Nicolas
Poussin (1594-1665), L’enlèvement des
Sabines (1634-1635), 154 × 206 cm, Metropolitan Museum of Art
Analyse.
L’État désigne, à la différence de la
société, l’institution qui monopolise le pouvoir. C’est pourquoi toutes les
sociétés ne connaissent pas le phénomène de l’État. Pour qu’il y ait État, il
faut que certains membres de la société aient pour tâche essentielle de
gouverner au sens large du terme.
Quelle est alors l’origine de
l’État ?
On peut penser une origine théorique de
l’État. On le fait surgir d’une sorte de contrat, au moins implicite, par
lequel les individus se dessaisissent d’une partie voire de la totalité de leur
droit naturel de se gouverner au profit de celui (monarchie) ou de ceux
(aristocratie ou oligarchie, démocratie) qui assurent l’ordre, voire la
justice. Sa légitimité se pense alors à partir des droits naturels des
individus et sa sphère d’intervention dépend de leur nature ou de leur étendue
(droits-liberté : vie, ou vie, liberté et poursuite du bonheur, ou
égalité, liberté, résistance à l’oppression et propriété ; droits-créance :
droit au travail, droit à l’éducation, etc.).
On peut assigner à l’État une origine
historique. Il apparaît alors comme le fruit de la conquête par une société
guerrière d’autres sociétés plus pacifiques. La violence qui le caractérise se
manifeste alors dans l’exercice du pouvoir. Il est dès lors l’enjeu de luttes
entre des groupes sociaux, y compris de luttes « idéologiques » pour
déterminer sa légitimité. Sa vérité paraît celle du pur exercice du pouvoir en
quoi se réalise la politique dans sa
réalité.
On peut enfin lui assigner une origine
fonctionnelle. Tant que la société demeure primitive, la tradition, les
coutumes suffisent à assurer l’ordre. À partir du moment où des classes
apparaissent, opposées sur le plan économique avec une classe dominante, l’État
apparaît comme le moyen pour cette dernière de maintenir sa domination.
Problèmes.
1. L’État est-il une institution
nécessaire pour que la politique comme institution d’un débat public sur les
affaires communes soit possible ou bien est-il nécessairement un instrument de
domination qui se masque dans une apparente légitimité, y compris dans les
démocraties ?
2. L’individu doit-il obéir au seul État
légitime ou bien l’État en lui-même est-il toujours légitime dans la mesure où
il contraint l’individu de ne pas se laisser gouverner par ses seuls désirs ou
bien est-il toujours illégitime parce qu’il exige la soumission à des
commandements extérieurs à l’individu ?
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