vendredi 8 mai 2015

Fiche 20 B : La société et l’État (S).

Jacques-Louis David (1748-1825), Les Sabines (1799), huile sur toile, 385 × 522 cm, Musée du Louvre, Paris.

Analyse.

La société, mot provenant du latin « societas » qui veut dire union, association, alliance, désigne tout groupe humain où les individus entretiennent des relations suivies qui leur permettent de réaliser une ou plusieurs fins communes. On peut penser à une famille, une tribu, une entreprise, une nation, etc.
L’État quant à lui peut être compris comme l’instance dans la société qui monopolise le pouvoir de coercition en temps de paix comme en temps de guerre. Lorsque des individus ne se consacrent qu’aux tâches de gouvernement au sens large, on peut alors y voir un critère empirique d’apparition de l’État. C’est pourquoi nombre de sociétés qu’on nomme primitives sont des sociétés sans État dans la mesure où nul n’a de pouvoir de coercition sur les autres en temps de paix. En temps de guerre, le chef a tout pouvoir mais il n’a pas celui de décider de la guerre.
Comment concevoir la relation entre la société et l’État ?
Si on part des individus et qu’on pense la société comme leur œuvre, le lien social est le moyen pour chacun de réaliser ses propres fins. La coopération, l’échange des idées, etc. profitent à chacun qui reste néanmoins indépendant. On parle d’un modèle individualiste de la société. L’État apparaît alors comme le moyen pour la société de mieux se maintenir, et pour les individus de parvenir à leur fin. Il faut pour cela que l’État se contente de faire respecter les droits des individus. On peut parler d’État de droit ou d’État gendarme. Le risque est que l’État outrepasse son domaine, veuille tout gérer, voire se voit approprier par certains. On parle de tyrannie ou de despotisme dans ce dernier cas, de totalitarisme dans le premier.
Si on part de la société, les individus apparaissent comme ses membres et elle est une réalité sui generis, c’est-à-dire qu’elle existe par elle-même. C’est la société qui règle la coopération, l’échange des idées, etc. L’individu lui doit ce qu’il est, sa réalité, même s’il se pense séparé d’elle. On parle d’un modèle holiste de la société. Dès lors, l’État, loin d’être un simple moyen pour les individus est tout au contraire ce qui leur permet de viser le tout : il rend possible la liberté entendue au sens politique. Mais il peut tout autant dévier de sa fin et être l’instrument de la domination de certains sur la société (despotisme, tyrannie) ou tenter d’absorber la société (totalitarisme).
On peut concevoir un troisième modèle, inter-individualiste, selon lequel la société réside dans les relations réciproques entre les individus qui les constituent en même temps qu’elles la forment. Le rôle de d’État par rapport à la société est de la maintenir et de la reconduire à partir du moment où les relations entre les classes s’opposent les unes les autres. Il apparaît comme un instrument de domination. On peut le concevoir tout au contraire comme la condition d’émergence de fins communes et comme l’institution de la politique.

Problèmes.

1. L’État de droit permet-il à la société et donc aux individus de voir préserver leur droit ou bien est-il une façon pour les classes dominantes d’assurer leur pouvoir sur les classes dominées ?
2. L’État permet-il la réalisation de la politique, c’est-à-dire de l’institution d’un espace publique de discussion ou bien l’État n’a-t-il comme rôle que la continuation de la politique comme exercice du pouvoir sur une multitude humaine dénuée de toute liberté ?



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