vendredi 8 mai 2015

Fiche 20 A : L’État (L, ES).

Nicolas Poussin (1594-1665), L’enlèvement des Sabines (1634-1635), 154 × 206 cm, Metropolitan Museum of Art

Analyse.

L’État désigne, à la différence de la société, l’institution qui monopolise le pouvoir. C’est pourquoi toutes les sociétés ne connaissent pas le phénomène de l’État. Pour qu’il y ait État, il faut que certains membres de la société aient pour tâche essentielle de gouverner au sens large du terme.
Quelle est alors l’origine de l’État ?
On peut penser une origine théorique de l’État. On le fait surgir d’une sorte de contrat, au moins implicite, par lequel les individus se dessaisissent d’une partie voire de la totalité de leur droit naturel de se gouverner au profit de celui (monarchie) ou de ceux (aristocratie ou oligarchie, démocratie) qui assurent l’ordre, voire la justice. Sa légitimité se pense alors à partir des droits naturels des individus et sa sphère d’intervention dépend de leur nature ou de leur étendue (droits-liberté : vie, ou vie, liberté et poursuite du bonheur, ou égalité, liberté, résistance à l’oppression et propriété ; droits-créance : droit au travail, droit à l’éducation, etc.).
On peut assigner à l’État une origine historique. Il apparaît alors comme le fruit de la conquête par une société guerrière d’autres sociétés plus pacifiques. La violence qui le caractérise se manifeste alors dans l’exercice du pouvoir. Il est dès lors l’enjeu de luttes entre des groupes sociaux, y compris de luttes « idéologiques » pour déterminer sa légitimité. Sa vérité paraît celle du pur exercice du pouvoir en quoi se réalise la politique dans sa réalité.
On peut enfin lui assigner une origine fonctionnelle. Tant que la société demeure primitive, la tradition, les coutumes suffisent à assurer l’ordre. À partir du moment où des classes apparaissent, opposées sur le plan économique avec une classe dominante, l’État apparaît comme le moyen pour cette dernière de maintenir sa domination.

Problèmes.

1. L’État est-il une institution nécessaire pour que la politique comme institution d’un débat public sur les affaires communes soit possible ou bien est-il nécessairement un instrument de domination qui se masque dans une apparente légitimité, y compris dans les démocraties ?
2. L’individu doit-il obéir au seul État légitime ou bien l’État en lui-même est-il toujours légitime dans la mesure où il contraint l’individu de ne pas se laisser gouverner par ses seuls désirs ou bien est-il toujours illégitime parce qu’il exige la soumission à des commandements extérieurs à l’individu ?



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