lundi 8 juin 2015

Marx, biographie

Enfance et formation.
Karl Marx est né à Trèves le 5 mai 1818 en Rhénanie alors sous domination prussienne. Son père, Hirschel Marx (Ha Levi), avocat issu d’une famille de rabbins et de marchands, s’est converti au protestantisme en 1816 pour pouvoir exercer sa profession. Sa mère s’appelle Henrietta Pressburg Hirshel. Karl Marx est baptisé dans le luthéranisme en 1824.
Entre 1830 et 1835, il fait ses études secondaires au lycée de Trèves. Après avoir obtenu son Abitur (baccalauréat) dans un Gymnasium (lycée), Marx entre à l’université.
D’abord à Bonn pour y étudier le droit. Il suit aussi des cours de littérature. Sa vie n’est pas très régulière (duel, incarcération pour ivresse et tapage nocturne). Sa rencontre avec une jeune aristocrate Jenny von Westphalen ne plaît ni à ses parents ni aux parents de la jeune fille. Aussi quitte-t-il Bonn.
Puis à Berlin où il se consacre davantage à l'histoire et à la philosophie. Il suit les cours de Savigny, le grand romaniste de l’école historique du Droit (c’est-à-dire d’une école qui nie la notion moderne de droits de l’homme pour considérer que tout droit est historique et relatif à une culture). Il suit également ceux de Gans en 1836-1837, un disciple libéral de Hegel (1770-1831) imprégné de la pensée de Saint-Simon (1760-1825). Il fréquente le Doktorglub, rassemblement de jeunes-hégéliens où l’athéisme et les idées libérales sont à l’honneur. Il y fréquente notamment Bruno Bauer (1809-1882), professeur de théologie. Son père meurt au mois de mai 1838.
Il finit ses études en 1841 par la présentation d’une thèse de doctorat : Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Epicure.

Débuts philosophiques : les jeunes hégéliens.
À Berlin, il appartient au cercle des “hégéliens de gauche”, dénommés aussi “Jeunes hégéliens” qui cherchent à tirer des conclusions ou athées ou révolutionnaires de la philosophie de Hegel (1770-1831).
L’hégélien de gauche Ludwig Feuerbach (1803-1872) s’était lancé dans une critique de la théologie à partir de 1836 et avait commencé à se tourner vers le matérialisme (par opposition à l’idéalisme hégélien). En 1841, cette orientation matérialiste prend le dessus dans sa philosophie (L’essence du Christianisme) et se combine avec la dialectique dite idéaliste de Hegel pour lui donner un caractère “scientifique” et historique saisissant le réel dans la logique de son évolution. Cette position se heurte à la politique du gouvernement prussien qui avait enlevé à Feuerbach sa chaire en 1832, puis lui avait interdit de revenir à l’université en 1836. Pour finir, les mêmes autorités interdisent à Bruno Bauer, autre grande figure de l’hégélianisme de gauche d’enseigner à Bonn en 1841.
Marx, après avoir obtenu son diplôme universitaire, part pour Bonn avec l’espoir d’y devenir professeur. Mais face à cette politique du gouvernement, il abandonne l’idée d’une carrière universitaire.
Au début de 1842, certains bourgeois radicaux de Rhénanie, en contact avec les Hégéliens de gauche, créent à Cologne un journal d’opposition au gouvernement, La Gazette rhénane (Rheinische Zeitung). Ils proposent à Marx et Bruno Bauer d’en devenir les principaux collaborateurs. En octobre 1842, Marx en devient le rédacteur en chef et s’installe à Cologne.
La tendance démocratique révolutionnaire du journal s’accentue sous la direction de Marx. Le gouvernement réagit en lui imposant une double, puis une triple censure. Le 1er janvier 1843 il l’interdit. Marx avait été contraint de démissionner avant cette date, mais cela ne sauva pas le journal, qui suspendit sa publication en mars 1843.
L’un des principaux articles de Marx dans La Gazette rhénane est celui consacré aux conditions de vie des vignerons de la vallée de la Mosell. Ce reportage, ainsi que l’ensemble de ses activités journalistiques, lui fait prendre conscience de ses insuffisances en matière d’économie politique et le pousse à se lancer dans son étude approfondie (cf. Critique de l’économie politique, 1859, Préface
En 1843 à Kreuznach, Marx épouse Jenny von Westphalen. Issue de la noblesse prussienne, son frère aîné deviendra ministre de l’Intérieur de Prusse au cours d’une des périodes les plus réactionnaires que connut ce pays de 1850 à 1858. Ils eurent plusieurs enfants mais seules trois filles parviendront à l’âge adulte (Laura, Eléanor et Jenny). Laura épousera Paul Lafargue (1842-1911), socialiste français ayant laissé dans ses Souvenirs personnels sur Karl Marx une biographie intimiste du philosophe. Il est également l’auteur du fameux Droit à la paresse où il propose une
« réduction légale de la journée de travail à trois heures ».

