri de
Navarre, ce qui déclenche la huitième guerre civile. En juillet, l’armée royale
met le siège, avec vingt mille hommes, devant Castillon défendu par Turenne
(1555-1623), à huit kilomètres du château de Montaigne. Il ne répond pas à
l’appel convoquant la noblesse à combattre dans l’armée royale. Son abstention
le rend suspect aux deux partis. En août, la peste apparaît. Elle se répand
dans toute la région. Le 1er septembre, Castillon tombe. Montaigne
abandonne son château avec sa mère, sa femme et sa fille dans des chariots.
Pendant six mois, ils errent.
En 1587,
paraît la première édition parisienne des Essais.
Il rentre chez lui en mars pour retrouver son domaine dévasté par la guerre et
la peste. Turenne reprend Castillon en avril. Le 23 octobre, Henri de Navarre,
après sa victoire de Coutras, séjourne deux jours au château de Montaigne.
En janvier
1588, Montaigne part à Paris pour faire imprimer une nouvelle édition des Essais. Il est chargé par Henri de
Navarre et le maréchal de Matignon dont le fils aîné l’accompagne d’une
négociation avec le roi Henri III. Arrêté, dévalisé par une troupe de
protestants près d’Angoulême, il est relâché sur l’intervention du prince de
Condé. Il arrive à Paris le 18 février. Les ambassadeurs anglais et espagnols,
qui connaissent ses liens avec Henri de Navarre, le soupçonnent d’être chargé
d’une mission secrète auprès du roi. En mai, il assiste à la journée des
Barricades qui accompagne l’entrée triomphante d’Henri de Guise à Paris. Le roi
s’enfuit. Montaigne le suit. De retour à Paris en juillet, les autorités de la Ligue le font enfermer à la Bastille. La reine
mère doit intervenir auprès du duc de Guise pour le faire libérer. C’est à
Paris qu’il rencontre Marie de Gournay (1565-1645), jeune fille de vingt-deux
ans, admiratrice passionnée, à qui il propose de devenir sa « fille
d’alliance » et qui, après la mort de Montaigne, consacrera sa vie et sa
fortune à assurer jusqu’à onze éditions posthumes des Essais. Montaigne va la visiter à Gournay-sur-Aronde et y séjourne
à plusieurs reprises. En octobre ou en novembre 1588, il est à Blois où doivent
se tenir les états généraux. Y est-il encore lors de l’assassinat des Guise le
23 décembre 1588 ou est-il de retour dans son château ?
Jusqu’à
l’été 1590, il va se rendre encore à Bordeaux pour aider Matignon à maintenir
la ville dans l’obéissance au nouveau roi Henri IV qui a remplacé, Henri III,
assassiné le 1er août 1589 par un moine ligueur. Il avait publiquement
déclaré Henri de Navarre son successeur.
Jusqu’à sa
mort, Montaigne fait de nombreux ajouts manuscrits à son texte. La
correspondance diplomatique montre qu’il est chargé d’une mission entre le roi
de France et le roi de Navarre, mission dont on ignore l’objet précis
Il meurt
dans son château le 13 septembre 1592.
Sa veuve le
fait enterrer en l’église des Feuillants à Bordeaux où elle lui fait faire un
tombeau de chevalier. Montaigne repose, gisant en armure, le heaume derrière la
tête, un lion couché à ses pieds.
En 1886,
son tombeau est transféré en grande pompe dans le grand vestibule de la faculté
des lettres de Bordeaux, devenue à présent le Musée d’Aquitaine. Il a été
depuis transféré dans une salle du musée.
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