Rembrandt, Caïn et Abel.
Analyse.
Le terme
autrui désigne un sujet autre que
moi-même mais un sujet comme moi-même. Autrui n’est pas l’autre comme genre
opposé au même, même s’il arrive qu’on utilise le terme autre comme synonyme
d’autrui dans des expressions comme « les autres »,
« l’autre », etc.
Si donc la
conscience est un caractère du sujet, dans la mesure où elle n’est accessible
qu’au sujet, il faut donc chercher à déterminer comment on peut savoir
qu’autrui existe. Et à supposer qu’il existe, peut-on le connaître et comment ?
On peut penser
qu’autrui n’apparaît qu’au terme d’un raisonnement analogique, c’est-à-dire
fondé sur l’identité ou la ressemblance de deux rapports qui lient quatre
termes. De même que je me manifeste par telle ou telle activité (technique, langage, significations culturelles, etc.), de même, de telles
activités me permettent de conclure en l’existence d’autrui, voire de le
connaître. En ce sens non seulement le sujet est premier, mais il est un
individu indépendant de la société, de la culture, etc.
Toutefois, on
peut penser qu’autrui n’apparaît que pratiquement ou d’un point de vue moral.
Autrui est celui vis-à-vis duquel j’agis pour qu’il me reconnaisse ou vis-à-vis
duquel je me sens responsable. Dès lors, je ne conclus pas l’existence d’autrui
de la mienne. C’est l’inverse. Autrui est une condition de mon existence et de
la connaissance de moi-même. Hors du social, hors de la culture, l’individu n’est alors qu’une abstraction. La perte
d’autrui, c’est la perversion. En ce sens, autrui n’est pas une représentation
ou un être qui se fait une représentation ou image de moi-même. Il est le
sujet, autre, nécessaire au sujet que je suis pour qu’il se sache sujet.
On peut penser
enfin qu’autrui est ce qui rend possible la conscience de soi dans la mesure où
elle ne peut se saisir elle-même dans la réflexion sans un regard ou une
structure qui lui permette de s’objectiver. La solitude s’entend alors comme la
perte d’autrui.
Problème.
On peut donc
considérer que le problème général d’autrui est celui de savoir si le sujet est le point de départ de la
position et de la connaissance d’autrui, voire de l’exigence morale de le
respecter. Ou bien, à l’inverse, autrui n’est-il pas la condition de l’existence
du sujet comme sujet, de la connaissance de soi et finalement de l’exigence
morale elle-même ?
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