À l’automne 1843, Marx s’installe à Paris afin de publier un journal radical à l’étranger avec Arnold Ruge (1802-1880). Un seul numéro des Annales franco-allemandes est édité. La publication s’interrompt du fait des grosses difficultés dans la distribution clandestine du journal en Allemagne et aussi par suite de désaccords entre Marx et Arnold Ruge. C’est à la même époque que Feuerbach rédige ses Principes de la Philosophie de l’avenir.
La coupure ?
En septembre 1844, Marx rencontre Friedrich Engels (1820-1895) qui passe quelques jours à Paris ; c'est le début d'une profonde amitié. Engels avait dû à l'âge de 18 ans quitter le lycée pour devenir employé de commerce à Brême pour des raisons familiales. Étudiant par lui-même la philosophie, il était devenu partisan de Hegel tout en rejetant le soutien que celui-ci avait apporté à l’État prussien. En 1842, il avait quitté Brême pour prendre un poste dans une firme commerciale de Manchester dont son père était l’un des propriétaires. Là, il avait rencontré la misère prolétarienne dans toute son ampleur et en avait étudié systématiquement les conditions (La condition des classes laborieuses en Angleterre, 1845).
Peu après celle-ci, Marx et Engels travaillent de concert à leur première œuvre commune : La sainte famille où ils s’attaquent à la philosophie critique de Bruno Bauer dont ils avaient été proches. Vient ensuite L’Idéologie Allemande (essentiellement rédigée par Marx) principalement axé autour d’une critique très virulente de Max Stirner intitulée “Saint Max” et qui occupe près des deux tiers de l’ouvrage. Cet ouvrage défend une conception matérialiste de l’histoire qui dépassait la conception du matérialisme de Feuerbach. Par une critique sévère de Bruno Bauer et de Max Stirner, Marx et Engels marquent ainsi une rupture non seulement avec Feuerbach, mais aussi avec le socialisme utopique et l’idéalisme hégélien de gauche, et plus largement l’idéalisme de Hegel lui-même. Mais l’ouvrage ne trouve pas d’éditeur. Les auteurs l’abandonnent à la critique rongeuse des souris. Il ne sera publié que près d’un siècle plus tard en U.R.S.S. grâce à la découverte de Riazanov (1870-1938). Dans les Thèses sur Feuerbach, court texte retrouvé dans le même manuscrit, Marx y propose notamment sa thèse antiphilosophique fort célèbre :
« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières ; ce qui importe, c’est de le transformer ». Thèses sur Feuerbach, XI.
Au milieu des années 1840, Marx et Engels prennent une part active dans la vie alors bouillonnante des groupes révolutionnaires parisiens. Beaucoup d’entre eux étaient particulièrement influencés par les doctrines de Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) exprimées principalement dans son ouvrage Philosophie de la misère. Relevons cette citation édifiante dans l’ouvrage du théoricien anarchiste :
« Ainsi, sans un Dieu, fabricateur souverain, l’univers et l’homme n’existeraient pas : telle est la profession de foi sociale. » Proudhon, Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère, Prologue.
Marx en fait une critique très sévère dans Misère de la Philosophie, ouvrage rédigé en français. L'avant-propos montre le caractère polémique et ironique du style de Marx :
« En France, il [Proudhon] a le droit d’être mauvais économiste, parce qu’il passe pour un bon philosophe allemand. En Allemagne, il a le droit d’être mauvais philosophe, parce qu’il passe pour être économiste des plus forts. Nous, en notre qualité d’Allemand et d’économiste, nous avons voulu protester contre cette double erreur. »
Sur la demande insistante du gouvernement prussien, Marx, considéré comme un dangereux révolutionnaire, est chassé de Paris en 1845. Il en rend responsable Guizot. Il arrive alors à Bruxelles. Sa maison, entre janvier 1847 et février 1848, sert de point de rencontre à tous les opposants politiques. Marx participe à l’Association Démocratique de Bruxelles, dont il est élu vice-président.

