Papillon surréaliste (1924)
Analyse.
Le terme inconscient peut être un
adjectif ou un nom.
Comme adjectif, il désigne tout ce qui
n’est pas connu ou senti comme tel dans un sujet. Par exemple, les battements
du cœur sont inconscients. On peut le dire également d’une représentation,
d’une affection, voire d’une action qui échappe au sujet : par exemple,
une habitude.
Comme nom, le terme inconscient a un
sens moral. L’inconscient désigne quelqu’un qui agit sans réfléchir à la
dimension morale de son action, sans prendre en compte les conséquences
prévisibles. Être un inconscient est un défaut.
Le terme désigne surtout, ce qui, dans
le psychisme, échappe à la conscience. L’inconscient signifie alors non
seulement ce que la conscience ne peut appréhender du psychisme, mais surtout
ce qui produit des effets dans la conscience sans que celle-ci puisse s’en
rendre compte.
Problèmes.
Les problèmes de l’inconscient
concernent essentiellement l’inconscient psychique. Que nombre de phénomènes
corporels soient inconscients, voire qu’on définisse l’inconscient par le corps
n’est pas un problème. Par contre, l’idée d’une représentation inconsciente et
donc d’un inconscient psychique paraît contradictoire. En effet, si la
représentation est inconsciente on ne peut rien en savoir. Si elle est connue,
elle est consciente. Il n’en reste pas moins vrai que les représentations
conscientes peuvent être obscures ou contradictoires de sorte que c’est en
admettant des représentations inconscientes, voire un inconscient, qu’on peut
en rendre compte. Peut-on légitimement et à quelles conditions admettre
l’hypothèse d’un inconscient psychique ?
Le second problème concerne la morale. S’il y a un inconscient
psychique, le sujet semble être excusé dans tous ses actes qui, finalement,
n’émanent pas de lui. Cependant, le refus de l’hypothèse de l’inconscient
n’implique-t-elle pas une condamnation injuste des sujets qui souffrent ?
L’hypothèse de la transparence du sujet qui se connaîtrait parfaitement s’il le
veut n’est-elle pas une façon de rendre coupable des innocents ? Ou alors,
le refus de représentations inconscientes n’est-elle pas tout au contraire le
refus de reconnaître la culpabilité originaire du sujet qui se donne ainsi
bonne conscience à peu de frais ? Bref, l’hypothèse de l’inconscient
excuse-t-elle légitimement le sujet ou l’accuse-t-elle au contraire ou est-elle
indifférente moralement ?
Le troisième problème est
épistémologique, c’est-à-dire est relatif à la scientificité d’un discours sur
l’inconscient. S’il faut interpréter pour rendre compte des données lacunaires
de la conscience, qu’est-ce qui permet de valider les interprétations puisque le sujet sur qui elles portent les
méconnaît par définition ? Autrement dit, une science de l’inconscient fondée
sur l’interprétation est-elle
possible ?
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