Juan Gris (1887-1927), Nature morte à la nappe à carreaux (Still Life
with Checkered Tablecloth) (1915), huile sur toile, 116,5 x 89,3 cm,
Metropolitan Museum of Art, New York.
Analyse.
Le langage passe pour un moyen de
communication. On peut entendre par là qu’il permet de partager des idées,
sentiments, etc. conformément à l’étymologie du mot communication ou alors
qu’il permet de produire un effet, notamment de persuasion. Dans tous les cas,
il serait un simple moyen pour la pensée qui pourrait s’en emparer ou s’en
passer. Son utilité résiderait dans la transmission de la culture entendue au sens anthropologique de l’ensemble des
conduites ou des pensées acquises.
Reste qu’à la différence de la
communication animale, le langage humain présente certaines caractéristiques.
D’une part, les sons articulés ont une signification et leur combinaison en
produit une autre. On parle de double articulation. D’autre part, dans l’usage
même le plus quotidien du langage humain, il y a réponse, voire réponse de
réponse et ainsi de suite. Ensuite, l’individu parle en se référant à une
situation et non parce qu’il est déterminé à s’exprimer. Enfin, il est capable
d’inventer ne serait-ce que par combinaison des significations dont il dispose.
Or, le langage à l’analyse se révèle plutôt
la condition de la communication puisqu’il faut posséder une langue pour
pouvoir communiquer des idées, qu’autrui les comprenne et y réponde. Et le
langage se présente sous la forme d’une diversité de langues qui peut paraître
irréductible.
En outre, le langage sert tout autant à
s’exprimer, c’est-à-dire à extérioriser ses pensées et à leur donner ainsi la
forme objective qui permet de les appréhender comme telles. Le soliloque,
c’est-à-dire l’acte de se parler à soi-même, apparaît alors comme une nécessité
pour que soit possible la conscience de ses propres pensées. En ce sens, la
conscience de soi aurait, dans le langage, une de ses conditions de
possibilité.
Problèmes.
Le langage constitue-t-il un cadre qui
s’impose à l’individu de sorte que sa pensée et donc sa relation au monde en
serait déterminé ou bien une pensée différente du langage est-elle possible et
si oui comment la mettre en évidence ?
La diversité des langues ne conduit-elle
pas à une diversité irréductible d’humanités distinctes par leurs cultures, au
sens anthropologique de représentations du monde et de valeurs propres à un
groupe humain particulier ? Ou bien, malgré cette diversité une humanité
est-elle possible, c’est-à-dire, est-il possible à partir d’une langue, sans
passer par la tentative d’une langue universelle, de viser l’universel et
comment, c’est-à-dire d’accéder à la culture
au sens cicéronien du soin de son esprit ?
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