lundi 4 mai 2015

Fiche 5 : le désir (L, ES, S).

Tiziano Vecellio dit Titien (1488-1576), Amour sacré et amour profane (1514), huile sur toile, 118 × 279 cm, Galleria Borghese, Rome.


Analyse.

Le désir désigne une aspiration du sujet, c’est-à-dire de l’être conscient des choses et de lui-même. On peut l’opposer à la fois au besoin et à la volonté.
On désire souvent ce dont on n’a pas besoin. Par exemple, on désire une nourriture riche alors que notre santé nous prescrit de perdre du poids. Et surtout on continue à désirer lorsque les besoins sont satisfaits. C’est ainsi qu’on continuera à manger alors que l’appétit est depuis longtemps satisfait. Il en va de même des besoins qui ne sont pas biologiques ou naturels, à supposer qu’on puisse distinguer, autrement qu’abstraitement en l’homme, la nature de la culture. On a besoin de certains objets techniques ou fabriqués pour vivre socialement. On désire ceux dont on n’a pas besoin. On désire ceux qu’autrui désire. Le besoin apparaît limité. Le besoin apparaît surtout comme le manque de ce qui est essentiel pour vivre, y compris socialement. Le désir paraît sans limite et semble faire signe vers autre chose que la vie biologique ou sociale.
Le désir se distingue aussi de la volonté. On désire ce qu’on ne veut pas et on veut ce qu’on ne désire pas. Ainsi Phèdre, le personnage éponyme de la pièce (1677) de Racine (1639-1699), a en horreur son amour pour Hyppolyte, son beau-fils. Aussi ne veut-elle pas ce qu’elle désire et veut ce qu’elle ne désire pas : être fidèle à Thésée, son mari, l’aimer. C’est que le désir s’impose à nous alors que la volonté paraît constitutive de notre liberté.

Problème.

D’un côté le désir paraît une sorte spécifique de manque qui nous invite à rechercher un objet aussi absolu qu’il est infini. Mais d’un autre, il paraît la source d’illusions qui tiennent peut-être à ce que le manque n’est que le vide de notre connaissance du désir dans sa nature propre.

Dès lors, le désir manifeste-t-il en nous une aspiration tout autre que notre vie biologique ou sociale ? Est-il la marque même du sujet qui n’est pas objet mais conscience, c’est-à-dire manque d’être ? Ou bien au contraire, cette aspiration, ce manque, ne sont-ils pas une illusion sur nos désirs, voire une illusion sur la nature même de notre désir ?

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