dimanche 3 mai 2015

Fiche 4 : Autrui (L, ES).

Rembrandt, Caïn et Abel.

Analyse.

Le terme autrui désigne un sujet autre que moi-même mais un sujet comme moi-même. Autrui n’est pas l’autre comme genre opposé au même, même s’il arrive qu’on utilise le terme autre comme synonyme d’autrui dans des expressions comme « les autres », « l’autre », etc.
Si donc la conscience est un caractère du sujet, dans la mesure où elle n’est accessible qu’au sujet, il faut donc chercher à déterminer comment on peut savoir qu’autrui existe. Et à supposer qu’il existe, peut-on le connaître et comment ?
On peut penser qu’autrui n’apparaît qu’au terme d’un raisonnement analogique, c’est-à-dire fondé sur l’identité ou la ressemblance de deux rapports qui lient quatre termes. De même que je me manifeste par telle ou telle activité (technique, langage, significations culturelles, etc.), de même, de telles activités me permettent de conclure en l’existence d’autrui, voire de le connaître. En ce sens non seulement le sujet est premier, mais il est un individu indépendant de la société, de la culture, etc.
Toutefois, on peut penser qu’autrui n’apparaît que pratiquement ou d’un point de vue moral. Autrui est celui vis-à-vis duquel j’agis pour qu’il me reconnaisse ou vis-à-vis duquel je me sens responsable. Dès lors, je ne conclus pas l’existence d’autrui de la mienne. C’est l’inverse. Autrui est une condition de mon existence et de la connaissance de moi-même. Hors du social, hors de la culture, l’individu n’est alors qu’une abstraction. La perte d’autrui, c’est la perversion. En ce sens, autrui n’est pas une représentation ou un être qui se fait une représentation ou image de moi-même. Il est le sujet, autre, nécessaire au sujet que je suis pour qu’il se sache sujet.
On peut penser enfin qu’autrui est ce qui rend possible la conscience de soi dans la mesure où elle ne peut se saisir elle-même dans la réflexion sans un regard ou une structure qui lui permette de s’objectiver. La solitude s’entend alors comme la perte d’autrui.

Problème.

On peut donc considérer que le problème général d’autrui est celui de savoir si le sujet est le point de départ de la position et de la connaissance d’autrui, voire de l’exigence morale de le respecter. Ou bien, à l’inverse, autrui n’est-il pas la condition de l’existence du sujet comme sujet, de la connaissance de soi et finalement de l’exigence morale elle-même ?


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