Le communisme.
Au printemps 1847, Marx et Engels rejoignent un groupe politique clandestin, la Ligue des Communistes. Ils y prennent une place prépondérante lors de son second congrès à Londres en novembre 1847. À cette occasion, on leur demande de rédiger le Manifeste de la Ligue, connu sous le nom de Manifeste du Parti communiste, qui paraît en février 1848. La première traduction française sera due à Laura Lafargue, sa seconde fille.
Lorsqu’éclate la Révolution de février 1848, Marx quitte la Belgique pour revenir à Paris. Avec l’extension de la révolution à l’Allemagne, il part pour Cologne pour y devenir rédacteur en chef de La Nouvelle Gazette Rhénane (Neue Rheinische Zeitung) publiée du 1er juin 1848 au 19 mai 1849.
Avec la victoire de la contre-révolution, Marx est poursuivi devant les tribunaux. Il se défend devant les jurés en déclarant :
« Le premier devoir de la presse est donc de miner toutes les bases du système politique actuel ».
Il est acquitté le 9 février 1849, mais le gouvernement l’expulse le 16 mai, bien qu’il soit citoyen prussien.
Il retourne alors à Paris dont il est de nouveau chassé après la manifestation du 13 juin 1849. Il part ensuite pour Londres où il résidera le restant de ses jours.
La vie de Marx en exil est extraordinairement difficile comme en témoigne sa correspondance. Malgré l'aide financière d’Engels, lui et sa famille doivent faire face à une extrême misère :
« Ma femme est malade, la petite Jenny est malade, Léni a une sorte de fièvre nerveuse. Je ne peux et je ne pouvais appeler le médecin, faute d’argent pour les médicaments. Depuis huit jours, je nourris la famille avec du pain et des pommes de terre, mais je me demande si je pourrais encore me les procurer aujourd’hui » lettre à Engels du 4 septembre 1852.
L’un de ses enfants, Edgar, mourra d’ailleurs de faim.
Il écrit alors une série de sept articles, rassemblés sous le titre Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, décrivant les débuts de la deuxième République française et son évolution vers le coup d'état du 2 décembre 1851 aboutissant au Second Empire.
Ce n’est qu’en 1861 que sa situation s’améliore quelque peu, grâce à l’aide financière plus fournie d’Engels. En 1864 sa situation financière s’améliore sérieusement grâce à l’héritage de sa mère qu’il accepta bourgeoisement. Elle avait toujours refusé de lui verser la part qui lui revenait de son père. Le train de vie de la famille Marx restera toujours d’un niveau modeste.
Il consacre toutes les années 1850 à rédiger des centaines d’articles « alimentaires » pour des journaux comme le New York Tribune tout en se livrant à des recherches approfondies en économie, histoire, politique, etc. Dans le même temps, il reste en correspondance avec les révolutionnaires du continent et rédige des brochures politiques en lien avec l’actualité. Il passe aux yeux des gouvernants prussiens comme le chef d’une organisation de conspirateurs, alors que la Ligue des Communistes n’existe plus depuis son autodissolution en 1852. Il est en fait isolé. Sa situation économiquement précaire ralentit son travail.
Ce n’est qu’en 1859 qu’il achève et publie la Critique de l'économie politique. La préface y expose en une page les thèses essentielles de ce qu’il est convenu de nommer le “matérialisme historique”.
« Le résultat général auquel j’arrivai et qui, une fois acquis, servit de fil conducteur à mes études, peut brièvement se formuler ainsi : dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s’élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience. À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l’énorme superstructure. Lorsqu’on considère de tels bouleversements, il faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel – qu’on peut constater d’une manière scientifiquement rigoureuse ‑ des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu’au bout. Pas plus qu’on ne juge un individu sur l'idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi ; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production. Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu’elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s’y substituent avant que les conditions d’existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société. C’est pourquoi l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. À grands traits, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être qualifiés d’époques progressives de la formation sociale économique. Les rapports de production bourgeois sont la dernière forme contradictoire du processus de production sociale, contradictoire non pas dans le sens d’une contradiction individuelle, mais d’une contradiction qui naît des conditions d’existence sociale des individus; cependant les forces productives qui se développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions matérielles pour résoudre cette contradiction. Avec cette formation sociale s’achève donc la préhistoire de la société humaine. » Marx, Critique de l’économie politique, Préface.
Dans cet ouvrage, sont présents tous les éléments essentiels de ses théories économiques, en particulier la loi de la valeur, du Capital. Marx écrit à cette époque :
« Je ne pense pas qu’on ait jamais écrit sur l'argent tout en en manquant à ce point ».
En 1859, il sort de son isolement politique pour prendre la direction du journal germanophone Das Volk en lien avec les regroupements qui s’opèrent dans le mouvement ouvrier allemand et qui vont déboucher sur la constitution par Ferdinand Lassalle (1825-1864) du premier véritable parti ouvrier allemand (ancêtre du S.P.D.).
En 1867 Marx publie enfin, après plus de 20 ans de travail, la première partie de son ouvrage Le Capital. Il continue son travail pour achever les deux tomes suivants mais, malade et manquant de temps, il ne laissera que des brouillons inachevés.

