Jacques-Louis
David (1748-1825), Les Sabines (1799),
huile sur toile, 385 × 522 cm, Musée du Louvre, Paris.
Analyse.
La société, mot provenant du
latin « societas » qui veut
dire union, association, alliance, désigne tout groupe humain où les individus
entretiennent des relations suivies qui leur permettent de réaliser une ou
plusieurs fins communes. On peut penser à une famille, une tribu, une
entreprise, une nation, etc.
L’État quant à lui peut être
compris comme l’instance dans la société qui monopolise le pouvoir de
coercition en temps de paix comme en temps de guerre. Lorsque des individus ne se
consacrent qu’aux tâches de gouvernement au sens large, on peut alors y voir un
critère empirique d’apparition de l’État. C’est pourquoi nombre de sociétés
qu’on nomme primitives sont des sociétés sans État dans la mesure où nul n’a de
pouvoir de coercition sur les autres en temps de paix. En temps de guerre, le
chef a tout pouvoir mais il n’a pas celui de décider de la guerre.
Comment
concevoir la relation entre la société et l’État ?
Si
on part des individus et qu’on pense la société comme leur œuvre, le lien
social est le moyen pour chacun de réaliser ses propres fins. La coopération,
l’échange des idées, etc. profitent à chacun qui reste néanmoins indépendant.
On parle d’un modèle individualiste de la société. L’État apparaît alors comme
le moyen pour la société de mieux se maintenir, et pour les individus de
parvenir à leur fin. Il faut pour cela que l’État se contente de faire
respecter les droits des individus. On peut parler d’État de droit ou d’État
gendarme. Le risque est que l’État outrepasse son domaine, veuille tout gérer,
voire se voit approprier par certains. On parle de tyrannie ou de despotisme
dans ce dernier cas, de totalitarisme dans le premier.
Si
on part de la société, les individus apparaissent comme ses membres et elle est
une réalité sui generis, c’est-à-dire
qu’elle existe par elle-même. C’est la société qui règle la coopération,
l’échange des idées, etc. L’individu lui doit ce qu’il est, sa réalité, même
s’il se pense séparé d’elle. On parle d’un modèle holiste de la société. Dès
lors, l’État, loin d’être un simple moyen pour les individus est tout au
contraire ce qui leur permet de viser le tout : il rend possible la
liberté entendue au sens politique. Mais il peut tout autant dévier de sa fin
et être l’instrument de la domination de certains sur la société (despotisme,
tyrannie) ou tenter d’absorber la société (totalitarisme).
On
peut concevoir un troisième modèle, inter-individualiste, selon lequel la
société réside dans les relations réciproques entre les individus qui les
constituent en même temps qu’elles la forment. Le rôle de d’État par rapport à
la société est de la maintenir et de la reconduire à partir du moment où les
relations entre les classes s’opposent les unes les autres. Il apparaît comme
un instrument de domination. On peut le concevoir tout au contraire comme la
condition d’émergence de fins communes et comme l’institution de la politique.
Problèmes.
1.
L’État de droit permet-il à la société et donc aux individus de voir préserver
leur droit ou bien est-il une façon pour les classes dominantes d’assurer leur
pouvoir sur les classes dominées ?
2.
L’État permet-il la réalisation de la politique,
c’est-à-dire de l’institution d’un espace publique de discussion ou bien l’État
n’a-t-il comme rôle que la continuation de la politique comme exercice du pouvoir sur une multitude humaine
dénuée de toute liberté ?
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