Johannes
Vermeer (1632-1675), L’Art de la peinture
(De Schilderkonst) (~1666), huile sur toile, 120 × 100 cm, Kunsthistorisches
Museum, Vienne.
Le sujet du peintre est la muse de l'histoire : Clio.
Analyse.
L’histoire qui signifie en grec ancien « enquête »
désigne 1°/ le récit du passé de l’histoire humaine tel qu’il est connu par des
monuments mais surtout des documents (c’est-à-dire des traces écrites du passé) ;
2°/ la réalité de ce passé dans son mouvement, son déroulement, voire son
issue.
En son origine, l’histoire appliquée à
l’homme, par différence avec l’histoire naturelle qui décrit les faits
naturels, est le récit des actions des hommes. Elles ne laissent d’autres
traces, en effet, que leur mise en récit par les témoins contrairement aux
séries causales qui se répètent et sont objet de science. Jamais plus la
bataille de Salamine (480 av. J.-C.) où la flotte athénienne conduite par
Thémistocle vainquit l’immense flotte des Perses de Xerxès ne se rejouera
(Eschyle [~525-~455 av. J.-C.] dans sa tragédie Les Perses [472 av. J.-C.] et Hérodote [~484-420 av. J.-C.] dans
ses Histoires sont nos sources, le
premier est un témoin direct). On peut répéter l’expérience de Torricelli (1608-1747)
qui met en évidence la pression atmosphérique.
L’histoire a été étendue à la totalité
des faits humains (mœurs, mentalités, techniques, nourriture, etc.) et non aux
seules actions. Elle peut prétendre être la science qui découvrirait les lois
du développement des sociétés humaines. Le travail et l’économie (Marx) ou le
développement intellectuel et sociologique (Comte) sont des bases concurrentes
pour l’histoire comme science.
Quant au devenir humain, il appelle une
philosophie de l’histoire, c’est-à-dire une représentation de la totalité du
devenir humain, y compris dans son futur. Or, de ce point de vue, il y a trois
philosophies de l’histoire possibles. Soit l’humanité va du mieux au pire,
c’est la décadence, soit elle reste identique à elle-même, soit elle va du pire
au meilleur, c’est le progrès.
Problèmes.
1.
Se pose donc le problème de la nature de la connaissance historique :
est-elle une science ou un récit ? Dans la mesure où elle porte sur des
séries singulières, comment peut-elle ne pas être un discours purement relatif
qui varie, moins seulement les individus, que selon les différentes cultures
qui y trouveraient parfois la source de leur légitimation ?
L’interprétation peut-elle y être vraie, ne serait-ce que comme « erreur
rectifiée ».
2.
Dans la mesure où ne peut manquer d’apparaître une représentation de la
totalité du devenir humain, quelle philosophie de l’histoire est vraie ?
Peut-on le savoir ? Et si oui comment ?
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