L’internationalisme.
En 1864, il rédige l’Adresse Inaugurale de l’Association International des Travailleurs, qui se fonde alors. Cette adresse inaugurale devient l’âme de cette Première Internationale. Tout l’effort de Marx dans la rédaction de cette inauguration tend à unifier le mouvement ouvrier qui connaît toutes sortes de formes de regroupements se réclamant du socialisme sur des bases diverses et contradictoires : Mazzini (1805-1872) en Italie, Proudhon en France, Michel Bakounine (1814-1876) en Suisse, syndicalisme britannique libéral britannique, socialisme lassalien en Allemagne, etc.
La Commune de Paris est écrasée en 1871. Marx rédige un texte qui est adopté par l’Internationale : La Guerre civile en France. Karl Marx tire la conclusion que le prolétariat ne peut pas se contenter de s’emparer de la machine d’État pour la faire fonctionner à son profit : il devra la détruire de fond en comble. Marx salue la nouvelle démocratie apparue avec la Commune : le principe de l’éligibilité et la révocabilité des responsables à tous les niveaux de la société (exécutif, législatif, judiciaire). Ce texte fait grand bruit, et le nom de l’auteur est alors révélé : Karl Marx acquiert pour la première fois une certaine renommée, y compris au sein du mouvement ouvrier.
Des divergences importantes apparaissent au sein de l’Internationale. En 1872, les anarchistes avec Bakounine sont exclus (première manifestation d’envergure de l’intolérance marxiste !), de part la constitution d’une fraction secrète mais aussi à cause de la dégradation des rapports entre Marx et Bakounine. Une partie importante des militants de l’Internationale ont préféré suivre les principes fédéralistes prônés notamment par Bakounine. Ce dernier avait une piètre idée du communisme de son camarade :
« Je déteste le communisme, parce qu’il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d’humain sans liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l’État, parce qu’il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l’État. [...] Je veux l’organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas en haut, par la voie de la libre association, et non du haut en bas par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste. » Etatisme et anarchie, 1873.
Étant donné la quasi-disparition du mouvement ouvrier en France du fait de la répression de la Commune, l’A.I.T. cesse pratiquement d’exister en Europe. Le Conseil général de l’A.I.T. de Londres est transféré à New York, et une internationale ouvrière fédéraliste réunissant des exclus se constitue la même année.
La santé de Marx est minée par son travail politique inlassable d’organisation de l’Internationale et la rédaction encore plus épuisante de son œuvre. Il laisse pour l’essentiel à Engels le soin de suivre les développements du S.P.D., même si en 1875 Marx écrit une critique très dure du programme de Gotha du SPD. On y lit notamment ce point programmatique positif qui n’est pas resté lettre morte.
« Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l'Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat. » Marx, Critique du programme de Gotha, 1875.
Karl Marx se consacre ensuite essentiellement à l’achèvement du Capital, pour lequel il collecte une grande masse de nouveaux matériaux et, en plus des langues qu’il maîtrisait déjà (français, anglais, italien et allemand), apprend le russe. Toutefois, sa santé déclinante l’empêche d'achever les deux derniers volumes du Capital. Engels se chargera par la suite de rassembler et mettre en forme ses notes afin de publier des matériaux partiels.
Jenny, la femme de Marx, sans le soutien et le courage de laquelle il n’aurait pu mener son combat pour l’émancipation humaine, décède le 2 décembre 1881. Les deux époux avaient rompu avec leur classe d’origine, qui le leur fit payer chèrement à eux et à leurs enfants. Mais aucun d’eux n'abdiqua son droit à la liberté.
Après un séjour en Algérie, Marx s’éteint paisiblement dans son lit le 14 mars 1883. Il est enterré près de sa femme dans le cimetière de Highgate à Londres, Angleterre.
« Imagine l’homme humain et son rapport au monde comme un rapport humain, et tu ne pourras échanger l’amour que contre l’amour, la confiance que contre la confiance, etc. Si tu veux jouir de l’art, tu devras avoir une culture artistique ; si tu veux avoir un ascendant sur autrui, tu devras être capable d’agir pour le bien des autres et exercer une influence stimulante. Chacun de tes rapports avec l’homme ‑ et avec la nature ‑ devra être une manifestation déterminée, conforme à l’objet de ta volonté, à ta vraie vie individuelle. Si tu aimes sans susciter l’amour réciproque, si ton amour ne provoque pas la réciprocité, si vivant et aimant tu ne te fais pas aimer, alors ton amour est impuissant, et c’est un grand malheur. » (Économie et Philosophie, L’argent, 1844)

Après sa mort, ses œuvres continueront à être publiées, notamment les tomes 2 et 3 du Capital par Engels, non sans arrangement comme le montrera la publication par David Riazanov. C’est pourquoi, il y a différentes versions de ses œuvres posthumes.

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