Raphaël
(1483-1520), La Résurrection du Christ
(v. 1501-1502), 52 × 44 cm, Musée d’Art de São Paulo, São Paulo (Brésil).
Analyse.
La religion a deux étymologies. L’une la
dérive du terme latin « religare »
qui signifie “relier”. Elle souligne en elle ou bien la dimension sociale ou bien
le lien de l’homme à Dieu, voire au sacré. L’autre la dérivant du mot latin
« relegere » qui signifie “relire”
en fait un acte « intelligent » l’opposant à la superstition.
Entendue comme lien social, la religion se
présente sous la forme d’une pluralité de religions ou d’interprétations de la
même religion (dans le christianisme, catholicisme et protestantisme ;
dans l’islam, sunnisme et chiisme, etc.). En présentant une sphère de croyances
et de rites obligatoires, absolus, sacrés par opposition à profane, c’est-à-dire
ayant une valeur absolue et non simplement relative, la religion discipline les
désirs humains, soumet l’intelligence à ce tout qu’exige la société. Sans elle,
l’homme balloté entre ses désirs impérieux et une faible intelligence égoïste
ne survivrait pas. Elle apparaît alors comme une dimension essentielle de la
culture, au sens anthropologique d’une vie aux représentations et aux conduites
héritées par un groupe d’hommes en un temps donné, voire comme la condition de
son émergence chez cet étrange vivant qu’est l’homme fait pour vivre en
sociétés sans instincts sociaux.
Problème.
Sa présence dans la seule espèce humaine
qu’attestent les sépultures dès la plus lointaine préhistoire, son universalité
qu’atteste l’ethnologie qui n’a jamais découvert de peuples sans religion,
amène à se demander si l’humanité est possible sans religion.
En effet, la pluralité des religions,
l’impossibilité essentielle de les démontrer, conduit à l’évidence à les penser
toutes fausses et donc à concevoir une humanité libérée de la religion et
fondant la culture non pas sur la foi mais sur la raison.
Cependant, la raison elle-même étant
limitée, comment ne reconnaîtrait-elle pas dans la foi une exigence humaine,
voire la source de la culture au sens philosophique d’une éducation de l’homme,
non par lui-même, mais par le vrai Dieu.
Le problème est donc de savoir si la
culture est possible sans cette dimension qu’est la religion, s’il est possible
et comment de déterminer une vraie religion ou bien si le « guerre des dieux » pour parler
comme le sociologue Max Weber (1864-1920) est irréductible.
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