lundi 4 mai 2015

Fiche 8 : L’art (L, ES, S)

Titien, Vénus et Cupidon avec un joueur d'orgue, (~1560), huile sur toile, 115 x 210 cm, Staatliche Museen, Berlin.
Le peintre montre un musicien qui se détache de son instrument pour contempler une Vénus qui regarde un Cupidon. Exprime-t-il la supériorité de la peinture sur la musique dans la représentation de la beauté ?


Analyse.

L’art passe pour le domaine où toutes les productions et tous les jugements sont possibles. Est-ce de l’art ou non ? Chacun aurait son point de vue. Mais voilà justement un point de vue qui veut s’imposer comme le seul possible, ce qui est contradictoire. Et il s’accompagne souvent de jugements péremptoires contre ce qu’il est convenu de nommer l’art moderne ou l’art contemporain. « Même un enfant peut le faire » entend-on souvent pour refuser à une œuvre qui choque son statut d’œuvre d’art.
Convenons que l’art doit d’emblée se distinguer de la technique qui vise à fabriquer des objets d’usage et de consommation : ce sont des moyens. Les œuvres d’art se contemplent, s’appréhendent en elles-mêmes : ce sont des fins en soi. Abstraction faite des œuvres architecturales qui sont souvent aussi utiles, les sculptures, les tableaux, les œuvres musicales, les chorégraphies, les œuvres poétiques, voire les films, les photographies, etc., n’ont pas d’utilité au sens propre. Aussi l’art contemporain peut-il tenter de tout transformer en œuvre d’art en coupant l’objet choisi de la sphère de l’utile. Traditionnellement les arts se sont distingués des savoir-faire artisanaux sous le nom de beaux-arts.
Or, la beauté n’est peut-être pas réservée à l’œuvre d’art. D’une part, on ne peut écarter l’idée de beauté naturelle, voire l’idée de beauté pour certains objets techniques même s’il s’agit d’une transposition de la beauté artistique. D’autre part, le contenu de certaines œuvres vise d’autres sentiments esthétiques : le sublime, voire la laideur. Enfin et surtout, l’art n’a-t-il pas une tout autre visée que le simple effet esthétique ?
En effet, il y a un contenu dans toute œuvre d’art et pas simplement un effet sur le spectateur. Par exemple, la tragédie Antigone (~442 av. J.-C.) de Sophocle ne produit pas seulement la terreur et la pitié selon l’analyse d’Aristote dans la Poétique (chapitres 6, 9, 11, 13, 14, 19), mais présente l’opposition des lois morales et des lois politiques.

Problèmes.

Le contenu des œuvres d’art et les effets qu’elles produisent dépendent-ils simplement de l’individu et comment alors rendre compte que certaines œuvres touchent plus que d’autres ?
Ont-elles pour source la culture au sens anthropologique de représentations particulières à un groupe humain lié par l’histoire ou bien peuvent-elles dépasser toute culture existante pour s’adresser à la culture, voire la former, si on entend par culture l’accomplissement par l’homme de sa propre humanité ?



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire