mardi 26 mai 2015

Spinoza : biographie

Vie.
Baruch Spinoza ou Baruch Espinoza (Méchoulan 1991, p.137) ou Baruch de Spinoza (cf. Lucas, Vie de Spinoza) ou Bento d’Espinoza est né le 24 novembre 1632 à Amsterdam. On a pu dire que c’était à ce moment-là, la ville la plus libre et la plus puissante du monde (Méchoulan 1991, p.11). Son prénom hébreu, Baruch, signifie « béni ». De même que son prénom portugais, « Bento » (cf. Rizk 2012, p.7). C’est le prénom dont il usera lorsqu’il reprendra l’entreprise de son père (cf. Jacqueline Lagrée « Spinoza ou la conscience d’une ville », in Amsterdam XVII°, p.140). Aussi se fera-t-il prénommé selon la traduction latine, Benedictus, une fois sortie de la communauté juive.
Son grand-père, Abraham et son père, Michael (1587/1588-1654), avaient fui les persécutions religieuses de la péninsule ibérique. Après Nantes (cf. Méchoulan 1991, p.80 ; Meinsma 1896, p.75), ils s’installent à Amsterdam. Ils y arrivent en 1593. En effet, les juifs de la partie chrétienne de la péninsule ibérique souffraient de façon intermittente. Une politique de conversion douce ou forcée était conduite par les souverains catholiques. Massacrés en 1391, ils sont expulsés d’Espagne en 1492 l’année de la disparition du dernier royaume musulman.
Ceux qui étaient restés s’étaient formellement convertis au catholicisme. Mais ils étaient en butte à l’hostilité des chrétiens de “sang”. Ce sont des marranes selon l’expression péjorative des Espagnols et des Portugais pour désigner les juifs et les musulmans convertis au catholicisme qu’on soupçonne de pratiquer leur religion première en cachette (cf. Révah 1995, p.30). Le mot en effet renvoie au porc, interdit dans les deux religions interdites. On en trouve un usage chez les autres Européens ; par exemple Rabelais (1483-1553) l’utilise pour caractériser les Espagnols en général dans le chapitre VIII de son Gargantua (1534). Elle désigne aussi bien ceux qu’on peut nommer les cryptojuifs, c’est-à-dire les juifs qui vivent dans la duplicité, officiellement convertis au catholicisme, mais juifs en tant que croyants et vivant leur foi dans le secret, que les juifs sincèrement convertis, mais considérés comme impurs par le sang pour les Espagnols puis les Portugais (sur la différence entre marrane et cryptojuif, Méchoulan 1991, p.12-13). En effet, depuis les statuts de la pureté du sang, pris à Tolède le 5 juin 1449, se distinguent racialement les chrétiens anciens des juifs convertis à qui sont interdits toute fonction honorifique ou publique. D’un point de vue religieux, l’eau baptismale n’était censée faire aucun effet sur eux (cf. Méchoulan 1991, p.13 sq.).
Quant au Portugal, à partir de 1497, les Juifs y sont contraints de se convertir. Jusqu’en 1536, ils ne sont pas inquiétés même si leur foi n’était pas sincère. On peut signaler toutefois un massacre de nouveaux chrétiens en 1506 (Méchoulan 1991, p.15). Leur situation sociale et financière est bonne. La fondation de l’Inquisition au Portugal à la demande du roi Manuel 1er (1469-1495-1521) eut lieu après sa mort en 1536. Elle rend de nouveau difficile la situation des cryptojuifs. En 1580, Philippe II (1527-1556-1598) envahit le Portugal et l’annexe à son empire. Paradoxalement, cette invasion leur permet de mieux se cacher (Méchoulan 1991, p.15 et sq.). Mais rapidement, l’Inquisition se fait féroce. Les juifs qui fuiront la péninsule se feront appeler « portugais » aux Pays-Bas, qu’ils soient portugais ou espagnols (Méchoulan 1991, p.15).
En 1556, les provinces du Nord de la monarchie espagnole, les Pays-Bas et la Belgique actuels, se révoltent. C’est une longue guerre qui commence. En 1579, la déclaration d’Utrecht fonde la nouvelle nation. Son article 13 précise que nul ne peut être inquiété pour ses opinions religieuses. Après 80 ans de guerre interrompue par une trêve entre 1608 et 1621, la République des Provinces-Unies se voit reconnue en 1648. Elle apparaît comme un havre de paix et de prospérité. Descartes (1596-1650) s’y était installé malgré la guerre. Il en propose une description qui mérite d’être citée dans une lettre à l’écrivain libertin Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654) datée du 5 mai 1631 :
« Même vous devez pardonner à mon zèle, si je vous convie de choisir Amsterdam pour votre retraite et de le préférer, je ne vous dirai pas seulement à tous les couvents des Capucins et des Chartreux, où force honnêtes gens se retirent, mais aussi à toutes les plus belles demeures de France et d’Italie, même à ce célèbre Ermitage dans lequel vous étiez l’année passée. Quelque accomplie que puisse être une maison des champs, il y manque toujours une infinité de commodités, qui ne se trouvent que dans les villes ; et la solitude même qu’on y espère ne s’y rencontre jamais toute parfaite. Je veux bien que vous y trouviez un canal, qui fasse rêver les plus grands parleurs, et une vallée si solitaire, qu’elle puisse leur inspirer du transport et de la joie ; mais mal aisément se peut-il faire, que vous n’ayez aussi quantité de petits voisins, qui vous vont quelquefois importuner, et de qui les visites sont encore plus incommodes que celles que vous recevez à Paris. Au lieu qu’en cette grande ville où je suis, n’y ayant aucun homme, excepté moi, qui n’exerce la marchandise, chacun y est tellement attentif à son profit, que j’y pourrais demeurer toute ma vie sans être jamais vu de personne.
Je vais me promener tous les jours parmi la confusion d’un grand peuple, avec autant de liberté et de repos que vous sauriez faire dans vos allées, et je n’y considère pas autrement les hommes que j’y vois, que je ferais les arbres qui se rencontrent en vos forêts, ou les animaux qui y paissent. Le bruit même de leur tracas n’interrompt pas plus mes rêveries que ferait celui de quelque ruisseau. Que si je fais quelquefois réflexion sur leurs actions, j’en reçois le même plaisir, que vous feriez de voir les paysans qui cultivent vos campagnes ; car je vois que tout leur travail sert à embellir le lieu de ma demeure, et à faire que je n’y manque d’aucune chose. Que s’il y a du plaisir à voir croître les fruits en vos vergers, et à y être dans l’abondance jusqu’aux yeux, pensez-vous qu’il n’y en ait pas bien autant, à voir venir ici des vaisseaux, qui nous apportent abondamment tout ce que produisent les Indes, et tout ce qu’il y a de rare en Europe ? Quel autre lieu pourrait-on choisir au reste du monde, où toutes les commodités de la vie, et toutes les curiosités qui peuvent être souhaitées, soient si faciles à trouver qu’en celui-ci ? Quel autre pays, où l’on puisse jouir d’une liberté si entière, où l’on puisse dormir avec moins d’inquiétude, où il y ait toujours des armées sur pied exprès pour nous garder, où les empoisonnements, les trahisons, les calomnies soient moins connus, et où il soit demeuré plus de reste de l’innocence de nos aïeux ? Je ne sais comment vous pouvez tant aimer l’air d’Italie, avec lequel on respire si souvent la peste, et où toujours la chaleur du jour est insupportable, la fraîcheur du soir malsaine, et où l’obscurité de la nuit couvre des larcins et des meurtres. Que si vous craignez les hivers du Septentrion, dites-moi quelles ombres, quel éventail, quelles fontaines vous pourraient si bien préserver à Rome des incommodités de la chaleur, comme un poêle et un grand feu vous exempteront ici d’avoir froid ? » Descartes, Lettre à Guez de Balzac du 5 mai 1631.
Pour sa part, voilà comment Spinoza la décrira après son illustre devancier :
« Que la ville d’Amsterdam nous soit en exemple, cette ville qui, avec un si grand profit pour elle-même et à l’admiration de toutes les nations, a goûté les fruits de cette liberté ; dans cette république très florissante, dans cette ville très éminente, des hommes de toutes nations et de toutes sectes vivent dans la plus parfaite concorde et s’inquiètent uniquement, pour consentir un crédit à quelqu’un, de savoir s’il est riche ou pauvre et s’il a accoutumé d’agir en homme de bonne foi ou en fourbe. D’ailleurs la Religion ou la secte ne les touche en rien, parce qu’elle ne peut servir à gagner ou à perdre sa cause devant le juge ; et il n’est absolument aucune secte, pour odieuse qu’elle soit, dont les membres (pourvu qu’ils ne causent de tort à personne, rendent à chacun le sien et vivent honnêtement) ne soient protégés et assistés par l’autorité des magistrats. » Spinoza, Traité théologico-politique (anonyme 1670), traduction de Charles Appuhn (1862-1942), chapitre XX.
C’est à la fin du xvi° qu’arrivent les premiers juifs de la communauté d’Amsterdam de la péninsule ibérique parmi lesquels on compte donc le grand-père et le père de notre philosophe (Méchoulan 1991, p.22-23). Un statut, préparé notamment par le philosophe et juriste Hugo Grotius (1583-1645), leur est octroyé au terme duquel certaines fonctions leurs sont interdites (comme le commerce de détail mais non le commerce en gros). Il leur est fait obligation de croire et de pratiquer le judaïsme contrairement à certaines sectes protestantes qui demeurent interdites malgré la tolérance de principe. Les juifs n’ont pas l’obligation de vivre dans un ghetto. Ils ont l’interdiction de faire du prosélytisme et d’écrire contre le christianisme (cf. Méchoulan 1991, p.24-26). Rapidement, se constituent trois communautés.
Le père du philosophe, Michael d’Espinoza, fait dans le commerce international d’épices et de fruits secs. Il a eu deux enfants avec sa première épouse, Rachel : Isaac et Rebecca. Après son décès en 1627, il épouse Hanna Debora, la mère de notre philosophe. Elle eut Miriam, née vers 1629 et après Baruch, Gabriel, né entre 1634 et 1638. Le 5 novembre 1638, sa mère décède.
À partir de 1639, Spinoza fait ses études dans une école rabbinique, Ets Haïm, c’est-à-dire « arbre de vie » ou Keter Torah, c’est-à-dire « couronne de la Torah ». Il a pour professeur Menasseh Ben Israël (1604-1657), dont Rembrandt (1606-1669) a fait un portrait (1640) et Saül Levi Morteira (1596-1660). Il travaille aussi dans la maison de commerce de son père. La langue qu’utilisent les juifs d’Amsterdam pour les affaires est le portugais, mais pour la culture, c’est le castillan (c’est-à-dire l’espagnol). La plupart ignore totalement l’hébreu à tel point que leur connaissance religieuse nécessite l’usage de traduction en castillan de la Bible et des autres textes (cf. Méchoulan 1991, p.28-32).
Le 28 avril 1641, le père de Spinoza, Michael épouse sa troisième femme, Esther de Soliz (~1601-1653).
À la fin des années 1630, Spinoza assiste au châtiment d’Uriel da Costa (1585-1640). Né Gabriel et catholique au Portugal, il reçoit une formation universitaire thomiste. Il rejette le catholicisme et se forge un judaïsme personnel par la lecture de l’Ancien Testament. Arrivé à Amsterdam, il est rapidement en opposition avec le judaïsme que les rabbins tentent de faire vivre. Il est d’abord convaincu qu’il n’y a pas d’immortalité de l’âme puisqu’il n’en trouve pas la mention dans l’Ancien Testament. Selon lui, la seule différence entre l’homme et les animaux, c’est la présence d’une âme raisonnable. En 1625, il est une première fois condamné par le magistrat d’Amsterdam sollicité par la communauté juive à une forte amende et à voir ses livres brûlés. Un herem est prononcé contre lui. Le herem est une sorte d’excommunication qui conduit le condamné à l’isolement. Il est interdit de lui adresser la parole, il ne peut participer au culte à la synagogue et ne peut bénéficier, s’il est dans le besoin de la charité de la communauté. Économiquement, il est exclu des relations de la communauté juive. La durée du herem est variable, de un jour à plusieurs années. Rares sont les peines à vie (cf. Méchoulan 1991, p.53-54). Uriel da Costa porte sa critique ensuite sur Moïse, invention des religieux pour leur plus grand profit selon lui. Il se réconcilie avec la communauté juive d’Amsterdam. Mais un second herem a vraisemblablement été prononcé contre lui en 1633. Seul, isolé, ne pouvant se livrer à aucune activité commerciale, il tente une nouvelle conciliation. Elle lui est accordée moyennant une rétractation de ses thèses et un châtiment exemplaire : il reçoit 39 coups de fouet (peine exceptionnelle selon Méchoulan 1991, p.56) et les membres de la communauté enjambent son corps. La communauté juive s’unit pour promouvoir l’orthodoxie le 3 avril 1639.
C’est en 1640 qu’Uriel da Costa se serait suicidé. Il laisse une autobiographie intitulé Exemplar vitæ humanæ connue par une source chrétienne (sur lui, cf. Méchoulan 1991, p.41-46). La même année, le Portugal recouvre son indépendance.
En 1644, Michael de Espinoza est en relations d’affaires avec des cryptojuifs installés à Londres (cf. Méchoulan 1991, p.80-81).
En 1648, après la paix de Munster avec l’Espagne, les sept Provinces-Unies néerlandaises proclament leur indépendance.
Durant l’année scolaire 1649-1650, Michael de Espinoza est l’un des trois parnassim (parnas au singulier, c’est-à-dire dirigeant donc ayant une certaine richesse) du Mahamad (terme hébreu pour désigner le comité directeur de la communauté juive) d’Amsterdam (cf. Méchoulan 1991, p.118). Il fait partie des dédicataires de l’ouvrage de Menasseh Ben Israël, Esperanza de Israel (1650) Dans cet ouvrage, tout en réfutant un des signes supposés de l’arrivée du Messie, à savoir que les Indiens d’Amérique sont les descendants des tribus perdues d’Israël, l’auteur soutient que temps de la Rédemption est proche. L’issue de la guerre civile anglaise qui a commencé en 1640, à savoir l’exécution du roi Charles 1er (1600-1649) le 30 janvier 1649 après un procès devant le Parlement qui le déclara coupable de haute trahison, fait partie à cette époque de ces signes supposés (cf. Méchoulan 1991, p.117).
Vers 1652 au plus tôt, Spinoza apprend le latin ou en approfondit sa connaissance et apprend un peu de grec à l’école du libertin érudit Francis Van den Enden (1602-1674) qui ouvre cette année-là. Il y fait également du théâtre (Scala 2009, p.7, p.51). Ce dernier, né à Anvers, a commencé à étudier chez les augustins, puis chez les jésuites (de 1613 à 1623). Il est définitivement chassé de l’ordre en 1633. Il arrive à Amsterdam en 1645 (cf. Marc Bedjaï « Pour un État populaire ou une utopie subversive » in Amsterdam XVII° siècle, p.195-198). C’est un disciple de Pierre Gassendi (1592-1655), philosophe épicurien, chrétien, critique de Descartes et favorable à Galilée (1564-1642). On considère parfois que Van den Enden est devenu un esprit libre (cf. Rizk 2012, p.11). Spinoza a pu y apprendre des éléments de philosophie et de sciences cartésiennes, mathématiques et physiques. On prétend en suivant un de ses biographes, Jean Colerus (1647-1707), pasteur luthérien, qu’il serait tombé amoureux de la fille de son professeur, Clara Maria. Elle lui enseignait aussi le latin en l’absence de son père. Il voulait l’épouser. Elle épousera un autre élève de son maître qui se convertira au catholicisme pour elle. Miriam Spinoza, la plus jeune des sœurs de Spinoza, née du troisième mariage de son père, meurt.
En octobre 1653, la troisième femme de son père meurt.
En mars 1654, son père meurt. Spinoza dirige la maison de commerce avec son frère. Ils vendent de l’huile et des fruits secs venant d’Espagne ou des Canaries. La situation de l’entreprise est difficile (cf. Méchoulan 1991, p.76).
Vers 1655, il fréquente des réunions de Juifs libéraux appelées tertulias, c’est-à-dire réunions d’amis. Il fait la connaissance du cryptojuif ou marrane Juan de Prado (ou Daniel selon le prénom juif qu’il s’est donné) qui venait d’Espagne. Celui-ci professait des thèses opposées à la religion juive (comme au christianisme d’ailleurs) : la négation du caractère divin de l’Écriture, la négation de la Providence divine, la négation de l’immortalité de l’âme et en conséquence la négation des châtiments et des récompenses après la mort. Les dirigeants de la communauté juive lui demandent de faire amende honorable. Il le fait sans aucune sincérité selon certains (par exemple Méchoulan 1991, p.139). Le jeune Spinoza est soupçonné d’avoir également des pensées peu orthodoxes. Il fait un don de six florins inscrit dans le livre des offrandes, preuve qu’il s’acquitte de ses obligations.
En 1656, un juif fanatique tente de l’assassiner. Il aurait gardé le manteau avec la trace du couteau toute sa vie. Le 27 juillet, après ou avant cette tentative, Spinoza est excommunié. Un herem accompagné d’une malédiction est prononcée contre lui en portugais (cf. Méchoulan 1991, p.29, p.54-55). Il y est accusé d’« horribles hérésies » et d’ « actes monstrueux » (cf. Méchoulan 1991, p.140). C’est une des deux condamnations à vie connues (Méchoulan 1991, p.54). Sa violence est exceptionnelle (Méchoulan 1991, p.140 et sq.). Il aurait rédigé une Apologie pour justifier sa sortir de la Synagogue en espagnol qu’on n’a pas retrouvée (cf. Révah 1958, p.174). Il apprend la taille des verres optiques. Il gagne un procès contre son frère dans la succession puis lui laissera tout. À la demande des autorités juives, le magistrat d’Amsterdam lui intime l’ordre de quitter Amsterdam. Il s’installe à Ouwerkerk au sud d’Amsterdam.
Après son excommunication, Spinoza étudie peut-être à l’université de Leyde en auditeur libre durant plusieurs années (cf. Révah 1995, p.202).
Les 13 et 27 janvier 1657, Van den Enden fait représenter son Philedonius ou le cœur voluptueux au théâtre d’Amsterdam (le texte en a été récemment retrouvé). Entre temps, le 16 janvier, il donne une représentation publique de La Jeune Fille d’Andros du dramaturge latin Térence (190-159 av. J.-C.). Pendant ce temps-là, le 14 février 1657, c’est au tour de Juan de Prado de subir un herem qui n’interdit pas en ce qui le concerne un retour dans la communauté à la différence de Spinoza. Tout laisse à penser qu’il n’a pas rompu radicalement comme Spinoza avec sa communauté d’origine. La même année Rembrandt aurait peint Spinoza sans le désigner notamment dans son David jouant de la harpe devant Saül. Jan Rieuwertsz (1617-1685) publie la traduction en néerlandais des œuvres de Descartes par Jan Hendrijk Glazemaker (1620-1682), futur traducteur des œuvres de Spinoza. Les 21 et 22 mai, Van den Enden donne avec ses élèves une représentation de L’Eunuque de Térence et une farce en grec. Spinoza y participe.
En janvier 1659, Spinoza et Juan de Prado auraient fait une déclaration d’athéisme – au sens religieux – à deux espagnols, un religieux augustin, Fr. Thomas Solano y Robles et le capitaine Miguel Perez de Maltranilla selon le témoignage de ses derniers (cf. Revah 1995, p.32-33). Ses amis, Louis Meyer (1629-1681) et Johannes Koerbagh (1634-1672) soutiennent leur thèse de médecine à l’Université de Leyde. Spinoza la fréquente peut-être. C’est à cette époque qu’un fanatique juif aurait tenté de poignarder Spinoza (cf. Révah I.-S. « Spinoza et les hérétiques de la communauté judéo-portugaise d’Amsterdam » in Revue de l’histoire des religions, tome 154 n°2, 1958, p.199).
En 1660 ou l’année précédente, il s’installe dans le village de Rinjsburg près de Leyde. Il se retrouve dans un cercle d’études avec des Collégiants, c’est-à-dire des membres de différentes confessions qui prônent un culte intérieur sans dogme et font une place assez large à la raison. Le marchand d’épices Jarig Jelles (~1620-1683), le riche négociant Simon Joosten de Vries (1633/1634-1667), le marchand mennonite Peter Balling ( ?-1664), les médecins Louis Meyer (1629-1681) et Jean Bouwmeester (1630-1680) et le libéral libraire éditeur Jan Rieuwertz (1617-1685) nous sont connus par sa correspondance (cf. Meinsma 1896, p.116-118). Spinoza vit de la taille des verres optiques pour laquelle il est célèbre dans toute l’Europe. Il dessine. Il se serait représenté dans le costume du révolutionnaire napolitain Masaniello (1620-1647). Il expose à ses amis ce qui deviendra le Court traité.
En 1661, Spinoza commence un Traité de la réforme de l’entendement, et de la voie par où le diriger au mieux dans la connaissance des choses (Tractatus de intellectus Emendatione et de via, qua optime in veram rerum cognitionem dirigitur) qui demeurera inachevé et paraîtra après sa mort. En juillet, Henry Oldenburg (1619-1677) lui rend visite à Rijnsburg près de Leyde. On peut penser que c’est Pierre Serrurier ou Petrus Serrarius (1600-1660), un millénariste, qui a permis le contact entre les deux hommes (Meinsma 1896, note 1 p.195). Il écrit à Spinoza en août (Lettre 1, datée du 26 août 1661) en lui rappelant les thèmes de leur conversation. Il l’interroge sur la métaphysique et sur Descartes et Bacon. Il lui signale l’œuvre de Robert Boyle. Spinoza répond à Oldenburg peut-être en septembre (Lettre 2 [septembre 1661]. Il définit Dieu comme substance unique et propose une esquisse de la méthode géométrique de la future Éthique (qui est perdue). Il critique Descartes et Bacon essentiellement sur la notion de volonté libre. À l’automne, il séjourne à Amsterdam. Il rassemble pour ses amis ses idées dans le Court traité. Il fait commerce de la taille des lentilles.
Au début de 1662, le Court Traité est achevé. Il n’est pas publié mais des copies circulent. L’ami de Spinoza, Pieter Balling ( ?-1669), publie La Lumière sur le candélabre. Spinoza commence à rédiger sa philosophie.
En 1663, Henry Oldenburg (1618-1677) devient premier secrétaire de la Royal Society, c’est-à-dire l’Académie royale des sciences du Royaume Uni. Commence une épidémie qui fera 10 000 morts en deux ans. En avril, Spinoza quitte Rijnsburg pour Voorburg qui est près de La Haye, siège du gouvernement. Il habite chez un peintre, Daniel Tydeman. Vivent près de lui l’écrivain Constantin Huygens (1596-1687) et son fils, le physicien, mathématicien, astronome et membre de l’Académie de sciences de Paris, Christian Huygens (1629-1695), un de ses clients pour les lentilles. Il lui reprochait de toujours travailler à la main alors que lui-même avait mis au point un tour pour polir les lentilles. Il écrit :
« Je me souviens toujours des petites lentilles que le juif de Voorburg avait dans ses microscopes, qui étaient étonnamment bien polies, mais pas sur toutes leurs surfaces. » cité par Scala 2009, p.49.
Il fréquente aussi des néo-épicuriens, déistes et libertins : le savant hollandais Isaac Vossius (1618-1689), le libre-penseur français Charles de Saint-Evremond (1614-1703) et le diplomate anglais Sir William Temple (1628-1699). En effet, tous trois étaient à La Haye. Ils font partie des penseurs opposés au christianisme (cf. Jonathan Israël, « La querelle sur Confucius dans les Lumières européennes (1670-1730). On trouve aussi près de lui le calviniste Gabriel de Saint-Glain ou Saint-Glen (~1620-1684), futur traducteur (1678) en français du Traité théologico-politique (sans nom d’auteur et sous les trois titres suivants : La Clé du sanctuaire, Traité des cérémonies superstitieuses des Juifs et Réflexions curieuses d’un esprit désintéressé) pour lequel il fut aidé du philosophe lui-même. À l’automne, il publie RENATI DES CARTES Principiorum Philosophiæ Pars I & II, more geometrico demonstratae Accesserunt ejusdem COGITATA METAPHYSICA, In quibus difficiliores, quaetam in partes Metaphysices generali, quam speciali occurunt, quaestiones breviter explicantur (Parties I & 2 des Principes de la Philosophie de René Descartes, démontrées à la manière géométrique auxquelles sont ajoutées des Pensées métaphysiques dans lesquelles les questions les plus difficiles qui se rencontrent tant dans la partie générale que dans la partie spéciale de la métaphysique sont brièvement expliquées) grâce au financement de Jarig Jelles. Le livre est destiné à un disciple, Johannes Cæesarius. L’analyse de l’ouvrage de Descartes n’est rien d’autre que le cours de philosophie que Spinoza lui a donné, cours qui ne reflète en rien sa propre philosophie comme il l’explique dans une lettre à Simon de Vries (lettre 9, Spinoza, Correspondance, p.84) car il se méfie du jeune homme. Ce sera le seul livre publié par Spinoza sous son nom. La préface de Louis Meyer permet de savoir que l’exposé de Spinoza se veut fidèle mais n’est pas celui d’un disciple. Il rencontre Jean de Witt (1625-1672), le Grand Pensionnaire des Provinces-Unies depuis 1653, homme fort de la République avec son frère, Cornelis de Witt (1623-1672). Plus précisément, le titre de grand pensionnaire était décerné au pensionnaire de la province de Hollande qui avait la prééminence sur les six autres provinces : la province de Zélande, la province d’Overijssel, la province de Frise, Groningue, la province de Gueldre, la province d’Utrecht, ancienne seigneurie. Spinoza recevra de Jean de Witt une pension. Au printemps, Spinoza séjourne à Amsterdam.
En 1664, son ami Pieter Balling perd son fils, mort de la peste et meurt lui-même de la même maladie. Spinoza se met à l’abri de l’épidémie chez Simon Joosten De Vries dans son domaine agricole près du village de Schiedam à partir de décembre. La traduction en néerlandais des Principia paraît dans une traduction de Pieter Balling. Elle est financée par Jarig Jelles.
En février 1665, Spinoza quitte son refuge contre la peste. Le 21 janvier, un jour de jeûne et de prière est décidé par les autorités pour conjurer la pestilence et la colère de Dieu pendant l’épidémie qui sévit encore. De fin mars à avril, Spinoza séjourne à Amsterdam. Il a commencé à travailler à son Traité théologico-politique (TTP) comme le montre une lettre qu’il reçoit d’Oldenburg (Lettre 29 ; cf. Laux Henri, « Le Traité théologico-politique dans la correspondance de Spinoza », Revue de métaphysique et de morale, 2004/1 n° 41) Il y répond en indiquant clairement qu’il travaille au TTP (cf. Lettre 30 à Oldenburg daté du 7 octobre, cf. Spinoza, Correspondance, p.202-203). Oldenburg lui demande dans sa lettre datée du 5 décembre (lettre 33) ce qu’il pense du bruit selon lequel les Juifs vont bientôt retrouver la Terre promise, signe de l’arrivée du Messie en qui la croyance messianiste était forte à ce moment, ce qui n’émeut pas Spinoza (cf. Méchoulan 1991, p.123). En juin, Spinoza donne à Bouwmeester la troisième partie de la Philosophie. La population de Voorburg se querelle pour remplacer le pasteur du village. Spinoza est dénoncé parce qu’il est né de parents juifs et qu’il serait athée par les calvinistes orthodoxes. À l’automne, il délaisse la rédaction de la Philosophie pour celle du Traité théologico-politique.
Le 31 juillet 1667 le traité de Breda met fin à la deuxième guerre anglo-néerlandaise. Le 26 septembre, Simon de Vries meurt. Sa sœur assure une rente à Spinoza de 500 florins. Il la fait réduire à 300 florins (le salaire annuel d’un ouvrier spécialisé est d’environ 150 florins à cette époque).
En 1668, Spinoza est avancé dans la rédaction de son Traité théologico-politique. Johannes Koerbagh, puis son frère, Adriaan Koerbagh (1632-1669) sont emprisonnés. Ils sont interrogés sur leur lien avec Abraham Theodori Van Berckel (1639-1686), traducteur en 1667 en néerlandais du Léviathan de Hobbes, Van den Enden, le socinien Jan Knol ( ?-1672) et … Spinoza. Le premier Koerbagh est libéré. Le second est accusé à cause de son ouvrage La lumière dans les ténèbres (édité au XX° siècle après avoir été trouvé dans les archives judiciaires) qui critique la religion chrétienne. Interrogé, il est sommé de dénoncer Spinoza comme son inspirateur, ce qu’il refuse de faire. Il est condamné pour blasphème à dix ans de prison le 27 juillet.
Le 15 octobre 1669, Adriaan Koerbagh meurt en prison. À la fin de l’année (ou au début de la suivante) Saint-Evremond rend visite à Spinoza. Spinoza a peut-être déjà quitté Voorburg pour La Haye où il s’installe chez Johanna van Dobben, la veuve de l’avocat Willem Van der Werve.
Vraisemblablement en avril 1670, Spinoza publie sans nom d’auteur, en latin avec la fausse mention d’une édition à Hambourg alors qu’il est édité à Amsterdam son Traité théologico-politique contenant quelques dissertations quelques dissertation où il est montré que la liberté de philosopher peut être accordée non seulement pour la piété, et pour la paix de la république : mais qu’elle ne peut être supprimée sans qu’en même temps soient supprimées la paix de la république et la piété elle-même (Tractatus Theologico-politicus continens Dissertationes aliquot, quibus ostenditur libertatem philosophandi non tantum salva pietate, & reipublicae pace posse concedi : sed eandem nisi cum pace republicae, ipsaque pietate tolli non posse). Peut-être que Jarig Jelles a aidé à la publication. L’ouvrage propose notamment une critique historique et philologique de la Bible, essentiellement de l’Ancien Testament, qui fait scandale jusqu’à nos jours. On l’a ainsi accusé d’être antisémite. Du côté politique, il montre que la démocratie est le régime le plus naturel, ce qui, dans une Europe où dominent les monarchies de droit divin apparaît comme subversif. De nos jours, il suffit de faire de lui un précurseur du totalitarisme pour le dénoncer. Il est reconnu rapidement comme en étant l’auteur. On dénonce « le Juif athée de Voorburg ». Le professeur de Leibniz (1646-1716), Jacob Thomasius (1622-1684) en rédige une réfutation (cf. Lærke Mogens, « “À la recherche d’un homme égal à Spinoza.” G. W. Leibniz et la Demonstratio evangelica de Pierre-Daniel Huet ») dès le 8 mai. Leibniz quant à lui qui le lit à ce moment-là qualifie le traité de « livre horrible » dans une lettre à Albert Von Holten (cf. Lærke Mogens, « Leibniz, la censure et la libre pensée », Archives de Philosophie, 2007/2 Tome 70). Ironiquement, la même année paraît la première édition posthume des Pensées de Pascal (1623-1662) qui défend la « vérité » du christianisme dans son interprétation janséniste. Elle n’aura guère de succès auprès des catholiques proche de la papauté, des différents protestants, etc. Spinoza quitte Voorburg pour La Haye où il loge chez le peintre Hendrick Van der Spyck ( ?-1716), membre du consistoire luthérien de La Haye. C’est dans cette congrégation que sera prédicateur le biographe de Spinoza, Johannes Colerus.
Le 24 janvier 1671, dans une lettre à Jacob Osten (Lettre 42) que celui-ci transmet à Spinoza, le théologien protestant Lambert Van Velthuysen (1622-1685) expose le contenu du TTP. Il en conclut que Spinoza enseigne l’athéisme, c’est-à-dire ne croit pas à la religion chrétienne. Il l’accuse de duplicité dans sa façon de démontrer. Spinoza répond en réfutant l’accusation d’athéisme. Il use d’un argument assez étrange. En effet, il écrit :
« Les athées, en effet, ont l’habitude de rechercher les honneurs et les richesses, choses que j’ai toujours méprisées ; tous ceux qui me connaissent le savent bien. » Spinoza, Lettre 43 à Jacob Osten de janvier ou février 1671.
Il considère que son texte ne montre aucune duplicité. Le 17 février 1671, Spinoza, peut-être sur la demande de Jean de Witt, fait arrêter la traduction du Traité théologico-politique en néerlandais (cf. Lettre 44 de Spinoza à Jelles). En novembre, Spinoza propose à Leibniz de lui envoyer le TTP (lettre 46 de Spinoza à Leibniz). Ce dernier se gardera de lui dire vraiment ce qu’il en pense, c’est-à-dire le plus grand mal du point de vue religieux qui est le sien.
En 1672, c’est la guerre entre la France de Louis XIV (1638-1643-1715) et l’Angleterre. La France envahit les Provinces-Unies. Jean de Witt démissionne. Guillaume III d’Orange (1650-1702), futur roi d’Angleterre, prend le pouvoir devenant capitaine général et Stathouder, titre qu’il rétablit. Le 20 août les frères de Witt, Jean et Cornelis, sont assassinés par la foule. Spinoza veut placarder une affiche manuscrite « Ultimi barbarorum ». Van der Spyck l’empêche d’affronter la colère populaire. L’anecdote a été rapportée par Leibniz qui la tenait de Spinoza (cf. Meinsma 1896, p.340).
En 1673, il rejette une offre d’enseigner à l’Académie d’Heidelberg (cf. Lucas, Vie de Spinoza ; cf. Lettre 48 du 30 mars 1673 à Fabritius) que lui avait faite par l’intermédiaire de son conseiller, le docteur en théologie Fabritius, l’Électeur palatin Charles 1er Louis (1617-1680) qui avait la réputation d’être un athée et un libertin. Il rencontre peut-être à Utrecht le prince de Condé (1621-1686) (cf. Lucas, Vie de Spinoza).
En 1674 il se rend à Amsterdam pour y faire publier l’Éthique. Mais les attaques des théologiens et des cartésiens l’en dissuadent (cf. Lettre 68 à Henry Oldenburg). Rentré à La Haye, il commence le Traité politique qu’il n’achèvera pas. Les autorités des Provinces-Unis condamnent officiellement le Traité théologico-politique qui est interdit (cf. Laux Henri, « Le Traité théologico-politique dans la correspondance de Spinoza », Revue de métaphysique et de morale, 2004/1 n° 41, p.45). Sa vente est interdite (cf. Scala 2009, p.91).
Le 21 juin 1675, le consistoire d’Amsterdam demande une enquête sur le bruit qui court, Spinoza va publier un livre. En juillet ou début août il séjourne à Amsterdam. Il vient d’achever l’Éthique démontrée selon l’ordre géométrique et divisée en cinq parties dans lesquelles il s’agit I De Dieu II De la nature et de l’origine de l’esprit III De l’origine et de la nature de l’esprit IV De la servitude humaine ou de la force des affects V De la puissance de l’intellect ou de la liberté humaine (Ethica ordine geometrico demonstrata et in quinque partes distincta in quibus agitur I De Deo II De natura & origine mentis III De origine & natura affectuum IV De servitute humana seu de Affectuum viribus V De potentia intellectus seu de Libertate humana. C’est son grand ouvrage qui expose sa philosophie comme le montre la lettre d’Oldenburg datée du 22 juillet (lettre 61) qui mentionne une lettre de Spinoza datée du 5 juillet qui se réfère à un Traité en cinq parties. Alors qu’il était venu pour trouver un éditeur, il décide de ne pas publier sa grande œuvre comme le montre une lettre à Oldenburg (lettre 68) qui répond à une lettre du précédent adressée à Spinoza daté du 22 juillet (lettre 62). Il commence à ce moment là le Traité politique qui restera inachevé. Sa “dernière” lettre adressée « à un ami au sujet du traité politique » (lettre 84) (OC IV, p.354-355) montre qu’il a rédigé six chapitres sur les onze que nous possédons, le onzième sur la démocratie ou l’État absolu étant inachevé.
En novembre 1676 Leibniz lui rend visite par l’intermédiaire des correspondants allemands de Spinoza, Ehrenfried Walther von Tschirnhaus (1651-1708) et Georg Hermann Schuller (1651-1679). Il le niera ensuite, tant la réputation de Spinoza, athée, immoraliste, est sulfureuse. Le synode de La Haye commande la recherche de l’auteur du Traité théologico-politique. Spinoza est malade. Il interrompt une traduction néerlandaise du Pentateuque (c’est-à-dire des cinq premiers livres de l’Ancien Testament qui forme la Torah pour le judaïsme, à savoir La Genèse, L’exode, Le Lévitique, Le Deutéronome et Les Nombres), une Grammaire hébraïque et un Traité de l’arc-en-ciel.
Spinoza meurt seul dans l’après-midi d’un dimanche le 21 février 1677 dans la maison de Van Der Spyck. Il aurait demandé ce jour-là que son Éthique paraisse sans son nom (cf. Scala 2009, p.92). Un de ses amis, le médecin Louis Meyer arrive et repart immédiatement avec tous les manuscrits pour Amsterdam.
En novembre, sont publiées grâce à un don anonyme les Œuvres posthumes, à savoir l’Éthique, le Traité politique (inachevé), le Traité de la réforme de l’entendement (inachevé), les Lettres et réponses (incomplètes), l’Abrégé de grammaire hébraïque (inachevé).
Un prêtre néerlandais déclarera : « Ci-git Spinoza ; crachez sur sa tombe ! » tant la haine du philosophe fut profonde.

Bibliographie.
Œuvres de Spinoza.
Spinoza, Œuvres, traduction Charles Appuhn (1862-1842), réédité GF Flammarion, 1965.
Volume 1 : Court traité, Traité de la réforme de l’entendement, Principes de la philosophie de Descartes, Pensées métaphysiques. Volume 2 : Traité théologico-politique. Volume 3 : Éthique. Volume 4 : Traité politique, Correspondance.
Spinoza, Œuvres, Gallimard « La Pléiade », 1954.
Spinoza, Œuvres V, Tractatus politicus. Traité politique, texte établi par Omero Proietti, traduction, introduction, notes, glossaires, index et bibliographie par Charles Ramond avec une notice de Pierre-François Moreau et des notes d’Alexandre Matheron, P.U.F. « Épiméthée », mai 2005.
Spinoza, Correspondance, présentation et traduction par Maxime Rovere, GF Flammarion, 2010.

Sur Spinoza.
Biographies contemporaines.
  • Vie de B. de Spinoza, tirée des écrits de ce fameux philosophe et du témoignage de plusieurs personnes dignes de foi, qui l’ont connu particulièrement, par Jean Colerus, ministre de l’Église luthérienne de La Haye parût dans la même ville en 1706 et en français peu après son édition hollandaise.
  • Vie de Spinoza, attribuée au médecin Jean-Maximilien Lucas (1646-1697), un disciple de Spinoza.

Études.
Balibar 1985 : Étienne Balibar, Spinoza et la politique, P.U.F. « Philosophies », 1985.
Brunschvicg 1924 : Léon Brunschvicg (1869-1944), Spinoza et ses contemporains, P.U.F., 1971.
Delbos 1916 : Victor Delbos (1862-1916), Le spinozisme, Vrin.
Deleuze 1968 : Gilles Deleuze (1925-1995), Spinoza et le problème de l’expression, Minuit, 1968.
Deleuze 1981 : Gilles Deleuze, Spinoza philosophie pratique, Minuit, 1981.
Meinsma 1896 : Koenraad Oege Meinsma (1865-1929), Spinoza et son cercle : étude critique historique sur les hétérodoxes hollandais (1896), Vrin, 1983, 2006.
Millet 1986 : Louis Millet, Pour connaître Spinoza, Bordas, 2ème édition, 1986.
Misrahi 1972 : Robert Misrahi, Spinoza, Seghers, 3ème édition 1972.
Misrahi 2005 : Robert Misrahi, Spinoza, Éditions Médicis-Entrelacs, 2005.
Moreau 1977 : Joseph Moreau, Spinoza et le spinozisme, P.U.F. « Que sais-je ? », 2ème édition, 1977.
Révah 1995 : Israël Salvatore Révah (1917-1973), Des marranes à Spinoza – Textes réunis par Henry Méchoulan, Pierre-François Moreau et Carsten Lorenz Wilke, Vrin, 1995.
Rizk 2012 : Hadi Rizk, Spinoza. L’expérience et l’infini, Armand Colin, 2012.
Scala 2009 : André Scala, Spinoza, Perrin, Tempus, 2009, réédition de Spinoza, Les Belles Lettres, « Figures du savoir », 1998.
Zac 1972 : Sylvain Zac, La morale de Spinoza, P.U.F., 1972.

Articles.
Bouveresse Renée, « Une lettre de Spinoza » in Revue Philosophique de Louvain, quatrième série, Tome 76, n°32, 1978. p.427-446.
Israël Jonathan, « La querelle sur Confucius dans les Lumières européennes (1670-1730) » traduit de l’anglais par Frank Lemonde, in Rue Descartes, 2014/2 n° 81, p. 64-83.
Laux Henri, « Le Traité théologico-politique dans la correspondance de Spinoza », Revue de métaphysique et de morale, 2004/1 n° 41, p. 41-57.
Lærke Mogens, « “À la recherche d’un homme égal à Spinoza.” G. W. Leibniz et la Demonstratio evangelica de Pierre-Daniel Huet », Dix-septième siècle, 2006/3 n° 232, p.387-410.
Lærke Mogens, « Leibniz, la censure et la libre pensée », Archives de Philosophie, 2007/2 Tome 70, p. 273-287.
Révah I.-S. « Spinoza et les hérétiques de la communauté judéo-portugaise d’Amsterdam » in Revue de l’histoire des religions, tome 154 n°2, 1958.

Ouvrage généraux.
Amsterdam XVII°. Marchands et philosophes : les bénéfices de la tolérance, sous la direction d’Henry Méchoulan, Autrement, 1993.
Méchoulan 1991 : Henry Méchoulan, Être juif à Amsterdam au temps de Spinoza, Albin Michel, 1991.



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