Tiziano Vecellio dit Titien
(1488-1576), Amour sacré et amour profane
(1514), huile sur toile, 118 × 279 cm, Galleria Borghese, Rome.
Analyse.
Le désir
désigne une aspiration du sujet,
c’est-à-dire de l’être conscient des choses et de lui-même. On peut l’opposer à
la fois au besoin et à la volonté.
On désire
souvent ce dont on n’a pas besoin. Par exemple, on désire une nourriture riche
alors que notre santé nous prescrit de perdre du poids. Et surtout on continue
à désirer lorsque les besoins sont satisfaits. C’est ainsi qu’on continuera à
manger alors que l’appétit est depuis longtemps satisfait. Il en va de même des
besoins qui ne sont pas biologiques ou naturels, à supposer qu’on puisse
distinguer, autrement qu’abstraitement en l’homme, la nature de la culture. On a besoin de certains objets
techniques ou fabriqués pour vivre socialement. On désire ceux dont on n’a pas
besoin. On désire ceux qu’autrui désire. Le besoin apparaît limité. Le besoin
apparaît surtout comme le manque de ce qui est essentiel pour vivre, y compris
socialement. Le désir paraît sans limite et semble faire signe vers autre chose
que la vie biologique ou sociale.
Le désir se
distingue aussi de la volonté. On désire ce qu’on ne veut pas et on veut ce
qu’on ne désire pas. Ainsi Phèdre, le personnage éponyme de la pièce (1677) de
Racine (1639-1699), a en horreur son amour pour Hyppolyte, son beau-fils. Aussi
ne veut-elle pas ce qu’elle désire et veut ce qu’elle ne désire pas : être
fidèle à Thésée, son mari, l’aimer. C’est que le désir s’impose à nous alors
que la volonté paraît constitutive de notre liberté.
Problème.
D’un côté le
désir paraît une sorte spécifique de manque qui nous invite à rechercher un
objet aussi absolu qu’il est infini. Mais d’un autre, il paraît la source
d’illusions qui tiennent peut-être à ce que le manque n’est que le vide de
notre connaissance du désir dans sa nature propre.
Dès lors, le
désir manifeste-t-il en nous une aspiration tout autre que notre vie biologique
ou sociale ? Est-il la marque même du sujet qui n’est pas objet mais
conscience, c’est-à-dire manque d’être ? Ou bien au contraire, cette
aspiration, ce manque, ne sont-ils pas une illusion sur nos désirs, voire une
illusion sur la nature même de notre désir ?
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